Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la réintroduction de cinq ours dans les Pyrénées, Arbas le 25 septembre 2005.

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Circonstance : Festival des automnales à Arbas (Haute-Garonne) le 25 septembre 2005

Texte intégral

Je suis très heureuse d'être aujourd'hui parmi vous à ARBAS, au cur des Pyrénées, pour cette fête des automnales du pays de l'ours.
J'en remercie particulièrement Monsieur le Maire d'ARBAS.
Je voudrais d'abord m'excuser de n'avoir pu rencontrer, comme je l'avais prévu, de nombreux élus du massif, responsables professionnels agricoles et responsables cynégétiques, hier, à TOULOUSE. Mais c'est un événement dramatique et profondément triste, les obsèques d'un agent du ministère décédé accidentellement qui expliquent mon absence hier, auquel s'est ajoutée la pollution sur Royan où j'ai dû me déplacer en fin d'après-midi après les obsèques.
Je suis venue ici dans un esprit d'écoute et de dialogue et de respect de toutes les opinions exprimées.

Je sais en effet que la concertation qui s'est déroulée cet hiver sur la question du renforcement de la population d'ours dans les Pyrénées a donné lieu à des débats parfois très vifs.
C'est sans doute un signe de vitalité de notre démocratie.
Ça ne doit pas être un ferment de division et d'affrontement.
Aussi je suis venue pour porter le message que le Gouvernement, même s'il est, en cette affaire, déterminé, entend toutes les voix qui s'expriment et les respectent.
Je souhaitais avant tout rassurer ceux qui, ici, au cur des Pyrénées, défendent, la cause de l'ours, comme vous, Mesdames et Messieurs les élus et les adhérents de l'ADET, en leur disant qu'il y aura bien l'an prochain réintroduction de cinq ours.
Rassurer en même temps ceux qui s'inquiètent de ces réintroductions en leur disant que ce chiffre de cinq ne correspond en rien à ces " réintroductions massives " que certains ont pu craindre à juste titre il y a six mois : ces cinq ours ne font que compenser les morts accidentelles, survenues depuis 1997 et les naissances qui, de ce fait n'ont pas eu lieu.
Cinq ours, cela me semble très raisonnable au regard de la population actuelle d'ours.

Cette réintroduction sera suivie d'une évaluation que nous ferons tous ensemble. Le dialogue ne s'achève pas. Il se poursuit et il se poursuivra.
Rassurer à la fois les défenseurs de l'ours et rassurer les chasseurs en disant qu'une charte a été rédigée avec eux qui permettra de mieux prévenir les risques de mortalité des ours liés à des incidents de chasse sans priver aucun chasseur du massif de ses territoires de chasse habituels. Je sais pouvoir compter sur la responsabilité des présidents de fédération de chasse et des présidents de société de chasse.

Je souhaite m'adresser aux élus aussi, dont certains se sont légitimement inquiétés des risques de mise en cause pénale dans le cas où un accident dû à un ours surviendrait dans leur commune. Mon collègue Brice HORTEFEUX et moi-même avons rédigé un projet de charte qui permettra de les rassurer complètement sur ce point et fixera les engagements de l'Etat.
Les contacts sont pris avec l'Association Nationale des Elus de la Montagne pour en discuter très prochainement.
Les éleveurs ont aussi beaucoup compté dans les décisions prises depuis juin par le Gouvernement sur ce dossier : qu'ils soient rassurés ! nous n'assisterons pas à une explosion de la population d'ours. C'est en pensant à eux en particulier que j'ai décidé de m'en tenir à un chiffre de réintroduction raisonnable de cinq ours.
Je souhaite leur confirmer aussi que le Gouvernement entend travailler avec eux, bien au-delà des questions posées par la présence des ours, à un plan de relance du pastoralisme dans les Pyrénées. Mon collègue Dominique BUSSEREAU s'y est engagé. Le travail de réflexion a d'ailleurs déjà commencé, et j'assure les éleveurs de ma volonté de travailler avec mon collègue Dominique BUSSEREAU en parfaite harmonie.
Enfin je pense à nos partenaires étrangers et notamment ici dans les Pyrénées, l'Espagne et Andorre. L'Espagne qui lutte sur son propre territoire, avec succès, pour maintenir une population viable d'ours et qui soutient le renforcement que j'ai décidé ; et Andorre qui nous soutient également mais qui fait face aux mêmes problèmes que nous.
Là encore le choix que j'ai fait d'un renforcement à la fois raisonnable à l'échelle du massif pyrénéen et significatif au regard de l'effectif actuel des ours me paraît répondre à ces différentes et légitimes préoccupations.
Je remercie enfin le Gouvernement slovène. Je me rends en effet en fin de semaine, en SLOVENIE, à l'invitation de mon collègue, Ministre de l'Environnement, pour signer l'accord de coopération qui permettra le renforcement de la population d'ours.
Les sujets de nature sont trop souvent dans notre pays objets de violents affrontements verbaux entre nos concitoyens.
Je souhaite avec l'ensemble de mes collègues du Gouvernement, en respectant toutes les opinions exprimées, démontrer que l'on peut avancer dans le sens d'une nature plus riche, plus diverse, moins fragile, d'une nature cadre de vie exceptionnel et surtout support de développement sans bousculer les pratiques, les habitudes et sans nuire aux activités économiques.
C'est la voie que le Gouvernement a choisie. Voie de sagesse par un renforcement non massif de la population d'ours. C'est une voie que nous explorons tous ensemble, tout au long de laquelle nous aurons tous à faire évoluer progressivement, étape par étape, nos savoirs et nos pratiques. C'est la voie de la réussite collective.

C'est par la poursuite du dialogue avec tous et entre tous que nous continuerons sur ce chemin et progresserons.
Soyez remerciés, vous qui participez aujourd'hui aux Automnales du Pays de l'Ours de m'avoir permis de porter ce message.
(Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 6 octobre 2005)