Texte intégral
Q - Madame Colonna, bienvenue sur Euronews. Vous devez votre place, en quelque sorte, au rejet par les Français du traité constitutionnel européen. Est-ce là une situation confortable ?
R - Quand on prend ses fonctions de ministre en charge des Affaires européennes après un référendum négatif en France, on a le sentiment d'une très forte responsabilité. C'est la première fois en 50 ans que les Français refusent l'avancée européenne. Ils l'ont fait clairement, nous en prenons acte. Il y a donc un nouveau gouvernement et une nouvelle action. Mais cette action veut maintenir haute l'ambition européenne de la France. Notre avenir n'est pas dans le repli sur soi, au contraire, nous devons faire davantage d'efforts pour montrer que l'Europe nous aide, qu'elle avance, qu'elle sait prendre des décisions.
Q - Le gouvernement français relance une vieille idée de la CDU allemande. Ne doit-on pas attendre un plus de la part d'un pays fondateur pour relancer la réforme de l'Union européenne ?
R - La meilleure réponse aux doutes et à l'incertitude actuelle c'est l'action. Donc la priorité sera de montrer que l'Europe peut prendre des décisions dans les domaines qui intéressent nos concitoyens. Ce que nous disons, c'est que dans une Europe variable, - puisque aujourd'hui nous sommes 25, demain nous serons peut être davantage -, il va de soi qu'à un moment donné, un certain nombre de pays voudront mener des politiques plus intégrées que d'autres. C'est important que tout le monde puisse rejoindre cette avant-garde, c'est toujours ainsi que nous l'avons entendu, aussi bien du côté allemand que du côté français puisque c'est aussi une idée du président de la République.
Q - Le gouvernement français est partie prenante de la décision d'ouvrir les négociations d'adhésion de la Turquie. Jusqu'ou êtes-vous prête à aller pour défendre ce choix face à un électorat réticent ?
R - Il fallait ouvrir les négociations avec la Turquie parce que les conditions de la négociation posées par l'Union européenne elle-même étaient remplies. C'est une nouvelle phase qui s'ouvre. Chacun sait que les négociations seront longues, elles seront sans doute difficiles et l'issue de ces négociations n'est pas par avance déterminée. Ce sera soit l'adhésion, soit une autre solution. De toute façon, les Français auront le dernier mot par référendum
Q - Le prochain Sommet européen aura lieu fin octobre près de Londres. Il sera consacré à l'avenir du modèle social européen. Comment jugez-vous la politique sociale de vos voisins ?
R - Je crois qu'il y a des modèles en Europe et pas un modèle unique. Ce qui est vrai c'est que tous les pays européens sont attachés à un modèle social et les électeurs nous le rappellent assez régulièrement si nous devions l'oublier.
Ce qui se fait au Danemark n'est pas transposable point par point en France, ce qui se fait en Italie est encore autre chose. Mais nous avons des expériences à partir desquelles nous pouvons réfléchir et partager. Nous souhaitons bien sûr que ce conseil permette un débat utile, approfondi et permette de dégager des orientations. La question clef est de savoir comment rendre nos économies plus dynamiques, comment mener des réformes. Nous en avons besoin pour la croissance et pour l'emploi et en même temps nous devons consolider notre mission sociale.
Q - Sur la question du budget européen pour les années 2007/2013, compte tenu des récentes déclarations françaises, est-ce que l'on s'achemine vers un nouveau bras de fer entre la France et le Royaume-Uni ?
R - Ce n'est pas tout à fait comme cela que les choses s'étaient passées au mois de juin puisque sur les 25, 20 pays avaient accepté la proposition de la Présidence luxembourgeoise, et le Royaume-Uni en a entraîné quelques autres à refuser. Aujourd'hui, nous souhaitons que la très grande majorité des pays européens n'aient pas changé d'avis, que le budget soit adopté le plus vite possible et pour cela les discussions doivent repartir de la dernière base de négociation c'est à dire celle que nous avions au mois de juin, en ajustant les choses là où c'est nécessaire.
Q - Le ton a monté à diverses reprises ces derniers temps entre la Commission européenne et Paris. Est-il cohérent de brandir d'un côté l'étendard du patriotisme économique et de l'autre d'appeler la Commission européenne au secours, comme dans l'affaire Hewlett-Packard ?
R - Dans cette dernière affaire, il faut vérifier si la réglementation européenne était bien appliquée, aussi bien pour les droits des travailleurs que pour ce qui est du régime d'aides. Quand l'Europe donne des aides à certaines conditions elle doit s'assurer que ces conditions soient remplies. Ce n'est pas à la Commission européenne d'interdire des décisions économiques ou de se mêler des décisions économiques qui sont du ressort des entreprises. Vous parliez du patriotisme économique, c'est autre chose. Dans la mondialisation, l'échelon européen est un échelon pertinent. Si nous ne donnons pas une préférence européenne à un certain nombre de grandes entreprises, nous n'aurons pas la capacité de lutter dans la compétition mondiale. Alors, il faut que nous ayons davantage de grands champions européens.
Q - Quelle est votre réaction à la nomination d'une femme, Angela Merkel, à la chancellerie allemande ?
