Texte intégral
(Entretien de Michèle Alliot-Marie à TF1, le 14 juillet 2005)
Jean-Claude Narçy
Madame Alliot-Marie, merci d'être ici avec nous. Est-ce que ce défilé est conforme à l'armée d'aujourd'hui ?
Michèle Alliot-Marie
Il donne effectivement une bonne image de l'armée d'aujourd'hui, à la fois de sa variété, de son engagement, de sa forte motivation et de cette très belle image que nos armées donnent de la France sur de nombreux théâtres d'opérations extérieures, qu'il s'agisse de solutionner des crises militaires ou de porter assistance à des populations frappées par des catastrophes naturelles.
Q. Il faut quand même parler des réalités aussi. Il y a une réalité, cela a été le 'non' au référendum. Est-ce que cela va freiner un peu l'avancée de la défense européenne ?
R. Cela ne la freinera pas et pour plusieurs raisons. La première, c'est que face à la situation que nous connaissons aujourd'hui - situation de terrorisme et de crises multiples - une défense européenne, c'est une nécessité. D'ailleurs, c'est la deuxième raison, et tous les citoyens européens l'ont bien compris, les Français n'ont jamais critiqué la défense européenne pendant la campagne électorale.
Q. Qui est en avance sur les autres sujets bien des fois ?
R. Elle était très en retard mais depuis trois ans, elle est certainement le domaine de l'Europe qui a le plus avancé et d'une façon extrêmement concrète. Elle nous permet d'avoir aujourd'hui des capacités d'intervention dans pratiquement tous les types de crises. Et d'ailleurs, vous l'avez expliqué tout à l'heure en commentant le défilé, il y avait effectivement la présence d'un certain nombre d'officiers européens, que ce soit dans les airs ou à terre.
Q. C'était un défilé européen quelque part ?
R. C'était effectivement un défilé européen pour une certaine partie que nous avons voulu montrer, et pour bien faire savoir que l'Europe de la défense continue d'avancer.
Q. Alors autre réalité, le Premier ministre a fait de l'emploi sa priorité. Le président de la République aussi. Qu'apportent à l'emploi et à la lutte contre le chômage, la défense,
l'armée ?
R. La défense est probablement l'un des acteurs directs majeurs dans ce domaine. Acteur direct majeur parce que, on le sait trop peu souvent, chaque année, les armées recrutent 35 000 jeunes, des jeunes de tous niveaux, aussi bien des polytechniciens, des saint-cyriens - vous en avez vu défiler aujourd'hui - que de nombreux jeunes sans aucune qualification et auxquels nous donnons une formation, une qualification, des perspectives de carrière ou des perspectives de réinsertion professionnelle. 95 % des jeunes qui ont passé cinq ans ou dix ans dans les armées retrouvent à la sortie un CDI dans le secteur privé. D'autre part, la défense contribue - indirectement si je puis dire - à l'emploi puisque la part la plus importante de notre budget va vers les entreprises. Nous sommes aujourd'hui le premier investisseur économique du pays. Cela représente des centaines de milliers d'emplois. Enfin, la défense a décidé de s'investir dans la préparation à l'emploi de ceux qui avaient le plus de difficultés. Chaque année, lors de la journée d'appel et de préparation où passent tous les jeunes - garçons et filles - un peu plus de 800 000 au total, il y en a environ 60 000 jeunes chez lesquels nous détectons de graves difficultés s'agissant de leur niveau scolaire. A partir de la rentrée, nous avons décidé de mener une opération sur des sites qui seront la plupart du temps, des sites militaires, d'anciennes casernes, d'anciennes bases, avec un encadrement qui sera fait par des personnels qui viennent de quitter l'armée, et qui ont une réelle expertise de l'encadrement des jeunes. Cela permettra de donner à ces jeunes à la fois, une formation tout simplement 'comportementale' parce que beaucoup n'en ont aucune idée, un apprentissage de la discipline - c'est une forme de discipline militaire qui sera appliquée - mais également une formation, un premier apprentissage qui leur permettra ensuite d'avoir cette deuxième chance pour redémarrer. Nous commencerons donc à la rentrée. Au total, ce sont à terme 20 000 jeunes que nous pourrons chaque année ainsi prendre en charge.
