Texte intégral
Q- N. Sarkozy et D. de Villepin sont arrivés tous les deux, hier soir, à Evian où se déroulent les Journées Parlementaires de l'UMP. A-t-on comptabilisé des blessés pendant la nuit, B. Accoyer ?
R- Pas du tout. Nous avons vécu, et nous sommes en train de vivre des Journées parlementaires extrêmement constructives.
Q- Ah !
R- ...Où l'unité et le débat prévalent, et c'est ce que veulent les parlementaires de l'UMP.
Q- Vous parlez de l'unité, ce matin, B. Accoyer. Et puis, hier, dans Le Figaro, vous disiez : "les députés UMP redoutent un affrontement entre le numéro 1 et le numéro 2 du Gouvernement".
R- Oui, parce que l'un n'empêche pas l'autre.
Q- Ah, on peut être unis et s'affronter ?
R- Non. Mais il peut y avoir des tentatives d'affrontement, de querelles de personnes, mais il faut savoir les surmonter et c'est que nous sommes en train de faire, c'est ce que nous avons fait, ici, à Evian.
Q- Qu'est-ce qui peut motiver, d'après vous, "les querelles de personnes", comme vous dites, entre D. de Villepin et N. Sarkozy ?
R- Je crois que c'est la passion de la France. Ce sont deux hommes qui souhaitent et qui agissent pour notre pays. Il est normal qu'ils apportent toute leur contribution. Et alors, il peut y avoir dans leur entourage certains qui, par leurs propos, quelquefois, vont au-delà de ce qu'il faudrait.
Q- Quand vous dites "passion de la France", il faut comprendre "ambitions présidentielles conquérantes" ?
R- Non, écoutez ! L'ambition personnelle, ce n'est pas ce qui peut mobiliser quoi que ce soit. Ce qui est important pour les parlementaires, ce qui est important pour ceux qui sont responsables de l'UMP - en position de responsabilité dans notre pays - c'est de répondre aujourd'hui aux problèmes qui sont ceux des Français, et de préparer la France aux défis de l'avenir. C'est cela, et c'est cette passion dont je veux parler. Ce n'est pas une passion d'ambition personnelle.
Q- Pourquoi ? Parce qu'il y a un tabou : il ne faut pas dire que tous les deux pensent à l'élection présidentielle, c'est ça, B. Accoyer ? Il ne faut pas le dire ? On n'a pas le droit de le dire ?
R- Mais, en politique, si l'on n'a pas envie de donner pour son pays, de faire pour son pays, on ne peut pas tout faire ce qu'il faut.
Q- N. Sarkozy dit que lui, il y pense à l'élection présidentielle. A votre avis, D. de Villepin, il y pense aussi ?
R- Là n'est pas le problème. Nous avons encore 20 mois pour gouverner. D. de Villepin, le Premier ministre, répète - et a répété - qu'il était entièrement accaparé par le travail politique, par la réponse aux problèmes qui se posent. Et les parlementaires l'ont bien vu, l'ont remarqué. Il nous écoute, il en tire les conclusions, il en prend des décisions. Nous essayons tous, le Gouvernement, l'UMP, et nous les parlementaires, de faire de notre mieux.
Q- Tout ça est un peu ridicule, quand même, B. Accoyer. Hier, on était pratiquement dans le psychodrame, le conflit. J.-L. Debré, qui en remettait une louche en étant très hostile à N. Sarkozy. Vous maîtrisez vraiment la situation, B. Accoyer ?
R- Je ne partage pas votre diagnostic à l'emporte-pièce. Il y a, c'est normal, dans la vie politique, des talents qui se côtoient, qui se concurrencent même. Et puis, c'est le meilleur qui l'emporte, le moment venu. C'est ça, la vie politique, la démocratie. Autrement, ce n'est plus une démocratie. Alors, nous avons travaillé parce qu'il faut, évidemment, prévenir tout ce qui peut conduire à des affrontements qui peuvent nous éloigner de l'essentiel, c'est-à-dire le débat des idées. Et j'ai décidé, avec J. de Rohan, mon homologue président du groupe au Sénat, de mettre en place, dans les jours, dans les semaines qui viennent, tout ce qu'il faudra, de prendre les décisions indispensables pour que ce soit nos électeurs devant les élus, les parlementaires, devant lesquels nous sommes responsables, [vis-à-vis de qui] nous avons un devoir de loyauté et de fidélité, qui puissent suivre le travail, les débats mais aussi, peut-être, pourquoi pas quelquefois, les dérapages. C'est aussi ça l'exercice moderne de nos mandats. Parce que ce qui prévaut, encore une fois, c'est d'être en phase avec ceux qui nous ont élus.
Q- Quand vous parlez de compétition, vous voulez dire quoi ? Au début de votre intervention, de votre réponse, vous disiez : "la compétition entre les hommes". Ça veut dire quoi ?
R- La compétition entre les hommes, c'est d'essayer de donner toujours le meilleur de ce que l'on peut imaginer, de ce que l'on peut faire. Et parmi les idées qui peuvent s'offrir à nous, parmi les choix qu'il faut faire, c'est comme cela que l'on peut trouver la bonne voie.
Q- J.-L. Debré va-t-il trop loin dans ses critiques contre N. Sarkozy, B. Accoyer ?
R- Les critiques contre les hommes ne nous intéressent pas. Et nous, les parlementaires UMP, nous n'en voulons pas. Nous voulons, au contraire, du débat d'idées. Critiquer les idées, critiquer les choix : ça, c'est le débat politique. Le beau débat politique.
