Texte intégral
Q - Le Conseil de sécurité a adopté une résolution qui se base sur le Chapitre VII de la Charte des Nations unies, autorisant le recours à la force militaire pour assurer l'application de la résolution N'est-ce pas une démarche inappropriée ?
R - Notre objectif, c'est de garantir que la commission d'enquête internationale présidée par Detlev Mehlis fasse son travail le mieux possible, et la Syrie doit coopérer avec le juge Mehlis à cette fin. De ce fait, notre souci était la commission d'enquête, exclusivement. La justice donc, à l'exclusion de toute autre question. La justice totale. Dans ces circonstances, il fallait que la Syrie reçoive un message puissant de la part de la communauté internationale. Et je suis heureux que nous ayons pu parvenir à l'unanimité. Maintenant, la Syrie doit montrer qu'elle coopère. Je ne peux imaginer un seul instant qu'elle ne le fasse pas, parce que ce sera très dangereux pour elle, pour la justice et le droit, et pour la communauté internationale.
Q - Vous mettez l'accent sur l'importance de la justice dans cette affaire, mais il est clair que les objectifs de l'administration américaine vont au-delà de l'enquête sur l'assassinat de Hariri N'y a-t-il pas de divergences radicales entre Paris et Washington qui puissent poser de vrais problèmes pour vous à l'avenir ?
R - Aujourd'hui, nous sommes dans le cadre de la résolution 1595, dans le cadre de la justice. Demain, il y aura d'autres résolutions, et d'autres questions politiques. Mais aujourd'hui, nous sommes dans le cadre de la justice, et il ne faut pas tout mélanger. Je suis heureux de l'unanimité à laquelle nous sommes parvenus, et demain on verra. Mais nous ne voulons pas toucher à la stabilité de la région. Nous ne l'avons jamais voulu d'ailleurs.
Q - Faut-il en déduire que vous êtes en train de préparer une autre résolution pour faire pression sur la Syrie concernant le désarmement du Hezbollah, comme on a entendu dire dernièrement ?
R - Non. Mais il est vrai que le rapport de Terje Roed-Larsen, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies chargé du suivi de l'application de la résolution 1559, a paru, et il présente certains éléments positifs, et en même temps, des éléments négatifs. Il faut donc plus de progrès. Il n'est pas impossible que des résolutions paraissent dans ce cadre ultérieurement, mais c'est une autre question, une autre affaire. Ce n'est pas la même chose.
Q - Selon vous, quand y aura-t-il une démarche à ce propos ?
R - Je ne sais pas au juste. Mais j'imagine que nous le ferons dans un très proche avenir. Mais je n'ai pas aujourd'hui de calendrier à vous donner.
Q - Le processus en cours actuellement en Conseil de sécurité rappelle sans doute celui qui a mené à la guerre contre l'Irak. Le monde se souvient encore - et la France est probablement la première - que les Etats-Unis ont justifié le recours à la force à l'époque, en dépit d'une forte opposition internationale, en se basant sur les résolutions passées par le Conseil de sécurité conformément au Chapitre VII. Ne courez-vous pas le risque de voir reproduire le même scénario, d'autant que le président américain a assuré dernièrement que toutes les options sont ouvertes, y compris l'option militaire contre la Syrie ?
R - Il faut que les choses soient claires. La France insiste, aujourd'hui plus que jamais, à ce que la lumière soit faite sur l'assassinat du Premier ministre libanais, Rafic Hariri. La France est plus que jamais disposée à défendre l'entière souveraineté du Liban. Elle continue aujourd'hui à défendre cette souveraineté. Nous ne sommes pas là pour déstabiliser tel ou tel régime, que ce soit le régime syrien ou un autre. Nous ne sommes pas là non plus pour faire de l'ingérence sous telle ou telle forme. Et si des divergences émergent avec les autres, à n'importe quel moment, nous le dirons. Mais jusqu'à présent, ce n'est pas le cas.
Q - Que dites-vous, non seulement aux gouvernements arabes, mais aussi à l'opinion publique arabe, qui voit le Conseil de sécurité adopter, à nouveau, une résolution menaçant d'imposer des sanctions à un pays arabe pour resserrer l'étau autour de lui ?
