Texte intégral
Secrétaire général de FO
parue dans LE PARISIEN du 25 août 2005,
sous le titre :
" Jean-Claude Mailly : " Un million de manifestants en octobre " "
Q - Dès la fin juin, les syndicats promettaient une rentrée "chaude". Les vacances finies, maintenez-vous ce pronostic ?
Jean-Claude Mailly : La volonté de la quasi-totalité des confédérations est d'organiser une mobilisation forte à la rentrée, probablement en octobre. Ce n'est pas particulièrement parce que c'est la rentrée - l'an dernier, à la même période, la situation était plus calme - mais parce que le gouvernement Villepin a pris, cet été, des décisions préjudiciables aux intérêts des salariés.
Q - À quoi faites-vous allusion ?
R - Après ce qui c'est passé le 10 mars, où près d'un million de personnes étaient dans la rue ; après le vote du 29 mai où l'on a vu majoritairement les actifs, les chômeurs voter non, le gouvernement fait tout à l'envers. Là où Dominique de Villepin s'annonçait comme républicain, il fait de l'ultralibéralisme. Avec son contrat nouvelle embauche de type anglo-saxon, il accroît encore la précarité des salariés et remet en cause les fondements du Code du travail, c'est inadmissible. En plus, en retirant les jeunes de moins de 26 ans du calcul des effectifs, il fait de la discrimination sociale et syndicale réprimée par plusieurs articles de lois nationales, européennes et internationales.
Q - Si c'est inadmissible comme vous dîtes, pourquoi attendre octobre alors que le contrat nouvelle embauche est applicable depuis début août ? On a connu les syndicats plus réactifs !
R - Tout le monde sait bien qu'on mobilise difficilement durant la période estivale, le gouvernement a joué là-dessus. Mais on a immédiatement réagi en condamnant et en prenant date. La mobilisation se fera donc à la rentrée. Contre les mesures Villepin mais aussi pour l'emploi et le pouvoir d'achat. Car, de ce point de vue, le gouvernement n'a strictement rien fait dans le public comme dans le privé. Nous voulons plus de salaires et moins de précaires.
Q - Ah bon, le Smic n'a pas augmenté de 5,3 % en juillet ?
R - Si, mais pas pour tous et il n'y a pas eu le coup de pouce que nous demandions. En revanche, le gouvernement a consenti de nouvelles exonérations pour les entreprises, sans la moindre contre-partie en termes de salaires. Alors que tout le monde est confronté à la flambée du gazole (+ 36 % en trois ans) qui pèse sur le budget des ménages, le gouvernement ne fait rien sur la TIPP ou sur les primes de transport.
Q - Une mobilisation de quelle ampleur attendez-vous ?
R - À FO, nous partons de ce qui a été réalisé le 10 mars avec un million de manifestants et de nombreux arrêts de travail dans le public et dans le privé.
Q - On parle déjà du 4 ou 6 octobre...
R - La journée d'action à laquelle, je le souhaite, tous les syndicats participeront, pourrait avoir lieu début octobre. La date précise sera décidée et annoncée par toutes les organisations qui seront dans l'action en septembre.
Q - D'ici octobre, qu'allez-vous faire ?
R - Je ne vais pas chômer (Sourires). Je me rends mardi prochain à l'université d'été du MEDEF où j'ai été invité. Puis, entre de nombreux rendez-vous, j'animerai toute une série de rassemblements interdépartementaux, notamment le 7 septembre à Maubeuge, le 10 à Lyon, le 13 à Bordeaux, et 14 à Montpellier et le 17 à Metz. Croyez-moi, les choses vont rapidement s'accélérer.
Q - Pensez-vous déjà à l'après mobilisation d'octobre ?
R - On décidera des suites à donner en fonction du degré de mobilisation et surtout des ouvertures que nous donnera le gouvernement. Mais je peux d'ores et déjà vous dire que si rien ne bouge, la contestation sera la seule réponse possible, y compris pour un syndicat réformiste comme FO.
Q - L'ouverture prochaine de négociations salariales chez les fonctionnaires ne va-t-elle pas détendre l'atmosphère sociale ? Après tout, on a surtout vu des salariés du public le 10 mars ?
R - C'est inexact, le privé était fortement présent dans les défilés et pour la première fois depuis longtemps, il y a de très nombreux débrayages. Pour le reste, les négociations salariales dans la fonction publique doivent s'ouvrir début octobre, c'est tout ce que l'on sait. Quelles seront les marges budgétaires disponibles ? Mystère...
Q - Quel jugement portez-vous sur les 100 jours de Dominique de Villepin à Matignon ?
R - Un jugement sévère. Le républicain qu'il disait être est devenu un libéral pur et dur. Certes, il a reçu les syndicats avant son discours de politique générale, mais après il a pris des décisions très lourdes pour les salariés et pour le pacte républicain. Avec lui, le social s'efface devant le financier.
Q - À cause de la dette de l'État, chaque français doit 17 400 euros, ça ne vous inquiète pas ?
