Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les relations entre la France et le Maroc et la relance des "partenariats stratégiques", Rabat le 26 septembre 2005.

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Circonstance : 7e séminaire gouvernemental franco-marocain à Rabat (Maroc) du 26 au 27 septembre 2005-dîner offert par M. Driss Jettou, Premier ministre marocain, à Rabat le 26

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Chers Amis,
Merci tout d'abord, Monsieur le Premier ministre, pour la chaleur de votre accueil. Tout comme moi, ma délégation est particulièrement sensible à votre hospitalité.
Nous célébrons ensemble ce soir le partenariat stratégique qui lie la France et le Maroc. J'y suis personnellement très attaché, vous le savez.
Cette relation d'exception entre nos deux pays, enracinée dans l'histoire, est enrichie chaque jour par l'économie, la culture, les mille échanges entre nos peuples.
Cette relation d'exception, ma visite et nos travaux doivent la renforcer encore. Je suis ici parce que nous voulons donner une nouvelle impulsion à notre coopération : Plus que jamais, à l'heure de la mondialisation, nous devons travailler ensemble. Car nous faisons face à des défis pour lesquels les réponses nationales ne suffisent plus :
- défi de la croissance et de l'emploi, d'abord : ce sera l'enjeu principal de notre rencontre gouvernementale, demain ;
- défi de la sécurité, face aux trafics et au terrorisme : j'ai pu vérifier, en tant que ministre de l'Intérieur, la qualité de notre coopération ;
- défi de l'immigration irrégulière : le Maroc est lui-même devenu non seulement un pays de transit, mais de destination, et c'est bien collectivement que nous devons faire face.
Pour être efficaces, nous devons veiller à ce que notre coopération, si riche, soit bien centrée sur nos priorités : je pense en particulier aux réformes et au programme de modernisation porté par Sa Majesté le roi Mohammed VI, à travers son "initiative nationale pour le développement humain". Sachez que la France est à vos côtés.
Au-delà de l'intensité de nos échanges, nous devons rénover nos partenariats économiques :
Grâce à l'initiative nouvelle que représente le groupe d'hommes d'affaires que nous lancerons demain, nous pourrons rapprocher nos démarches chaque fois que cela est possible et créer des filières intégrées, c'est-à-dire des emplois, au Maroc comme en France.
Je pense par exemple aux "pôles de compétitivité" en France et aux "secteurs porteurs" au Maroc, qui visent à tirer parti de nos avantages comparatifs face à une concurrence internationale accrue : rapprochons nos initiatives.
De même, en renforçant les coopérations entre sociétés civiles grâce au "forum civil", nous améliorons les échanges efficaces au profit de tous : villes, régions, universités, chambres de commerce et d'industrie.
Ensemble, nous pourrons ainsi porter notre vision d'un partenariat équilibré entre les deux rives de la Méditerranée : la France est votre avocat le plus ardent au sein de l'Union européenne :
- nous soutenons votre demande d'un "statut avancé" ;
- nous souhaitons comme vous élargir le champ de nos coopérations, notamment en matière de sécurité et de défense : je salue ici l'engagement du Maroc dans l'opération Althea en Bosnie ;
- nous devons saisir l'occasion du dixième anniversaire du Processus de Barcelone pour lui donner un nouvel élan.
L'équilibre de notre partenariat repose enfin sur des progrès vers une construction régionale de ce côté-ci de la Méditerranée :
- Je n'en ignore pas les difficultés mais je veux ce soir renouveler le vu de la France de voir se construire un Maghreb uni, stable et prospère.
- Je salue, à cet égard, la disponibilité réaffirmée du Maroc à négocier une solution politique pour régler le dossier du Sahara.
Monsieur le Premier ministre,
Je conclurai en évoquant un événement qui nous tient tous à cur, le cinquantenaire de l'indépendance du Maroc.
Il sera l'occasion de célébrer notre amitié, de porter ensemble un regard serein sur le passé et d'assumer pleinement notre devoir de mémoire. Cet héritage est pour nos deux pays, j'en ai la conviction, une force. Il est le gage d'une aventure commune, que nous poursuivons aujourd'hui, sous la direction du président de la République et de Sa Majesté le Roi.
Cette relation faite d'estime, de compréhension et de respect mutuel nourrit le dialogue entre nos deux sociétés. A l'heure où, face à la mondialisation, la tentation du repli sur soi des peuples et des cultures se fait chaque jour plus forte, c'est une tâche essentielle que nos deux pays, plus que d'autres, peuvent accomplir ensemble.
Permettez-moi donc, à mon tour, de lever mon verre en l'honneur de Sa Majesté Mohammed VI, de vous-même, Monsieur le Premier ministre, et de l'amitié franco-marocaine !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 septembre 2005)