Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Consul général,
Mesdames et Monsieur le Député,
Messieurs les Conseillers des Français de l'étranger,
Messieurs les Anciens combattants,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers Compatriotes,
D'abord, permettez-moi de commencer en vous disant que je suis très heureux de me retrouver ici à Washington après avoir été nommé au ministère des Affaires étrangères. J'ai voulu ce déplacement parce que, s'il y a bien un pays allié, s'il y a bien un pays qui partage les mêmes valeurs que les nôtres, c'est bien les Etats-Unis. Je voudrais vous remercier d'être venus si nombreux à notre rencontre.
Je souhaite m'adresser en premier lieu aux anciens combattants américains de la Deuxième Guerre mondiale qui nous ont fait l'amitié de venir ici ce soir, à la Maison française, pour se joindre à nous. Si chacun d'entre vous, chaleureusement, j'ai voulu vous rencontrer un peu plus d'un an après les cérémonies qui ont marqué le soixantième anniversaire du débarquement en Normandie, c'est pour témoigner de nouveau auprès de vous de notre profonde reconnaissance. Il y a 61 ans, au prix de sacrifices immenses, vous et vos camarades avez tout quitté pour traverser l'Atlantique, libérer notre patrie de la tyrannie nazie et de sa folie meurtrière. Vous tous, Combattants, avez fait renaître l'espoir et cela, la France ne l'oubliera jamais.
A tous les vétérans américains qu'ils soient ici présents ce soir ou proches de nous par la pensée, je voudrais simplement exprimer la profonde gratitude de la France et des autorités françaises.
C'est pour moi, une très grande joie de vous rencontrer ce soir pour la première fois. Les Français de Washington sont l'exemple même d'une communauté active, dynamique, consciente des enjeux de l'avenir, parfaitement insérée aussi autant dans la vie économique que sociale et culturelle et, je crois qu'on peut le dire, vous donnez la meilleure image de la France et je veux vous en remercier.
Je sais que vous êtes près de 15.000 Français dans la grande région de Washington. Vous faites plus qu'y résider. Vous y travaillez passionnément comme les Américains et ce au plus haut niveau. Vous êtes, pour moitié, cadres et chercheurs dans le domaine de l'informatique, dans le domaine de la recherche médicale ou dans les services. Et un jour, vous avez choisi de traverser l'Atlantique et de tenter l'aventure américaine. Votre formation, votre parcours professionnel ou tout simplement la volonté de réussir aux Etats-Unis, vous ont conduit sans doute à rejoindre ce pays. Je ne doute pas que l'attrait d'une économie dynamique et celui qu'elle a sur nous de la liberté d'entreprendre, aient aussi compté pour beaucoup dans votre choix.
Vous avez réussi dans les secteurs les plus divers. L'informatique, je le disais, mais aussitôt dans le bâtiment, la décoration, sans oublier ces activités traditionnellement liées à l'image de la France, je pense bien sûr aux arts culinaires, à la restauration.
La France à Washington, ce sont aussi ces filiales de multinationales françaises au nombre d'une centaine qui se sont installées ici. Elles emploient 650.000 Américains et font de notre pays le troisième investisseur au monde aux Etats-Unis. Certains d'entre vous, je le sais, occupent des postes stratégiques.
Je voudrais également saluer les 450 Français qui travaillent dans les institutions financières internationales. C'est à eux qu'il revient de mettre en avant notre vision des problèmes financiers internationaux et notre conception d'un développement plus équitable afin qu'elle soit prise en compte.
Toutes et tous, dans vos activités respectives, vous avez trouvé votre place à Washington parce que l'expertise, la formation française et les qualités que l'on prête aux Français, ce que l'on appelle "French touch", sont ici reconnues et pleinement appréciées.
L'expérience, les connaissances, le regard aussi que vous vous êtes forgés ici sont d'une richesse qui n'a pas de prix. C'est de tout cela que je voudrais parler avec vous aujourd'hui dans un instant, de vos savoirs, de nos savoirs, de nos pratiques et comment les conjuguer mieux et davantage à l'avenir.
Au moment où notre pays doit poursuivre plus que jamais des réformes déjà commencées, au moment aussi où l'Europe est en crise et où elle doit refonder son avenir, nous avons besoin de mettre en commun tous nos atouts.
