Interview de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, dans "Le Quotidien de La Réunion" du 1er avril 2004, sur son maintien au ministère de l'outre-mer après le remaniement ministériel suivant les élections régionales et sur la situation politique à La Réunion.

Prononcé le 1er avril 2004

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Texte intégral

Le Quotidien de La Réunion : Considérez-vous votre maintien au ministère de l'Outre-Mer comme une preuve de confiance du Premier ministre et un soutien à la politique que vous avez menée outre-mer ?
Brigitte Girardin : J'y vois en effet une marque de confiance de la part du Président de la République et du Premier ministre. La politique que je mène outre-mer au nom du Gouvernement depuis 23 mois, est celle définie par le Président de la République. Tous les engagements pris par Jacques CHIRAC pendant la campagne de 2002 sont aujourd'hui tenus. Aucun Gouvernement n'a mené une action aussi forte pour l'outre-mer, avec notamment une loi programme sur 15 ans dont les effets vont se faire sentir dès cette année, alors même que notre pays connaît une situation économique et budgétaire particulièrement difficile.
Le Quotidien de La Réunion : Le sénateur Jean-Paul VIRAPOULLÉ vous a fait porter le chapeau de la défaite de la droite aux régionales et aux cantonales en demandant votre départ. Que lui répondez-vous ?
Brigitte Girardin : Je n'ai nullement l'intention de polémiquer avec Jean-Paul VIRAPOULLÉ sur cette question. C'est dans la difficulté que chacun révèle sa personnalité.
Le Quotidien de La Réunion : M. VIRAPOULLÉ a également demandé l'élaboration d'une nouvelle loi-programme considérant que la précédente a complètement raté son objectif. Qu'en pensez-vous ?
Brigitte Girardin : Je ne peux que m'étonner d'une telle proposition. L'année 2004 est la première année de plein effet de la loi de programme. On ne dispose donc pas aujourd'hui, à l'évidence, d'éléments qui permettraient de douter de son efficacité. J'observe par ailleurs que M. VIRAPOULLÉ qui la critique aujourd'hui l'a votée en 2003, après avoir participé à son élaboration. J'observe également qu'elle n'a fait l'objet d'aucun vote négatif au Sénat, y compris de l'opposition.
Le Quotidien de La Réunion : Estimez-vous avoir une part de responsabilité, si minime soit elle, dans la déroute de la liste BÉNARD aux régionales ?
Brigitte Girardin : J'ai beaucoup incité la droite réunionnaise à s'unir et je me félicite qu'elle y soit parvenue. Pour le reste, conformément à la position que j'ai toujours adoptée, je considère que ce n'est pas à Paris que doivent se définir les stratégies politiques en vue d'élections locales.
Le Quotidien de La Réunion : N'était-ce pas une erreur d'avoir laissé entendre, après le premier tour, que le " déficit de notoriété " d'Alain BÉNARD expliquait en partie l'échec de la liste qu'il conduisait ?
Brigitte Girardin : Mes propos ont été scandaleusement déformés. J'ai, au contraire, salué le bon résultat de la liste conduite par Alain BÉNARD au 1er tour, qui a eu le courage de mener un combat qu'on savait difficile et que d'autres, bénéficiant d'une notoriété plus grande, n'ont pas été en mesure de livrer.
Le Quotidien de La Réunion : Quelle leçon tirez-vous aujourd'hui du scrutin ?
Brigitte Girardin : Je pense que les Réunionnais ont manifesté leur impatience à voir s'améliorer leur vie quotidienne et ont exprimé leur inquiétude face au chômage et à l'emploi précaire. Créer des emplois durables, lutter contre la précarité, donner à notre jeunesse d'outre-mer de vrais perspectives d'avenir, ce ne sont pas seulement pour moi des mots ou des slogans. Ce sont des mesures concrètes que je m'attache à mettre en uvre avec détermination. Je veux que les premiers résultats liés à l'entrée en vigueur de la loi programme soient au rendez-vous dès cette année.
Le Quotidien de La Réunion : Le maire de Saint-André vient d'augmenter de 44 % la taxe d'habitation de sa commune pour financer les emplois aidés, sous prétexte que l'Etat s'est désengagé. Qu'en dites-vous ?
Brigitte Girardin : De telles affirmations sont inexactes. L'Etat ne se désengage aucunement en matière d'emplois aidés. Je ne comprends pas comment on peut lier la hausse de la fiscalité locale à une absence de baisse de la contribution de l'Etat.
Le Quotidien de La Réunion : Avec les quatre régions d'outre-mer à gauche, votre tâche ne sera-t-elle pas plus difficile qu'auparavant, en particulier à la Réunion où toute la campagne de Paul VERGÈS a consisté à critiquer la politique du Gouvernement ?
Brigitte Girardin : J'ai toujours travaillé de façon constructive avec l'ensemble des élus d'outre-mer, quelle que soit leur sensibilité politique. C'est ma conception de la République. Mon seul objectif, c'est d'améliorer les conditions de vie de nos compatriotes d'outre-mer.
Le Quotidien de La Réunion : On vous a reproché d'avoir fait part, lors de votre dernier voyage dans l'île, du " ral-le-bol " du Gouvernement vis-à-vis de l'outre-mer. Comment voyez-vous vos relations futures avec les responsables des départements d'outre-mer ?
Brigitte Girardin : Là encore, je ne peux que m'étonner que l'on puisse me prêter de tels propos que je n'ai jamais tenus. Je n'ai d'ailleurs pas le tempérament à baisser les bras devant les difficultés.
Tout le monde connaît mon investissement personnel sur les dossiers de l'outre-mer depuis 15 ans. J'éprouve une vraie passion pour ces collectivités et un sincère attachement pour leurs populations.
S'agissant des élus, j'entretiens avec eux de bonnes relations et je souhaite que cela continue.
Le Quotidien de La Réunion : Comment comptez-vous regagner la confiance des Réunionnais après leur vote-sanction contre le Gouvernement aux régionales et aux cantonales ?
Brigitte Girardin : Les Réunionnais ont choisi de reconduire à la tête de la Région la même équipe. Pour autant, je n'ai pas le sentiment d'avoir perdu leur confiance. Je sais que toute politique ambitieuse demande du temps pour que ses effets soient clairement perçus.
Les Réunionnais savent pouvoir compter sur mon soutien et sur ma ténacité pour les défendre.
Le Quotidien de La Réunion : Nassimah DINDAR sera vraisemblablement la nouvelle présidente du Conseil général. Ce choix vous satisfait-il ?
Brigitte Girardin : J'en suis vraiment très heureuse. J'ai beaucoup d'amitié et d'affection pour Nassimah DINDAR qui est une femme courageuse, pleine de talents et dont l'énergie au service de La Réunion sera un immense atout pour ce département.


(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 2 avril 2004)