Texte intégral
Q - (...) Après les "non" français et néerlandais au référendum sur la Constitution européenne, la construction européenne est-elle installée dans l'incertitude ? Le moteur franco-allemand est-il en panne ?
R - Je ne crois pas. J'écoutais à l'instant Bernard Guetta et je me disais qu'on a parfois tendance à voir les choses beaucoup trop en noir. Il est vrai qu'aujourd'hui, en Allemagne, le résultat des élections est très ouvert ; Mme Merkel est arrivée en tête, à la fois en pourcentage pour son parti et en nombre de sièges. Il n'est pas possible, maintenant, de dire quel sera le gouvernement allemand, mais croyez-moi, l'Allemagne est une démocratie, il y aura un gouvernement, laissons les choses se faire à leur rythme et soyons un peu plus positifs.
Q - Mais êtes-vous surprise par ce que la presse allemande appelle - c'est le titre de Bild, hier - "la guerre des chanceliers" ? On voit bien que Gerhard Schröder, peut-être est-ce une partie de poker qu'il engage, mais ne veut pas quitter la chancellerie, cependant que Mme Merkel en revendique la fonction.
R - Les résultats sont plus serrés que ce qui avait été prévu par les instituts de sondages. Mais une fois de plus, cela prouve que l'élection se fait le jour du vote. C'est cela la démocratie, ce sont les élections. Nous verrons, c'est aux Allemands de trouver les réponses qui les concernent, de définir la forme de leur gouvernement. Il y a aussi encore une élection partielle à venir qui peut modifier le résultat du scrutin. L'Allemagne est une démocratie adulte, il ne faut en rien être inquiet. Les réformes, dans un camp comme dans l'autre, était le thème dominant du programme des deux principaux partis. Cela donne le sens de la direction qui sera suivie par l'Allemagne.
(...)
Q - (...) Quel est l'avenir à court terme de l'Union européenne ? Où sont les objectifs ? Où sont les projets ? Qu'avons-nous à faire ou pas ensemble ?
R - L'Union européenne traverse une phase de difficulté, c'est vrai : un non au référendum en France, un non au référendum qui a suivi quelques jours après aux Pays-Bas, et puis un échec lors du Conseil européen pour se mettre d'accord sur le budget. Cela dit, il n'y a pas de vide en Europe, pas de vide institutionnel, puisqu'il y a un traité, qui est le Traité de Nice, qui régit pour le moment la marche de l'Union européenne ; il y a un budget pour l'année 2005 et même pour l'année 2006. Par contre, oui, il va falloir avancer. Il va falloir trouver des réponses. L'Europe doit montrer rapidement, je le pense, qu'elle est capable de prendre des décisions et doit s'efforcer de faire davantage la preuve de son efficacité, de son utilité dans la vie quotidienne pour offrir un cadre de développement économique à nos citoyens. Il faut sans cesse faire la preuve que c'est la bonne marche des choses, que cela nous rapporte, que cela nous permet d'avoir une vie avec plus de protection et de solidarité. C'est un exercice difficile, parce que la construction européenne est sans précédent, et sans égale. Nous sommes à 25, ensemble, et nous devons montrer jour après jour que nous pouvons prendre des décisions.
Q - Vous venez de dire un mot très important, et peut-être que c'est là que se trouve la hiérarchie des importances : "Solidarité". On a eu l'impression que - c'est l'analyse qu'en faisait la presse allemande hier - le peuple allemand, l'opinion allemande a eu peur des réformes qui lui étaient proposées, les considérant comme étant trop radicales, et qu'au fond, c'était là une lecture de l'économie qui n'était pas recevable pour l'opinion allemande. Le "non" en France s'explique aussi par cette démarche-là. Est-ce que la priorité des priorités pour l'Europe n'est pas d'inventer ce fameux modèle social après lequel tout le monde court, sans jamais apporter une réponse claire ?