R - Est-ce que l'État français est en faillite ? Je ne dis pas qu'il faille faire systématiquement de la dette mais j'observe que d'autres pays industrialisés sont, eux aussi, très endettés. Ceux qui insistent sur la dette veulent en réalité réduire le service public. C'est ce que fait le gouvernement quand il ouvre le capital de GDF, demain celui d'EDF et quand il privatise les autoroutes. J'appelle cela brader le service public.
Q - Et quand le gouvernement fait de sa priorité la lutte contre le chômage, vous appelez ça comment ?
R - Je suis d'accord sur l'objectif, pas sur les moyens qu'il utilise. Ce n'est pas parce que les échéances politiques se rapprochent qu'il faut à tout prix précariser les salariés et faire de nouveaux cadeaux, sans contrepartie aux patrons. Je suis désolé de rappeler à Dominique de Villepin qu'il ne suffit pas de visiter une agence de l'ANPE pour prétendre avoir compris ce qu'était le chômage.
Q - Que pensez-vous de Laurence Parisot, la présidente du MEDEF ?
R - Je ne fais pas a priori de procès d'intention à la nouvelle équipe du MEDEF, on la jugera aux actes, en particulier au cours des prochaines négociations. Nous avons proposé au MEDEF d'ouvrir une discussion sur les donneurs d'ordre et les sous-traitants, j'attends sa réponse.
Propos recueillis par Jean-Marc Plantade
(Source http://www.force-ouvriere.fr, le 26 août 2005)
J.-C. Mailly
(FO)
France Inter
8h20
E. Valmir
Le 25 août 2005
Q- Comme chaque année en cette période de rentrée, on évoque toujours une rentrée sociale qui sera chaude. Si on se réfère aux déclarations des uns et des autres, on peut même évoquer une rentrée sociale bouillante, avec une action syndicale unifiée programmée début octobre contre les grandes lignes du plan d'urgence pour l'emploi comme le contrat "Nouvelles embauches" et la défense du pouvoir d'achat. Bonjour. La date de cette action n'est pas encore connue ?
R- Non, elle est pas encore fixée. Ce seront les organisations syndicales qui l'annonceront ensemble. Donc, l'annonce sera faite en septembre mais la date précise n'est pas encore connue, et comme ce sera pas une seule organisation mais j'espère la quasi totalité des organisations qui lanceront ce mouvement, elles l'annonceront ensemble.
Q- Pourtant elle était initialement programmée autour du 8 septembre qui correspondait au cap des 100 jours fixés par D. DE Villepin pour son plan d'urgence pour l'emploi ?
R- Non. On avait donné rendez-vous et on donne toujours rendez-vous aux cent jours du Premier ministre. Maintenant, on a toujours dit : "ce n'est pas la date anniversaire, c'est à la rentrée, en fait" puisqu'il avait donné lui même, c'est lui qui a fixé les cent jours, personne d'autre. Donc on lui donne rendez-vous à la rentrée. On sait très bien que le gouvernement a utilisé, y compris la période d'été qui, tout le monde le sait bien, n'est pas une période où on mobilise,. Mais on a, dès l'été, dès le début de l'été, pris rendez-vous à la rentrée ; tout le monde, toutes les organisations ont pris rendez-vous à la rentrée à la fois sur les décisions prises par le gouvernement, qui plus est sans concertation, sur le fond, donc sur le problème de fond et le problème de forme.
Q- Alors vous en avez contre le contrat "Nouvelles embauches". Que lui reprochez-vous exactement ?
R- De régler le problème du chômage avec plus de précarité. Différentes études sont encore sorties cet été et il suffit de discuter avec les salariés, avec les gens pour se rendre compte que le problème du chômage est aussi lié, le problème de la pauvreté chez les salariés ce qu'on appelle aujourd'hui les travailleurs pauvres, c'est lié y compris au problème de la précarité. Et comment peut- on régler le problème du chômage ou prétendre régler le problème du chômage et de la précarité avec un nouveau contrat de travail précaire ? C'est cela qui n'est pas acceptable. Or ce contrat "Nouvelles embauches" c'est un contrat de travail précaire
avec une période de deux ans d'essai pendant laquelle du jour au
lendemain quasiment, le salarié peut être renvoyé. C'est cela qui n'est
pas acceptable.
Q- Pourtant le gouvernement se défend justement de vouloir fixer le taux d'activité et de relancer l'emploi à travers cette mesure.
R- Mais pour relancer l'emploi, quelle est la situation aujourd'hui ? Une croissance économique quasi nulle, des créations d'emploi 0, y en a pas, y a même plutôt des suppressions d'emploi. Il n'y a jamais eu autant de faillites en cette époque qu'en 1998. Donc, la situation économique et sociale n'est pas brillante. La consommation qui diminue, y compris lié à des phénomènes de confiance mais aussi lié à l'augmentation du prix du pétrole ou continuation sur l'augmentation du prix des loyers. Donc qu'est-ce qu'il faut pour soutenir la croissance ? Il faut redonner du carburant. Ce n'est pas un mauvais jeu de mot par rapport au pétrole mais quand je dis redonner du carburant, c'est redonner notamment du pouvoir d'achat pour permettre aux salariés, aux chômeurs, aux retraités de pouvoir accroître leur consommation. Ce sont des mots tabou aujourd'hui. Quand on parle de salaire et de pouvoir d'achat, on a l'impression que l'on est politiquement incorrect. Et on nous répond flexibilité, exonération fiscale, exonération sociale. Là où on attendait quelque chose de plus républicain y compris dans les discours, on a en fait la panoplie libérale qui est accentuée. C'est cela qui n'est pas acceptable.
