Texte intégral
Je voudrais d'abord remercier mon homologue, M. Sylvan Shalom, de sa présence aujourd'hui. Comme vous le savez, nous aurons la chance de nous côtoyer à nouveau samedi à Toulouse.
Nous avons eu une discussion fructueuse sur les perspectives ouvertes par le retrait de Gaza et la façon de faire en sorte que sa dynamique ne soit pas rompue par une nouvelle escalade de la violence. J'ai réitéré à mon homologue, en réaction à l'odieux attentat commis hier, l'attachement de la France à la sécurité d'Israël. J'ai souligné que la meilleure réponse possible pour Israël était le dialogue. Le dialogue avec l'Autorité palestinienne doit se poursuivre afin de donner une chance aux composantes de la société palestinienne désireuses de mettre fin à la violence. J'ai renouvelé la proposition européenne de jouer un rôle d'appui aux points de passage de Gaza, non pas pour imposer une présence internationale mais avec le souci d'apporter une réelle valeur ajoutée. Nous voulons être utiles.
J'ai constaté que M. Shalom partageait notre souhait de poursuivre la consolidation des relations bilatérales entre la France et Israël. Nous avons à nouveau évoqué le projet de fondation France/Israël dont MM. Chirac et Sharon s'étaient entretenus en juillet dernier.
Enfin, les évolutions récentes au Proche-Orient ont naturellement été au cur de notre entretien. J'ai fait part à mon homologue de la position française s'agissant du rapport Melhis : notre seul but est de parvenir à faire toute la lumière sur l'assassinat de M. Rafic Hariri. Nous ne souhaitons en aucun cas politiser la résolution 1595 non plus que les conclusions du Rapport Mehlis, et encore moins déstabiliser la Syrie, ce qui aurait un effet désastreux sur l'environnement régional.
J'ai enfin réaffirmé à M. Shalom notre condamnation sans réserve des propos inacceptables du président iranien souhaitant la disparition d'Israël. Nous avons d'ailleurs convoqué ce matin l'ambassadeur d'Iran en France.
Q - Qu'attendez-vous des discussions actuellement au Conseil de sécurité ? Allons-nous arriver à un consensus concernant le projet que vous avez présenté avec les Américains ? Que pensez-vous de l'opposition russe à des sanctions implicites à la Syrie au cas où elle ne se soumettrait pas aux injonctions du Conseil de sécurité ? Est-ce que vous préférez un consensus, une révolution molle avec consensus, ou bien une résolution forte sans consensus ?
R - Il y a deux résolutions différentes : la 1595 d'un côté, c'est à dire la Commission d'enquête criminelle au sujet de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, et la 1559, avec un rapport de M. Roed Larsen, qui est là maintenant et sur lequel on pourra travailler. Deux choses différentes, qui forment un ensemble, certes, mais qui sont différentes.
La Commission d'enquête internationale sur l'assassinat de M. Hariri - donc la résolution 1595 du Conseil de sécurité - que dirige M. Mehlis a remis le 20 octobre son rapport. Celui-ci est un document remarquable par son professionnalisme, son sérieux, la qualité, la profondeur du travail effectué. Ses conclusions sont claires : l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à 19 autres personnes n'a pu être commis sans l'appui de responsables de la sécurité libanais et syriens. L'enquête n'est, selon les auteurs du rapport, pas achevée, compte tenu en particulier de la coopération insuffisante des autorités syriennes. C'est pourquoi nous avons soutenu l'idée d'une prolongation du mandat de la Commission jusqu'au 15 décembre.
D'autre part, la nécessité pour la Syrie de coopérer pleinement avec la Commission se trouve au cur de la réflexion que nous menons avec nos partenaires du Conseil de sécurité.
Le rapport de la Commission qui a été remis au Secrétaire général et au Conseil de sécurité seul faisant foi, ne mentionne aujourd'hui aucun nom.
S'agissant de la Syrie, il est essentiel que les autorités syriennes comprennent que leur intérêt immédiat est de collaborer pleinement avec la Commission Mehlis. Nous avons pris note des déclarations récentes du président syrien et espérons qu'elles marquent une réelle volonté de coopération.
