Texte intégral
Q- Jean-Michel Aphatie : Bonjour Jean-François Copé.
R- Jean-François Copé : Bonjour.
Q- C'est la rentrée du gouvernement aujourd'hui. Conseil des ministres à 10 h tout à l'heure. Bien reposé, ça va ?
R- Oui. En même temps un été qui a été, vous le savez, assez studieux quand même.
Q- Et puis la rentrée est morose. La consommation des ménages fléchit. Les investissements des entreprises aussi. L'INSEE nous a dit, au coeur de l'été, que la croissance en France au 2e trimestre avait été de seulement 0,1%. Sommes-nous proches d'une panne économique Jean-François Copé ?
R- Non, je ne le crois pas. C'est vrai que les indicateurs que vous rappelez sont plutôt un peu difficiles, et en même temps, l'analyse qui est la nôtre au ministère des Finances est plutôt que le 2ème semestre devrait être un peu meilleur.
Q- Quel élément vous permet d'être.
R- 0h, ce sont des analyses de conjoncture économique, à travers, par exemple, les projets d'investissements que nous avons recensés des entreprises françaises, en France et à l'étranger. Le dynamisme de nos exportations dans un certain nombre de domaines. Et puis, il est vrai aussi qu'il y a un certain nombre de mesures fiscales que nous avons initiées qui vont produire et qui ont commencé d'ailleurs à produire leurs effets. Je pense par exemple à ce qui concerne le dégrèvement des investissements en terme de taxes professionnelles, qui va d'ailleurs donner lieu à une réforme plus importante que je vais présenter cet automne. Et puis c'est vrai qu'avec Thierry Breton, sur tous ces sujets, nous voyons bien aussi qu'il y a des perspectives pour le 2ème semestre. Cela dit, je vous dis tout, dans ce domaine-là, comme dans les autres, nous abordons cette rentrée avec beaucoup de tonus, avec beaucoup de détermination, mais aussi avec beaucoup de lucidité. Les difficultés, il faut continuer de les affronter les unes après les autres.
Q- Mais l'augmentation du pétrole, qui ponctionne par exemple le pouvoir d'achat des Français. Vous constatez la colère qui monte. Vous ne faites pas grand chose pour ça. Cette augmentation de pétrole ne vous incite pas à davantage de pessimisme ?
R- Je crois que la première exigence pour ce qui concerne la situation sur le marché du pétrole c'est d'abord de dire la vérité. Nous avons espéré, et je crois qu'il faut le dire très directement, nous avons espéré durant ces 18 derniers mois que les choses allaient pouvoir s'améliorer sur le marché du pétrole. En réalité, eh bien il faut constater et dire que la situation s'aggrave du fait d'événements internationaux. Une tension très forte sur ce marché liée à la spéculation, liée à la demande très forte de la Chine en particulier, de l'Inde. Tous ces éléments, effectivement, sont de nature à nous laisser penser que maintenant il faut qu'on bouge sur cette question.
Q- Alors comment vous allez bouger ?
R- Il y a des mesures de court terme, mais les mesures de court terme ne règlent pas les problèmes. On le sait bien.
Q- Vous n'en avez pas pris pour l'instant des mesures de court terme. La pompe coûte beaucoup plus cher, l'essence coûte beaucoup plus cher à la pompe.
R- Non, écoutez. Dominique de Villepin a rappelé il y a quelques jours que s'il devait y avoir des excédents de recette fiscale, ils seraient redistribués.
Q- Mais il y en aura.
R- On verra bien.
Q- Ben évidemment qu'il y en aura. Vous avez vu le prix de l'essence à la pompe ?
R- Oui, mais il faut quand même relativiser un peu tout ça. Vous savez, il y a certes une augmentation des recettes de TVA, mais il y a une baisse des recettes de la TIPP, la taxe sur les produits pétroliers. Vous savez, les choses ne sont pas aussi simples qu'on les lit parfois.
Q- Ce n'est pas sûr que les caisses de l'Etat se remplissent.
