Texte intégral
J.-J. Bourdin - Le plan canicule cet été, on en a beaucoup parlé. J'avais vu que les communes devaient recenser les personnes seules. Et j'ai aussi vu un chiffre qui m'a alerté : 31 % des communes seulement ont recensé les personnes seules ! Cela est insuffisant.
X. Bertrand - C'est vrai que, sur la canicule, la priorité c'est de faire reculer l'isolement, c'est-à-dire, les personnes qui sont seules - les personnes âgées mais je pense aussi aux personnes handicapées, je pense aussi aux personnes qui ont une maladie chronique, sont plus fragiles quand il fait très chaud. C'est vers celles-là qu'il faut se tourner par priorité. Donc, les communes ont depuis le 1er septembre de l'an dernier l'obligation réglementaire d'ouvrir un fichier. Mais ouvrir un fichier c'est bien, il faut aussi que les personnes s'inscrivent. Et puis ensuite, il faudra faire vivre ce fichier, c'est-à-dire que, quand il fait vraiment très chaud, il faut que l'on contacte ces personnes pour voir si tout va bien. J'ai donc réécrit à l'ensemble des maires de France pour leur rappeler, qu'au-delà de l'obligation réglementaire, c'est aussi une action de solidarité. Mais on doit prendre beaucoup d'initiatives au niveau national et sur le terrain. J'ai signé avec La Poste une convention pour que, dans tous les bureaux de poste de France, là où passent 2,5 millions de Français tous les jours, il y ait la petite brochure qui donne des conseils simples en cas de vague de chaleur : de boire, même si on n'a pas soif, douze verres par jour, un verre toutes les heures ; aussi de penser à bien fermer les volets, à fermer les fenêtres quand il fait très chaud, et ne pas chercher à faire rentrer de l'air qui est forcément très chaud, il faut au contraire protéger la pièce. Autant de conseils simples que je passe, là, ce matin, mais que chacun d'entre nous peut passer. S'il fait très chaud, l'Etat a une responsabilité, les collectivités aussi, les associations jouent un rôle. Mais chacun d'entre nous doit se poser la question : n'y a-t-il pas une personne seule que je peux aller voir ?
Q- Allez-vous prendre des vacances cet été ?
R- Non, pas de vacances. Si je peux m'autoriser quelques jours autour d'un week-end, cela sera très bien mais à proximité de Paris, pour pouvoir revenir rapidement.
Q- Vous allez être vigilant ?
R- Tout à fait.
Q- L'expérience sert.
R- Non, d'une part, parce que j'estime que, quand on est ministre, on est ministre à n'importe qu'elle heure du jour et de la nuit, et qu'il n'y a pas non plus de vacances. Cela ne fait pas partie, à mon avis, d'engagements ministériels que de se dire : je prendrai des congés à tel moment.
Q- Pourtant, vous avez le droit de vous reposer aussi ?
R- Chacun a le droit de se reposer. J'ai une chance, je récupère assez vite et je dors peu.
[...]
Q- J'ai vu que certains spécialistes menaçaient de ne pas vous suivre. Vous avez vu cela vous aussi. Alors, que les choses soient claires : la loi prévoit de passer par son médecin généraliste, il faut avoir un médecin traitant, c'est un médecin généraliste.
R- Peut-on rappeler pourquoi il faut passer par son médecin traitant ? Parce qu'il faut bien rappeler la philosophie de cette réforme : le médecin traitant, c'est votre médecin de famille, celui qui vous connaît le mieux, qui sait donc le mieux vous soigner, et le mieux vous orienter vers un spécialiste, si cela dépasse son champ de compétences. C'est donc cette logique du médecin de famille, du médecin de campagne - pour les auditeurs qui n'habitent pas dans les grandes villes - et cela, c'est une logique de qualité des soins. Voilà pourquoi on le met en place. Et ensuite, on s'aperçoit qu'à chaque fois que l'on met en place la coordination des soins, avec le médecin de famille, on fait diminuer le nombre des consultations inutiles : 10 à 15 % des actes dans notre pays sont faits en double et ne servent à rien, cela représente 1,5 milliard d'euro par an.
