Texte intégral
Q- Bonjour Monsieur Bussereau, ministre de l'agriculteur... de l'Agriculture...
R- Ministre des agriculteurs, vous pouvez dire.
Q- C'est encore mieux. Alors, justement, nos agriculteurs redoutent une sécheresse plus importante qu'en 2003. Est-ce qu'ils ont raison ?
R- La situation est en effet aujourd'hui très difficile dans de nombreux départements sur notre territoire. Elle est même préoccupante. Elle n'est pas du niveau de celle que vient de vous décrire, il y a un instant sur votre antenne, mon collègue portuguais, que pourrait également décrire mon collègue espagnol, mais c'est vrai que nous sommes dans une situation où nous sommes aujourd'hui déjà dans une situation d'irrigation très restreinte, dans un grand nombre de départements.
Q- Lesquels ?
R- Pour l'instant, il y a une trentaine de départements qui sont touchés par des mesures qui peuvent être soit des mesures d'interdiction complètes d'irriguer le jour, soit d'irriguer à certaines heures, soit d'irriguer dans certains bassins versants et pas dans d'autres. Donc, si vous voulez, c'est fait au coup par coup par les préfets. Il y a aussi des mesures qui demandent à nos concitoyens de ne pas remplir les piscines, de ne pas arroser les jardins, aux municipalités de ne pas entretenir entre 8 heures et 18 heures les espaces verts. Ce sont des mesures qui sont prises département par département. Cette situation, nous l'avons vue venir de loin, dès le mois de mars. Je vais prendre l'exemple du département où je suis élu, la Charente-Maritime, au bord de l'Atlantique. Nous avions, dans les rivières, à peu près le niveau d'eau que nous avons d'habitude à la fin du mois d'août, ce qui veut dire qu'on a pu prendre les précautions en amont et que, par exemple, les agriculteurs ont changé les semences de printemps pour faire moins de maïs irrigué. Donc, la production agricole a pris très en amont les devants d'une situation qu'on voyait venir dès la fin de l'hiver.
Q- Cela veut-il dire que cette réorientation des cultures, que vous évoquiez à l'instant, va devoir se poursuivre, s'accentuer dans les années qui viennent ?
R- C'est une vraie question. Je crois profondément, tout comme ma collègue de l'environnement, N. Olin, que la ressource en eau va devenir une ressource rare, donc une ressource chère, donc une ressource qu'il faudra utiliser de plus en plus avec parcimonie. Donc, il faudra faire attention aux cultures très consommatrices d'eau. Il faudra aussi, d'ailleurs, se donner les moyens d'avoir plus d'eau.
Q- Comment fait-on ?
R- Il faut faire de grands barrages qui sont parfois difficiles à intégrer dans l'environnement , qui sont coûteux - il faut en faire, d'ailleurs, naturellement quelques uns -, on peut faire ce qu'on appelle des réserves de substitution. Nous en avons fait beaucoup, par exemple, dans la région Poitou-Charentes. On utilise un système entre deux collines, dans un bassin pour faire une petite retenue à l'échelle d'une ou deux exploitations. C'est utile pour l'exploitant agricole car cela lui donne de l'eau. Je dirais que cela participe au paysage parce qu'une réserve d'eau, c'est toujours agréable dans le paysage. Cela peut d'ailleurs favoriser l'installation de gîtes ruraux, etc. Donc, il faut qu'on se donne les moyens d'une eau plus présente sur le territoire, qu'il faudra consommer de manière plus économe.
Q- Le dispositif que vous décrivez fonctionne-t-il ? A-t-il prouvé son efficacité ?
R- Le dispositif pour l'instant, que je décris, fonctionne dans de nombreuses régions de France. Il y a beaucoup de projets soutenus par les collectivités territoriales. Nous sommes dans une situation où nous prenons au fur et à mesure avec les préfets des mesures adaptées à la situation de chaque département. L'Europe est également venue à nos côtés puisque nous lui avons demandé dès le printemps, en avril, la possibilité d'utiliser les jachères pour, comme le disait là encore toute à l'heure mon collègue portugais, pâturer ou faire faucher des terres pour nourrir les animaux. Ces jours-ci, l'Europe a d'ailleurs accordé à d'autres départements - pour l'instant, elle l'a fait pour quarante et un départements - la possibilité que nous puissions utiliser les jachères pour nourrir le bétail.
Q- Situation donc très difficile, mais pas de crise. Pas d'impôt sécheresse en vue dans ces conditions ?
R- Il ne faut pas toujours raisonner par rapport à la sécheresse de 1976, où il avait fallu, sous l'autorité de J. Chirac, alors Premier ministre, créer une dotation de solidarité. Mais, ce qu'il faut dire à tous ceux qui sont concernés par ces problèmes de l'eau, c'est que, naturellement, pour l'instant, tout le monde est mobilisé, l'ensemble des ministères, des professionnels, les citoyens...
Q- Répondez à la question. Pas d'impôt sécheresse ?
R- Plus qu'un impôt, je voudrais un "impôt civisme", c'est-à-dire qu'on ait tous, pendant l'été, dans notre vie quotidienne, le réflexe, là où l'on est, d'économiser l'eau. Si l'"impôt civisme" fonctionne, il n'y a pas besoin d'impôt sécheresse.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er juillet 2005
R- Ministre des agriculteurs, vous pouvez dire.
