Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, à BFM le 7 septembre 2005, sur la réhabilitation de la valeur et de la place du travail et sur les mesures prises en faveur de l'emploi et du revenu.

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Média : BFM

Texte intégral

Q- Votre métier de président du groupe UMP à l'Assemblée nationale est difficile et va peut-être l'être plus encore dans les heures qui viennent. Très clairement, alors que l'UMP va tenir une réunion sur le modèle social français et sur ses propositions économiques, on a l'impression d'un côté d'un gouvernement qui dit d'une certaine manière "il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain" et puis, le parti qui, lui, jette le bébé, l'eau du bain et refait la salle de bain dans sa totalité. C'est un peu trivial, mais on a l'impression que la majorité est tiraillée en ce moment...
R- Je ne partage pas du tout cette vision. Il y a un dénominateur commun absolument évident, qui fait consensus : c'est la réhabilitation de la valeur de la place du travail. D'ailleurs, ce sera le thème de nos journées parlementaires, dans moins de deux semaines maintenant, à Evian. Et donc, on voit d'une part l'action du Gouvernement, qui est entièrement tournée vers l'emploi, entièrement tournée vers l'amélioration des revenus des salariés modestes, de ceux qui reviennent au travail après une période de chômage, l'encouragement du retour au travail, une meilleure rétribution avec la PPE, avec une prime justement pour ceux qui reprennent cet emploi, qui retrouvent un emploi et le prennent. Ca, c'est l'action du Gouvernement, elle est concrète, elle donne déjà les résultats, les résultats du contrat "nouvelles embauches", et des chiffres, c'est-à-dire une baisse du chômage de 80.000 en deux mois. Et, de l'autre côté, un parti qui travaille, qui réfléchit, qui débat. C'est le rôle d'un grand parti politique tel que l'UMP, qui d'une part cautionne ce qui est fait, qui nourrit la réflexion de ce que fait le Gouvernement et qui réfléchit à l'avenir, pour donner des perspectives aux Français.
Q- Un parti qui "cautionne ce qui est fait", mais du bout des lèvres quand même ! Et qui dit surtout qu'il faut une rupture qu'il faut aller plus loin, qu'il faut aller plus vite. Tout à l'heure, C. Goasguen, député de Paris, était avec nous, et il parlait de "mesures administratives" en parlant de cette ambition nouvelle que vous venez de décrire.
R- L'UMP est un parti qui est divers, qui a des contributions, des personnalités qui sont diverses. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne manque jamais une voix lorsque notre groupe, fort de 363 députés, doit adopter, voter les mesures gouvernementales. Maintenant, qu'il y ait des réflexions, que certains aillent plus loin, que d'autres soient plus modérés, c'est une richesse et c'est justement de cette richesse que naît le bon équilibre, les bonnes décisions, celles qui apportent de vrais résultats, que les Français d'ailleurs perçoivent, on le voit bien dans les sondages.
Q- Mais l'important, c'est que c'est le Gouvernement qui donne le "la". Par exemple, il va y avoir une polémique sur le taux d'imposition maximum sur la personne - 60 % ou 50 %. Est-ce le Gouvernement qui, in fine, décidera ?
R- D'abord, nous parlons de deux périodes différentes. Actuellement, la situation financière du pays ne permet pas de faire des promesses inconsidérées sur les impôts et, par conséquent, le Gouvernement et ses ministres font des annonces, des propositions, prévoient des orientations qui sont en rapport avec la situation financière actuelle du pays et qui constitueront une grande avancée par rapport à la situation actuelle. Quant au parti lui-même, quant à son président, N. Sarkozy, il va plus loin, mais c'est une bonne chose pour un parti politique lorsqu'on réfléchit à plusieurs années et qu'on essaie de redresser durablement la situation économique, sociale, le pouvoir d'achat, l'espérance des citoyens d'un pays. Il faut avoir une vision audacieuse.
Q- C'est une "bonne chose", sauf si cela amène à tendre le climat social. On a l'impression qu'on va rentrer dans une espèce de phase de surenchères qui pourrait allumer des brasiers, dont vous n'avez pas besoin sans doute...
R- Nous sommes tous, et bien entendu le Gouvernement le premier, extrêmement attentifs à redonner de la confiance aux Français, et en particulier à ceux qui sont confrontés aux difficultés quotidiennes - et dieu sait qu'elles sont nombreuses, d'abord pour des questions d'emploi, ensuite pour des questions de revenus. Le Gouvernement a pris, là encore, des mesures qui sont très importantes sur les revenus. Et je pense en particulier à la vie chère, avec un certain nombre de dispositions, dont certaines d'ailleurs s'appliquent dès aujourd'hui : l'aide à la cuve, les dispositions prévues pour aider les professions qui sont particulièrement touchées et qui sont donc menacées dans leur existence même, dans leurs emplois, et qui dépendent très directement du coût du pétrole. Le Gouvernement est sur tous les fronts, il l'est de façon modeste mais de façon très efficace et il est dans l'action aujourd'hui. Et puis il y a aussi une vision d'avenir, que partagent les députés UMP qui travaillent au sein du mouvement.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 septembre 2005)