Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Londres le 6 septembre 2005.

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Circonstance : Conférence sur la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Londres (Royaume-Uni) les 5 et 6 septembre 2005

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,
Monsieur le Secrétaire d'Etat au Développement international du Royaume-Uni,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Notre réunion de ce jour est une étape majeure dans la vie du Fonds mondial et au-delà, dans la mobilisation de la communauté internationale contre les terribles fléaux que représentent le sida, la tuberculose et le paludisme.
Je souhaite particulièrement remercier le Secrétaire général M. Kofi Annan pour son engagement constant en faveur de la lutte contre ces maladies, et pour son soutien sans faille au Fonds mondial dont il est l'un des fondateurs. Je veux aussi remercier les autorités britanniques pour avoir proposé d'accueillir notre réunion de ce jour.
Consciente de la nécessité de disposer d'une meilleure prévisibilité, la France a été à l'origine de la proposition de mise en place d'un mécanisme de reconstitution périodique des ressources, sur le modèle des systèmes existants dans la plupart des institutions financières internationales. Je me réjouis donc de la voir aboutir aujourd'hui.
Pour la France, qui s'est fortement impliquée dans l'organisation du Fonds mondial, dès sa création, et qui est son avocat déterminé dans toutes les enceintes internationales, il s'agit d'une chance unique d'effectuer un réel changement d'échelle dans les moyens affectés à la lutte contre ces trois grandes pandémies. Le Fonds mondial a déjà permis une forte progression de l'accès des malades du Sud aux traitements les plus efficaces, un accroissement considérable de la distribution des moustiquaires imprégnées, le développement à grande échelle de programmes de prévention. Dans un temps record, il est devenu l'un des principaux instruments de financement de la lutte contre ces trois maladies, et il contribue ainsi à la réduction de cette fracture intolérable dans l'accès à la santé entre les malades des pays riches et ceux des pays pauvres.
La France est, par ailleurs, convaincue que seule la voie multilatérale, à travers une institution mobilisant l'ensemble de la communauté internationale, est à l'échelle du défi qui nous est lancé. Aucune agence ou initiative bilatérale ne saurait en effet présenter une réponse à la hauteur de ce défi mondial.
Le Fonds mondial représente, en outre, un réel effort d'innovation en matière de relation de partenariat dans le champ de la coopération internationale :
Innovation d'abord par ses règles de gouvernance qui mettent à égalité les donateurs et les bénéficiaires, et qui accordent une place à part entière aux représentants de la société civile, en particulier aux personnes les plus directement touchées ;
Innovation aussi par la responsabilité donnée aux principaux bénéficiaires en matière de coordination et d'harmonisation de l'aide, sous la conduite de leurs autorités nationales ;
Innovation enfin pour la transparence exemplaire de ses procédures et de l'allocation de ses ressources. A cet égard, la France reste attentive à ce que les bénéficiaires de son action puissent accéder facilement aux informations dans leur propre langue.
Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs les Ministres, la communauté internationale a, lors du Sommet du Millénaire, fixé d'importants objectifs à atteindre en 2015 qui feront l'objet d'une revue la semaine prochaine à New York. Trois des huit objectifs concernent la santé. En juin 2001, une assemblée générale extraordinaire des Nations unies s'est réunie sur la question du sida et a adopté une ambitieuse déclaration. Le Fonds mondial a été lancé en janvier 2002. Plus récemment, lors du Sommet de Gleneagles, le G8 s'est engagé en faveur d'un accès aux traitements aussi universel que possible d'ici 2010. Tous ces engagements suscitent des espoirs. Nous ne pouvons plus les décevoir et nous dérober à nos responsabilités. Il y a une véritable urgence.
En 2003, en triplant sa contribution au Fonds mondial pour la porter à 150 millions d'euros, la France a pris ses responsabilités pour répondre aux espoirs suscités par les engagements que nous avions pris ensemble.
Les premiers résultats sont visibles, ils nous ont été présentés en détail lors des réunions de ce processus de reconstitution. Nous savons que le Fonds mondial a besoin de 7 milliards de dollars sur les deux ans à venir pour assurer le renouvellement des programmes en cours et pour lancer de nouveaux appels à projets. Pour atteindre notre objectif, il est fondamental que chaque membre du Fonds mondial fasse tous les efforts possibles pour augmenter significativement sa contribution.
C'est pourquoi la France, par la voix du président de la République, a annoncé le 16 juin dernier sa décision d'un doublement d'ici deux ans de sa contribution actuelle de 150 millions d'euros, qui atteindra donc 300 millions d'euros en 2007.
Aujourd'hui, je vous confirme donc cet engagement : dès 2006, la France portera sa contribution à 225 millions d'euros ; en 2007, elle la portera à 300 millions. Sur les deux prochaines années, c'est donc une contribution globale de 525 millions d'euros que la France apportera, soit 640 millions de dollars.
La France veut ainsi avoir un rôle moteur dans la mobilisation contre les trois maladies, comme elle a pris toute sa place dans la mobilisation de l'aide au développement en s'engageant à y consacrer 0,5 % de sa richesse en 2007 et 0,7 % en 2012.

Pour amplifier encore cet effort, comme vous le savez, la France a proposé avec l'Algérie, l'Allemagne, le Brésil, le Chili et l'Espagne que soit mise en place une contribution de solidarité internationale sur les billets d'avion, dont le produit serait affecté à la lutte contre ces trois maladies. En effet, seul un financement de ce type nous semble en mesure d'assurer la mobilisation de ressources suffisantes sur la durée. Je souhaite donc pour conclure que cette nouvelle proposition puisse rallier le plus grand nombre de pays, afin de permettre sa mise en uvre rapide. Car c'est ainsi que nous agirons le plus efficacement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2005)