Q- Même si un sondage IFOP réalisé auprès des PME table, projette 500.000 embauches à la rentrée avec ce contrat ?
R- Moi, vous savez je suis très prudent, parce qu'il y a d'autres sondages qui sont sortis parce que ça concerne a priori pour le moment en tous les cas les petites entreprises. et un autre sondage est sorti cet été sur le même public et à plus de 50%, les chefs d'entreprises ont expliqué que e qui était déterminant pour l'embauche - et ça je le crois -, c'est l'activité économique, c'est la croissance. Ce qui risque de se passer si des contrats "Nouvelles embauches" ont effectivement lieu, ça va être en substitution de contrat à durée indéterminée. Ca va être en substitution de certains types de CDD. Ce n'est déjà pas terrible, le CDD, mais au moins, il y a quelques garanties. Tandis que là, sur le CNE, contrat "Nouvelles embauches", il n'y a pas de garanties. Et je rappelle que le gouvernement a décidé cela sans consulter personne. Ils ont annoncé la décision et après ils nous en, ont parlé. Alors en plus sur la méthode, on peut pas dire que ce soit au beau fixe sur le plan du dialogue social.
Q- Alors fin juillet vous avez déclaré : " nous n'accepterons jamais ce contrat "Nouvelles embauches", il a été validé depuis. Vous avez déposé des recours devant le conseil d'Etat, vous avez déposé une plainte également devant le Bureau international du travail. La CGT a fait pareil, le Parti socialiste au mois de juillet avant que les ordonnances soient validées par le conseil des ministres avait fait de même, et le conseil d'Etat avait rejeté ces recours. Qu'attendez-vous, vous, de ces actions ?
R- Ecoutez, on verra bien. Ce n'est pas dans les 15 jours en plus. Dans les deux cas les procédures sont un peu longues ; ça, c'est le fait des procédures. Non, c'est à la fois une confirmation de notre part. Vous savez on ne lance pas un recours comme cela en décidant un matin. Les services juridiques des organisations ont travaillé et considèrent que sur la base notamment de différents textes européens, internationaux y compris du préambule de la Constitution française, il y a des motifs de recours possibles. Maintenant au conseil d'Etat et au Bureau international du travail. Vous savez, c'est pas rien que...
Q- Non, mais d'accord. Je suis d'accord, mais on a le sentiment...
R- Si on aboutit, cela veut dire qu'il y aura annulation.
Q- Oui et si vous n'aboutissez pas, quels sont les moyens de recours après à partir du moment où c'est validé ?
R- Si cela n'aboutit pas, il n'y aura pas d'autres possibilités. Il y a encore des moyens de recours au niveau européen qu'on n'a pas utilisés pour le moment. Peut-être que d'autres organisations feront également des recours. Pour le moment il y a la CGT, FO. Moi, je n'exclus pas que d'autres en fassent. C'est à elles de décider bien entendu. Maintenant ce n'est pas suffisant. L'action juridique sur ce genre de chose, il faut aussi une action de caractère syndical et ce sont les discussions qui ont lieu depuis le début de l'été, d'ailleurs entre les confédérations syndicales, et qui nécessitent aujourd'hui... Vous savez quand le dialogue ne fonctionne pas, quand on prend des dispositions, moi je dis le gouvernement il écoute à l'envers, d'une certaine manière. Alors on lui explique des choses, il dit "oui" et puis il fait tout le contraire. Il n'y a pas d'autre solution que l'expression directe d'une certaine manière. L'expression directe, cela passe par des manifestations, des arrêts de travail. C'est le gouvernement qui nous conduit à cette situation. On est déterminé à la réussir.
Q- Pourtant, juste avant le discours de politique générale, vous vous étiez réjoui de l'entrevue avec D. de Villepin. Cela ne s'était jamais vu encore qu'un Premier ministre puisse discuter avec les organisations syndicales.
R- C'est bien la preuve qu'on ne fait pas de procès d'intention et qu'on juge un gouvernement sur ses actes. Effectivement, quand il nous a reçus avant son discours de politique générale, j'ai indiqué au nom de FO que c'était positif. C'était quelque chose de bien, qu'il nous avait écouté, non pas entendu mais écouté. Sauf que qu'en deux jours après, il fait son discours de politique générale et que vous ne retrouvez rien de ce que vous lui avez expliqué. Alors là, il commence à y avoir un problème. Je vais prendre un petit exemple mais un petit important syndicalement. J'ai expliqué au Premier ministre qu'il n'y avait pas la liberté syndicale dans notre pays, dans les PME, dans les petites et moyennes entreprises et les très petites entreprises. Que très souvent, quand on envisageait de désigner quelqu'un comme délégué, il arrive très souvent que l'employeur licencie la personne avant qu'on ait le temps de le désigner, qu'il fallait regarder ce problème. Réponse dans les faits, une disposition qui maintenant fera que dans les petites entreprises, si on a moins de 26 ans on ne sera plus comptabilisé pour savoir si il doit y avoir des délégués du personnel. Là, on demande un renforcement du droit du personnel, les délégués du personnel. Réponse du gouvernement : il y en aura moins. Donc ça, ce n'est pas normal non plus.
