Texte intégral
Carole Gaessler
Michèle Alliot-Marie, bonsoir.
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense
Bonsoir !
Q. Alors, vous restez avec nous puisque nous allons aborder un tout autre sujet mais qui vous concerne aussi. L'armée s'associe aujourd'hui au plan de bataille de l'emploi lancé par Dominique de Villepin. Votre ministère veut profiter de la journée d'appel de préparation à la défense (JAPD) pour repérer les jeunes les plus en difficulté. Le nouveau dispositif prévoit de leur offrir une formation. Alors je vous propose tout de suite de voir les grandes lignes de ce projet qui sera bientôt opérationnel, les grandes lignes dessinées par Pauline Revenaz et Edouard Perrin.
(.../...)
Merci d'être avec nous Michèle Alliot-Marie. Alors tout d'abord, revenons sur cette menace diffusée hier sur Internet par un groupe islamiste radical, menace qui a été adressée à tous les pays européens. Est-ce que vous avez pu, vos services, identifier cette menace ? Est-ce qu'elle doit être prise au sérieux ?
R. L'identification demande forcément un certain nombre de jours. On doit déterminer à la fois quel est le style, la forme et l'origine. Tout ceci prend un certain nombre de jours. Il y a assez régulièrement des menaces de ce type et à chaque fois, elles sont examinées par nos services.
Q. Mais vous la prenez au sérieux, en l'état actuel des choses ?
R. Nous regardons, d'une façon attentive, chaque manifestation, quelle qu'elle soit. Et ce n'est qu'à la fin, lorsque nous avons des résultats, que nous pouvons dire si cette menace est sérieuse ou pas.
Q. Voilà. La prudence du militaire, aussi. Est-ce que, depuis les attentats du 7 juillet dernier, la façon de travailler des services de renseignement qui sont nombreux est différente ? Est-ce que vous travaillez différemment ?
R. On ne travaille pas différemment. Depuis 2001, et je dirais même avant puisqu'en France, nous avons connu des attentats de masse en 1986, et en 1995 notamment, les services sont en permanence en alerte. Il vaut mieux prévenir que guérir, ce qui veut dire que plus on peut avoir d'informations tôt - et ces informations viennent souvent de l'étranger - plus nous avons de chance, effectivement, d'éviter les attentats. Nous faisons bien évidemment ceci en liaison avec les services des autres pays. Depuis 2001, il y a eu un renforcement des relations entre les pays et ces relations fonctionnent parfaitement bien, quelles que soient les circonstances, même lorsqu'il y a parfois - comme cela a par exemple été le cas au moment de la guerre d'Irak - un certain nombre de tensions, cela n'affecte absolument pas les services. Nous sommes bien entendu tous vigilants parce que nous savons que nous sommes potentiellement des cibles pour le terrorisme. Tout pays dont la conception de la société est axée sur la liberté, sur le respect des droits de l'Homme, sur le respect des droits de la Femme également, est une cible potentielle.
Q. Alors justement 'cible potentielle'. On a vu les liens entre ces terroristes et le Pakistan ; demain, vous vous rendez dans un pays voisin, l'Afghanistan. Nous avons déjà des troupes là-bas. Notre rôle va encore être renforcé notamment à Kaboul. Est-ce que cela ne nous rend pas plus vulnérables ?
R. Non, je crois que tout ceci, ce ne peut être qu'un prétexte. Le terrorisme cherche parfois des prétextes, mais qui ne sont pas des raisons. Il n'y a aucune bonne raison au terrorisme. Le terrorisme doit être condamné et poursuivi. Il doit être neutralisé. Et de ce point de vue, encore une fois, je crois que la vraie raison, c'est que les terroristes utilisent aujourd'hui des prétextes. Ce qu'ils visent réellement, c'est une liberté, une certaine conception de l'homme, une certaine façon de vivre dans nos sociétés.
Q. Oui, Pauline Revenaz le disait, la formation, ce n'est quand même pas votre mission première dans l'Armée. C'est-à-dire que si l'on vous appelle, c'est qu'il y a crise ?