R - C'est une question capitale qui se pose à tous les pays européens, comme à l'Union européenne en tant que telle, en effet, à ce moment de son histoire. La situation en Allemagne n'est pas la situation en France, mais néanmoins, on voit bien que cela devient une question centrale. Comment concilier le dynamisme économique, qui nous apporte de la croissance et de l'emploi - et c'est nécessaire - avec l'attachement qui est celui de tous les citoyens européens à une dimension sociale ? La question de la conciliation de l'économique et du social est aujourd'hui au coeur du débat européen. Il faut trouver le moyen d'avoir plus d'efficacité mais il faut également assurer aux citoyens la protection qu'ils demandent.
Q - C'est dans ce contexte difficile - même si vous dites qu'il faut rester positif - que va se poser à nouveau une question délicate, celle de la Turquie. On va reparler bientôt, dans les jours qui viennent, de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Comment appréhendez-vous cette relance de la question turque dans le débat européen ?
R - Pour ce qui concerne les relations entre l'Europe et la Turquie, les règles sont fixées, les conditions sont posées. Si elles sont remplies, les négociations pourront s'ouvrir à partir du 3 octobre. Ensuite, ce sera un long processus. Et puis, vous savez que les Français auront le dernier mot, puisque c'est par référendum que la décision sera prise sur ce point. Mais ce sera dans de très longues années, si les négociations s'ouvrent bien comme prévu le 3 octobre, et se déroulent de façon à ce que la question soit posée.
Q - Une dernière chose, Madame Colonna : avons-nous déjà changé d'époque ? Est-ce qu'on peut encore parler - s'agissant de la France et de l'Allemagne, puisque c'est quand même un peu la question du jour - du "couple" ou désormais, dans cette Europe à ce point élargie dans une union à vingt-cinq, va-t-on assister à des unions aléatoires : un coup l'Allemagne avec la Grande-Bretagne, ou plutôt d'ailleurs peut-être un coup l'Allemagne avec la Pologne, parce qu'on a l'impression que l'Allemagne regarde vers l'Est qu'ailleurs aujourd'hui. Et donc, au fond, est-ce qu'on aura des alliances sélectives et ponctuelles ?
R - Je ne pense pas. Je crois à la force du couple franco-allemand. Regardons l'histoire des cinquante dernières années, parce qu'elle donne quand même des enseignements clairs : quel que soit le gouvernement d'un côté ou de l'autre, quel que soit le chancelier allemand ou le président de la République française, nos deux pays ont su être un moteur au service de la construction européenne. Cela veut dire quoi, un moteur ? Cela veut dire qu'on ne fait pas l'Europe à deux, mais qu'on est un moteur pour entraîner, et donc, ce n'est pas une relation exclusive. Nous savons bien, Français et Allemands, qu'il faut être capable d'entraîner les autres. Selon les sujets, on le fait plus spontanément avec un partenaire ou un autre, ou plusieurs. Regardez, par exemple, la défense européenne : elle s'est faite avec, au cur du projet pour commencer, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne. Il y a de multiples exemples, cela dépend des domaines. Il faut pouvoir entraîner et convaincre.
Q - Il faudrait des règles sociales européennes pour l'égalité de tous. Est-ce concevable à court terme ?
R - Il y a déjà pas mal de choses qui ont été faites. L'Europe s'est engagée sur un certain nombre de critères et plus fondamentalement il faut se souvenir que quelques soient les pays, quelques soient leur tradition, leur culture, leur système, tous les Européens partagent en commun un certain nombre de valeurs. Ils sont attachés au dialogue social, ils sont attachés au rôle des partenaires sociaux, à des protections. Ils attendent de la part de l'Etat ou de l'Union européenne un certain nombre de services de base, de services publics. Tout ceci il faut le faire progresser, mais tous ensemble. Encore une fois, c'est l'Europe à vingt-cinq que l'on fait et pas l'Europe "chacun pour soi" ou "dans son coin". Il faut donc se mettre d'accord sur un certain nombre d'objectifs et trouver les moyens. Ne laissons pas penser que rien n'a été fait. Ce serait tout à fait injuste et inexact.
(...)
Q - On a l'impression qu'une véritable conscience européenne est en train de se créer. Les citoyens disent aux politiques qu'ils veulent aller chercher les réponses ailleurs : les résultats des élections allemandes en témoignent comme ceux du référendum sur la Constitution européenne en France. Il y a un désir d'autre chose, sinon d'une troisième voie. Vous le sentez ?
