Intervention de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le bilan de l'aide humanitaire et des actions engagées par la France auprès des pays affectés par le tsunami du 26 décembre 2004, Paris le 15 juin 2005.

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Circonstance : Forum du Conseil d'orientation de l'action humanitaire d'urgence : "Le tsunami, 6 mois après : quelle solidarité, quels enseignements ?", à Paris le 15 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi pour commencer, de rendre hommage, bien sûr, aux victimes, à leurs proches, à toutes ces personnes que la catastrophe du 26 décembre dernier a profondément meurtries.
Permettez-moi aussi de saluer ceux qui ont pris l'initiative de cette rencontre : je pense à Xavier Darcos, à Renaud Muselier et à Alain Boinet, président du Conseil d'orientation de l'Action humanitaire d'urgence.
Je tiens aussi à remercier Jean-Claude Mallet, délégué interministériel, qui a assuré activement le travail de coordination de l'aide française auprès des pays affectés par la tragédie du 26 décembre dernier. Je me souviens vous avoir reçu au ministère de la Solidarité, de la Santé et de la Famille à ce moment-là.
Dans une catastrophe aussi dévastatrice, il y a l'urgence, il y a le temps du deuil et celui de l'accompagnement des familles des victimes. Je les recevrai d'ailleurs dans dix jours, avec les représentants d'autres administrations, pour faire le point sur leurs situations individuelles, toujours douloureuses.
Mais il y a aussi le temps de la reconstruction. L'aide aux populations sinistrées dans cette région du monde doit continuer à nous mobiliser, durablement et efficacement. C'est pourquoi j'ai tenu à être parmi vous aujourd'hui. Et le ministère des Affaires étrangères est pleinement dans son rôle lorsqu'il s'agit de prévention, de gestion des crises, d'aide à la reconstruction. Il répond à ses devoirs lorsqu'il met en uvre, en réponse à la catastrophe, vitesse de réaction, esprit de solidarité, et capacité d'adaptation.
La France a répondu dès les premières heures à la tragédie qui a frappé l'Asie du Sud et de l'océan Indien.
Tous, services de l'Etat, diplomates, militaires et collectivités locales, mais aussi et surtout ONG, entreprises et particuliers, tous, nous avons rassemblé nos forces pour relever ce défi humanitaire.
D'ailleurs, l'élan de solidarité qui a uni les Français était sans précédent, et j'ai eu l'occasion de le vivre. Mais aujourd'hui, grâce à vous tous, grâce à la générosité des Français, des projets de reconstruction voient le jour un peu partout au Sri Lanka, en Indonésie et en Inde.
Le moment est venu aujourd'hui d'effectuer un bilan des actions déjà engagées pour en tirer les enseignements.
Vous avez déjà eu l'occasion, tout au long de cette journée, d'aborder la question de la répartition des financements et de leur engagement. Je souhaite simplement mettre en avant un des enseignements majeurs, me semble-t-il, de cette crise.
Nous savons désormais qu'entre la phase d'urgence et la phase de reconstruction s'ouvre une période délicate pour les populations, leurs outils de production se trouvant temporairement anéantis. Il nous a donc fallu y apporter une réponse fiable, cohérente, immédiatement opérationnelle.
Tel est le sens de ce que nous appelons dorénavant l'"intervention à impact rapide". Cette intervention consiste à soutenir, de manière très concrète, des projets locaux, ciblés, capables de donner aux populations des emplois temporaires, des emplois directement liés à l'aménagement de leur espace vital.
Parallèlement, nous nous devons de mettre en place les propositions déjà formulées par le président de la République : je veux parler de l'instauration, avec le soutien de l'UNESCO, d'un système régional d'alerte dans l'océan Indien ainsi que la création, dans le cadre de l'Union européenne et des Nations unies, de mécanismes de réaction rapide et d'action humanitaire.
J'ai la ferme intention de suivre avec la plus grande vigilance l'évolution de ces chantiers et en particulier l'évolution du chantier d'une force d'action rapide européenne. Soyez assurés de mon engagement à cet égard.
Permettez-moi de rappeler que, si les ONG, spécialisées dans l'urgence ou qui ont fait le choix de l'urgence, ont souhaité réinterroger leurs donateurs en vue d'une réaffectation des dons, la plupart des acteurs publics et privés se sont inscrits dans le cadre d'une action sur le long terme. Tous les financements dédiés à la phase d'urgence ont d'ailleurs été attribués dans des délais très brefs.
Rappelons en outre que tant l'action de la France que celle des ONG s'inscrivent dans des contextes sociaux et culturels éminemment complexes. Les actions d'aide à la reconstruction doivent alors nécessairement s'inscrire dans le long terme.
C'est cette solidarité qui donne tout son sens à votre engagement, à l'action que vous menez dans le cadre de vos associations, à cet esprit humanitaire auquel je veux rendre hommage aujourd'hui.
Mais je vous fais une petite confidence. Pour avoir été souvent avec un certain nombre d'entre vous, que je reconnais ici aujourd'hui, avant que je m'engage politiquement, j'ai toujours pensé, y compris après quand j'étais au ministère de la Santé, qu'il était difficile parfois de parler avec le ministère des Affaires étrangères, que ce n'était pas facile, parfois, pour ceux qui s'intéressent à l'humanitaire, de pouvoir être partie prenante. Je souhaite, et vous pouvez compter sur moi pour cela, qu'il y ait des interactions, des interfaces beaucoup plus concrètes dorénavant, entre tout ce milieu professionnel de l'urgence, très professionnel de l'urgence, de l'humanitaire, de la santé, de la prévention et le ministère des Affaires étrangères. Et je suis déjà en train de réfléchir à la manière dont cela pourrait se traduire.
Donc, très bien pour la convention 2005, je suis très heureux que nous puissions faire le point, en décembre 2005, un an après.
Soyez assurés qu'à la place qui est la mienne, je saurai y répondre, en mettant tout en uvre pour assurer cohérence et continuité à l'action menée, en Asie du Sud-Est bien sûr, mais aussi ailleurs.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juin 2005)