R. Oui, bien sûr. L'emploi, nous le savons, est un problème, un problème pour les jeunes, mais pas seulement pour les jeunes. C'est un problème essentiel pour la France. Et la Défense est toujours au coeur de l'essentiel. Elle l'est d'abord s'agissant de la sécurité et nous évoquions tout à l'heure la lutte contre le terrorisme : nos militaires sont là pour protéger notre territoire, pour protéger nos citoyens sur les théâtres d'opérations extérieures où ils peuvent être en danger et pour réagir face à un certain nombre de catastrophes naturelles. Mais il faut savoir aussi que la Défense participe à l'économie et à l'emploi du pays. Vous venez d'en voir un exemple dans ce reportage. Il faut savoir que chaque année, la Défense recrute 35 000 jeunes, des jeunes qui sont aussi bien des polytechniciens que des jeunes sans aucun diplôme, ce qui est le cas pour 7 000 d'entre eux. Ce nouveau plan que nous prévoyons - ce 'plan Défense 2ème chance' -, c'est la transposition, au plan civil, de ce que nous faisons aujourd'hui pour former des jeunes militaires dans un certain nombre de métiers. Nous allons donc utiliser les savoir-faire acquis par les militaires durant l'exercice de leur métier pour, au moment où ils vont quitter l'armée, former ces jeunes en grande difficulté. Je voudrais surtout bien préciser, c'est que ce ne sont pas des militaires d'active qui assureront cette formation. Notre armée est une armée professionnelle et nous avons besoin de ces militaires d'active dans le cadre des missions de sécurité. Mais parmi les militaires d'active, un certain nombre part au bout de cinq, dix ou quinze ans parce qu'ils sont sous contrat. Ils partent donc à 30, 35 ou 40 ans. Et c'est à eux que nous proposerons des contrats qui leur permettront d'encadrer ces jeunes. Ces jeunes sont généralement en échec scolaire - ou très souvent en échec scolaire -, souvent en échec professionnel et également pour certains, en voie de marginalisation sociale. Il faut donc leur donner quelque chose qui sera pour eux une véritable deuxième chance.
Q. On a bien compris, leur redonner une formation, ils vont sortir avec un CAP ?
R. Bien plus que cela ! On va d'abord redonner à ces jeunes une formation comportementale, leur apprendre tout simplement ce qu'est la discipline, et que certains n'ont parfois jamais connue, comme se lever le matin, assister aux cours. En premier, la discipline. En deuxième, les fondamentaux : il faut leur réapprendre la lecture, l'écriture, le calcul et leur donner aussi quelques bases d'informatique parce qu'ils n'en ont pas toujours.
Q. Juste en quelques mots, j'ai bien compris discipline et formation ?
R. Formation oui et puis un métier !
Q. Vous allez les lâcher sur le marché du travail ? Est-ce que ces formations seront toujours adaptées aux besoins du marché du travail ?
R. Absolument ! Nous avons choisi de faire ces formations, qui seront d'ailleurs assurées en liaison avec l'Education nationale car des enseignants feront également partie des formateurs de ce projet, en fonction donc des besoins du marché. Nous allons donc proposer aux jeunes des formations qui concernent le domaine des aides à la personne, du bâtiment, des transports et de la sécurité, bref toute une série de secteurs où il y a de vrais débouchés.
Q. Alors on a bien compris que vous participiez à cette grande bataille de l'emploi. Dominique de Villepin s'est donné cent jours pour redonner confiance aux Français. Est-ce que là, on est dans le bon timing ?
R. Oui ! Je le crois. J'ai le sentiment que les choses bougent.
Q. Assez vite ?
R. Les choses bougent assez vite. Bien entendu, la confiance est aussi un combat. Ce 'plan Défense 2ème chance', c'est également un élément pour gagner ce combat, pour la confiance et donc pour l'emploi.
Q. Dans ce timing des cent jours. Merci Michèle Alliot-Marie d'avoir été avec nous ce soir, merci. Avant de nous quitter, voici un numéro de téléphone si vous êtes intéressé par le dispositif de formation proposé par le ministère de la Défense, nous en parlions tout à l'heure avec Michèle Alliot-Marie. Voici ce numéro, c'est le 0800 74 04 70.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 22 juillet 2005)
Michèle Alliot-Marie, bonsoir.