R - Oui c'est très net. Ce qui a changé c'est qu'il y a un réflexe européen aujourd'hui, de plus en plus répandu. Chaque fois qu'il y a un problème qui surgit, quelque soit le domaine concerné, on va se tourner vers l'Europe en se demandant ce qu'elle fait. C'était vrai cet été, pour les terribles incendies particulièrement au Portugal, on s'est demandé pourquoi l'Europe ne met pas à la disposition des Etats des moyens de sécurité civile coordonnés. La lutte contre le terrorisme en est un autre exemple. Bernard Guetta rappelait, et c'est une évidence, qu'au moment de la crise irakienne, la quasi-totalité des citoyens européens avait la même approche du problème. Il y a ce besoin d'Europe. Ce réflexe est nouveau. Il faut que nous sachions répondre par des politiques concrètes. Il y a une attente, une demande, il faut y répondre.
(...)
Q - Comment pouvez-vous dire que nous allons être un moteur alors que nous venons de dire "non" à la Constitution européenne ?
R - Le référendum a eu le résultat que l'on connaît et il faut le respecter. Et donc dans cette situation nouvelle de tenir compte d'un certain nombre de messages. Cependant nous ne pensons pas que c'est l'Europe en tant que telle que les Français ont rejetée. Notre pays a décidé de rester engagé dans la construction européenne. C'est dans l'intérêt de la France et des Français d'avoir une Europe qui marche. Et pour ça, il faut rester au coeur de la construction européenne, en être l'un des moteurs, faire des propositions, se battre, faire progresser ses idées. Surtout n'abandonnons pas nos ambitions européennes. Il y a trop d'intérêts, trop d'enjeux. Notre intérêt nous le savons n'est pas dans le repli sur soi mais au contraire dans la recherche de solidarité. En effet les propagandistes du "non" n'avaient pas de solution magique. Les lendemains ne sont pas radieux contrairement à ce qu'ils avaient promis. L'Europe ne va pas mieux, elle va plutôt moins bien, elle ne va pas très mal, mais il n'y a pas eu tous les miracles qui étaient soi-disant proposés. Il y a eu trop souvent non seulement des présentations inexactes mais aussi des mensonges tout au long de cette campagne.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 septembre 2005)
R - Je ne crois pas. J'écoutais à l'instant Bernard Guetta et je me disais qu'on a parfois tendance à voir les choses beaucoup trop en noir. Il est vrai qu'aujourd'hui, en Allemagne, le résultat des élections est très ouvert ; Mme Merkel est arrivée en tête, à la fois en pourcentage pour son parti et en nombre de sièges. Il n'est pas possible, maintenant, de dire quel sera le gouvernement allemand, mais croyez-moi, l'Allemagne est une démocratie, il y aura un gouvernement, laissons les choses se faire à leur rythme et soyons un peu plus positifs.
Q - Mais êtes-vous surprise par ce que la presse allemande appelle - c'est le titre de Bild, hier - "la guerre des chanceliers" ? On voit bien que Gerhard Schröder, peut-être est-ce une partie de poker qu'il engage, mais ne veut pas quitter la chancellerie, cependant que Mme Merkel en revendique la fonction.
R - Les résultats sont plus serrés que ce qui avait été prévu par les instituts de sondages. Mais une fois de plus, cela prouve que l'élection se fait le jour du vote. C'est cela la démocratie, ce sont les élections. Nous verrons, c'est aux Allemands de trouver les réponses qui les concernent, de définir la forme de leur gouvernement. Il y a aussi encore une élection partielle à venir qui peut modifier le résultat du scrutin. L'Allemagne est une démocratie adulte, il ne faut en rien être inquiet. Les réformes, dans un camp comme dans l'autre, était le thème dominant du programme des deux principaux partis. Cela donne le sens de la direction qui sera suivie par l'Allemagne.
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Q - (...) Quel est l'avenir à court terme de l'Union européenne ? Où sont les objectifs ? Où sont les projets ? Qu'avons-nous à faire ou pas ensemble ?