R- S'il y a un excédent, et en l'occurrence, il y en aura un probablement, mais n'imaginez pas que ce sera considérable. De toute façon, je le dirai avec la plus grande transparence, d'ailleurs, il y aura les experts qui le vérifieront, qui pourront le dire aux Français, en tout cas, ces excédents seront naturellement redistribués et en particulier au bénéfice de l'activité du pouvoir d'achat et puis bien entendu des secteurs les plus particulièrement exposés. Enfin, ça ne peut pas tenir lieu de politique énergétique la redistribution d'excédents fiscaux. La vraie politique énergétique, c'est le rendez-vous avec l'avenir. C'est ce que Dominique de Villepin a d'ailleurs rappelé. Ça concerne les énergies renouvelables, ça concerne bien entendu toutes ces décisions qu'il nous faut prendre pour l'avenir dans tous les domaines avec les Français en matière d'énergie.
Q- Pour tous les conjoncturistes, la prévision de croissance est de 2%, que vous aviez déjà révisée à la baisse, de 2 et demi au départ, 2% maintenant, ne sera pas atteinte.
R- Je suis plutôt aujourd'hui à dire que ça reste un objectif et qu'il est trop tôt pour en changer.
Q- Un objectif auquel personne ne croit dans le monde économique.
R- L'année d'avant, on nous disait aussi qu'on ne ferait qu'1,7%. Nous avons fait 2,3. Je vous propose que là-dessus, on soit nous dans la logique d'aller chercher la croissance avec détermination à travers des mesures que nous prenons, en matière de baisse des impôts, de stimulation d'investissements, de la recherche et puis on se bat, on y va, on fonce.
Q- Au fond, on a l'impression qu'en cette rentrée, il n'y a pas beaucoup de choses nouvelles. La situation se dégrade. Beaucoup d'indicateurs l'indiquent. Et pour l'instant, il n'y a pas de mesure qui permette d'y faire face.
R- Jean-Michel Aphatie, essayons de regarder comment on doit dans cette période qui est difficile en Europe sur le plan économique, prendre des décisions de gouvernement pour la France. C'est quoi les trois grands enjeux pour l'avenir finalement, quand on regarde sur les 10 ans et qui correspondent aux incertitudes des Français ? C'est le vieillissement démographique, c'est tout ce qui concerne le risque géopolitique du terrorisme jusqu'aux questions de climat par exemple. Et puis c'est aussi la concurrence des pays émergeant. Et bien par rapport à ces trois grands risques, l'objectif c'est de prendre des décisions de court terme, et dans la durée sur les 10 ans et c'est en ça que s'est attelé le gouvernement d'une part. C'est exactement ça. Ça concerne effectivement l'emploi qui est la mobilisation numéro un. Ça concerne la sécurité et puis ça concerne aussi l'investissement dans l'avenir. C'est pour ça quand on décide par exemple de privatiser l'exploitation, non pas la propriété des autoroutes, c'est parce que l'argent que l'on va en récolter, c'est pour investir dans l'avenir. Et ça c'est notre responsabilité. C'est une bien mauvaise polémique me semble-t-il.
Q- Créée surtout au sein de la majorité. Christine Clerc l'a rappelé par exemple au président de la Commission des Finances Pierre Méhaignerie qui n'est pas d'accord.
R- C'est vrai que quand vous aviez une personnalité de la majorité qui vient se joindre au concert de l'opposition, ça permet de dire la majorité est en doute. Ce n'est pas si simple, non. Simplement, effectivement, par rapport.
Q- Vous irez jusqu'au bout ? Vous privatiserez les autoroutes ?
