Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureuse d'accueillir à Bercy ce colloque sur les " Outils de régulation des prix agricoles ".
Aujourd'hui, je vous remercie d'être venus nombreux pour répondre à l'appel des pays en développement, car en 2005, 1 Md et demi de personnes vivent encore directement de l'agriculture, et dans bien des cas, " font vivre les autres " en vivant eux-mêmes en dessous du seuil de pauvreté. Agriculture et développement sont, plus que jamais, intimement liés.
Dans ce contexte, il est important que les différents acteurs du développement, ONG, pouvoirs publics et chercheurs, se réunissent pour relever les défis du développement. Ce colloque est précisément un des lieux où peut se développer une réflexion de qualité et je tiens à en féliciter les organisateurs, Henri Rouillé d'Orfeil pour Coordination Sud, avec qui nous sommes en contact régulier, mais aussi Hélène Delorme pour le CERI, Pierre Fabre pour le CIRAD et Vincent Géronimi pour le Gemdev.
La réflexion, que vous développez, est partie d'un constat bien connu, les PED, et notamment les PMA, sont particulièrement vulnérables aux variations des prix des produits de base et plus encore des prix agricoles. Ces variations de prix ont un impact collectif sur l'économie de ces pays et des conséquences individuelles sur la vie de centaines de millions de paysans qui vivent de ces produits. Il est donc nécessaire de réfléchir aux conséquences de la mondialisation sur les PED, pour que les inégalités entre le Nord et le Sud ne se creusent pas encore davantage.
L'actualité sur ces sujets est d'autant plus brûlante que les questions agricoles sont en ce moment même au cur des négociations de l'OMC. Les débats en cours à l'OMC vous touchent à double titre : sur leur volet agricole bien sûr, mais aussi pour leur volet " développement ".
Je voudrais donc ouvrir votre débat sur les relations prometteuses pour l'agriculture et le développement qu'offrent les négociations de l'OMC.
Le cycle du développement qui a été lancé à Doha en novembre 2001 est un cycle ambitieux qui vise trois objectifs :
(i) poursuivre l'ouverture mondiale des échanges,
(ii) élaborer de nouvelles règles multilatérales pour encadrer ces échanges,
(iii) mieux intégrer les pays en voie de développement dans le commerce mondial.
Actuellement les négociations se concentrent sur l'agriculture, l'industrie, les services et le développement.
Le volet agricole est actuellement la clé pour un accord global entre pays développés et PED. Il est au cur des négociations, car il constitue un secteur d'exportations essentiel pour les PED.
Le secteur agro-alimentaire représente ainsi 36% des exportations de l'Afrique sub-saharienne, alors qu'il ne représente que 9% des exportations de l'UE. A cet égard, l'UE est déjà très ouverte aux produits des PED : elle est de loin le premier importateur de produits agricoles des PED (1/4 des exportations agricoles des PED, 3/4 de celles des PMA).
En mai 2004, l'UE a fait une concession majeure en acceptant d'éliminer ses subventions à l'exportation, permettant ainsi de relancer le cycle. Si un accord est conclu à l'OMC en 2006, la dernière phase d'élimination des subventions devrait avoir lieu en 2013, en conformité avec la PAC négociée en 2003 avec tous les Etats membres de l'UE. Ainsi, avec les réformes de la PAC, les soutiens dits " distorsifs ", qui ont un effet de distorsion sur les échanges, devraient représenter seulement 20% des soutiens contre 90% en 1990.
En juillet 2005, l'UE a donné une nouvelle impulsion aux négociations en acceptant, comme base de négociations, les propositions des PED représentés par le Groupe des 20.
Et avant hier, les négociations ont reçu un élan nouveau grâce à une concession majeure des EU : les EU ont accepté à leur tour de réduire d'ici 2010 de 60% les aides à leurs agriculteurs.
Ces concessions sur l'agriculture, accordés par les pays développés, je suis heureuse de le rappeler ici, contribueront à favoriser le développement des PED.
Car, le nouveau cycle de négociations commerciales, lancées à Doha en 2001, affiche clairement le développement comme un de ses objectifs prioritaire.
A cet égard, je voudrais évoquer les positions très fortes défendues par la France dans les instances internationales et au sein des négociations de l'OMC :
Au sein des instances internationales, la France tient à défendre haut et fort la priorité du développement.
-L'initiative Afrique qui incluait une réflexion sur les fluctuations des prix des produits de base,
-les négociations sur les APE, les Accords de Partenariat Economiques, destinés à remplacer les accords ACP au 1er janvier 2008,
-l'annulation de la dette des PMA, en juillet dernier, d'un montant de 55 Mds de $,
-la contribution forfaitaire sur les billets d'avion,
- la création d'une Commission nationale du Commerce équitable par la loi du 2 août,
Sont autant de preuves concrètes de l'engagement actif de la France en faveur du développement.