Tout cela, ces impératifs de changement, vous les connaissez au demeurant mieux que d'autres, vous qui vivez ici, vous qui avez aussi voté à 88 % pour la Constitution européenne. En France métropolitaine, c'est le "non" qui l'a emporté et nous devons en prendre acte et tenir compte de cela à l'avenir. Il est clair que nous ne pouvons continuer à faire avancer l'Europe comme si rien ne s'était passé. Il y a une crise profonde sur ce que nous pensons être l'union politique européenne. Nos compatriotes ont souhaité nous adresser un message. Ils ne veulent pas renoncer à l'Europe mais ils attendent d'elle qu'elle s'adapte aux réalités du monde et qu'elle soit capable de se réformer en profondeur.
Je parlais ce matin à des chefs d'entreprise français qui sont aux Etats-Unis et on voyait ce fossé petit à petit se créer entre une société qui veut toujours plus d'assistanat et une société du risque, une société de l'épargne et une société du risque financier. En voulant bien faire, soyons conscients que nous pouvons parfois courir le risque de nous trouver en décalage avec d'autres citoyens.
Il faut en tout cas être clair. La France continuera d'agir résolument pour que l'Europe existe plus et mieux. Partout dans le monde, en Amérique, en Asie, les Etats s'organisent pour tirer le meilleur parti de la mondialisation. Nous voulons, nous aussi, que l'Europe réussisse à faire du changement une chance mais nous garderons naturellement cet acquis européen qui est l'expression même de notre modèle et de nos valeurs de solidarité. Voulons-nous une Europe purement concurrentielle, uniquement concurrentielle, une Europe du libre-échange qui ne s'arrêterait pas de s'agrandir ou alors une Europe qui a un projet politique, une Europe qui a vocation à jouer dans le monde au même titre que les Etats-Unis, que la Chine ou que l'Inde ?
La France veut aussi, vous le savez, consolider la relation transatlantique et renforcer son dialogue avec les Etats-Unis. J'ai évoqué ce sujet, mais trop brièvement tout à l'heure. Les faits sont là et mon message sera sans ambiguïté. Les relations entre la France et les Etats-Unis se portent bien. Depuis le début de l'année, la situation a considérablement évolué et dans le bon sens. Depuis le voyage en Europe du président Bush au mois de février, depuis ce dîner le 22 février entre le président Bush et le président Chirac, les consultations entre nos deux pays sont devenues quotidiennes et confiantes, même si nous ne partageons pas toujours, bien entendu, les mêmes analyses. Mais de la discussion, se dégagent des convergences et des possibilités d'actions conjointes. C'est dans l'objectif de poursuivre et d'approfondir ce dialogue que j'ai décidé de venir à Washington un mois à peine après ma prise de fonction. Nous pouvons aller de l'avant ensemble. Chacun des entretiens que j'ai eus hier soir et aujourd'hui, avec notamment la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, avec les représentants aussi de la société civile et du monde économique, m'a renforcé dans cette conviction. Tous les sujets d'intérêt, nombreux sur lesquels nous travaillons ensemble, avec le soutien d'ailleurs de nos partenaires européens, ont été évoqués : la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération nucléaire en particulier en Iran, le Proche-Orient, l'Afghanistan, la situation au Liban, la Syrie, sans oublier bien entendu l'Afrique. La France et les Etats-Unis travaillent, mes Chers Compatriotes, ensemble.
Ils en ont les moyens, mieux, ils en ont à la fois l'ambition et l'envie. Tout cela donnera lieu à des échanges ouverts et fréquents. Aussi soyez en assurés, ce moment de rencontre entre nous, s'il était le premier, ne sera pas le dernier. Nous nous retrouverons dans les mois qui viennent. J'y veillerai, tout comme je veillerai à ce que la communauté française aux Etats-Unis soit davantage écoutée et sollicitée. La France a besoin de vous pour relayer son message, pour le faire connaître aussi parfois et pour le faire mieux comprendre.
J'aurai l'occasion de revenir souvent, Monsieur l'Ambassadeur, aux Etats-Unis. Pour continuer à nouer ces liens, rien ne vaut un visage en face de soi pour que les yeux s'échangent, pour que les regards se comprennent, pour que les positions se qualifient.