R - Angela Merkel, en effet, est la première femme à accéder à cette haute fonction. Je n'en tire aucun motif de fierté. Je vois les choses simplement comme une Française qui a des responsabilités politiques, étant attachée à la relation franco-allemande et donc qui sait que cette relation continuera, quelque soit le gouvernement allemand.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2005)
R - Quand on prend ses fonctions de ministre en charge des Affaires européennes après un référendum négatif en France, on a le sentiment d'une très forte responsabilité. C'est la première fois en 50 ans que les Français refusent l'avancée européenne. Ils l'ont fait clairement, nous en prenons acte. Il y a donc un nouveau gouvernement et une nouvelle action. Mais cette action veut maintenir haute l'ambition européenne de la France. Notre avenir n'est pas dans le repli sur soi, au contraire, nous devons faire davantage d'efforts pour montrer que l'Europe nous aide, qu'elle avance, qu'elle sait prendre des décisions.
Q - Le gouvernement français relance une vieille idée de la CDU allemande. Ne doit-on pas attendre un plus de la part d'un pays fondateur pour relancer la réforme de l'Union européenne ?
R - La meilleure réponse aux doutes et à l'incertitude actuelle c'est l'action. Donc la priorité sera de montrer que l'Europe peut prendre des décisions dans les domaines qui intéressent nos concitoyens. Ce que nous disons, c'est que dans une Europe variable, - puisque aujourd'hui nous sommes 25, demain nous serons peut être davantage -, il va de soi qu'à un moment donné, un certain nombre de pays voudront mener des politiques plus intégrées que d'autres. C'est important que tout le monde puisse rejoindre cette avant-garde, c'est toujours ainsi que nous l'avons entendu, aussi bien du côté allemand que du côté français puisque c'est aussi une idée du président de la République.
Q - Le gouvernement français est partie prenante de la décision d'ouvrir les négociations d'adhésion de la Turquie. Jusqu'ou êtes-vous prête à aller pour défendre ce choix face à un électorat réticent ?
R - Il fallait ouvrir les négociations avec la Turquie parce que les conditions de la négociation posées par l'Union européenne elle-même étaient remplies. C'est une nouvelle phase qui s'ouvre. Chacun sait que les négociations seront longues, elles seront sans doute difficiles et l'issue de ces négociations n'est pas par avance déterminée. Ce sera soit l'adhésion, soit une autre solution. De toute façon, les Français auront le dernier mot par référendum
Q - Le prochain Sommet européen aura lieu fin octobre près de Londres. Il sera consacré à l'avenir du modèle social européen. Comment jugez-vous la politique sociale de vos voisins ?
R - Je crois qu'il y a des modèles en Europe et pas un modèle unique. Ce qui est vrai c'est que tous les pays européens sont attachés à un modèle social et les électeurs nous le rappellent assez régulièrement si nous devions l'oublier.
Ce qui se fait au Danemark n'est pas transposable point par point en France, ce qui se fait en Italie est encore autre chose. Mais nous avons des expériences à partir desquelles nous pouvons réfléchir et partager. Nous souhaitons bien sûr que ce conseil permette un débat utile, approfondi et permette de dégager des orientations. La question clef est de savoir comment rendre nos économies plus dynamiques, comment mener des réformes. Nous en avons besoin pour la croissance et pour l'emploi et en même temps nous devons consolider notre mission sociale.
Q - Sur la question du budget européen pour les années 2007/2013, compte tenu des récentes déclarations françaises, est-ce que l'on s'achemine vers un nouveau bras de fer entre la France et le Royaume-Uni ?
R - Ce n'est pas tout à fait comme cela que les choses s'étaient passées au mois de juin puisque sur les 25, 20 pays avaient accepté la proposition de la Présidence luxembourgeoise, et le Royaume-Uni en a entraîné quelques autres à refuser. Aujourd'hui, nous souhaitons que la très grande majorité des pays européens n'aient pas changé d'avis, que le budget soit adopté le plus vite possible et pour cela les discussions doivent repartir de la dernière base de négociation c'est à dire celle que nous avions au mois de juin, en ajustant les choses là où c'est nécessaire.
Q - Le ton a monté à diverses reprises ces derniers temps entre la Commission européenne et Paris. Est-il cohérent de brandir d'un côté l'étendard du patriotisme économique et de l'autre d'appeler la Commission européenne au secours, comme dans l'affaire Hewlett-Packard ?
R - Dans cette dernière affaire, il faut vérifier si la réglementation européenne était bien appliquée, aussi bien pour les droits des travailleurs que pour ce qui est du régime d'aides. Quand l'Europe donne des aides à certaines conditions elle doit s'assurer que ces conditions soient remplies. Ce n'est pas à la Commission européenne d'interdire des décisions économiques ou de se mêler des décisions économiques qui sont du ressort des entreprises. Vous parliez du patriotisme économique, c'est autre chose. Dans la mondialisation, l'échelon européen est un échelon pertinent. Si nous ne donnons pas une préférence européenne à un certain nombre de grandes entreprises, nous n'aurons pas la capacité de lutter dans la compétition mondiale. Alors, il faut que nous ayons davantage de grands champions européens.
Q - Quelle est votre réaction à la nomination d'une femme, Angela Merkel, à la chancellerie allemande ?
R - Angela Merkel, en effet, est la première femme à accéder à cette haute fonction. Je n'en tire aucun motif de fierté. Je vois les choses simplement comme une Française qui a des responsabilités politiques, étant attachée à la relation franco-allemande et donc qui sait que cette relation continuera, quelque soit le gouvernement allemand.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2005)