Texte intégral
C. Charles - La polémique rebondit à propos des quotas sur le textile chinois. Ils sont déjà atteints pour les pulls et pour les pantalons. Les commerçants et les distributeurs évoquent un risque de pénurie. Est-ce que vous croyez que l'on va manquer de pull-overs et de pantalons ?
R - Je suis persuadé que l'on trouvera des solutions, si jamais le problème était là. Le problème, c'est que ceux qui ont acheté énormément en Chine doivent se rendre compte que nous avons mis les quotas pour qu'ils achètent aussi chez nous. Et donc, ces quotas ont été faits parce que les quantités achetées en Chine avaient été trop importantes au début de l'année, et tout le monde savait qu'il y avait une limite à ne pas dépasser. Et ceci vaut encore en 2005, 2006 et 2007.
Q - Les commerçants qui se plaignent aujourd'hui disent qu'ils avaient passé leurs commandes avant les quotas et qu'ils ne savaient pas. Aujourd'hui, leurs stocks sont bloqués à la douane alors que les vêtements sont étiquetés à leurs marques et qu'ils ont été payés. Que leur répondez-vous ?
R - D'abord, ils le savaient, parce que cela a été amplement débattu en avril-mai-juin, toute la discussion que l'on a eue avec la Commission européenne pour qu'elle parte négocier, toute la négociation qui a eu lieu, qui a donné des résultats, tous ces chiffres qui ont été mis sur la table - il a fallu d'abord convaincre les pays européens qui n'étaient pas concernés, mais finalement, toute l'Union européenne a soutenu cette demande... Et puis, tout cela, c'est fait pour défendre l'emploi dans le textile-habillement de l'Europe et de l'Euroméditerranée. Donc, tout cela a été largement public, dès le mois de mars-avril.
Q - Donc, les commerçants n'ont pas à s'étonner et encore moins à se plaindre ?
R - Ils n'ont pas à s'étonner ; ils n'ont pas à se plaindre. En plus, ils ont acheté dans de très bonnes conditions à ma connaissance, quelquefois avec des prix 50 % moins chers que l'année dernière. Et, par conséquent, nous avons dit aux Chinois que nous ne pouvions pas accepter des tarifs comme ceux-là, des quantités aussi importantes. Et les Chinois ont compris qu'il fallait rester dans des limites raisonnables. C'est ce qui s'est passé.
Mais, évidemment, ceux qui ont passé des commandes importantes n'ont pas vraiment tenu compte de ces quotas qui ont été mis et, du coup, ils se retrouvent peut-être dans des situations difficiles. Mais, d'un autre côté, il faut qu'ils sachent que l'Union européenne a une industrie de textile et d'habillement qui est également performante, qu'elle a des associations avec les pays du pourtour méditerranéen - c'est l'Euroméditerranée -; et dans ce cadre-là, il faut qu'il y ait également de l'emploi et de l'activité que ces distributeurs doivent utiliser.
Q - Est-ce que vous pensez que les entreprises françaises sont en mesure de répondre, aujourd'hui, à cette
demande nouvelle ?
R - En fait, cela dépend des produits et cela dépend des pays. Aujourd'hui, en France, les produits qui arrivent en limite, ce ne sont pas ceux-là. Ceux dont on parle, ce sont des pull-overs, des pantalons, des chemisiers féminins. Voilà les produits qui sont en limite, qui ne sont pas principalement en limite dans les productions françaises. Par contre, pour la France, c'est plutôt le linge de lit, les tissus de coton, le linge de table qui sont des sujets sur lesquels des quotas ont été mis.
Q - Il y a dit, dites-vous, une opportunité de créer des emplois à cette occasion en France ?
Non, mais d'en maintenir. L'industrie textile, l'industrie de l'habillement, dont on indiquait les difficultés au début de l'année, à cause de la libéralisation des quotas textile, eh bien, pour celle-ci, nous avons pris des mesures, et maintenant, l'application de ces mesures, la voilà. C'est parce que nous avons aidé l'industrie européenne à se construire au niveau européen, c'est parce que nous avons voulu que l'industrie européenne soit armée face à ce déversement de produits chinois que ces quotas ont été mis en place. Et donc, il ne faut pas s'étonner aujourd'hui qu'on arrive en limite de quotas pour certains produits.
Q - Pensez-vous que les entreprises françaises vont travailler en France pour répondre à la demande ou qu'elles vont se tourner vers leurs sous-traitants, qui sont bien souvent au Maghreb au ailleurs ?
R - En fait, le système productif européen, c'est l'Euroméditerranée dans le domaine du textile et de l'habillement. Il y a de la conception chez les uns, du tissu chez les uns, de la confection chez les autres. Il y a un système productif où il y a plusieurs tâches qui se suivent et qui sont, en général, faites au niveau de l'Euroméditerranée. C'est donc dans l'ensemble de l'Euroméditerranée que l'emploi est concerné.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 19 août 2005)