Je vous remercie tous de votre attention et surtout du concours que vous nous apporterez. Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juillet 2005)
Monsieur le Consul général,
Mesdames et Monsieur le Député,
Messieurs les Conseillers des Français de l'étranger,
Messieurs les Anciens combattants,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers Compatriotes,
D'abord, permettez-moi de commencer en vous disant que je suis très heureux de me retrouver ici à Washington après avoir été nommé au ministère des Affaires étrangères. J'ai voulu ce déplacement parce que, s'il y a bien un pays allié, s'il y a bien un pays qui partage les mêmes valeurs que les nôtres, c'est bien les Etats-Unis. Je voudrais vous remercier d'être venus si nombreux à notre rencontre.
Je souhaite m'adresser en premier lieu aux anciens combattants américains de la Deuxième Guerre mondiale qui nous ont fait l'amitié de venir ici ce soir, à la Maison française, pour se joindre à nous. Si chacun d'entre vous, chaleureusement, j'ai voulu vous rencontrer un peu plus d'un an après les cérémonies qui ont marqué le soixantième anniversaire du débarquement en Normandie, c'est pour témoigner de nouveau auprès de vous de notre profonde reconnaissance. Il y a 61 ans, au prix de sacrifices immenses, vous et vos camarades avez tout quitté pour traverser l'Atlantique, libérer notre patrie de la tyrannie nazie et de sa folie meurtrière. Vous tous, Combattants, avez fait renaître l'espoir et cela, la France ne l'oubliera jamais.
A tous les vétérans américains qu'ils soient ici présents ce soir ou proches de nous par la pensée, je voudrais simplement exprimer la profonde gratitude de la France et des autorités françaises.
C'est pour moi, une très grande joie de vous rencontrer ce soir pour la première fois. Les Français de Washington sont l'exemple même d'une communauté active, dynamique, consciente des enjeux de l'avenir, parfaitement insérée aussi autant dans la vie économique que sociale et culturelle et, je crois qu'on peut le dire, vous donnez la meilleure image de la France et je veux vous en remercier.
Je sais que vous êtes près de 15.000 Français dans la grande région de Washington. Vous faites plus qu'y résider. Vous y travaillez passionnément comme les Américains et ce au plus haut niveau. Vous êtes, pour moitié, cadres et chercheurs dans le domaine de l'informatique, dans le domaine de la recherche médicale ou dans les services. Et un jour, vous avez choisi de traverser l'Atlantique et de tenter l'aventure américaine. Votre formation, votre parcours professionnel ou tout simplement la volonté de réussir aux Etats-Unis, vous ont conduit sans doute à rejoindre ce pays. Je ne doute pas que l'attrait d'une économie dynamique et celui qu'elle a sur nous de la liberté d'entreprendre, aient aussi compté pour beaucoup dans votre choix.
Vous avez réussi dans les secteurs les plus divers. L'informatique, je le disais, mais aussitôt dans le bâtiment, la décoration, sans oublier ces activités traditionnellement liées à l'image de la France, je pense bien sûr aux arts culinaires, à la restauration.
La France à Washington, ce sont aussi ces filiales de multinationales françaises au nombre d'une centaine qui se sont installées ici. Elles emploient 650.000 Américains et font de notre pays le troisième investisseur au monde aux Etats-Unis. Certains d'entre vous, je le sais, occupent des postes stratégiques.
Je voudrais également saluer les 450 Français qui travaillent dans les institutions financières internationales. C'est à eux qu'il revient de mettre en avant notre vision des problèmes financiers internationaux et notre conception d'un développement plus équitable afin qu'elle soit prise en compte.
Toutes et tous, dans vos activités respectives, vous avez trouvé votre place à Washington parce que l'expertise, la formation française et les qualités que l'on prête aux Français, ce que l'on appelle "French touch", sont ici reconnues et pleinement appréciées.
L'expérience, les connaissances, le regard aussi que vous vous êtes forgés ici sont d'une richesse qui n'a pas de prix. C'est de tout cela que je voudrais parler avec vous aujourd'hui dans un instant, de vos savoirs, de nos savoirs, de nos pratiques et comment les conjuguer mieux et davantage à l'avenir.
Au moment où notre pays doit poursuivre plus que jamais des réformes déjà commencées, au moment aussi où l'Europe est en crise et où elle doit refonder son avenir, nous avons besoin de mettre en commun tous nos atouts.