Q- Je vais chez mon médecin traitant, que j'ai choisi, combien dois-je payer la consultation ? 20 euros ?
R- 20 euros, il n'y a pas de changement. Si vous passez par votre médecin traitant, vous n'avez pas de changement concernant votre remboursement, et mieux, à partir du 1er janvier, vous serez même mieux pris en charge qu'avant...
Q- Mieux remboursé...
R- ... si vous prenez un médecin traitant, avec notamment, les contrats complémentaires responsables.
Q- Je vais chez mon médecin traitant, je paie 20 euros, et je suis remboursé comme je l'étais auparavant ?
R- Comme avant.
Q- Ce médecin traitant me dirige vers un spécialiste. Là, je paie 27 euros ?
R- Oui, pris en charge par la Sécurité sociale.
Q- Comme avant ?
R- Comme avant.
Q- Oui, mais, parfois, je peux aller directement chez un spécialiste, si je vais consulter un gynécologue ou un ophtalmo, par exemple...
R- Ou un psychiatre...
Q- Si je vais directement, sans passer par on médecin traitant, puisque ce spécialiste est mon médecin traitant, je paie 27 euros ?
R- Tout à fait.
Q- Oui, mais j'ai vu que les gynécologues demandent plus : ils demandent 32 euros. Ils vont demander 32 euros !
R- J'ai vu qu'un syndicat justement de gynécologues, avait fait cette demande. Les règles du jeu sont claires : pour les femmes dans notre pays, il doit y avoir un accès simple au gynécologue, dans de bonnes conditions de prise en charge. Les règles sont claires, c'est 27 euros, point à la ligne ! C'est d'ailleurs ce qui avait été négocié avec les syndicats de médecins au niveau national. Et je ne tolérerai pas qu'il y ait des dérapages en la matière, les choses sont claires. C'est aussi un respect de l'accès aux soins pour les femmes dans notre pays.
Q- Oui, mais c'est un syndicat important qui dit cela, et qui vous dit : mais je ne vois pas pourquoi nous, gynécologues, nous serions traités différemment d'un cardiologue ou d'un dermatologue.
R- Un rappel : ce sont eux qui ont demandé voilà un an à bénéficier de l'accès direct, c'est-à-dire, qu'ils ne voulaient pas, et c'est vrai que c'est logique, que l'on passe par son médecin traitant avant d'aller voir un gynécologue, c'est aussi du bon sens. Il ne faut pas chercher maintenant à changer les règles du jeu. Je m'en suis donc entretenu hier soir avec les syndicats de médecins signataires de la convention en début d'année. Les choses sont claires : c'est 27 euros !
Q- Donc, je vais voir mon gynécologue qui est mon médecin traitant, et je paie 27 euros ?
R- Exactement.
Q- Françoise, auditrice de Haute-Savoie : J'ai une question qui est toute simple : j'ai un médecin de famille qui nous suit depuis dix ans et il refuse de signer la convention. Que dois-je faire ?
R- Il refuse de signer la convention ou il refuse de signer le formulaire "médecin traitant" ?
Q- Françoise : Il ne veut pas signer la convention de "médecin traitant".
R- Deux choses : un, je ne crois pas qu'il va continuer à refuser longtemps, parce qu'il y avait un syndicat qui avait donné un mot d'ordre pour attendre pour remplir les formulaires. J'ai rencontré hier le président de ce syndicat, et il m'a indiqué très clairement, qu'à partir d'aujourd'hui, ils allaient donner le mot d'ordre pour remplir les formulaires et surtout pour déposer les formulaires qui avaient déjà été remplis par les patients. Donc, il n'y a aucun mouvement de grève de certains médecins. Je rappellerai en plus que 98 % des médecins de notre pays ont déjà adhéré au système du médecin traitant. Maintenant, Françoise, si le problème durait, ce que je ne crois pas un seul instant, si ce médecin vous suit depuis dix ans, vous aurez dans votre caisse primaire d'assurance maladie un conciliateur. C'est une personne que vous allez contacter, qui va prendre contact avec votre médecin, et qui va vous trouver une solution.