Q. Alors un mot quand même de Côte-d'Ivoire où nos soldats qui sont là-bas, se demandent quelquefois un peu ce qu'ils y font, en quelques mots, rapidement ?
R. En Côte-d'Ivoire, nous avons d'abord été là pour protéger les Français et les ressortissants de la communauté internationale qui se trouvaient en danger à cause des combats. Nous sommes actuellement en Côte d'Ivoire avec un mandat international pour essayer d'éviter que la Côte-d'Ivoire ne sombre dans des situations d'affrontements inter-ethniques qui d'une part, pourraient se traduire par des génocides et qui d'autre part, risqueraient aussi de couper définitivement en deux le pays, ce qui aurait des répercussions sur l'ensemble de l'Ouest africain.
Q. Alors vous allez aller à la garden-party dans quelques instants. Tout le monde attend le président de la République aujourd'hui. Et vous, qu'est-ce que vous attendez de lui dans sa prise de parole tout à l'heure ?
R. Je crois qu'aujourd'hui et surtout après le 'non' au référendum, après le dénigrement un peu systématique de la France de la part de certains, il ne faut pas oublier nos réussites dans l'aéronautique, dans l'aéronautique militaire avec les TIGRE que vous avez vus tout à l'heure et qui sont quelque chose de superbe, mais également l'aéronautique civile avec l'A380 et la fusée ARIANE. Avec tout cela, nous aurions effectivement toutes les chances d'être les leaders et nous devrions dire que nous sommes parmi les leaders technologiques.
Q. Alors, c'est ce que va dire le Président ?
R. Je souhaite pour ma part que le président redonne effectivement confiance aux Français. Les Français ont besoin d'avoir confiance en eux et d'avoir confiance en leur pays. C'est comme cela que l'on peut aborder l'avenir.
Q. Nous allons l'écouter. Merci Madame le Ministre.
R. Merci à vous.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 juillet 2005)
(Entretien de Michèle alliot-Marie à France 2, le 14 juillet 2005)
Patrick Lecocq
Madame, bonjour et merci de nous rejoindre. Ce défilé était placé sous le signe de la solidarité. C'est une décision qui a été prise il y a quelques semaines déjà. Et depuis quelques jours en revanche, les attentats de Londres remettent au premier plan de l'actualité les problèmes de sécurité intérieure. Est-ce que pour les démocraties occidentales, il y a réellement une réponse à cette menace ?
Michèle Alliot-Marie
Oui et je voudrais d'ailleurs dire que les deux thèmes ne sont pas vraiment éloignés l'un de l'autre. Nous voyons bien en effet que face au défi que représente le terrorisme, la solidarité entre les pays et entre les services de renseignement, entre les armées comme entre les polices, est nécessaire pour pouvoir à la fois essayer d'anticiper les actions terroristes et donc les empêcher, et pour pouvoir, le cas échéant lorsqu'elles interviennent, pouvoir réagir et surtout, réagir ensemble. C'est bien aussi l'un des buts de la création de l'Europe de la Défense que d'avoir cette capacité de réaction.
Q. Oui, mais quand même il y a la lutte apparente ou l'apparence de la lutte, on la connaît. C'est le plan Vigipirate. Il y a effectivement la bataille de l'ombre contre les réseaux mais sur le plan européen vous dites que cela existe mais l'on n'a quand même pas beaucoup l'impression que sur le terrain les Européens sont unis contre le terrorisme. C'est un peu chacun pour soi pour éviter d'avoir les bombes chez soi.
R. Non pas du tout. Ce n'est pas du tout ce qui se passe. La France avait appelé à cette solidarité européenne et internationale bien avant septembre 2001 puisque nous avions connu le terrorisme de masse sur notre territoire dès 1986. En tout état de cause, depuis septembre 2001, il y a une réelle concertation, une réelle solidarité et une réelle transparence entre l'ensemble des services de façon à lutter contre un fléau qui est commun car aucun pays n'est à l'abri du terrorisme. Dès lors que vous avez des pays pour lesquels la liberté, les droits de l'homme, les droits de la femme aussi, sont des valeurs profondes, ces pays sont menacés. Et nous avons d'ailleurs aussi vu que même dans des pays non occidentaux, les Occidentaux peuvent être dans un certain nombre de cas visés par le terrorisme. Il y a donc de la part de tous les gouvernements une vraie conscience qu'il est indispensable d'agir ensemble. Nous agissons à travers Vigipirate par exemple, pour nous protéger sur notre territoire ; nous agissons aussi grâce au renseignement en amont ; nous agissons également par les actions que nous menons dans un certain nombre de pays, comme par exemple en Afghanistan, de façon à essayer de couper le terrorisme de ses bases arrière et de ses terrains d'entraînement. C'est important. Et contre le terrorisme, ce ne sont pas simplement les armées et les polices qui interviennent, la diplomatie joue aussi un rôle. C'est également ce que dit le président de la République depuis des années, c'est-à-dire la nécessité de lutter contre les grandes injustices, contre le sentiment du 'deux poids - deux mesures', contre les grandes pauvretés qui ne font qu'alimenter le terrorisme. Il faut donc aussi lutter contre les causes qui alimentent le terrorisme.
