Texte intégral
Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Président de la République, Jacques CHIRAC, je suis heureux de porter devant vous le message de la France.
Face au découragement et à la violence, plus que jamais notre monde a besoin d'unité. Il exige une volonté et un projet collectif. Cette volonté, elle ne peut être qu'au service de l'intérêt général et de la justice : c'est la condition de notre légitimité. Ce projet, il ne peut être porté que par toutes les nations rassemblées : c'est la condition de notre efficacité.
Avec 80 000 casques bleus, le Conseil de Sécurité est déjà engagé sur le terrain pour faire cesser les conflits, prévenir la contagion et aider à la reconstruction. Mais soyons lucides : beaucoup reste à faire pour répondre avec efficacité et rapidité aux attentes des peuples. Dans chaque crise, nous devons affirmer une véritable volonté politique, pour aboutir à des règlements durables. De la Côte d'Ivoire au Darfour jusqu'à Haïti, ayons collectivement le courage d'assumer à chaque étape nos responsabilités.
C'est vrai aussi pour l'Iraq en crise : le Conseil, avec les autorités iraquiennes, devra se pencher à nouveau sur cette question en prenant la réalité telle qu'elle est. Tant de choses sont en jeu, et d'abord l'unité du pays, la stabilité de la région, notre sécurité collective.
Dans le même temps, le Conseil doit répondre à des menaces nouvelles.
Le terrorisme, tout d'abord. Les attentats qui ont frappé cet été Londres et Charm El-Cheikh, la Turquie et Israël nous le rappellent : aucun de nos Etats n'est à l'abri, aucun de nos Etats n'a les moyens de répondre seul à ce fléau. Notre coopération fera notre force.
Dès le lendemain du 11 septembre 2001, le Conseil de Sécurité s'est réuni et a pris les premières mesures nécessaires pour traquer les terroristes, lutter contre leur financement et prévenir la détention par eux d'armes de destruction massive. Aujourd'hui, dans l'esprit de la stratégie globale proposée par le Secrétaire général, nous devons aller plus loin.
Avec un principe : le plein respect de la règle de droit. Car l'exemplarité des démocraties est notre meilleur atout face aux terroristes.
Avec une exigence : l'action résolue sur tout ce qui nourrit le terrorisme, les inégalités, la persistance de la violence, des injustices et des conflits, l'incompréhension entre les cultures. La force ne viendra jamais seule à bout du terrorisme. Car elle ne répond pas aux frustrations des peuples, elle ne s'attaque pas aux racines du mal.
La prolifération des armes de destruction massive appelle également une réponse déterminée de notre part.
Dans le domaine nucléaire, nous avons tous placé notre confiance dans l'Agence internationale de l'Energie atomique. Il y a des droits à défendre, en particulier l'usage pacifique de l'énergie nucléaire. Mais il y a aussi des devoirs à faire respecter, pour la sécurité de tous : si un Etat manque à ses obligations au titre du Traité de non-prolifération, il est légitime, une fois épuisée la voie du dialogue, que le Conseil de Sécurité soit saisi.
C'est dans cet esprit que la France appelle fermement l'Iran à se conformer aux résolutions de l'AIEA et au respect de ses engagements internationaux, l'accord de Paris en premier lieu.
Mesdames et Messieurs,
Le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer pour la paix et la sécurité internationales. Renforçons-le. Ayons l'audace d'élargir le Conseil de Sécurité pour le rendre plus représentatif. La France soutient le projet équilibré et réaliste présenté par l'Allemagne, le Brésil, l'Inde et le Japon. Elle souhaite, au nom de l'intérêt supérieur des Nations Unies, un accord avant la fin de l'année sur cet élargissement.
Ne nous y trompons pas : face à des menaces qui ignorent les frontières des Etats, il n'y aura de véritable sécurité que collective. Face à des identités blessées, l'exigence de respect et de justice n'est pas seulement un impératif politique : c'est une condition de la paix. Face aux inégalités croissantes entre pays riches et pays pauvres, la solidarité est une condition de notre sécurité. Elle passe aussi par un engagement de tous en faveur du développement durable.
Face enfin au désarroi du monde, nous avons besoin d'une vision commune. Les Nations unies doivent agir au rythme d'un monde qui évolue vite : la douleur des hommes et des femmes confrontés à des crises sanitaires ou politiques n'attend pas. Elles doivent aussi rester cet espace de dialogue et de décision qui forge le destin de notre monde.
C'est un honneur, et quelle responsabilité, que de siéger en ce Conseil. Devant nos peuples, devant tous les peuples, ne cédons pas à la division et à l'inaction, acceptons le débat et la critique. Chacun de nous affirme sa vision, défend ses intérêts, chacun de nous a son histoire et sa culture. Mais ici, quelque chose nous dépasse et nous rassemble : une même aspiration pour chaque homme à la justice, à la dignité et à la liberté. Ce sont ces idéaux que nous nous sommes engagés à servir il y a soixante ans. Restons fidèles à notre promesse.
