Texte intégral
Mon Cher Collègue,
Chers Amis,
Je voudrais vous dire que je suis heureux d'être aujourd'hui au Caire pour cette réunion avant tout amicale. L'Egypte est pour la France un partenaire majeur dans cette région du monde et les diplomaties sont actives et volontaires. Nous entretenons ensemble des liens très étroits. Il y a une convergence pratiquement totale sur tous les sujets, que ce soit au niveau de la région, au niveau du Processus de paix israélo-palestinien, de l'Irak ou du développement en Afrique et nous travaillons ensemble. Je ferai trois remarques simplement, car mon homologue a tout dit.
La première est que je m'aperçois de l'importance de la culture française et de la langue française, de l'ensemble de l'imbrication de nos civilisations et de nos cultures, l'importance de développer les lycées, l'université, c'est à dire d'être présent dans ce pays qui a le sens, plus que d'autres, de la tolérance et de l'amitié.
La deuxième, c'est l'amitié entre nos dirigeants, entre le président Moubarak, que j'ai rencontré ce matin, et le président Chirac, qui devait venir durant ces jours-ci en Egypte. Il n'a pas pu venir. Il viendra très prochainement en Egypte. Il est très heureux de venir parce que, au-delà de l'amitié entre les hommes, il y a une vraie amitié entre nos deux peuples.
Troisièmement, je souhaiterais aborder la relance du dialogue stratégique entre les deux pays. Il est important que l'Egypte d'une part, la France de l'autre, puissent montrer qu'elles ont une même vision de la politique internationale, en particulier dans la région et une même politique sur les grands enjeux stratégiques, comme par exemple la non-prolifération, question d'actualité.
Avant de répondre à vos questions, je voudrais simplement remercier du fond du cur mon homologue qui m'a reçu avec les mots et les gestes des amis de la France, en ma personne bien sûr, mais au delà, qui a reçu de cette façon ma délégation et en particulier les président et vice-président du Groupe français d'Amitié France-Egypte : M. Jarde pour l'Assemblée nationale et Nicolas About, président de la Commission des Affaires sociales du Sénat, qui m'ont accompagné aujourd'hui. Je les remercie tous les deux d'être venus avec moi.
Q - Quelle est la réaction de la France vis-à-vis de la persistance des attaques israéliennes contre Gaza, alors que les factions palestiniennes viennent d'annoncer un arrêt de leurs attaques ?
R - D'abord, nous souhaitons dire que le retrait israélien de la bande de Gaza constitue pour la France un acte positif et courageux de la part du gouvernement israélien. C'est un vrai succès aussi pour les Palestiniens et pour les Israéliens que je voudrais saluer à nouveau. Comme vous le savez, j'ai effectué, en ce moment historique, une visite officielle dans les Territoires palestiniens, en Israël, à Jérusalem et à Tel Aviv, les 7 et 8 septembre derniers. Mes entretiens avec les plus hauts responsables, à la fois palestiniens et israéliens, m'ont convaincu qu'il existe aujourd'hui une volonté réelle, de part et d'autre, de transformer l'essai de Gaza en véritable opportunité de paix. Gaza ne doit pas être une prison à ciel ouvert. C'est pourquoi l'établissement d'un lien fixe avec la Cisjordanie, l'ouverture d'un port, la réhabilitation de l'aéroport, la sécurisation des points de passage, en particulier vers l'Egypte, doivent constituer des priorités.
Ce que je veux dire avant tout, c'est que notre texte de référence est la Feuille de route. La France entend, sur le plan diplomatique, rappeler le principe du parallélisme des obligations qui s'imposent aux deux parties. C'est un point essentiel pour la France et la condition de la mise en uvre de la Feuille de route. Israël doit geler la colonisation de la Cisjordanie et en particulier, il doit bien se référer aux décisions internationales. Il s'agit d'un impératif absolu. Notre objectif final reste la création d'un Etat palestinien viable. Les Palestiniens doivent, pour leur part, contrôler leurs groupes radicaux et s'engager dans des réformes de fond. Lors de ma visite, j'ai réaffirmé notre engagement à aider les Palestiniens, avec nos partenaires européens, à reconstruire leurs institutions. J'ai rappelé notre plein soutien, que ce soit en matière de police, d'infrastructure, de création d'emplois, de formation de cadres et d'appui aux secteurs de la santé et l'enseignement.
Pour être plus précis sur votre question, nous ne pourrons continuer le Processus de paix que si la confiance s'établit entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas. Aujourd'hui, je crois que cette confiance est là. Nous ne pourrons continuer vers la prochaine étape que si la sécurité est retrouvée dans les Territoires palestiniens. Et si l'on veut une sécurité retrouvée dans les Territoires palestiniens, il faut avoir le courage de dire qu'il faut une police palestinienne avec des moyens professionnels répondant aux ordres du président de l'Autorité palestinienne, capable de faire respecter l'Etat de droit. Sans Etat de droit, il n'y aura pas de sécurité. Pas de sécurité pour Israël, donc pas de suite pour la Feuille de route. Tout cela forme un tout. C'est ce sujet que la communauté internationale, et en particulier l'Union européenne, doit prendre en compte le plus vite possible.
Q - On parle d'une initiative égypto-saoudienne visant à diminuer les pressions occidentales concernant la Syrie. Confirmez-vous cette initiative et avez-vous évoqué ce sujet lors de vos entretiens ?
R - Concernant la Syrie et le Liban, nous avons toujours dit que, bien sûr, alors que tout le monde connaît l'amitié qui lie la France et le Liban, notre priorité, la priorité des priorités est la mise en oeuvre de la résolution 1595. Nous pensons que le juge Mehlis doit faire son travail en toute indépendance jusqu'au bout, pour que justice soit faite, que l'on retrouve et que l'on punisse les coupables de l'assassinat du Premier ministre, Rafic Hariri, qui est mort dans des conditions odieuses, dans un attentat terroriste que nous avons condamné. Cette commission d'enquête criminelle va arriver à son terme. M. Mehlis fera son rapport au Conseil de sécurité. Nous souhaitons que justice soit faite, nous souhaitons aider les Libanais, la justice libanaise, à faire toute la lumière sur cela.
Ensuite, notre souhait n'est pas de déstabiliser quelque régime que ce soit. Nous avons de bons rapports avec la Syrie, nous ne souhaitons aucune déstabilisation. Nous avons souligné à plusieurs reprises, notamment lors d'ailleurs de l'adoption de la résolution 1559, qu'il n'était pas possible pour nous d'envisager la moindre ingérence d'un pays sur un autre, en l'occurrence de la Syrie sur le Liban, qu'il s'agisse d'opérations militaires, qu'il s'agisse des services de renseignements. Il ne doit pas y avoir de blocus, d'ailleurs ce serait une erreur à la fois pour l'économie libanaise mais aussi pour l'économie syrienne.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2005)