Q- L'année dernière on s'inquiétait du pouvoir d'achat. Cette préoccupation est toujours là aujourd'hui, c'est d'ailleurs la grande ligne que vous allez défendre lors de votre action syndicale avec les autres organisations. Ce pouvoir d'achat, c'est vraiment la préoccupation des Français. On le voit ce matin dans un autre sondage même si encore une fois vous avez raison, il faut toujours se méfier de la lecture des sondages, mais tout de même, ils sont indicatifs. Ils sont 60% à être très préoccupés du contrat "Nouvelles embauches" et 83% interrogés par l'Institut Louis- Harris estiment que les solutions proposées par le gouvernement vont dans le mauvais sens pour le pouvoir d'achat.
R- Oui, tout à fait. Je vais prendre un seul exemple. D'abord sur l'aspect salaire. Le gouvernement avait bougé un peu après notre mouvement du 10 mars, mais insuffisamment. Mais regardez les réactions du gouvernement par rapport à l'augmentation du prix du pétrole. Là où on avait demandé une revalorisation des indemnités kilométriques, 2 centimes d'euros, c'est se moquer du monde ; là où demande un effort sur les primes de transport, rien du tout. Là où on demande qu'il y ait des dispositifs fiscaux TIPP flottante ou autre qui soient mis en place, non plus rien. Cela veut dire que la considération du gouvernement vis à vis des problèmes de pouvoir d'achat n'existe pas et que la voie privilégiée - contrairement à ce qu'ils nous disent publiquement, il y a des contradictions entre les déclarations et la pratique -, c'est le système Blair, c'est le système anglo-saxon : flexibilité et précarité.
Q- Il y a tout de même eu une revalorisation du Smic cet été de 5,3%.
R- Mais tout le monde le savait, ça. Quand je dis tout le monde le savait, c'était l'harmonisation des différents niveaux du Smic et cette revalorisation de 5,5% n'a pas concerné tous les gens au Smic. Cela a été un million de personnes. Tout le monde avait demandé un coup de pouce au Smic et là aussi pour montrer que c'était une priorité gouvernementale la question des salaires et du pouvoir d'achat. Et à l'époque le gouvernement nous a envoyé balader en disant " non on fait juste les 5,5% pour une catégorie, pas pour tout le monde parce qu'on considère que c'est déjà beaucoup". Par contre encore beaucoup d'exonérations, de cotisations sociales et d'exonérations fiscales pour les entreprises. Un seul chiffre, on a dépassé les 20 milliards d'euros d'exonération de cotisations patronales. 20 milliards d'euros.
Q- Et les négociations sur l'assurance chômage ?
R- Cela fera partie - pas dans les jours à venir, mais d'ici la fin de l'année - , d'un dossier comme on dit hard puisqu'il y a un déficit, puisque là aussi l'Etat et on lui demande depuis un moment qu'il sache prendre ses responsabilités dans l'indemnisation du chômage. Moi, je rappelle qu'en vingt ans, la part de l'Etat a été divisée par trois, que le patronat à tendance à vouloir réduire les droits des chômeurs alors que nous avons expliqué depuis le début qu'il n'était pas question de réduire les droits des chômeurs. Nous, nous avons formulé des propositions, taxation du travail précaire, une surcotisation du travail précaire. Il faudra à un moment donné augmenter les cotisations et que l'Etat prenne aussi sa part de responsabilité dans l'indemnisation du chômage. Alors je sais et nous savons tout, tant du coté patronal que du coté syndical, que ces négociations vont être particulièrement difficiles.
Q- Et curieusement l'opinion publique là ne vous suivrait pas, Toujours une enquête d'opinion du CREDOC pour l'UNEDIC : deux Français sur trois estiment qu'il faut mieux surveiller les chômeurs. C'est le fameux chapitre du contrôle des chômeurs.
R- Qu'il y ait un contrôle, c'est normal. Si quelqu'un truande sur ses déclarations en tant que chômeur, c'est normal qu'il soit sanctionné. Mais après, il y a toujours une tendance à dire, mais oui je connais quelqu'un qui en profite. Dans tout système, il y a des gens qui en profitent. Qu'on évite ce genre de situation, personne n'est contre. Ce qu'on ne peut pas accepter, c'est quand il y a un chômage de masse, et c'est le cas dans notre pays, que l'on puisse considérer que c'est de la responsabilité des chômeurs. Quand il y a 2 millions et demi de personnes, et je parle uniquement de l'UNEDIC, mais quand il y a 6 à 7 millions de personnes qui sont en situation de chômage ou en situation de précarité, c'est un problème économique, ce n'est pas un problème qui concerne les chômeurs.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2005)
parue dans LE PARISIEN du 25 août 2005,
sous le titre :
" Jean-Claude Mailly : " Un million de manifestants en octobre " "
Q - Dès la fin juin, les syndicats promettaient une rentrée "chaude". Les vacances finies, maintenez-vous ce pronostic ?