Nous l'avons déjà dit, il n'y a aucun agenda caché. Notre seul but est de parvenir à faire toute la lumière sur l'assassinat de Rafic Hariri. Nous ne souhaitons en aucun cas politiser la résolution 1595, ni les conclusions du rapport Mehlis. Et encore moins déstabiliser la Syrie, ce qui aurait des effets désastreux sur l'environnement régional. C'est au contraire parce que nous souhaitons parvenir à une pleine normalisation de la situation, que nous appelons les autorités de Damas à coopérer pleinement avec la communauté internationale, dans le cadre de cette enquête. L'impunité serait porteuse de risques politiques bien plus grands que la mise au jour de la vérité.
Q - Vous avez évoqué les propos du président iranien. Israël constate que cet appel contrevient à la charte des Nations unies. Elle appelle à la mise au ban de l'Iran, à l'expulsion de la République islamique d'Iran des Nations unies. Est-ce que la France soutient cette démarche israélienne ?
R - J'ai pris connaissance des propos, tels que les agences de presse les ont rapportés, par lesquels le président de l'Iran dit souhaiter la disparition d'Israël et affirmerait que le conflit du Proche-Orient perpétuerait un combat séculaire entre juifs et musulmans. Si ces propos ont été bien tenus, je le dis ici très clairement, ils sont choquants et inacceptables. Avec une très grande fermeté, j'estime que ces propos sont inqualifiables.
Personne n'a le droit de remettre en cause l'Etat d'Israël. La création de l'Etat d'Israël fait suite à une décision de l'Assemblée générale des Nations unies. Le droit international s'applique à tous. Pour la France, le droit d'Israël à exister ne saurait être contesté. La question du conflit israélo-palestinien ne peut servir de prétexte à la remise en cause du droit fondamental d'Israël à exister.
Chacun connaît la position de la France sur le règlement de ce conflit. Nous en avons parlé avec mon homologue. Je souhaite que la Feuille de route se poursuive. Les Palestiniens ont eux-mêmes et depuis longtemps fait le choix de la paix à travers deux Etats, Israël et un autre Etat à côté, issu de ces Territoires palestiniens, vivant côte à côte.
Notre conviction est que la recherche de la paix au Moyen-Orient, comme partout dans le monde, passe par l'acceptation et la reconnaissance de l'autre, de ses différences, de ses droits. C'est aussi ce que souhaitent les peuples de la région, les pays du Proche-Orient qui ont reconnu Israël ont d'ailleurs montré la voie.
Et pour terminer, je dirais que la France est profondément attachée au dialogue des cultures. J'ai moi-même rencontré récemment dans un voyage au Caire le cheikh Tantawi, le grand Imam de l'université Al-Azhar. Aucune civilisation n'appelle à la destruction ou à la négation de l'autre. Ce n'est que par le dialogue et la tolérance que nous ferons de ce monde un monde de paix et de stabilité. C'est ma réponse au président iranien.
Q - Je reprends la question de mon collègue israélien : est-ce que vous êtes pour ou contre l'exclusion de l'Iran des Nations unies ? Est-ce que vous êtes pour ou contre la participation du Hamas dans les élections législatives prochaines ?
R - Je me suis déjà exprimé sur le président iranien de manière très longuement à la fois aujourd'hui et hier. Concernant le Hamas, nous avons toujours dit en France que nous souhaitions le désarmement du Hamas. La définition des conditions de participation aux élections législatives palestiniennes est bien sûr du ressort de l'Autorité palestinienne. Cependant le Hamas souhaite entrer au Conseil législatif qui est une institution créée par les Accords d'Oslo et qui d'ailleurs les récusait jusqu'ici. En conséquence le Hamas devra renoncer à la violence et reconnaître l'Etat d'Israël.