R- Attendez. Je crois qu'il faut bien rappeler les choses. Il peut y avoir des bons débats de fond. On augmente ou on baisse les impôts. On pourrait être pour ou contre. Mais là, vraiment, la polémique sur laquelle on se fait plaisir en cette rentrée, quel est le sujet ? Qu'on se privatise l'exploitation, et non pas la propriété des autoroutes qui restent la propriété de l'Etat, à des sociétés privées, sur un cahier des charges très strict, notamment sur les tarifs de péages. Ce sera un cahier des charges très rigoureux. Ça veut dire que les sociétés qui sont concessionnaires, elles ne pourront pas faire n'importe quoi. Elles sont sous le contrôle de l'Etat qui concède et qui récupère la propriété au bout de 25 ans. Et deuxième élément, le produit de ces recettes, ce n'est pas pour aller boucher des trous d'aujourd'hui, contrairement à ce que disent ceux qui veulent faire cette polémique. C'est pour investir dans l'avenir. Par exemple, pour réduire la dette, il faut bien qu'on le fasse. Et c'est aussi naturellement pour investir dans la recherche, dans les équipements structurants. Bref, c'est aussi la responsabilité gouvernementale que de faire ça.
Q- Les consommateurs découvrent aussi ces jours-ci que les 3 opérateurs téléphoniques France Télécom, SFR et Bouygues se sont entendus sur leur dos pendant des années pour pratiquer les mêmes tarifs. C'est la Direction générale de la concurrence, qui est sous votre responsabilité, qui le dit. Vous souhaitez que les sanctions soient prises ?
R- Je voudrais dire que ça été fait sous l'impulsion du Conseil de la concurrence, donc une autorité administrative indépendante. Elle doit rendre sa décision dans les semaines qui viennent et bien entendu, elle sera, comme il se doit, respectée, cela va de soi.
Q- Mais politiquement, il faut prendre des sanctions. C'est admissible que des opérateurs comme ça s'entendent sur le dos des consommateurs ?
R- S'il est avéré qu'il y a eu une entente, ça n'est pas admissible.
Q- C'est ce que croit le rapport de la Direction générale de la concurrence.
R- Je crois, si je peux me permettre là-dessus, qu'il faut, je comprends ce qui peut être écrit dans les journaux, il faut laisser les autorités elles-mêmes s'exprimer. Donc, l'autorité administrative indépendante doit rendre sa décision, et bien entendu, celle-ci donnera lieu aux suites qui s'imposent, cela va de soi, quand elle sera rendue.
Q- Et Patrick Devedjian, dans Le Figaro ce matin, dit que le fait que Thierry Breton, ancien PDG de France Télécom, soit aujourd'hui ministre des Finances, le place moralement en position de conflit d'intérêts.
R- Ça c'est vraiment pour le coup de la politique, et je la regrette un peu parce que le vrai sujet n'est pas là. Vous faites allusion par exemple à cette enquête. Elle a été menée avant que Thierry Breton ne soit en fonction à France Télécom. Donc je ne vois vraiment pas au nom de quoi est-ce que l'on interdirait à des personnalités aussi éminentes que Thierry Breton, issues du monde de l'Entreprise, de participer au gouvernement de la France. Tous les pays du monde le font et je trouve que c'est d'abord cela qui importe.
Q- C'est aussi une actualité de ce jour de rentrée. Paris Match publie la photo de Cecilia Sarkozy avec, dit Paris Match, son nouveau compagnon. La vie politique sous les sunlights, sous les caméras, sous les objectifs des photographes des journalistes. C'est le prix à payer pour la médiatisation, ou ce genre de procédé vous choque, Jean-François Copé ?
R- Vous savez, moi, je n'ai pas pour habitude de commenter ce qui relève de la vie personnelle, que ce soit d'ailleurs pour les responsables politiques ou pour des responsables dans d'autres domaines. Je note effectivement que cela a pris plus de place qu'autrefois, mais je crois devoir redire que la vie privée c'est quand même une sphère bien particulière et qu'elle n'a rien à voir avec ce qui relève de l'action publique. Nous sommes les uns et les autres.
Q- Vous êtes choqué ou pas par les photos ?
R- Nous sommes dans une démocratie. Après tout, cela fait partie de la démocratie. Mais la seule chose que je veux dire, c'est qu'il me semble que respecter la vie privée des responsables publics quels qu'ils soient, c'est une exigence de la démocratie.