Q. Madame j'ai une dernière question. Quand vous regardez le monde d'aujourd'hui, quel est le pays qui vous semble le plus créateur de souci pour le ministre de la Défense français que vous êtes ?
R. S'il n'y en avait qu'un, je dirais que ce serait quelque chose de relativement réconfortant. En réalité, de nombreux pays nous causent des soucis à des niveaux divers bien sûr ; en ce qui concerne la prolifération nucléaire, des pays comme la Corée du nord ou comme l'Iran retiennent l'attention. Il y a également ceux qui nous causent des soucis parce qu'ils sont dans des situations de crise.
Q. Et que nous sommes impliqués.
R. Non. C'est le cas même lorsque nous ne sommes pas impliqués. Je pense à l'Irak ; je pense à Israël et à la Palestine. Nous savons que ce sont aussi des causes potentielles de terrorisme. Nous avons également des pays qui sont en quelque sorte des pays en fin de crise, mais en zone grise comme par exemple dans les Balkans où il y a encore beaucoup à faire dans la lutte contre les mafias. Il y a les différents pays africains également. Nous y voyons de plus en plus resurgir des crises ethniques qui peuvent avoir des conséquences, y compris sur nous parce qu'elles peuvent déclencher au-delà des génocides, des migrations de population tout à fait considérables.
Q. Merci beaucoup madame.
R. Merci à vous.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 juillet 2005)
Jean-Claude Narçy
Madame Alliot-Marie, merci d'être ici avec nous. Est-ce que ce défilé est conforme à l'armée d'aujourd'hui ?
Michèle Alliot-Marie
Il donne effectivement une bonne image de l'armée d'aujourd'hui, à la fois de sa variété, de son engagement, de sa forte motivation et de cette très belle image que nos armées donnent de la France sur de nombreux théâtres d'opérations extérieures, qu'il s'agisse de solutionner des crises militaires ou de porter assistance à des populations frappées par des catastrophes naturelles.
Q. Il faut quand même parler des réalités aussi. Il y a une réalité, cela a été le 'non' au référendum. Est-ce que cela va freiner un peu l'avancée de la défense européenne ?
R. Cela ne la freinera pas et pour plusieurs raisons. La première, c'est que face à la situation que nous connaissons aujourd'hui - situation de terrorisme et de crises multiples - une défense européenne, c'est une nécessité. D'ailleurs, c'est la deuxième raison, et tous les citoyens européens l'ont bien compris, les Français n'ont jamais critiqué la défense européenne pendant la campagne électorale.
Q. Qui est en avance sur les autres sujets bien des fois ?
R. Elle était très en retard mais depuis trois ans, elle est certainement le domaine de l'Europe qui a le plus avancé et d'une façon extrêmement concrète. Elle nous permet d'avoir aujourd'hui des capacités d'intervention dans pratiquement tous les types de crises. Et d'ailleurs, vous l'avez expliqué tout à l'heure en commentant le défilé, il y avait effectivement la présence d'un certain nombre d'officiers européens, que ce soit dans les airs ou à terre.
Q. C'était un défilé européen quelque part ?
R. C'était effectivement un défilé européen pour une certaine partie que nous avons voulu montrer, et pour bien faire savoir que l'Europe de la défense continue d'avancer.
Q. Alors autre réalité, le Premier ministre a fait de l'emploi sa priorité. Le président de la République aussi. Qu'apportent à l'emploi et à la lutte contre le chômage, la défense,
l'armée ?