La renonciation à la violence est impérative, tant au regard des engagements internationaux de l'Autorité palestinienne que par respect du monopole de la force et de l'usage des armes, dont elle doit bénéficier dans les zones sur lesquelles elle exerce sa souveraineté. Il est indispensable, comme je vous le disais à l'instant, que soient désarmés les milices et groupes armés qui ne relèvent pas des services de sécurité, qui ne relèvent pas de l'Autorité palestinienne, conformément à ce que prévoit la première phase de la Feuille de route.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2005)
Nous avons eu une discussion fructueuse sur les perspectives ouvertes par le retrait de Gaza et la façon de faire en sorte que sa dynamique ne soit pas rompue par une nouvelle escalade de la violence. J'ai réitéré à mon homologue, en réaction à l'odieux attentat commis hier, l'attachement de la France à la sécurité d'Israël. J'ai souligné que la meilleure réponse possible pour Israël était le dialogue. Le dialogue avec l'Autorité palestinienne doit se poursuivre afin de donner une chance aux composantes de la société palestinienne désireuses de mettre fin à la violence. J'ai renouvelé la proposition européenne de jouer un rôle d'appui aux points de passage de Gaza, non pas pour imposer une présence internationale mais avec le souci d'apporter une réelle valeur ajoutée. Nous voulons être utiles.
J'ai constaté que M. Shalom partageait notre souhait de poursuivre la consolidation des relations bilatérales entre la France et Israël. Nous avons à nouveau évoqué le projet de fondation France/Israël dont MM. Chirac et Sharon s'étaient entretenus en juillet dernier.
Enfin, les évolutions récentes au Proche-Orient ont naturellement été au cur de notre entretien. J'ai fait part à mon homologue de la position française s'agissant du rapport Melhis : notre seul but est de parvenir à faire toute la lumière sur l'assassinat de M. Rafic Hariri. Nous ne souhaitons en aucun cas politiser la résolution 1595 non plus que les conclusions du Rapport Mehlis, et encore moins déstabiliser la Syrie, ce qui aurait un effet désastreux sur l'environnement régional.
J'ai enfin réaffirmé à M. Shalom notre condamnation sans réserve des propos inacceptables du président iranien souhaitant la disparition d'Israël. Nous avons d'ailleurs convoqué ce matin l'ambassadeur d'Iran en France.
Q - Qu'attendez-vous des discussions actuellement au Conseil de sécurité ? Allons-nous arriver à un consensus concernant le projet que vous avez présenté avec les Américains ? Que pensez-vous de l'opposition russe à des sanctions implicites à la Syrie au cas où elle ne se soumettrait pas aux injonctions du Conseil de sécurité ? Est-ce que vous préférez un consensus, une révolution molle avec consensus, ou bien une résolution forte sans consensus ?
R - Il y a deux résolutions différentes : la 1595 d'un côté, c'est à dire la Commission d'enquête criminelle au sujet de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, et la 1559, avec un rapport de M. Roed Larsen, qui est là maintenant et sur lequel on pourra travailler. Deux choses différentes, qui forment un ensemble, certes, mais qui sont différentes.
La Commission d'enquête internationale sur l'assassinat de M. Hariri - donc la résolution 1595 du Conseil de sécurité - que dirige M. Mehlis a remis le 20 octobre son rapport. Celui-ci est un document remarquable par son professionnalisme, son sérieux, la qualité, la profondeur du travail effectué. Ses conclusions sont claires : l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à 19 autres personnes n'a pu être commis sans l'appui de responsables de la sécurité libanais et syriens. L'enquête n'est, selon les auteurs du rapport, pas achevée, compte tenu en particulier de la coopération insuffisante des autorités syriennes. C'est pourquoi nous avons soutenu l'idée d'une prolongation du mandat de la Commission jusqu'au 15 décembre.
D'autre part, la nécessité pour la Syrie de coopérer pleinement avec la Commission se trouve au cur de la réflexion que nous menons avec nos partenaires du Conseil de sécurité.
Le rapport de la Commission qui a été remis au Secrétaire général et au Conseil de sécurité seul faisant foi, ne mentionne aujourd'hui aucun nom.
S'agissant de la Syrie, il est essentiel que les autorités syriennes comprennent que leur intérêt immédiat est de collaborer pleinement avec la Commission Mehlis. Nous avons pris note des déclarations récentes du président syrien et espérons qu'elles marquent une réelle volonté de coopération.