Q- C'est encore mieux. Alors, justement, nos agriculteurs redoutent une sécheresse plus importante qu'en 2003. Est-ce qu'ils ont raison ?
R- La situation est en effet aujourd'hui très difficile dans de nombreux départements sur notre territoire. Elle est même préoccupante. Elle n'est pas du niveau de celle que vient de vous décrire, il y a un instant sur votre antenne, mon collègue portuguais, que pourrait également décrire mon collègue espagnol, mais c'est vrai que nous sommes dans une situation où nous sommes aujourd'hui déjà dans une situation d'irrigation très restreinte, dans un grand nombre de départements.
Q- Lesquels ?
R- Pour l'instant, il y a une trentaine de départements qui sont touchés par des mesures qui peuvent être soit des mesures d'interdiction complètes d'irriguer le jour, soit d'irriguer à certaines heures, soit d'irriguer dans certains bassins versants et pas dans d'autres. Donc, si vous voulez, c'est fait au coup par coup par les préfets. Il y a aussi des mesures qui demandent à nos concitoyens de ne pas remplir les piscines, de ne pas arroser les jardins, aux municipalités de ne pas entretenir entre 8 heures et 18 heures les espaces verts. Ce sont des mesures qui sont prises département par département. Cette situation, nous l'avons vue venir de loin, dès le mois de mars. Je vais prendre l'exemple du département où je suis élu, la Charente-Maritime, au bord de l'Atlantique. Nous avions, dans les rivières, à peu près le niveau d'eau que nous avons d'habitude à la fin du mois d'août, ce qui veut dire qu'on a pu prendre les précautions en amont et que, par exemple, les agriculteurs ont changé les semences de printemps pour faire moins de maïs irrigué. Donc, la production agricole a pris très en amont les devants d'une situation qu'on voyait venir dès la fin de l'hiver.
Q- Cela veut-il dire que cette réorientation des cultures, que vous évoquiez à l'instant, va devoir se poursuivre, s'accentuer dans les années qui viennent ?
R- C'est une vraie question. Je crois profondément, tout comme ma collègue de l'environnement, N. Olin, que la ressource en eau va devenir une ressource rare, donc une ressource chère, donc une ressource qu'il faudra utiliser de plus en plus avec parcimonie. Donc, il faudra faire attention aux cultures très consommatrices d'eau. Il faudra aussi, d'ailleurs, se donner les moyens d'avoir plus d'eau.
Q- Comment fait-on ?
R- Il faut faire de grands barrages qui sont parfois difficiles à intégrer dans l'environnement , qui sont coûteux - il faut en faire, d'ailleurs, naturellement quelques uns -, on peut faire ce qu'on appelle des réserves de substitution. Nous en avons fait beaucoup, par exemple, dans la région Poitou-Charentes. On utilise un système entre deux collines, dans un bassin pour faire une petite retenue à l'échelle d'une ou deux exploitations. C'est utile pour l'exploitant agricole car cela lui donne de l'eau. Je dirais que cela participe au paysage parce qu'une réserve d'eau, c'est toujours agréable dans le paysage. Cela peut d'ailleurs favoriser l'installation de gîtes ruraux, etc. Donc, il faut qu'on se donne les moyens d'une eau plus présente sur le territoire, qu'il faudra consommer de manière plus économe.
Q- Le dispositif que vous décrivez fonctionne-t-il ? A-t-il prouvé son efficacité ?
R- Le dispositif pour l'instant, que je décris, fonctionne dans de nombreuses régions de France. Il y a beaucoup de projets soutenus par les collectivités territoriales. Nous sommes dans une situation où nous prenons au fur et à mesure avec les préfets des mesures adaptées à la situation de chaque département. L'Europe est également venue à nos côtés puisque nous lui avons demandé dès le printemps, en avril, la possibilité d'utiliser les jachères pour, comme le disait là encore toute à l'heure mon collègue portugais, pâturer ou faire faucher des terres pour nourrir les animaux. Ces jours-ci, l'Europe a d'ailleurs accordé à d'autres départements - pour l'instant, elle l'a fait pour quarante et un départements - la possibilité que nous puissions utiliser les jachères pour nourrir le bétail.
Q- Situation donc très difficile, mais pas de crise. Pas d'impôt sécheresse en vue dans ces conditions ?
R- Il ne faut pas toujours raisonner par rapport à la sécheresse de 1976, où il avait fallu, sous l'autorité de J. Chirac, alors Premier ministre, créer une dotation de solidarité. Mais, ce qu'il faut dire à tous ceux qui sont concernés par ces problèmes de l'eau, c'est que, naturellement, pour l'instant, tout le monde est mobilisé, l'ensemble des ministères, des professionnels, les citoyens...
Q- Répondez à la question. Pas d'impôt sécheresse ?
R- Plus qu'un impôt, je voudrais un "impôt civisme", c'est-à-dire qu'on ait tous, pendant l'été, dans notre vie quotidienne, le réflexe, là où l'on est, d'économiser l'eau. Si l'"impôt civisme" fonctionne, il n'y a pas besoin d'impôt sécheresse.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er juillet 2005