R. La défense est probablement l'un des acteurs directs majeurs dans ce domaine. Acteur direct majeur parce que, on le sait trop peu souvent, chaque année, les armées recrutent 35 000 jeunes, des jeunes de tous niveaux, aussi bien des polytechniciens, des saint-cyriens - vous en avez vu défiler aujourd'hui - que de nombreux jeunes sans aucune qualification et auxquels nous donnons une formation, une qualification, des perspectives de carrière ou des perspectives de réinsertion professionnelle. 95 % des jeunes qui ont passé cinq ans ou dix ans dans les armées retrouvent à la sortie un CDI dans le secteur privé. D'autre part, la défense contribue - indirectement si je puis dire - à l'emploi puisque la part la plus importante de notre budget va vers les entreprises. Nous sommes aujourd'hui le premier investisseur économique du pays. Cela représente des centaines de milliers d'emplois. Enfin, la défense a décidé de s'investir dans la préparation à l'emploi de ceux qui avaient le plus de difficultés. Chaque année, lors de la journée d'appel et de préparation où passent tous les jeunes - garçons et filles - un peu plus de 800 000 au total, il y en a environ 60 000 jeunes chez lesquels nous détectons de graves difficultés s'agissant de leur niveau scolaire. A partir de la rentrée, nous avons décidé de mener une opération sur des sites qui seront la plupart du temps, des sites militaires, d'anciennes casernes, d'anciennes bases, avec un encadrement qui sera fait par des personnels qui viennent de quitter l'armée, et qui ont une réelle expertise de l'encadrement des jeunes. Cela permettra de donner à ces jeunes à la fois, une formation tout simplement 'comportementale' parce que beaucoup n'en ont aucune idée, un apprentissage de la discipline - c'est une forme de discipline militaire qui sera appliquée - mais également une formation, un premier apprentissage qui leur permettra ensuite d'avoir cette deuxième chance pour redémarrer. Nous commencerons donc à la rentrée. Au total, ce sont à terme 20 000 jeunes que nous pourrons chaque année ainsi prendre en charge.
Q. Alors un mot quand même de Côte-d'Ivoire où nos soldats qui sont là-bas, se demandent quelquefois un peu ce qu'ils y font, en quelques mots, rapidement ?
R. En Côte-d'Ivoire, nous avons d'abord été là pour protéger les Français et les ressortissants de la communauté internationale qui se trouvaient en danger à cause des combats. Nous sommes actuellement en Côte d'Ivoire avec un mandat international pour essayer d'éviter que la Côte-d'Ivoire ne sombre dans des situations d'affrontements inter-ethniques qui d'une part, pourraient se traduire par des génocides et qui d'autre part, risqueraient aussi de couper définitivement en deux le pays, ce qui aurait des répercussions sur l'ensemble de l'Ouest africain.
Q. Alors vous allez aller à la garden-party dans quelques instants. Tout le monde attend le président de la République aujourd'hui. Et vous, qu'est-ce que vous attendez de lui dans sa prise de parole tout à l'heure ?
R. Je crois qu'aujourd'hui et surtout après le 'non' au référendum, après le dénigrement un peu systématique de la France de la part de certains, il ne faut pas oublier nos réussites dans l'aéronautique, dans l'aéronautique militaire avec les TIGRE que vous avez vus tout à l'heure et qui sont quelque chose de superbe, mais également l'aéronautique civile avec l'A380 et la fusée ARIANE. Avec tout cela, nous aurions effectivement toutes les chances d'être les leaders et nous devrions dire que nous sommes parmi les leaders technologiques.
Q. Alors, c'est ce que va dire le Président ?
R. Je souhaite pour ma part que le président redonne effectivement confiance aux Français. Les Français ont besoin d'avoir confiance en eux et d'avoir confiance en leur pays. C'est comme cela que l'on peut aborder l'avenir.
Q. Nous allons l'écouter. Merci Madame le Ministre.
R. Merci à vous.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 juillet 2005)
(Entretien de Michèle alliot-Marie à France 2, le 14 juillet 2005)
Patrick Lecocq
Madame, bonjour et merci de nous rejoindre. Ce défilé était placé sous le signe de la solidarité. C'est une décision qui a été prise il y a quelques semaines déjà. Et depuis quelques jours en revanche, les attentats de Londres remettent au premier plan de l'actualité les problèmes de sécurité intérieure. Est-ce que pour les démocraties occidentales, il y a réellement une réponse à cette menace ?
