Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, lors de la conférence de presse conjointe avec MM. Adam Rotfeld, ministre polonais des affaires étrangères, et Joschka Fischer, ministre allemand des affaires étrangères, sur le financement des politiques communautaires de l'Union élargie, le dossier nucléaire iranien et les relations de la Russie avec l'Union européenne, Varsovie le 27 juin 2005.

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Circonstance : Réunion des ministres des Affaires étrangères du Triangle de Weimar à Varsovie le 27 juin 2005

Texte intégral

Je voudrais moi aussi vous dire que je suis heureux de participer, pour la première fois en ce qui me concerne, à cette rencontre trilatérale. Je tiens à remercier vivement mon collègue et ami M. Rotfeld pour son invitation. Je considère comme très hautement significatif le fait d'être ici aujourd'hui avec mon collègue allemand et d'illustrer ainsi la vitalité du Triangle de Weimar, à l'invitation de notre collègue polonais.
Nous avons parlé en effet de plusieurs choses et notamment du dossier européen, c'est celui qui est le plus d'actualité, vous vous en doutez.
Nous avons pu, d'une part, dire très fortement combien nous sommes attachés à l'union politique et que, d'autre part, permettez-moi de le rappeler, nous avions une vision commune, lors du dernier Conseil européen à Bruxelles, sur la proposition faite par la présidence luxembourgeoise. Nous devons prendre en compte les préoccupations des citoyens qui se sont exprimées lors des référendums français et hollandais, nous devons apporter des réponses collectives à ces préoccupations, mais sachez que la France a le souci, bien évidemment avant tout, que l'Europe réussisse l'élargissement. C'est pour cela qu'il est important de trouver un accord sur le financement des politiques communautaires.
A cet égard, nous avons fait le maximum tous les trois pour sauver l'accord sur les propositions financières fait lors du dernier Conseil ; la Pologne, en particulier, et avec les autres nouveaux Etats membres, a fait preuve d'un esprit de compromis absolument exemplaire. Je voudrais ici vraiment la remercier. Nous devons désormais, avec l'Allemagne et la Pologne, poursuivre le travail sur la base de la proposition de la présidence luxembourgeoise.
Nous devons maintenant rechercher un accord basé sur la juste répartition des efforts entre les quinze "anciens" Etats membres pour financer l'élargissement ; chacun, et en particulier le Royaume-Uni, doit prendre ses responsabilités. Sans financement des politiques communautaires, l'élargissement serait un échec. La solidarité des Vingt-cinq est pour la France, et pour nous trois, j'en suis convaincu, une priorité. L'esprit de l'Europe, l'ambition de l'Europe, sa vocation, c'est d'être solidaire. Je terminerai en disant également que nous avons une vision commune sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et que nous apportons tout notre appui aux Allemands dans ce contexte.
Q - (A propos de la situation en Iran, à la suite des élections présidentielles, comment allez-vous poursuivre dans vos relations avec ce pays, en particulier en ce qui concerne les questions nucléaires ? Etes-vous préoccupés par la régularité des élections ?)
R - Comme vous le savez, la diplomatie européenne est, et a été très active depuis plusieurs mois en ce qui concerne les relations entre l'Iran, l'Union européenne et la communauté internationale en général ; le 15 novembre 2004 il y a eu un accord, et l'esprit de cet Accord de Paris prévaut aujourd'hui ; et il est absolument nécessaire que, dans les relations entre l'Union européenne et l'Iran, et les nouvelles autorités iraniennes, nous puissions continuer à avoir cette activité diplomatique concernant le dossier nucléaire, avec la suspension de l'ensemble des activités liées à l'enrichissement et au retraitement. Ceci est évidemment important, nous espérons que ce sera possible ; en tout cas, cela nous paraît primordial.
Q - (A propos de l'avenir des relations diplomatiques avec l'Iran et des discussions au sujet du programme nucléaire du pays à la suite des élections présidentielles)
R - Nous prenons acte du vote des Iraniens qui ont voté avec une forte participation. Il est nécessaire de continuer l'activité diplomatique. Nous souhaitons non seulement qu'il soit possible, mais surtout que l'Accord de Paris puisse être, je dirais, tenu dans son esprit avec une suspension des activités nucléaires sensibles.
Comme vous le savez, il devrait y avoir, dans les prochains mois, en particulier au mois de juillet, des propositions. Il faut maintenant regarder le calendrier et j'espère qu'il ne sera pas modifié.
Q - Depuis un certain temps, la Russie ignore non seulement ce que dit la Pologne, mais également les pays baltes, entre autres la Lituanie, le gazoduc est seulement un de ces exemples, le deuxième c'est que M. Kwasniewski n'est pas invité à Kaliningrad. Il est difficile de ne pas avoir l'impression que la politique de l'Allemagne et de la France envers la Russie banalise ces actions, cette politique russe. Est-ce qu'il n'est pas grand temps de montrer une certaine solidarité européenne ?
R - Je voudrais vous dire trois choses rapidement.
La première, c'est que nous allons nous concentrer sur la mise en uvre concrète de l'accord du Sommet Union européenne/Russie du 10 mai en définissant des priorités et un calendrier pour l'application des feuilles de route.
La deuxième chose que je voulais vous dire concerne ce que Joschka Fischer vient de rappeler, c'est à dire la rencontre du 3 juillet à Kaliningrad qui permettra d'interroger le président Poutine sur la mise en uvre des quatre feuilles de route.
Et enfin, puisqu'on parle de la Russie, on parle aussi d'un voisin, je voudrais vous dire que nous sommes très favorables à une coopération trilatérale pour aider l'Ukraine à conduire ses réformes - nous avons reçu récemment en France M. Iouchtchenko - et vous dire que nous ferons tout pour aider les réformes en Ukraine qui nous paraissent très importantes et "bien parties".
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juin 2005)