Tout cela, ces impératifs de changement, vous les connaissez au demeurant mieux que d'autres, vous qui vivez ici, vous qui avez aussi voté à 88 % pour la Constitution européenne. En France métropolitaine, c'est le "non" qui l'a emporté et nous devons en prendre acte et tenir compte de cela à l'avenir. Il est clair que nous ne pouvons continuer à faire avancer l'Europe comme si rien ne s'était passé. Il y a une crise profonde sur ce que nous pensons être l'union politique européenne. Nos compatriotes ont souhaité nous adresser un message. Ils ne veulent pas renoncer à l'Europe mais ils attendent d'elle qu'elle s'adapte aux réalités du monde et qu'elle soit capable de se réformer en profondeur.
Je parlais ce matin à des chefs d'entreprise français qui sont aux Etats-Unis et on voyait ce fossé petit à petit se créer entre une société qui veut toujours plus d'assistanat et une société du risque, une société de l'épargne et une société du risque financier. En voulant bien faire, soyons conscients que nous pouvons parfois courir le risque de nous trouver en décalage avec d'autres citoyens.
Il faut en tout cas être clair. La France continuera d'agir résolument pour que l'Europe existe plus et mieux. Partout dans le monde, en Amérique, en Asie, les Etats s'organisent pour tirer le meilleur parti de la mondialisation. Nous voulons, nous aussi, que l'Europe réussisse à faire du changement une chance mais nous garderons naturellement cet acquis européen qui est l'expression même de notre modèle et de nos valeurs de solidarité. Voulons-nous une Europe purement concurrentielle, uniquement concurrentielle, une Europe du libre-échange qui ne s'arrêterait pas de s'agrandir ou alors une Europe qui a un projet politique, une Europe qui a vocation à jouer dans le monde au même titre que les Etats-Unis, que la Chine ou que l'Inde ?
La France veut aussi, vous le savez, consolider la relation transatlantique et renforcer son dialogue avec les Etats-Unis. J'ai évoqué ce sujet, mais trop brièvement tout à l'heure. Les faits sont là et mon message sera sans ambiguïté. Les relations entre la France et les Etats-Unis se portent bien. Depuis le début de l'année, la situation a considérablement évolué et dans le bon sens. Depuis le voyage en Europe du président Bush au mois de février, depuis ce dîner le 22 février entre le président Bush et le président Chirac, les consultations entre nos deux pays sont devenues quotidiennes et confiantes, même si nous ne partageons pas toujours, bien entendu, les mêmes analyses. Mais de la discussion, se dégagent des convergences et des possibilités d'actions conjointes. C'est dans l'objectif de poursuivre et d'approfondir ce dialogue que j'ai décidé de venir à Washington un mois à peine après ma prise de fonction. Nous pouvons aller de l'avant ensemble. Chacun des entretiens que j'ai eus hier soir et aujourd'hui, avec notamment la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, avec les représentants aussi de la société civile et du monde économique, m'a renforcé dans cette conviction. Tous les sujets d'intérêt, nombreux sur lesquels nous travaillons ensemble, avec le soutien d'ailleurs de nos partenaires européens, ont été évoqués : la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération nucléaire en particulier en Iran, le Proche-Orient, l'Afghanistan, la situation au Liban, la Syrie, sans oublier bien entendu l'Afrique. La France et les Etats-Unis travaillent, mes Chers Compatriotes, ensemble.
Ils en ont les moyens, mieux, ils en ont à la fois l'ambition et l'envie. Tout cela donnera lieu à des échanges ouverts et fréquents. Aussi soyez en assurés, ce moment de rencontre entre nous, s'il était le premier, ne sera pas le dernier. Nous nous retrouverons dans les mois qui viennent. J'y veillerai, tout comme je veillerai à ce que la communauté française aux Etats-Unis soit davantage écoutée et sollicitée. La France a besoin de vous pour relayer son message, pour le faire connaître aussi parfois et pour le faire mieux comprendre.
J'aurai l'occasion de revenir souvent, Monsieur l'Ambassadeur, aux Etats-Unis. Pour continuer à nouer ces liens, rien ne vaut un visage en face de soi pour que les yeux s'échangent, pour que les regards se comprennent, pour que les positions se qualifient.
Je vous remercie tous de votre attention et surtout du concours que vous nous apporterez. Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juillet 2005)