R - C'est la raison pour laquelle je tenais beaucoup à l'unanimité. Le fait que nous ayons été capables de parvenir à l'unanimité en Conseil de sécurité montre clairement qu'il ne s'agit pas d'une mesure dirigée contre un pays arabe, et que la Syrie n'a pas été montrée du doigt parce qu'elle est un pays arabe, mais parce que le magistrat chargé de l'enquête criminelle considère que ce pays n'a pas pleinement coopéré. C'est différent. La justice n'est pas la politique. Ce sont deux questions différentes.
Q - Le texte de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité a été modifié au dernier moment, et on a renoncé au paragraphe menaçant directement d'imposer des sanctions à la Syrie. Mais on y a substitué un passage formulé sur un ton qui fait toujours planer la menace des sanctions si la Syrie ne coopère pas pleinement à l'enquête internationale. Etant données les nombreuses demandes figurant dans cette résolution, la Syrie pourra-t-elle, selon vous, éviter les sanctions ? Ou est-ce inéluctable ?
R - Les menaces de sanctions sont prévisibles, mais elles ne sont pas automatiques. Et en tout cas, il faut revenir au Conseil de sécurité. Il est très nécessaire d'avoir une coopération efficace de la part de la Syrie.
Q - On commence à parler de la prochaine étape du rapport, avant le procès des suspects, et certains appellent à la formation d'un tribunal international. A quel point la France est-elle favorable à ces appels ?
R - Nous souhaitons que la commission d'enquête puisse poursuivre son action jusqu'au mois de décembre prochain. Lorsque Detlev Mehlis nous dira si la Syrie coopère ou pas, nous en tirerons alors toutes les conséquences. Et je dis bien, toutes les conséquences.
Q - Mais cela veut-il dire que vous appuierez l'idée de la constitution d'un tribunal international ?
R - Nous attendons aujourd'hui que la commission Mehlis poursuive son action jusqu'à la mi-décembre, date à laquelle la commission nous remettra les noms de ses suspects et des coupables.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 novembre 2005)
R - Notre objectif, c'est de garantir que la commission d'enquête internationale présidée par Detlev Mehlis fasse son travail le mieux possible, et la Syrie doit coopérer avec le juge Mehlis à cette fin. De ce fait, notre souci était la commission d'enquête, exclusivement. La justice donc, à l'exclusion de toute autre question. La justice totale. Dans ces circonstances, il fallait que la Syrie reçoive un message puissant de la part de la communauté internationale. Et je suis heureux que nous ayons pu parvenir à l'unanimité. Maintenant, la Syrie doit montrer qu'elle coopère. Je ne peux imaginer un seul instant qu'elle ne le fasse pas, parce que ce sera très dangereux pour elle, pour la justice et le droit, et pour la communauté internationale.
Q - Vous mettez l'accent sur l'importance de la justice dans cette affaire, mais il est clair que les objectifs de l'administration américaine vont au-delà de l'enquête sur l'assassinat de Hariri N'y a-t-il pas de divergences radicales entre Paris et Washington qui puissent poser de vrais problèmes pour vous à l'avenir ?
R - Aujourd'hui, nous sommes dans le cadre de la résolution 1595, dans le cadre de la justice. Demain, il y aura d'autres résolutions, et d'autres questions politiques. Mais aujourd'hui, nous sommes dans le cadre de la justice, et il ne faut pas tout mélanger. Je suis heureux de l'unanimité à laquelle nous sommes parvenus, et demain on verra. Mais nous ne voulons pas toucher à la stabilité de la région. Nous ne l'avons jamais voulu d'ailleurs.
Q - Faut-il en déduire que vous êtes en train de préparer une autre résolution pour faire pression sur la Syrie concernant le désarmement du Hezbollah, comme on a entendu dire dernièrement ?