Jean-Claude Mailly : La volonté de la quasi-totalité des confédérations est d'organiser une mobilisation forte à la rentrée, probablement en octobre. Ce n'est pas particulièrement parce que c'est la rentrée - l'an dernier, à la même période, la situation était plus calme - mais parce que le gouvernement Villepin a pris, cet été, des décisions préjudiciables aux intérêts des salariés.
Q - À quoi faites-vous allusion ?
R - Après ce qui c'est passé le 10 mars, où près d'un million de personnes étaient dans la rue ; après le vote du 29 mai où l'on a vu majoritairement les actifs, les chômeurs voter non, le gouvernement fait tout à l'envers. Là où Dominique de Villepin s'annonçait comme républicain, il fait de l'ultralibéralisme. Avec son contrat nouvelle embauche de type anglo-saxon, il accroît encore la précarité des salariés et remet en cause les fondements du Code du travail, c'est inadmissible. En plus, en retirant les jeunes de moins de 26 ans du calcul des effectifs, il fait de la discrimination sociale et syndicale réprimée par plusieurs articles de lois nationales, européennes et internationales.
Q - Si c'est inadmissible comme vous dîtes, pourquoi attendre octobre alors que le contrat nouvelle embauche est applicable depuis début août ? On a connu les syndicats plus réactifs !
R - Tout le monde sait bien qu'on mobilise difficilement durant la période estivale, le gouvernement a joué là-dessus. Mais on a immédiatement réagi en condamnant et en prenant date. La mobilisation se fera donc à la rentrée. Contre les mesures Villepin mais aussi pour l'emploi et le pouvoir d'achat. Car, de ce point de vue, le gouvernement n'a strictement rien fait dans le public comme dans le privé. Nous voulons plus de salaires et moins de précaires.
Q - Ah bon, le Smic n'a pas augmenté de 5,3 % en juillet ?
R - Si, mais pas pour tous et il n'y a pas eu le coup de pouce que nous demandions. En revanche, le gouvernement a consenti de nouvelles exonérations pour les entreprises, sans la moindre contre-partie en termes de salaires. Alors que tout le monde est confronté à la flambée du gazole (+ 36 % en trois ans) qui pèse sur le budget des ménages, le gouvernement ne fait rien sur la TIPP ou sur les primes de transport.
Q - Une mobilisation de quelle ampleur attendez-vous ?
R - À FO, nous partons de ce qui a été réalisé le 10 mars avec un million de manifestants et de nombreux arrêts de travail dans le public et dans le privé.
Q - On parle déjà du 4 ou 6 octobre...
R - La journée d'action à laquelle, je le souhaite, tous les syndicats participeront, pourrait avoir lieu début octobre. La date précise sera décidée et annoncée par toutes les organisations qui seront dans l'action en septembre.
Q - D'ici octobre, qu'allez-vous faire ?
R - Je ne vais pas chômer (Sourires). Je me rends mardi prochain à l'université d'été du MEDEF où j'ai été invité. Puis, entre de nombreux rendez-vous, j'animerai toute une série de rassemblements interdépartementaux, notamment le 7 septembre à Maubeuge, le 10 à Lyon, le 13 à Bordeaux, et 14 à Montpellier et le 17 à Metz. Croyez-moi, les choses vont rapidement s'accélérer.
Q - Pensez-vous déjà à l'après mobilisation d'octobre ?
R - On décidera des suites à donner en fonction du degré de mobilisation et surtout des ouvertures que nous donnera le gouvernement. Mais je peux d'ores et déjà vous dire que si rien ne bouge, la contestation sera la seule réponse possible, y compris pour un syndicat réformiste comme FO.
Q - L'ouverture prochaine de négociations salariales chez les fonctionnaires ne va-t-elle pas détendre l'atmosphère sociale ? Après tout, on a surtout vu des salariés du public le 10 mars ?
R - C'est inexact, le privé était fortement présent dans les défilés et pour la première fois depuis longtemps, il y a de très nombreux débrayages. Pour le reste, les négociations salariales dans la fonction publique doivent s'ouvrir début octobre, c'est tout ce que l'on sait. Quelles seront les marges budgétaires disponibles ? Mystère...
Q - Quel jugement portez-vous sur les 100 jours de Dominique de Villepin à Matignon ?
R - Un jugement sévère. Le républicain qu'il disait être est devenu un libéral pur et dur. Certes, il a reçu les syndicats avant son discours de politique générale, mais après il a pris des décisions très lourdes pour les salariés et pour le pacte républicain. Avec lui, le social s'efface devant le financier.
Q - À cause de la dette de l'État, chaque français doit 17 400 euros, ça ne vous inquiète pas ?