Nous l'avons déjà dit, il n'y a aucun agenda caché. Notre seul but est de parvenir à faire toute la lumière sur l'assassinat de Rafic Hariri. Nous ne souhaitons en aucun cas politiser la résolution 1595, ni les conclusions du rapport Mehlis. Et encore moins déstabiliser la Syrie, ce qui aurait des effets désastreux sur l'environnement régional. C'est au contraire parce que nous souhaitons parvenir à une pleine normalisation de la situation, que nous appelons les autorités de Damas à coopérer pleinement avec la communauté internationale, dans le cadre de cette enquête. L'impunité serait porteuse de risques politiques bien plus grands que la mise au jour de la vérité.
Q - Vous avez évoqué les propos du président iranien. Israël constate que cet appel contrevient à la charte des Nations unies. Elle appelle à la mise au ban de l'Iran, à l'expulsion de la République islamique d'Iran des Nations unies. Est-ce que la France soutient cette démarche israélienne ?
R - J'ai pris connaissance des propos, tels que les agences de presse les ont rapportés, par lesquels le président de l'Iran dit souhaiter la disparition d'Israël et affirmerait que le conflit du Proche-Orient perpétuerait un combat séculaire entre juifs et musulmans. Si ces propos ont été bien tenus, je le dis ici très clairement, ils sont choquants et inacceptables. Avec une très grande fermeté, j'estime que ces propos sont inqualifiables.
Personne n'a le droit de remettre en cause l'Etat d'Israël. La création de l'Etat d'Israël fait suite à une décision de l'Assemblée générale des Nations unies. Le droit international s'applique à tous. Pour la France, le droit d'Israël à exister ne saurait être contesté. La question du conflit israélo-palestinien ne peut servir de prétexte à la remise en cause du droit fondamental d'Israël à exister.
Chacun connaît la position de la France sur le règlement de ce conflit. Nous en avons parlé avec mon homologue. Je souhaite que la Feuille de route se poursuive. Les Palestiniens ont eux-mêmes et depuis longtemps fait le choix de la paix à travers deux Etats, Israël et un autre Etat à côté, issu de ces Territoires palestiniens, vivant côte à côte.
Notre conviction est que la recherche de la paix au Moyen-Orient, comme partout dans le monde, passe par l'acceptation et la reconnaissance de l'autre, de ses différences, de ses droits. C'est aussi ce que souhaitent les peuples de la région, les pays du Proche-Orient qui ont reconnu Israël ont d'ailleurs montré la voie.
Et pour terminer, je dirais que la France est profondément attachée au dialogue des cultures. J'ai moi-même rencontré récemment dans un voyage au Caire le cheikh Tantawi, le grand Imam de l'université Al-Azhar. Aucune civilisation n'appelle à la destruction ou à la négation de l'autre. Ce n'est que par le dialogue et la tolérance que nous ferons de ce monde un monde de paix et de stabilité. C'est ma réponse au président iranien.
Q - Je reprends la question de mon collègue israélien : est-ce que vous êtes pour ou contre l'exclusion de l'Iran des Nations unies ? Est-ce que vous êtes pour ou contre la participation du Hamas dans les élections législatives prochaines ?
R - Je me suis déjà exprimé sur le président iranien de manière très longuement à la fois aujourd'hui et hier. Concernant le Hamas, nous avons toujours dit en France que nous souhaitions le désarmement du Hamas. La définition des conditions de participation aux élections législatives palestiniennes est bien sûr du ressort de l'Autorité palestinienne. Cependant le Hamas souhaite entrer au Conseil législatif qui est une institution créée par les Accords d'Oslo et qui d'ailleurs les récusait jusqu'ici. En conséquence le Hamas devra renoncer à la violence et reconnaître l'Etat d'Israël.
La renonciation à la violence est impérative, tant au regard des engagements internationaux de l'Autorité palestinienne que par respect du monopole de la force et de l'usage des armes, dont elle doit bénéficier dans les zones sur lesquelles elle exerce sa souveraineté. Il est indispensable, comme je vous le disais à l'instant, que soient désarmés les milices et groupes armés qui ne relèvent pas des services de sécurité, qui ne relèvent pas de l'Autorité palestinienne, conformément à ce que prévoit la première phase de la Feuille de route.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2005)