Q- André, auditeur corrézien : Je voudrais simplement savoir comment je vais procéder puisque je suis six mois à Colombes et six mois en Corrèze ?
R- Est-ce que c'est dans les Hauts-de-Seine ou en Corrèze que vous avez le médecin que vous connaissez le mieux ?
Q- André : C'est en Corrèze.
R- Eh bien, choisissez-le en Corrèze et quand vous serez malade, bien évidemment, dans les Hauts-de-Seine, vous irez consulter dans les Hauts-de-Seine un autre médecin, et vous serez pris en charge exactement de la même façon. Prenez le médecin en qui vous avez le plus confiance.
Q- Claude, auditeur dans le Rhône : Pour les neurologues, y a-t-il un accès direct comme c'est le cas pour les psychiatres ?
R- Non. Pour les neurologues, ce n'est pas la même situation que le psychiatre. C'est aussi un sujet dont je me suis entretenu avec les syndicats signataires de la convention. Parce que vous savez, au moment où les choses se mettent en place, on a bien besoin de voir si tout le monde est d'accord et que tout le monde aille dans le même sens. Voilà donc pourquoi j'ai fait ces réunions hier, et donc, je peux vous dire que pour le neurologue, on est bien dans le cadre d'un spécialiste qui, dans le cadre d'un parcours de soins, si quelqu'un est pris en charge à 100 %, ira voir son neurologue régulièrement. Mais on n'est pas dans le cas d'un accès direct.
Q- Claude : Il s'agit de psychiatre, parce que mon épouse, précédemment, était suivie par un neuropsychiatre. Son successeur est un neurologue et il fait exactement le même travail que le psychiatre.
R- Si vous êtes bien dans le cadre d'un protocole de soins, c'est-à-dire quelqu'un qui a des soins de longue durée, dans ces conditions-là, l'accès se fera normalement sans repasser par le médecin traitant.
Q- Quelles sont les exceptions ? On n'a pas toujours besoin de passer par son médecin traitant.
R- Il y a les trois professions que vous avez citées tout à l'heure : les psychiatres, les gynécologues, les ophtalmologues. Je le précise, parce que la question...
Q- Les pédiatres aussi...
R- Oui, mais [parce qu'] il n'y a pas de médecin traitant pour les enfants de moins de dix-huit ans ; le dentiste aussi, parce qu'il n'est pas considéré comme un médecin. Maintenant, si vous avez une maladie de longue durée, ce qu'on appelle une ALD, une maladie chronique, bien évidemment, si vous avez du diabète et que vous allez voir un diabétologue, vous ne retournerez pas voir votre médecin traitant à chaque fois. Si, par exemple, vous avez un problème de peau, qui nécessite des soins plusieurs fois dans l'année, vous ne retournerez pas chez votre médecin traitant avant d'aller votre médecin traitant.
Q- Là, je m'arrête. Je paie combien ?
R- Si vous allez le voir ?
Q- Si je vais le voir régulièrement ?
R- S'il est en "secteur 1" : 27 euros, parce qu'on est dans le cadre du parcours de soins, et s'il est en secteur 2, les honoraires sont libres, comme c'était le cas auparavant.
Q- Et je continue à être remboursé comme avant.
R- Comme avant, vous êtes remboursé sur la base de 23 euros, s'il est en "secteur 2".
Q- Les autres exceptions ? Les urgences ?
R- Les urgences, c'est-à-dire que vous avez un problème, le cabinet de votre médecin est fermé ou vous êtes en vacances. Vous appelez le remplaçant, ou vous appelez SOS Médecins : vous êtes pris en charge exactement de la même façon. Les vacances, les déplacements professionnels... Il faut savoir que sur un sujet comme celui-ci, qui touche les habitudes médicales des Français, il faut être pragmatique. Nous avons bien conscience que nous leur demandons avec ce choix de s'engager dans une logique d'évolution des comportements, mais il faut aussi de la souplesse pour ne pas leur compliquer la vie pour rien.
[...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 juillet 2005)