R - L'Union européenne traverse une phase de difficulté, c'est vrai : un non au référendum en France, un non au référendum qui a suivi quelques jours après aux Pays-Bas, et puis un échec lors du Conseil européen pour se mettre d'accord sur le budget. Cela dit, il n'y a pas de vide en Europe, pas de vide institutionnel, puisqu'il y a un traité, qui est le Traité de Nice, qui régit pour le moment la marche de l'Union européenne ; il y a un budget pour l'année 2005 et même pour l'année 2006. Par contre, oui, il va falloir avancer. Il va falloir trouver des réponses. L'Europe doit montrer rapidement, je le pense, qu'elle est capable de prendre des décisions et doit s'efforcer de faire davantage la preuve de son efficacité, de son utilité dans la vie quotidienne pour offrir un cadre de développement économique à nos citoyens. Il faut sans cesse faire la preuve que c'est la bonne marche des choses, que cela nous rapporte, que cela nous permet d'avoir une vie avec plus de protection et de solidarité. C'est un exercice difficile, parce que la construction européenne est sans précédent, et sans égale. Nous sommes à 25, ensemble, et nous devons montrer jour après jour que nous pouvons prendre des décisions.
Q - Vous venez de dire un mot très important, et peut-être que c'est là que se trouve la hiérarchie des importances : "Solidarité". On a eu l'impression que - c'est l'analyse qu'en faisait la presse allemande hier - le peuple allemand, l'opinion allemande a eu peur des réformes qui lui étaient proposées, les considérant comme étant trop radicales, et qu'au fond, c'était là une lecture de l'économie qui n'était pas recevable pour l'opinion allemande. Le "non" en France s'explique aussi par cette démarche-là. Est-ce que la priorité des priorités pour l'Europe n'est pas d'inventer ce fameux modèle social après lequel tout le monde court, sans jamais apporter une réponse claire ?
R - C'est une question capitale qui se pose à tous les pays européens, comme à l'Union européenne en tant que telle, en effet, à ce moment de son histoire. La situation en Allemagne n'est pas la situation en France, mais néanmoins, on voit bien que cela devient une question centrale. Comment concilier le dynamisme économique, qui nous apporte de la croissance et de l'emploi - et c'est nécessaire - avec l'attachement qui est celui de tous les citoyens européens à une dimension sociale ? La question de la conciliation de l'économique et du social est aujourd'hui au coeur du débat européen. Il faut trouver le moyen d'avoir plus d'efficacité mais il faut également assurer aux citoyens la protection qu'ils demandent.
Q - C'est dans ce contexte difficile - même si vous dites qu'il faut rester positif - que va se poser à nouveau une question délicate, celle de la Turquie. On va reparler bientôt, dans les jours qui viennent, de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Comment appréhendez-vous cette relance de la question turque dans le débat européen ?
R - Pour ce qui concerne les relations entre l'Europe et la Turquie, les règles sont fixées, les conditions sont posées. Si elles sont remplies, les négociations pourront s'ouvrir à partir du 3 octobre. Ensuite, ce sera un long processus. Et puis, vous savez que les Français auront le dernier mot, puisque c'est par référendum que la décision sera prise sur ce point. Mais ce sera dans de très longues années, si les négociations s'ouvrent bien comme prévu le 3 octobre, et se déroulent de façon à ce que la question soit posée.
Q - Une dernière chose, Madame Colonna : avons-nous déjà changé d'époque ? Est-ce qu'on peut encore parler - s'agissant de la France et de l'Allemagne, puisque c'est quand même un peu la question du jour - du "couple" ou désormais, dans cette Europe à ce point élargie dans une union à vingt-cinq, va-t-on assister à des unions aléatoires : un coup l'Allemagne avec la Grande-Bretagne, ou plutôt d'ailleurs peut-être un coup l'Allemagne avec la Pologne, parce qu'on a l'impression que l'Allemagne regarde vers l'Est qu'ailleurs aujourd'hui. Et donc, au fond, est-ce qu'on aura des alliances sélectives et ponctuelles ?