Jean-François Copé, une rentrée chargée, était l'invité d'RTL ce matin. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 aout 2005)
R- Jean-François Copé : Bonjour.
Q- C'est la rentrée du gouvernement aujourd'hui. Conseil des ministres à 10 h tout à l'heure. Bien reposé, ça va ?
R- Oui. En même temps un été qui a été, vous le savez, assez studieux quand même.
Q- Et puis la rentrée est morose. La consommation des ménages fléchit. Les investissements des entreprises aussi. L'INSEE nous a dit, au coeur de l'été, que la croissance en France au 2e trimestre avait été de seulement 0,1%. Sommes-nous proches d'une panne économique Jean-François Copé ?
R- Non, je ne le crois pas. C'est vrai que les indicateurs que vous rappelez sont plutôt un peu difficiles, et en même temps, l'analyse qui est la nôtre au ministère des Finances est plutôt que le 2ème semestre devrait être un peu meilleur.
Q- Quel élément vous permet d'être.
R- 0h, ce sont des analyses de conjoncture économique, à travers, par exemple, les projets d'investissements que nous avons recensés des entreprises françaises, en France et à l'étranger. Le dynamisme de nos exportations dans un certain nombre de domaines. Et puis, il est vrai aussi qu'il y a un certain nombre de mesures fiscales que nous avons initiées qui vont produire et qui ont commencé d'ailleurs à produire leurs effets. Je pense par exemple à ce qui concerne le dégrèvement des investissements en terme de taxes professionnelles, qui va d'ailleurs donner lieu à une réforme plus importante que je vais présenter cet automne. Et puis c'est vrai qu'avec Thierry Breton, sur tous ces sujets, nous voyons bien aussi qu'il y a des perspectives pour le 2ème semestre. Cela dit, je vous dis tout, dans ce domaine-là, comme dans les autres, nous abordons cette rentrée avec beaucoup de tonus, avec beaucoup de détermination, mais aussi avec beaucoup de lucidité. Les difficultés, il faut continuer de les affronter les unes après les autres.
Q- Mais l'augmentation du pétrole, qui ponctionne par exemple le pouvoir d'achat des Français. Vous constatez la colère qui monte. Vous ne faites pas grand chose pour ça. Cette augmentation de pétrole ne vous incite pas à davantage de pessimisme ?
R- Je crois que la première exigence pour ce qui concerne la situation sur le marché du pétrole c'est d'abord de dire la vérité. Nous avons espéré, et je crois qu'il faut le dire très directement, nous avons espéré durant ces 18 derniers mois que les choses allaient pouvoir s'améliorer sur le marché du pétrole. En réalité, eh bien il faut constater et dire que la situation s'aggrave du fait d'événements internationaux. Une tension très forte sur ce marché liée à la spéculation, liée à la demande très forte de la Chine en particulier, de l'Inde. Tous ces éléments, effectivement, sont de nature à nous laisser penser que maintenant il faut qu'on bouge sur cette question.
Q- Alors comment vous allez bouger ?
R- Il y a des mesures de court terme, mais les mesures de court terme ne règlent pas les problèmes. On le sait bien.
Q- Vous n'en avez pas pris pour l'instant des mesures de court terme. La pompe coûte beaucoup plus cher, l'essence coûte beaucoup plus cher à la pompe.
R- Non, écoutez. Dominique de Villepin a rappelé il y a quelques jours que s'il devait y avoir des excédents de recette fiscale, ils seraient redistribués.
Q- Mais il y en aura.
R- On verra bien.
Q- Ben évidemment qu'il y en aura. Vous avez vu le prix de l'essence à la pompe ?
R- Oui, mais il faut quand même relativiser un peu tout ça. Vous savez, il y a certes une augmentation des recettes de TVA, mais il y a une baisse des recettes de la TIPP, la taxe sur les produits pétroliers. Vous savez, les choses ne sont pas aussi simples qu'on les lit parfois.
Q- Ce n'est pas sûr que les caisses de l'Etat se remplissent.