Très récemment, sous l'impulsion de la France, le G8 a promulgué un plan d'action pour l'Afrique où il appelle au renforcement des préférences commerciales pour les PMA.
Evidemment, cette priorité ne tient pas seulement à la grande générosité de la France, mais aussi à ses intérêts bien compris dans le commerce international. La position française à cet égard est très claire : les échanges commerciaux doivent bénéficier à toutes les parties. Les concessions dans le domaine agricole sont justifiées par les conquêtes dans le domaine de l'industrie et des services. Si l'ouverture des marchés se poursuit progressivement, avec des mécanismes d'encadrement suffisant, l'abaissement maîtrisé des barrières douanières devrait ouvrir un nouveau cycle de croissance forte.
Au sein des instances internationales, la France défend l'idée que l'objectif de développement demeure un objectif prioritaire pour que tous les acteurs de la mondialisation soient impliqués activement dans les évolutions globales en cours et qu'aucun pays ne reste au bord du chemin, comme c'est le cas aujourd'hui pour les PMA.
Pour la France, la négociation doit permettre aux pays les plus pauvres de mieux s'intégrer au commerce international grâce à l'agriculture. Cet enjeu est fondamental pour le continent africain qui, dans sa partie sub-saharienne, reste la grande oubliée du commerce international. La France, dans l'Union, est déterminée à uvrer pour que la négociation contribue effectivement à promouvoir le développement.
Trois axes de négociations ont été jugés prioritaires par la France et l'UE :
-l'amélioration des avantages spécifiques en faveur des pays les plus pauvres (PMA) sans doute dans le cadre des APE,
-l'accès aux médicaments
-et le marché mondial du coton.
Le Partenariat entre l'UE et l'Afrique pour le coton est un exemple du type d'action que la France veut entreprendre à l'égard des PED les plus vulnérables.
Le commerce peut être un facteur, parmi d'autres, d'intégration à l'économie mondiale, une clé du développement pour les pays du Sud, ou encore un vecteur des valeurs démocratiques, un mode de pacification d'intérêts contradictoires, mais jamais à lui seul. Comme la construction européenne, il doit être encadré par un processus politique.
L'OMC représente justement la dimension politique de la mondialisation. Par les règles internationales qu'elle édicte, grâce son Organe de Règlement des conflits (ORD), l'Organisation Mondiale du Commerce permet de mettre en place les conditions d'une gouvernance mondiale et donc de jeter les fondements d'un développement maîtrisé et équitable.
(Source http://www.minefi.gouv.fr, le 12 octobre 2005)
Je suis heureuse d'accueillir à Bercy ce colloque sur les " Outils de régulation des prix agricoles ".
Aujourd'hui, je vous remercie d'être venus nombreux pour répondre à l'appel des pays en développement, car en 2005, 1 Md et demi de personnes vivent encore directement de l'agriculture, et dans bien des cas, " font vivre les autres " en vivant eux-mêmes en dessous du seuil de pauvreté. Agriculture et développement sont, plus que jamais, intimement liés.
Dans ce contexte, il est important que les différents acteurs du développement, ONG, pouvoirs publics et chercheurs, se réunissent pour relever les défis du développement. Ce colloque est précisément un des lieux où peut se développer une réflexion de qualité et je tiens à en féliciter les organisateurs, Henri Rouillé d'Orfeil pour Coordination Sud, avec qui nous sommes en contact régulier, mais aussi Hélène Delorme pour le CERI, Pierre Fabre pour le CIRAD et Vincent Géronimi pour le Gemdev.
La réflexion, que vous développez, est partie d'un constat bien connu, les PED, et notamment les PMA, sont particulièrement vulnérables aux variations des prix des produits de base et plus encore des prix agricoles. Ces variations de prix ont un impact collectif sur l'économie de ces pays et des conséquences individuelles sur la vie de centaines de millions de paysans qui vivent de ces produits. Il est donc nécessaire de réfléchir aux conséquences de la mondialisation sur les PED, pour que les inégalités entre le Nord et le Sud ne se creusent pas encore davantage.
L'actualité sur ces sujets est d'autant plus brûlante que les questions agricoles sont en ce moment même au cur des négociations de l'OMC. Les débats en cours à l'OMC vous touchent à double titre : sur leur volet agricole bien sûr, mais aussi pour leur volet " développement ".
Je voudrais donc ouvrir votre débat sur les relations prometteuses pour l'agriculture et le développement qu'offrent les négociations de l'OMC.
Le cycle du développement qui a été lancé à Doha en novembre 2001 est un cycle ambitieux qui vise trois objectifs :
(i) poursuivre l'ouverture mondiale des échanges,
(ii) élaborer de nouvelles règles multilatérales pour encadrer ces échanges,
(iii) mieux intégrer les pays en voie de développement dans le commerce mondial.
Actuellement les négociations se concentrent sur l'agriculture, l'industrie, les services et le développement.
Le volet agricole est actuellement la clé pour un accord global entre pays développés et PED. Il est au cur des négociations, car il constitue un secteur d'exportations essentiel pour les PED.