R - Est-ce que l'État français est en faillite ? Je ne dis pas qu'il faille faire systématiquement de la dette mais j'observe que d'autres pays industrialisés sont, eux aussi, très endettés. Ceux qui insistent sur la dette veulent en réalité réduire le service public. C'est ce que fait le gouvernement quand il ouvre le capital de GDF, demain celui d'EDF et quand il privatise les autoroutes. J'appelle cela brader le service public.
Q - Et quand le gouvernement fait de sa priorité la lutte contre le chômage, vous appelez ça comment ?
R - Je suis d'accord sur l'objectif, pas sur les moyens qu'il utilise. Ce n'est pas parce que les échéances politiques se rapprochent qu'il faut à tout prix précariser les salariés et faire de nouveaux cadeaux, sans contrepartie aux patrons. Je suis désolé de rappeler à Dominique de Villepin qu'il ne suffit pas de visiter une agence de l'ANPE pour prétendre avoir compris ce qu'était le chômage.
Q - Que pensez-vous de Laurence Parisot, la présidente du MEDEF ?
R - Je ne fais pas a priori de procès d'intention à la nouvelle équipe du MEDEF, on la jugera aux actes, en particulier au cours des prochaines négociations. Nous avons proposé au MEDEF d'ouvrir une discussion sur les donneurs d'ordre et les sous-traitants, j'attends sa réponse.
Propos recueillis par Jean-Marc Plantade
(Source http://www.force-ouvriere.fr, le 26 août 2005)
J.-C. Mailly
(FO)
France Inter
8h20
E. Valmir
Le 25 août 2005
Q- Comme chaque année en cette période de rentrée, on évoque toujours une rentrée sociale qui sera chaude. Si on se réfère aux déclarations des uns et des autres, on peut même évoquer une rentrée sociale bouillante, avec une action syndicale unifiée programmée début octobre contre les grandes lignes du plan d'urgence pour l'emploi comme le contrat "Nouvelles embauches" et la défense du pouvoir d'achat. Bonjour. La date de cette action n'est pas encore connue ?
R- Non, elle est pas encore fixée. Ce seront les organisations syndicales qui l'annonceront ensemble. Donc, l'annonce sera faite en septembre mais la date précise n'est pas encore connue, et comme ce sera pas une seule organisation mais j'espère la quasi totalité des organisations qui lanceront ce mouvement, elles l'annonceront ensemble.
Q- Pourtant elle était initialement programmée autour du 8 septembre qui correspondait au cap des 100 jours fixés par D. DE Villepin pour son plan d'urgence pour l'emploi ?
R- Non. On avait donné rendez-vous et on donne toujours rendez-vous aux cent jours du Premier ministre. Maintenant, on a toujours dit : "ce n'est pas la date anniversaire, c'est à la rentrée, en fait" puisqu'il avait donné lui même, c'est lui qui a fixé les cent jours, personne d'autre. Donc on lui donne rendez-vous à la rentrée. On sait très bien que le gouvernement a utilisé, y compris la période d'été qui, tout le monde le sait bien, n'est pas une période où on mobilise,. Mais on a, dès l'été, dès le début de l'été, pris rendez-vous à la rentrée ; tout le monde, toutes les organisations ont pris rendez-vous à la rentrée à la fois sur les décisions prises par le gouvernement, qui plus est sans concertation, sur le fond, donc sur le problème de fond et le problème de forme.
Q- Alors vous en avez contre le contrat "Nouvelles embauches". Que lui reprochez-vous exactement ?
R- De régler le problème du chômage avec plus de précarité. Différentes études sont encore sorties cet été et il suffit de discuter avec les salariés, avec les gens pour se rendre compte que le problème du chômage est aussi lié, le problème de la pauvreté chez les salariés ce qu'on appelle aujourd'hui les travailleurs pauvres, c'est lié y compris au problème de la précarité. Et comment peut- on régler le problème du chômage ou prétendre régler le problème du chômage et de la précarité avec un nouveau contrat de travail précaire ? C'est cela qui n'est pas acceptable. Or ce contrat "Nouvelles embauches" c'est un contrat de travail précaire
avec une période de deux ans d'essai pendant laquelle du jour au
lendemain quasiment, le salarié peut être renvoyé. C'est cela qui n'est
pas acceptable.
Q- Pourtant le gouvernement se défend justement de vouloir fixer le taux d'activité et de relancer l'emploi à travers cette mesure.
R- Mais pour relancer l'emploi, quelle est la situation aujourd'hui ? Une croissance économique quasi nulle, des créations d'emploi 0, y en a pas, y a même plutôt des suppressions d'emploi. Il n'y a jamais eu autant de faillites en cette époque qu'en 1998. Donc, la situation économique et sociale n'est pas brillante. La consommation qui diminue, y compris lié à des phénomènes de confiance mais aussi lié à l'augmentation du prix du pétrole ou continuation sur l'augmentation du prix des loyers. Donc qu'est-ce qu'il faut pour soutenir la croissance ? Il faut redonner du carburant. Ce n'est pas un mauvais jeu de mot par rapport au pétrole mais quand je dis redonner du carburant, c'est redonner notamment du pouvoir d'achat pour permettre aux salariés, aux chômeurs, aux retraités de pouvoir accroître leur consommation. Ce sont des mots tabou aujourd'hui. Quand on parle de salaire et de pouvoir d'achat, on a l'impression que l'on est politiquement incorrect. Et on nous répond flexibilité, exonération fiscale, exonération sociale. Là où on attendait quelque chose de plus républicain y compris dans les discours, on a en fait la panoplie libérale qui est accentuée. C'est cela qui n'est pas acceptable.