R- S'il y a un excédent, et en l'occurrence, il y en aura un probablement, mais n'imaginez pas que ce sera considérable. De toute façon, je le dirai avec la plus grande transparence, d'ailleurs, il y aura les experts qui le vérifieront, qui pourront le dire aux Français, en tout cas, ces excédents seront naturellement redistribués et en particulier au bénéfice de l'activité du pouvoir d'achat et puis bien entendu des secteurs les plus particulièrement exposés. Enfin, ça ne peut pas tenir lieu de politique énergétique la redistribution d'excédents fiscaux. La vraie politique énergétique, c'est le rendez-vous avec l'avenir. C'est ce que Dominique de Villepin a d'ailleurs rappelé. Ça concerne les énergies renouvelables, ça concerne bien entendu toutes ces décisions qu'il nous faut prendre pour l'avenir dans tous les domaines avec les Français en matière d'énergie.
Q- Pour tous les conjoncturistes, la prévision de croissance est de 2%, que vous aviez déjà révisée à la baisse, de 2 et demi au départ, 2% maintenant, ne sera pas atteinte.
R- Je suis plutôt aujourd'hui à dire que ça reste un objectif et qu'il est trop tôt pour en changer.
Q- Un objectif auquel personne ne croit dans le monde économique.
R- L'année d'avant, on nous disait aussi qu'on ne ferait qu'1,7%. Nous avons fait 2,3. Je vous propose que là-dessus, on soit nous dans la logique d'aller chercher la croissance avec détermination à travers des mesures que nous prenons, en matière de baisse des impôts, de stimulation d'investissements, de la recherche et puis on se bat, on y va, on fonce.
Q- Au fond, on a l'impression qu'en cette rentrée, il n'y a pas beaucoup de choses nouvelles. La situation se dégrade. Beaucoup d'indicateurs l'indiquent. Et pour l'instant, il n'y a pas de mesure qui permette d'y faire face.
R- Jean-Michel Aphatie, essayons de regarder comment on doit dans cette période qui est difficile en Europe sur le plan économique, prendre des décisions de gouvernement pour la France. C'est quoi les trois grands enjeux pour l'avenir finalement, quand on regarde sur les 10 ans et qui correspondent aux incertitudes des Français ? C'est le vieillissement démographique, c'est tout ce qui concerne le risque géopolitique du terrorisme jusqu'aux questions de climat par exemple. Et puis c'est aussi la concurrence des pays émergeant. Et bien par rapport à ces trois grands risques, l'objectif c'est de prendre des décisions de court terme, et dans la durée sur les 10 ans et c'est en ça que s'est attelé le gouvernement d'une part. C'est exactement ça. Ça concerne effectivement l'emploi qui est la mobilisation numéro un. Ça concerne la sécurité et puis ça concerne aussi l'investissement dans l'avenir. C'est pour ça quand on décide par exemple de privatiser l'exploitation, non pas la propriété des autoroutes, c'est parce que l'argent que l'on va en récolter, c'est pour investir dans l'avenir. Et ça c'est notre responsabilité. C'est une bien mauvaise polémique me semble-t-il.
Q- Créée surtout au sein de la majorité. Christine Clerc l'a rappelé par exemple au président de la Commission des Finances Pierre Méhaignerie qui n'est pas d'accord.
R- C'est vrai que quand vous aviez une personnalité de la majorité qui vient se joindre au concert de l'opposition, ça permet de dire la majorité est en doute. Ce n'est pas si simple, non. Simplement, effectivement, par rapport.
Q- Vous irez jusqu'au bout ? Vous privatiserez les autoroutes ?