Le secteur agro-alimentaire représente ainsi 36% des exportations de l'Afrique sub-saharienne, alors qu'il ne représente que 9% des exportations de l'UE. A cet égard, l'UE est déjà très ouverte aux produits des PED : elle est de loin le premier importateur de produits agricoles des PED (1/4 des exportations agricoles des PED, 3/4 de celles des PMA).
En mai 2004, l'UE a fait une concession majeure en acceptant d'éliminer ses subventions à l'exportation, permettant ainsi de relancer le cycle. Si un accord est conclu à l'OMC en 2006, la dernière phase d'élimination des subventions devrait avoir lieu en 2013, en conformité avec la PAC négociée en 2003 avec tous les Etats membres de l'UE. Ainsi, avec les réformes de la PAC, les soutiens dits " distorsifs ", qui ont un effet de distorsion sur les échanges, devraient représenter seulement 20% des soutiens contre 90% en 1990.
En juillet 2005, l'UE a donné une nouvelle impulsion aux négociations en acceptant, comme base de négociations, les propositions des PED représentés par le Groupe des 20.
Et avant hier, les négociations ont reçu un élan nouveau grâce à une concession majeure des EU : les EU ont accepté à leur tour de réduire d'ici 2010 de 60% les aides à leurs agriculteurs.
Ces concessions sur l'agriculture, accordés par les pays développés, je suis heureuse de le rappeler ici, contribueront à favoriser le développement des PED.
Car, le nouveau cycle de négociations commerciales, lancées à Doha en 2001, affiche clairement le développement comme un de ses objectifs prioritaire.
A cet égard, je voudrais évoquer les positions très fortes défendues par la France dans les instances internationales et au sein des négociations de l'OMC :
Au sein des instances internationales, la France tient à défendre haut et fort la priorité du développement.
-L'initiative Afrique qui incluait une réflexion sur les fluctuations des prix des produits de base,
-les négociations sur les APE, les Accords de Partenariat Economiques, destinés à remplacer les accords ACP au 1er janvier 2008,
-l'annulation de la dette des PMA, en juillet dernier, d'un montant de 55 Mds de $,
-la contribution forfaitaire sur les billets d'avion,
- la création d'une Commission nationale du Commerce équitable par la loi du 2 août,
Sont autant de preuves concrètes de l'engagement actif de la France en faveur du développement.
Très récemment, sous l'impulsion de la France, le G8 a promulgué un plan d'action pour l'Afrique où il appelle au renforcement des préférences commerciales pour les PMA.
Evidemment, cette priorité ne tient pas seulement à la grande générosité de la France, mais aussi à ses intérêts bien compris dans le commerce international. La position française à cet égard est très claire : les échanges commerciaux doivent bénéficier à toutes les parties. Les concessions dans le domaine agricole sont justifiées par les conquêtes dans le domaine de l'industrie et des services. Si l'ouverture des marchés se poursuit progressivement, avec des mécanismes d'encadrement suffisant, l'abaissement maîtrisé des barrières douanières devrait ouvrir un nouveau cycle de croissance forte.
Au sein des instances internationales, la France défend l'idée que l'objectif de développement demeure un objectif prioritaire pour que tous les acteurs de la mondialisation soient impliqués activement dans les évolutions globales en cours et qu'aucun pays ne reste au bord du chemin, comme c'est le cas aujourd'hui pour les PMA.
Pour la France, la négociation doit permettre aux pays les plus pauvres de mieux s'intégrer au commerce international grâce à l'agriculture. Cet enjeu est fondamental pour le continent africain qui, dans sa partie sub-saharienne, reste la grande oubliée du commerce international. La France, dans l'Union, est déterminée à uvrer pour que la négociation contribue effectivement à promouvoir le développement.
Trois axes de négociations ont été jugés prioritaires par la France et l'UE :
-l'amélioration des avantages spécifiques en faveur des pays les plus pauvres (PMA) sans doute dans le cadre des APE,
-l'accès aux médicaments
-et le marché mondial du coton.
Le Partenariat entre l'UE et l'Afrique pour le coton est un exemple du type d'action que la France veut entreprendre à l'égard des PED les plus vulnérables.
Le commerce peut être un facteur, parmi d'autres, d'intégration à l'économie mondiale, une clé du développement pour les pays du Sud, ou encore un vecteur des valeurs démocratiques, un mode de pacification d'intérêts contradictoires, mais jamais à lui seul. Comme la construction européenne, il doit être encadré par un processus politique.
L'OMC représente justement la dimension politique de la mondialisation. Par les règles internationales qu'elle édicte, grâce son Organe de Règlement des conflits (ORD), l'Organisation Mondiale du Commerce permet de mettre en place les conditions d'une gouvernance mondiale et donc de jeter les fondements d'un développement maîtrisé et équitable.
(Source http://www.minefi.gouv.fr, le 12 octobre 2005)