R - Je ne pense pas. Je crois à la force du couple franco-allemand. Regardons l'histoire des cinquante dernières années, parce qu'elle donne quand même des enseignements clairs : quel que soit le gouvernement d'un côté ou de l'autre, quel que soit le chancelier allemand ou le président de la République française, nos deux pays ont su être un moteur au service de la construction européenne. Cela veut dire quoi, un moteur ? Cela veut dire qu'on ne fait pas l'Europe à deux, mais qu'on est un moteur pour entraîner, et donc, ce n'est pas une relation exclusive. Nous savons bien, Français et Allemands, qu'il faut être capable d'entraîner les autres. Selon les sujets, on le fait plus spontanément avec un partenaire ou un autre, ou plusieurs. Regardez, par exemple, la défense européenne : elle s'est faite avec, au cur du projet pour commencer, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne. Il y a de multiples exemples, cela dépend des domaines. Il faut pouvoir entraîner et convaincre.
Q - Il faudrait des règles sociales européennes pour l'égalité de tous. Est-ce concevable à court terme ?
R - Il y a déjà pas mal de choses qui ont été faites. L'Europe s'est engagée sur un certain nombre de critères et plus fondamentalement il faut se souvenir que quelques soient les pays, quelques soient leur tradition, leur culture, leur système, tous les Européens partagent en commun un certain nombre de valeurs. Ils sont attachés au dialogue social, ils sont attachés au rôle des partenaires sociaux, à des protections. Ils attendent de la part de l'Etat ou de l'Union européenne un certain nombre de services de base, de services publics. Tout ceci il faut le faire progresser, mais tous ensemble. Encore une fois, c'est l'Europe à vingt-cinq que l'on fait et pas l'Europe "chacun pour soi" ou "dans son coin". Il faut donc se mettre d'accord sur un certain nombre d'objectifs et trouver les moyens. Ne laissons pas penser que rien n'a été fait. Ce serait tout à fait injuste et inexact.
(...)
Q - On a l'impression qu'une véritable conscience européenne est en train de se créer. Les citoyens disent aux politiques qu'ils veulent aller chercher les réponses ailleurs : les résultats des élections allemandes en témoignent comme ceux du référendum sur la Constitution européenne en France. Il y a un désir d'autre chose, sinon d'une troisième voie. Vous le sentez ?
R - Oui c'est très net. Ce qui a changé c'est qu'il y a un réflexe européen aujourd'hui, de plus en plus répandu. Chaque fois qu'il y a un problème qui surgit, quelque soit le domaine concerné, on va se tourner vers l'Europe en se demandant ce qu'elle fait. C'était vrai cet été, pour les terribles incendies particulièrement au Portugal, on s'est demandé pourquoi l'Europe ne met pas à la disposition des Etats des moyens de sécurité civile coordonnés. La lutte contre le terrorisme en est un autre exemple. Bernard Guetta rappelait, et c'est une évidence, qu'au moment de la crise irakienne, la quasi-totalité des citoyens européens avait la même approche du problème. Il y a ce besoin d'Europe. Ce réflexe est nouveau. Il faut que nous sachions répondre par des politiques concrètes. Il y a une attente, une demande, il faut y répondre.
(...)
Q - Comment pouvez-vous dire que nous allons être un moteur alors que nous venons de dire "non" à la Constitution européenne ?
R - Le référendum a eu le résultat que l'on connaît et il faut le respecter. Et donc dans cette situation nouvelle de tenir compte d'un certain nombre de messages. Cependant nous ne pensons pas que c'est l'Europe en tant que telle que les Français ont rejetée. Notre pays a décidé de rester engagé dans la construction européenne. C'est dans l'intérêt de la France et des Français d'avoir une Europe qui marche. Et pour ça, il faut rester au coeur de la construction européenne, en être l'un des moteurs, faire des propositions, se battre, faire progresser ses idées. Surtout n'abandonnons pas nos ambitions européennes. Il y a trop d'intérêts, trop d'enjeux. Notre intérêt nous le savons n'est pas dans le repli sur soi mais au contraire dans la recherche de solidarité. En effet les propagandistes du "non" n'avaient pas de solution magique. Les lendemains ne sont pas radieux contrairement à ce qu'ils avaient promis. L'Europe ne va pas mieux, elle va plutôt moins bien, elle ne va pas très mal, mais il n'y a pas eu tous les miracles qui étaient soi-disant proposés. Il y a eu trop souvent non seulement des présentations inexactes mais aussi des mensonges tout au long de cette campagne.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 septembre 2005)