Je vous remercie.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 septembre 2005)
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Président de la République, Jacques CHIRAC, je suis heureux de porter devant vous le message de la France.
Face au découragement et à la violence, plus que jamais notre monde a besoin d'unité. Il exige une volonté et un projet collectif. Cette volonté, elle ne peut être qu'au service de l'intérêt général et de la justice : c'est la condition de notre légitimité. Ce projet, il ne peut être porté que par toutes les nations rassemblées : c'est la condition de notre efficacité.
Avec 80 000 casques bleus, le Conseil de Sécurité est déjà engagé sur le terrain pour faire cesser les conflits, prévenir la contagion et aider à la reconstruction. Mais soyons lucides : beaucoup reste à faire pour répondre avec efficacité et rapidité aux attentes des peuples. Dans chaque crise, nous devons affirmer une véritable volonté politique, pour aboutir à des règlements durables. De la Côte d'Ivoire au Darfour jusqu'à Haïti, ayons collectivement le courage d'assumer à chaque étape nos responsabilités.
C'est vrai aussi pour l'Iraq en crise : le Conseil, avec les autorités iraquiennes, devra se pencher à nouveau sur cette question en prenant la réalité telle qu'elle est. Tant de choses sont en jeu, et d'abord l'unité du pays, la stabilité de la région, notre sécurité collective.
Dans le même temps, le Conseil doit répondre à des menaces nouvelles.
Le terrorisme, tout d'abord. Les attentats qui ont frappé cet été Londres et Charm El-Cheikh, la Turquie et Israël nous le rappellent : aucun de nos Etats n'est à l'abri, aucun de nos Etats n'a les moyens de répondre seul à ce fléau. Notre coopération fera notre force.
Dès le lendemain du 11 septembre 2001, le Conseil de Sécurité s'est réuni et a pris les premières mesures nécessaires pour traquer les terroristes, lutter contre leur financement et prévenir la détention par eux d'armes de destruction massive. Aujourd'hui, dans l'esprit de la stratégie globale proposée par le Secrétaire général, nous devons aller plus loin.
Avec un principe : le plein respect de la règle de droit. Car l'exemplarité des démocraties est notre meilleur atout face aux terroristes.
Avec une exigence : l'action résolue sur tout ce qui nourrit le terrorisme, les inégalités, la persistance de la violence, des injustices et des conflits, l'incompréhension entre les cultures. La force ne viendra jamais seule à bout du terrorisme. Car elle ne répond pas aux frustrations des peuples, elle ne s'attaque pas aux racines du mal.
La prolifération des armes de destruction massive appelle également une réponse déterminée de notre part.
Dans le domaine nucléaire, nous avons tous placé notre confiance dans l'Agence internationale de l'Energie atomique. Il y a des droits à défendre, en particulier l'usage pacifique de l'énergie nucléaire. Mais il y a aussi des devoirs à faire respecter, pour la sécurité de tous : si un Etat manque à ses obligations au titre du Traité de non-prolifération, il est légitime, une fois épuisée la voie du dialogue, que le Conseil de Sécurité soit saisi.
C'est dans cet esprit que la France appelle fermement l'Iran à se conformer aux résolutions de l'AIEA et au respect de ses engagements internationaux, l'accord de Paris en premier lieu.
Mesdames et Messieurs,
Le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer pour la paix et la sécurité internationales. Renforçons-le. Ayons l'audace d'élargir le Conseil de Sécurité pour le rendre plus représentatif. La France soutient le projet équilibré et réaliste présenté par l'Allemagne, le Brésil, l'Inde et le Japon. Elle souhaite, au nom de l'intérêt supérieur des Nations Unies, un accord avant la fin de l'année sur cet élargissement.
Ne nous y trompons pas : face à des menaces qui ignorent les frontières des Etats, il n'y aura de véritable sécurité que collective. Face à des identités blessées, l'exigence de respect et de justice n'est pas seulement un impératif politique : c'est une condition de la paix. Face aux inégalités croissantes entre pays riches et pays pauvres, la solidarité est une condition de notre sécurité. Elle passe aussi par un engagement de tous en faveur du développement durable.
Face enfin au désarroi du monde, nous avons besoin d'une vision commune. Les Nations unies doivent agir au rythme d'un monde qui évolue vite : la douleur des hommes et des femmes confrontés à des crises sanitaires ou politiques n'attend pas. Elles doivent aussi rester cet espace de dialogue et de décision qui forge le destin de notre monde.
C'est un honneur, et quelle responsabilité, que de siéger en ce Conseil. Devant nos peuples, devant tous les peuples, ne cédons pas à la division et à l'inaction, acceptons le débat et la critique. Chacun de nous affirme sa vision, défend ses intérêts, chacun de nous a son histoire et sa culture. Mais ici, quelque chose nous dépasse et nous rassemble : une même aspiration pour chaque homme à la justice, à la dignité et à la liberté. Ce sont ces idéaux que nous nous sommes engagés à servir il y a soixante ans. Restons fidèles à notre promesse.
Je vous remercie.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 septembre 2005)