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense
Bonsoir !
Q. Alors, vous restez avec nous puisque nous allons aborder un tout autre sujet mais qui vous concerne aussi. L'armée s'associe aujourd'hui au plan de bataille de l'emploi lancé par Dominique de Villepin. Votre ministère veut profiter de la journée d'appel de préparation à la défense (JAPD) pour repérer les jeunes les plus en difficulté. Le nouveau dispositif prévoit de leur offrir une formation. Alors je vous propose tout de suite de voir les grandes lignes de ce projet qui sera bientôt opérationnel, les grandes lignes dessinées par Pauline Revenaz et Edouard Perrin.
(.../...)
Merci d'être avec nous Michèle Alliot-Marie. Alors tout d'abord, revenons sur cette menace diffusée hier sur Internet par un groupe islamiste radical, menace qui a été adressée à tous les pays européens. Est-ce que vous avez pu, vos services, identifier cette menace ? Est-ce qu'elle doit être prise au sérieux ?
R. L'identification demande forcément un certain nombre de jours. On doit déterminer à la fois quel est le style, la forme et l'origine. Tout ceci prend un certain nombre de jours. Il y a assez régulièrement des menaces de ce type et à chaque fois, elles sont examinées par nos services.
Q. Mais vous la prenez au sérieux, en l'état actuel des choses ?
R. Nous regardons, d'une façon attentive, chaque manifestation, quelle qu'elle soit. Et ce n'est qu'à la fin, lorsque nous avons des résultats, que nous pouvons dire si cette menace est sérieuse ou pas.
Q. Voilà. La prudence du militaire, aussi. Est-ce que, depuis les attentats du 7 juillet dernier, la façon de travailler des services de renseignement qui sont nombreux est différente ? Est-ce que vous travaillez différemment ?
R. On ne travaille pas différemment. Depuis 2001, et je dirais même avant puisqu'en France, nous avons connu des attentats de masse en 1986, et en 1995 notamment, les services sont en permanence en alerte. Il vaut mieux prévenir que guérir, ce qui veut dire que plus on peut avoir d'informations tôt - et ces informations viennent souvent de l'étranger - plus nous avons de chance, effectivement, d'éviter les attentats. Nous faisons bien évidemment ceci en liaison avec les services des autres pays. Depuis 2001, il y a eu un renforcement des relations entre les pays et ces relations fonctionnent parfaitement bien, quelles que soient les circonstances, même lorsqu'il y a parfois - comme cela a par exemple été le cas au moment de la guerre d'Irak - un certain nombre de tensions, cela n'affecte absolument pas les services. Nous sommes bien entendu tous vigilants parce que nous savons que nous sommes potentiellement des cibles pour le terrorisme. Tout pays dont la conception de la société est axée sur la liberté, sur le respect des droits de l'Homme, sur le respect des droits de la Femme également, est une cible potentielle.
Q. Alors justement 'cible potentielle'. On a vu les liens entre ces terroristes et le Pakistan ; demain, vous vous rendez dans un pays voisin, l'Afghanistan. Nous avons déjà des troupes là-bas. Notre rôle va encore être renforcé notamment à Kaboul. Est-ce que cela ne nous rend pas plus vulnérables ?
R. Non, je crois que tout ceci, ce ne peut être qu'un prétexte. Le terrorisme cherche parfois des prétextes, mais qui ne sont pas des raisons. Il n'y a aucune bonne raison au terrorisme. Le terrorisme doit être condamné et poursuivi. Il doit être neutralisé. Et de ce point de vue, encore une fois, je crois que la vraie raison, c'est que les terroristes utilisent aujourd'hui des prétextes. Ce qu'ils visent réellement, c'est une liberté, une certaine conception de l'homme, une certaine façon de vivre dans nos sociétés.
Q. Oui, Pauline Revenaz le disait, la formation, ce n'est quand même pas votre mission première dans l'Armée. C'est-à-dire que si l'on vous appelle, c'est qu'il y a crise ?