R - Non. Mais il est vrai que le rapport de Terje Roed-Larsen, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies chargé du suivi de l'application de la résolution 1559, a paru, et il présente certains éléments positifs, et en même temps, des éléments négatifs. Il faut donc plus de progrès. Il n'est pas impossible que des résolutions paraissent dans ce cadre ultérieurement, mais c'est une autre question, une autre affaire. Ce n'est pas la même chose.
Q - Selon vous, quand y aura-t-il une démarche à ce propos ?
R - Je ne sais pas au juste. Mais j'imagine que nous le ferons dans un très proche avenir. Mais je n'ai pas aujourd'hui de calendrier à vous donner.
Q - Le processus en cours actuellement en Conseil de sécurité rappelle sans doute celui qui a mené à la guerre contre l'Irak. Le monde se souvient encore - et la France est probablement la première - que les Etats-Unis ont justifié le recours à la force à l'époque, en dépit d'une forte opposition internationale, en se basant sur les résolutions passées par le Conseil de sécurité conformément au Chapitre VII. Ne courez-vous pas le risque de voir reproduire le même scénario, d'autant que le président américain a assuré dernièrement que toutes les options sont ouvertes, y compris l'option militaire contre la Syrie ?
R - Il faut que les choses soient claires. La France insiste, aujourd'hui plus que jamais, à ce que la lumière soit faite sur l'assassinat du Premier ministre libanais, Rafic Hariri. La France est plus que jamais disposée à défendre l'entière souveraineté du Liban. Elle continue aujourd'hui à défendre cette souveraineté. Nous ne sommes pas là pour déstabiliser tel ou tel régime, que ce soit le régime syrien ou un autre. Nous ne sommes pas là non plus pour faire de l'ingérence sous telle ou telle forme. Et si des divergences émergent avec les autres, à n'importe quel moment, nous le dirons. Mais jusqu'à présent, ce n'est pas le cas.
Q - Que dites-vous, non seulement aux gouvernements arabes, mais aussi à l'opinion publique arabe, qui voit le Conseil de sécurité adopter, à nouveau, une résolution menaçant d'imposer des sanctions à un pays arabe pour resserrer l'étau autour de lui ?
R - C'est la raison pour laquelle je tenais beaucoup à l'unanimité. Le fait que nous ayons été capables de parvenir à l'unanimité en Conseil de sécurité montre clairement qu'il ne s'agit pas d'une mesure dirigée contre un pays arabe, et que la Syrie n'a pas été montrée du doigt parce qu'elle est un pays arabe, mais parce que le magistrat chargé de l'enquête criminelle considère que ce pays n'a pas pleinement coopéré. C'est différent. La justice n'est pas la politique. Ce sont deux questions différentes.
Q - Le texte de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité a été modifié au dernier moment, et on a renoncé au paragraphe menaçant directement d'imposer des sanctions à la Syrie. Mais on y a substitué un passage formulé sur un ton qui fait toujours planer la menace des sanctions si la Syrie ne coopère pas pleinement à l'enquête internationale. Etant données les nombreuses demandes figurant dans cette résolution, la Syrie pourra-t-elle, selon vous, éviter les sanctions ? Ou est-ce inéluctable ?
R - Les menaces de sanctions sont prévisibles, mais elles ne sont pas automatiques. Et en tout cas, il faut revenir au Conseil de sécurité. Il est très nécessaire d'avoir une coopération efficace de la part de la Syrie.
Q - On commence à parler de la prochaine étape du rapport, avant le procès des suspects, et certains appellent à la formation d'un tribunal international. A quel point la France est-elle favorable à ces appels ?
R - Nous souhaitons que la commission d'enquête puisse poursuivre son action jusqu'au mois de décembre prochain. Lorsque Detlev Mehlis nous dira si la Syrie coopère ou pas, nous en tirerons alors toutes les conséquences. Et je dis bien, toutes les conséquences.
Q - Mais cela veut-il dire que vous appuierez l'idée de la constitution d'un tribunal international ?
R - Nous attendons aujourd'hui que la commission Mehlis poursuive son action jusqu'à la mi-décembre, date à laquelle la commission nous remettra les noms de ses suspects et des coupables.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 novembre 2005)