Michèle Alliot-Marie
Oui et je voudrais d'ailleurs dire que les deux thèmes ne sont pas vraiment éloignés l'un de l'autre. Nous voyons bien en effet que face au défi que représente le terrorisme, la solidarité entre les pays et entre les services de renseignement, entre les armées comme entre les polices, est nécessaire pour pouvoir à la fois essayer d'anticiper les actions terroristes et donc les empêcher, et pour pouvoir, le cas échéant lorsqu'elles interviennent, pouvoir réagir et surtout, réagir ensemble. C'est bien aussi l'un des buts de la création de l'Europe de la Défense que d'avoir cette capacité de réaction.
Q. Oui, mais quand même il y a la lutte apparente ou l'apparence de la lutte, on la connaît. C'est le plan Vigipirate. Il y a effectivement la bataille de l'ombre contre les réseaux mais sur le plan européen vous dites que cela existe mais l'on n'a quand même pas beaucoup l'impression que sur le terrain les Européens sont unis contre le terrorisme. C'est un peu chacun pour soi pour éviter d'avoir les bombes chez soi.
R. Non pas du tout. Ce n'est pas du tout ce qui se passe. La France avait appelé à cette solidarité européenne et internationale bien avant septembre 2001 puisque nous avions connu le terrorisme de masse sur notre territoire dès 1986. En tout état de cause, depuis septembre 2001, il y a une réelle concertation, une réelle solidarité et une réelle transparence entre l'ensemble des services de façon à lutter contre un fléau qui est commun car aucun pays n'est à l'abri du terrorisme. Dès lors que vous avez des pays pour lesquels la liberté, les droits de l'homme, les droits de la femme aussi, sont des valeurs profondes, ces pays sont menacés. Et nous avons d'ailleurs aussi vu que même dans des pays non occidentaux, les Occidentaux peuvent être dans un certain nombre de cas visés par le terrorisme. Il y a donc de la part de tous les gouvernements une vraie conscience qu'il est indispensable d'agir ensemble. Nous agissons à travers Vigipirate par exemple, pour nous protéger sur notre territoire ; nous agissons aussi grâce au renseignement en amont ; nous agissons également par les actions que nous menons dans un certain nombre de pays, comme par exemple en Afghanistan, de façon à essayer de couper le terrorisme de ses bases arrière et de ses terrains d'entraînement. C'est important. Et contre le terrorisme, ce ne sont pas simplement les armées et les polices qui interviennent, la diplomatie joue aussi un rôle. C'est également ce que dit le président de la République depuis des années, c'est-à-dire la nécessité de lutter contre les grandes injustices, contre le sentiment du 'deux poids - deux mesures', contre les grandes pauvretés qui ne font qu'alimenter le terrorisme. Il faut donc aussi lutter contre les causes qui alimentent le terrorisme.
Q. Madame j'ai une dernière question. Quand vous regardez le monde d'aujourd'hui, quel est le pays qui vous semble le plus créateur de souci pour le ministre de la Défense français que vous êtes ?
R. S'il n'y en avait qu'un, je dirais que ce serait quelque chose de relativement réconfortant. En réalité, de nombreux pays nous causent des soucis à des niveaux divers bien sûr ; en ce qui concerne la prolifération nucléaire, des pays comme la Corée du nord ou comme l'Iran retiennent l'attention. Il y a également ceux qui nous causent des soucis parce qu'ils sont dans des situations de crise.
Q. Et que nous sommes impliqués.
R. Non. C'est le cas même lorsque nous ne sommes pas impliqués. Je pense à l'Irak ; je pense à Israël et à la Palestine. Nous savons que ce sont aussi des causes potentielles de terrorisme. Nous avons également des pays qui sont en quelque sorte des pays en fin de crise, mais en zone grise comme par exemple dans les Balkans où il y a encore beaucoup à faire dans la lutte contre les mafias. Il y a les différents pays africains également. Nous y voyons de plus en plus resurgir des crises ethniques qui peuvent avoir des conséquences, y compris sur nous parce qu'elles peuvent déclencher au-delà des génocides, des migrations de population tout à fait considérables.
Q. Merci beaucoup madame.
R. Merci à vous.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 juillet 2005)