R. Oui, bien sûr. L'emploi, nous le savons, est un problème, un problème pour les jeunes, mais pas seulement pour les jeunes. C'est un problème essentiel pour la France. Et la Défense est toujours au coeur de l'essentiel. Elle l'est d'abord s'agissant de la sécurité et nous évoquions tout à l'heure la lutte contre le terrorisme : nos militaires sont là pour protéger notre territoire, pour protéger nos citoyens sur les théâtres d'opérations extérieures où ils peuvent être en danger et pour réagir face à un certain nombre de catastrophes naturelles. Mais il faut savoir aussi que la Défense participe à l'économie et à l'emploi du pays. Vous venez d'en voir un exemple dans ce reportage. Il faut savoir que chaque année, la Défense recrute 35 000 jeunes, des jeunes qui sont aussi bien des polytechniciens que des jeunes sans aucun diplôme, ce qui est le cas pour 7 000 d'entre eux. Ce nouveau plan que nous prévoyons - ce 'plan Défense 2ème chance' -, c'est la transposition, au plan civil, de ce que nous faisons aujourd'hui pour former des jeunes militaires dans un certain nombre de métiers. Nous allons donc utiliser les savoir-faire acquis par les militaires durant l'exercice de leur métier pour, au moment où ils vont quitter l'armée, former ces jeunes en grande difficulté. Je voudrais surtout bien préciser, c'est que ce ne sont pas des militaires d'active qui assureront cette formation. Notre armée est une armée professionnelle et nous avons besoin de ces militaires d'active dans le cadre des missions de sécurité. Mais parmi les militaires d'active, un certain nombre part au bout de cinq, dix ou quinze ans parce qu'ils sont sous contrat. Ils partent donc à 30, 35 ou 40 ans. Et c'est à eux que nous proposerons des contrats qui leur permettront d'encadrer ces jeunes. Ces jeunes sont généralement en échec scolaire - ou très souvent en échec scolaire -, souvent en échec professionnel et également pour certains, en voie de marginalisation sociale. Il faut donc leur donner quelque chose qui sera pour eux une véritable deuxième chance.
Q. On a bien compris, leur redonner une formation, ils vont sortir avec un CAP ?
R. Bien plus que cela ! On va d'abord redonner à ces jeunes une formation comportementale, leur apprendre tout simplement ce qu'est la discipline, et que certains n'ont parfois jamais connue, comme se lever le matin, assister aux cours. En premier, la discipline. En deuxième, les fondamentaux : il faut leur réapprendre la lecture, l'écriture, le calcul et leur donner aussi quelques bases d'informatique parce qu'ils n'en ont pas toujours.
Q. Juste en quelques mots, j'ai bien compris discipline et formation ?
R. Formation oui et puis un métier !
Q. Vous allez les lâcher sur le marché du travail ? Est-ce que ces formations seront toujours adaptées aux besoins du marché du travail ?
R. Absolument ! Nous avons choisi de faire ces formations, qui seront d'ailleurs assurées en liaison avec l'Education nationale car des enseignants feront également partie des formateurs de ce projet, en fonction donc des besoins du marché. Nous allons donc proposer aux jeunes des formations qui concernent le domaine des aides à la personne, du bâtiment, des transports et de la sécurité, bref toute une série de secteurs où il y a de vrais débouchés.
Q. Alors on a bien compris que vous participiez à cette grande bataille de l'emploi. Dominique de Villepin s'est donné cent jours pour redonner confiance aux Français. Est-ce que là, on est dans le bon timing ?
R. Oui ! Je le crois. J'ai le sentiment que les choses bougent.
Q. Assez vite ?
R. Les choses bougent assez vite. Bien entendu, la confiance est aussi un combat. Ce 'plan Défense 2ème chance', c'est également un élément pour gagner ce combat, pour la confiance et donc pour l'emploi.
Q. Dans ce timing des cent jours. Merci Michèle Alliot-Marie d'avoir été avec nous ce soir, merci. Avant de nous quitter, voici un numéro de téléphone si vous êtes intéressé par le dispositif de formation proposé par le ministère de la Défense, nous en parlions tout à l'heure avec Michèle Alliot-Marie. Voici ce numéro, c'est le 0800 74 04 70.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 22 juillet 2005)