Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, on vient d'assister à une altercation assez vive entre le président de la Commission européenne et le chef de l'Etat français, comment réagissez-vous à cette escalade ?
R - Pour que l'Europe avance il faut que chacun puisse être à son poste dans la commission, faire des propositions avec une force d'innovation, être capable d'entraîner puisque c'est le rôle de la commission. Dans le moment de pause institutionnelle que nous connaissons, dans laquelle nous sommes actuellement après les deux référendums français et hollandais, il me paraît important, en effet, d'avoir une commission qui propose, et c'est le moment où jamais de le dire.
Q - Donc vous souhaiteriez un retour à plus de sérénité ?
R - Prenez le cas de l'économie européenne, la seule question qu'il faut que nous nous posions aujourd'hui, c'est comment gagner 1,5 % de croissance, en particulier par rapport aux Etats-Unis. Oui, faisons un gouvernement économique. Faisons en sorte que la Banque centrale européenne puisse travailler avec le Conseil européen. Faisons en sorte que la Commission fasse des propositions, innove en matière économique, cherche des moyens de gagner 1,5 % de croissance, c'est ce que nous attendons à la fois de la Commission mais aussi du Conseil, c'est-à-dire faire de la politique.
Q - Vous êtes à Prague aujourd'hui et demain à Bratislava, quel est le sens de ce voyage au cur de l'Europe ?
R - Le message est très simple : la France prend ses responsabilités en prenant sa quote-part du financement de l'élargissement européen.
Dix nouveaux membres, en particulier de l'Europe de l'Est qui ont connu le joug totalitaire, arrivent dans l'Union européenne. C'est magnifique. Il faut les accueillir.
La France a décidé entre 2007 et 2013 de mettre 11 milliards d'euros dans la corbeille, pour les accueillir. Nous voudrions que tout le monde fasse la même chose et, en particulier, nous pensons que tous les pays doivent fournir leurs quotes-parts. Et il n'y a pas un pays, fusse le Royaume-Uni, qui doit s'extraire de cela.
Q - Monsieur le Ministre, c'est très généreux, en même temps on a bien vu pendant le débat référendaire que les pays de l'Est, nouveaux, inquiètent par les délocalisations qu'ils représentent. Est-ce que vous avez une réponse qui puisse rassurer les Français sur la délocalisation ?
R - Exactement comme l'Espagne, le Portugal ou la Grèce, il y a 10 ou 20 ans, les pays qui arrivent et qui viennent de l'Est sont une chance extraordinaire pour l'emploi en France.
Et, aujourd'hui, déjà nous sommes parmi les plus grands exportateurs dans ces pays, les plus grands investisseurs. Et je peux vous assurer que le chiffre d'affaires des entreprises françaises, plus de 300 ici, est non seulement important, mais permet de créer beaucoup d'emplois en France.
Il faut cesser de faire de la démagogie en faisant croire que les entreprises françaises qui viennent ici vont délocaliser.
Et tout cela sert la France, les entreprises françaises et l'économie française.
On l'avait dit pour l'Espagne, on l'avait dit pour le Portugal, on l'avait dit pour la Grèce, C'est exactement le contraire qui s'est passé. Ce sont les produits français que nous vendons ici.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 octobre 2005)