Q- Même si un sondage IFOP réalisé auprès des PME table, projette 500.000 embauches à la rentrée avec ce contrat ?
R- Moi, vous savez je suis très prudent, parce qu'il y a d'autres sondages qui sont sortis parce que ça concerne a priori pour le moment en tous les cas les petites entreprises. et un autre sondage est sorti cet été sur le même public et à plus de 50%, les chefs d'entreprises ont expliqué que e qui était déterminant pour l'embauche - et ça je le crois -, c'est l'activité économique, c'est la croissance. Ce qui risque de se passer si des contrats "Nouvelles embauches" ont effectivement lieu, ça va être en substitution de contrat à durée indéterminée. Ca va être en substitution de certains types de CDD. Ce n'est déjà pas terrible, le CDD, mais au moins, il y a quelques garanties. Tandis que là, sur le CNE, contrat "Nouvelles embauches", il n'y a pas de garanties. Et je rappelle que le gouvernement a décidé cela sans consulter personne. Ils ont annoncé la décision et après ils nous en, ont parlé. Alors en plus sur la méthode, on peut pas dire que ce soit au beau fixe sur le plan du dialogue social.
Q- Alors fin juillet vous avez déclaré : " nous n'accepterons jamais ce contrat "Nouvelles embauches", il a été validé depuis. Vous avez déposé des recours devant le conseil d'Etat, vous avez déposé une plainte également devant le Bureau international du travail. La CGT a fait pareil, le Parti socialiste au mois de juillet avant que les ordonnances soient validées par le conseil des ministres avait fait de même, et le conseil d'Etat avait rejeté ces recours. Qu'attendez-vous, vous, de ces actions ?
R- Ecoutez, on verra bien. Ce n'est pas dans les 15 jours en plus. Dans les deux cas les procédures sont un peu longues ; ça, c'est le fait des procédures. Non, c'est à la fois une confirmation de notre part. Vous savez on ne lance pas un recours comme cela en décidant un matin. Les services juridiques des organisations ont travaillé et considèrent que sur la base notamment de différents textes européens, internationaux y compris du préambule de la Constitution française, il y a des motifs de recours possibles. Maintenant au conseil d'Etat et au Bureau international du travail. Vous savez, c'est pas rien que...
Q- Non, mais d'accord. Je suis d'accord, mais on a le sentiment...
R- Si on aboutit, cela veut dire qu'il y aura annulation.
Q- Oui et si vous n'aboutissez pas, quels sont les moyens de recours après à partir du moment où c'est validé ?
R- Si cela n'aboutit pas, il n'y aura pas d'autres possibilités. Il y a encore des moyens de recours au niveau européen qu'on n'a pas utilisés pour le moment. Peut-être que d'autres organisations feront également des recours. Pour le moment il y a la CGT, FO. Moi, je n'exclus pas que d'autres en fassent. C'est à elles de décider bien entendu. Maintenant ce n'est pas suffisant. L'action juridique sur ce genre de chose, il faut aussi une action de caractère syndical et ce sont les discussions qui ont lieu depuis le début de l'été, d'ailleurs entre les confédérations syndicales, et qui nécessitent aujourd'hui... Vous savez quand le dialogue ne fonctionne pas, quand on prend des dispositions, moi je dis le gouvernement il écoute à l'envers, d'une certaine manière. Alors on lui explique des choses, il dit "oui" et puis il fait tout le contraire. Il n'y a pas d'autre solution que l'expression directe d'une certaine manière. L'expression directe, cela passe par des manifestations, des arrêts de travail. C'est le gouvernement qui nous conduit à cette situation. On est déterminé à la réussir.
Q- Pourtant, juste avant le discours de politique générale, vous vous étiez réjoui de l'entrevue avec D. de Villepin. Cela ne s'était jamais vu encore qu'un Premier ministre puisse discuter avec les organisations syndicales.
R- C'est bien la preuve qu'on ne fait pas de procès d'intention et qu'on juge un gouvernement sur ses actes. Effectivement, quand il nous a reçus avant son discours de politique générale, j'ai indiqué au nom de FO que c'était positif. C'était quelque chose de bien, qu'il nous avait écouté, non pas entendu mais écouté. Sauf que qu'en deux jours après, il fait son discours de politique générale et que vous ne retrouvez rien de ce que vous lui avez expliqué. Alors là, il commence à y avoir un problème. Je vais prendre un petit exemple mais un petit important syndicalement. J'ai expliqué au Premier ministre qu'il n'y avait pas la liberté syndicale dans notre pays, dans les PME, dans les petites et moyennes entreprises et les très petites entreprises. Que très souvent, quand on envisageait de désigner quelqu'un comme délégué, il arrive très souvent que l'employeur licencie la personne avant qu'on ait le temps de le désigner, qu'il fallait regarder ce problème. Réponse dans les faits, une disposition qui maintenant fera que dans les petites entreprises, si on a moins de 26 ans on ne sera plus comptabilisé pour savoir si il doit y avoir des délégués du personnel. Là, on demande un renforcement du droit du personnel, les délégués du personnel. Réponse du gouvernement : il y en aura moins. Donc ça, ce n'est pas normal non plus.