R- Attendez. Je crois qu'il faut bien rappeler les choses. Il peut y avoir des bons débats de fond. On augmente ou on baisse les impôts. On pourrait être pour ou contre. Mais là, vraiment, la polémique sur laquelle on se fait plaisir en cette rentrée, quel est le sujet ? Qu'on se privatise l'exploitation, et non pas la propriété des autoroutes qui restent la propriété de l'Etat, à des sociétés privées, sur un cahier des charges très strict, notamment sur les tarifs de péages. Ce sera un cahier des charges très rigoureux. Ça veut dire que les sociétés qui sont concessionnaires, elles ne pourront pas faire n'importe quoi. Elles sont sous le contrôle de l'Etat qui concède et qui récupère la propriété au bout de 25 ans. Et deuxième élément, le produit de ces recettes, ce n'est pas pour aller boucher des trous d'aujourd'hui, contrairement à ce que disent ceux qui veulent faire cette polémique. C'est pour investir dans l'avenir. Par exemple, pour réduire la dette, il faut bien qu'on le fasse. Et c'est aussi naturellement pour investir dans la recherche, dans les équipements structurants. Bref, c'est aussi la responsabilité gouvernementale que de faire ça.
Q- Les consommateurs découvrent aussi ces jours-ci que les 3 opérateurs téléphoniques France Télécom, SFR et Bouygues se sont entendus sur leur dos pendant des années pour pratiquer les mêmes tarifs. C'est la Direction générale de la concurrence, qui est sous votre responsabilité, qui le dit. Vous souhaitez que les sanctions soient prises ?
R- Je voudrais dire que ça été fait sous l'impulsion du Conseil de la concurrence, donc une autorité administrative indépendante. Elle doit rendre sa décision dans les semaines qui viennent et bien entendu, elle sera, comme il se doit, respectée, cela va de soi.
Q- Mais politiquement, il faut prendre des sanctions. C'est admissible que des opérateurs comme ça s'entendent sur le dos des consommateurs ?
R- S'il est avéré qu'il y a eu une entente, ça n'est pas admissible.
Q- C'est ce que croit le rapport de la Direction générale de la concurrence.
R- Je crois, si je peux me permettre là-dessus, qu'il faut, je comprends ce qui peut être écrit dans les journaux, il faut laisser les autorités elles-mêmes s'exprimer. Donc, l'autorité administrative indépendante doit rendre sa décision, et bien entendu, celle-ci donnera lieu aux suites qui s'imposent, cela va de soi, quand elle sera rendue.
Q- Et Patrick Devedjian, dans Le Figaro ce matin, dit que le fait que Thierry Breton, ancien PDG de France Télécom, soit aujourd'hui ministre des Finances, le place moralement en position de conflit d'intérêts.
R- Ça c'est vraiment pour le coup de la politique, et je la regrette un peu parce que le vrai sujet n'est pas là. Vous faites allusion par exemple à cette enquête. Elle a été menée avant que Thierry Breton ne soit en fonction à France Télécom. Donc je ne vois vraiment pas au nom de quoi est-ce que l'on interdirait à des personnalités aussi éminentes que Thierry Breton, issues du monde de l'Entreprise, de participer au gouvernement de la France. Tous les pays du monde le font et je trouve que c'est d'abord cela qui importe.
Q- C'est aussi une actualité de ce jour de rentrée. Paris Match publie la photo de Cecilia Sarkozy avec, dit Paris Match, son nouveau compagnon. La vie politique sous les sunlights, sous les caméras, sous les objectifs des photographes des journalistes. C'est le prix à payer pour la médiatisation, ou ce genre de procédé vous choque, Jean-François Copé ?
R- Vous savez, moi, je n'ai pas pour habitude de commenter ce qui relève de la vie personnelle, que ce soit d'ailleurs pour les responsables politiques ou pour des responsables dans d'autres domaines. Je note effectivement que cela a pris plus de place qu'autrefois, mais je crois devoir redire que la vie privée c'est quand même une sphère bien particulière et qu'elle n'a rien à voir avec ce qui relève de l'action publique. Nous sommes les uns et les autres.
Q- Vous êtes choqué ou pas par les photos ?
R- Nous sommes dans une démocratie. Après tout, cela fait partie de la démocratie. Mais la seule chose que je veux dire, c'est qu'il me semble que respecter la vie privée des responsables publics quels qu'ils soient, c'est une exigence de la démocratie.
Jean-François Copé, une rentrée chargée, était l'invité d'RTL ce matin. Bonne journée.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 aout 2005)