Q- L'année dernière on s'inquiétait du pouvoir d'achat. Cette préoccupation est toujours là aujourd'hui, c'est d'ailleurs la grande ligne que vous allez défendre lors de votre action syndicale avec les autres organisations. Ce pouvoir d'achat, c'est vraiment la préoccupation des Français. On le voit ce matin dans un autre sondage même si encore une fois vous avez raison, il faut toujours se méfier de la lecture des sondages, mais tout de même, ils sont indicatifs. Ils sont 60% à être très préoccupés du contrat "Nouvelles embauches" et 83% interrogés par l'Institut Louis- Harris estiment que les solutions proposées par le gouvernement vont dans le mauvais sens pour le pouvoir d'achat.
R- Oui, tout à fait. Je vais prendre un seul exemple. D'abord sur l'aspect salaire. Le gouvernement avait bougé un peu après notre mouvement du 10 mars, mais insuffisamment. Mais regardez les réactions du gouvernement par rapport à l'augmentation du prix du pétrole. Là où on avait demandé une revalorisation des indemnités kilométriques, 2 centimes d'euros, c'est se moquer du monde ; là où demande un effort sur les primes de transport, rien du tout. Là où on demande qu'il y ait des dispositifs fiscaux TIPP flottante ou autre qui soient mis en place, non plus rien. Cela veut dire que la considération du gouvernement vis à vis des problèmes de pouvoir d'achat n'existe pas et que la voie privilégiée - contrairement à ce qu'ils nous disent publiquement, il y a des contradictions entre les déclarations et la pratique -, c'est le système Blair, c'est le système anglo-saxon : flexibilité et précarité.
Q- Il y a tout de même eu une revalorisation du Smic cet été de 5,3%.
R- Mais tout le monde le savait, ça. Quand je dis tout le monde le savait, c'était l'harmonisation des différents niveaux du Smic et cette revalorisation de 5,5% n'a pas concerné tous les gens au Smic. Cela a été un million de personnes. Tout le monde avait demandé un coup de pouce au Smic et là aussi pour montrer que c'était une priorité gouvernementale la question des salaires et du pouvoir d'achat. Et à l'époque le gouvernement nous a envoyé balader en disant " non on fait juste les 5,5% pour une catégorie, pas pour tout le monde parce qu'on considère que c'est déjà beaucoup". Par contre encore beaucoup d'exonérations, de cotisations sociales et d'exonérations fiscales pour les entreprises. Un seul chiffre, on a dépassé les 20 milliards d'euros d'exonération de cotisations patronales. 20 milliards d'euros.
Q- Et les négociations sur l'assurance chômage ?
R- Cela fera partie - pas dans les jours à venir, mais d'ici la fin de l'année - , d'un dossier comme on dit hard puisqu'il y a un déficit, puisque là aussi l'Etat et on lui demande depuis un moment qu'il sache prendre ses responsabilités dans l'indemnisation du chômage. Moi, je rappelle qu'en vingt ans, la part de l'Etat a été divisée par trois, que le patronat à tendance à vouloir réduire les droits des chômeurs alors que nous avons expliqué depuis le début qu'il n'était pas question de réduire les droits des chômeurs. Nous, nous avons formulé des propositions, taxation du travail précaire, une surcotisation du travail précaire. Il faudra à un moment donné augmenter les cotisations et que l'Etat prenne aussi sa part de responsabilité dans l'indemnisation du chômage. Alors je sais et nous savons tout, tant du coté patronal que du coté syndical, que ces négociations vont être particulièrement difficiles.
Q- Et curieusement l'opinion publique là ne vous suivrait pas, Toujours une enquête d'opinion du CREDOC pour l'UNEDIC : deux Français sur trois estiment qu'il faut mieux surveiller les chômeurs. C'est le fameux chapitre du contrôle des chômeurs.
R- Qu'il y ait un contrôle, c'est normal. Si quelqu'un truande sur ses déclarations en tant que chômeur, c'est normal qu'il soit sanctionné. Mais après, il y a toujours une tendance à dire, mais oui je connais quelqu'un qui en profite. Dans tout système, il y a des gens qui en profitent. Qu'on évite ce genre de situation, personne n'est contre. Ce qu'on ne peut pas accepter, c'est quand il y a un chômage de masse, et c'est le cas dans notre pays, que l'on puisse considérer que c'est de la responsabilité des chômeurs. Quand il y a 2 millions et demi de personnes, et je parle uniquement de l'UNEDIC, mais quand il y a 6 à 7 millions de personnes qui sont en situation de chômage ou en situation de précarité, c'est un problème économique, ce n'est pas un problème qui concerne les chômeurs.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2005)