Q- J.-L. Debré, président de l'Assemblée nationale, va-t-il trop loin, B.
Accoyer ?
R- Je vous ai répondu...
Q- Non.
R- ... Les critiques contre les hommes ne nous intéressent pas. Et si vous
considérez qu'il y a eu des critiques contre les hommes, je ne les
cautionne en aucune façon. Les parlementaires UMP ne les cautionnent
en aucune façon.
Q- Et vous, vous considérez qu'il y a eu critiques contre les hommes ?
R- Je voudrais surtout vous dire quelque chose d'important...
Q- Vous ne voulez pas répondre.
R- ... Lorsque l'on voit les extrêmes qui arbitrent, élections après élections - en 2002 en France, avant-hier en Allemagne - les partis démocratiques, il faut que ceux qui sont en charge de ces partis démocratiques, par souci justement de préserver la démocratie, fassent tout pour que seuls prévalent les choix, les débats d'idées et qu'en aucune façon, les questions de personnes détournent les électeurs des partis démocratiques.
Q- Une circulaire, rendue publique hier, dit que l'on pourra aller jusqu'à la suppression totale des allocations au troisième refus d'un emploi de la part d'un chômeur. Vous approuvez cette circulaire, B. Accoyer ?
R- Il faut certainement rendre la recherche du travail plus attractive ce qui, évidemment, dans certains cas, peut justifier ce que vous évoquez, c'est-à-dire l'atténuation progressive d'un certain nombre d'allocations. Mais, bien entendu, il faut que tout cela soit parfaitement encadré, parfaitement sécurisé.
Q- La circulaire, de ce point de vue, il faut encore l'encadrer, ou pas ? Ou elle vous satisfait telle qu'elle est ?
R- Je ne l'ai pas vue, la circulaire.
Q- Vous n'êtes même pas au courant.
R- Vous me permettrez de regarder dans le détail.
Q- Vous êtes député !
R- Sur le principe.
Q- Sur le principe, vous êtes d'accord ?
R- Sur le principe, nous considérons qu'il faut encourager le retour à
l'activité, et qu'il n'est plus possible qu'un certain nombre d'offres
d'emploi soient refusées.
Q- J'ai compris.
R- Donc, je soutiens, bien entendu nous soutenons cette décision.
Q- Vous êtes parlementaire, B. Accoyer. C'est une circulaire prise en application d'un décret, et vous n'avez même pas vu la circulaire ! Est-ce qu'on peut mieux mettre en scène l'effacement, le contournement du Parlement que dans cette histoire, B. Accoyer ?
R- Vous êtes en train de caricaturer ce que je viens de vous dire. Il y a une décision qui comporte un certain nombre - comment dirais-je - de détails. Bon. L'organisation générale, nous l'approuvons sans réserve. La mise en application, elle, nécessite toujours cette des adaptations : c'est ce que je viens de vous dire.
Q- C'est dur d'être parlementaire, B. Accoyer ! On n'est même pas au courant de ce qui se passe !
R- Non. Je ne suis absolument pas d'accord avec cela. C'est un choix libre. Les électeurs nous ont donnés la chance de servir notre pays en étant parlementaires. Nous légiférons. Et quant à l'application des textes que nous avons votés, ils sont du ressort du Gouvernement. Mais nous avons aussi, en tant que parlementaires, l'occasion d'infléchir, d'améliorer, d'atténuer telle ou telle application. C'est comme ça que ça fonctionne.
Q- Bonne journée à Evian, B. Accoyer.
R- Merci.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 septembre 2005)
R- Pas du tout. Nous avons vécu, et nous sommes en train de vivre des Journées parlementaires extrêmement constructives.
Q- Ah !
R- ...Où l'unité et le débat prévalent, et c'est ce que veulent les parlementaires de l'UMP.
Q- Vous parlez de l'unité, ce matin, B. Accoyer. Et puis, hier, dans Le Figaro, vous disiez : "les députés UMP redoutent un affrontement entre le numéro 1 et le numéro 2 du Gouvernement".
R- Oui, parce que l'un n'empêche pas l'autre.
Q- Ah, on peut être unis et s'affronter ?
R- Non. Mais il peut y avoir des tentatives d'affrontement, de querelles de personnes, mais il faut savoir les surmonter et c'est que nous sommes en train de faire, c'est ce que nous avons fait, ici, à Evian.
Q- Qu'est-ce qui peut motiver, d'après vous, "les querelles de personnes", comme vous dites, entre D. de Villepin et N. Sarkozy ?
R- Je crois que c'est la passion de la France. Ce sont deux hommes qui souhaitent et qui agissent pour notre pays. Il est normal qu'ils apportent toute leur contribution. Et alors, il peut y avoir dans leur entourage certains qui, par leurs propos, quelquefois, vont au-delà de ce qu'il faudrait.
Q- Quand vous dites "passion de la France", il faut comprendre "ambitions présidentielles conquérantes" ?
R- Non, écoutez ! L'ambition personnelle, ce n'est pas ce qui peut mobiliser quoi que ce soit. Ce qui est important pour les parlementaires, ce qui est important pour ceux qui sont responsables de l'UMP - en position de responsabilité dans notre pays - c'est de répondre aujourd'hui aux problèmes qui sont ceux des Français, et de préparer la France aux défis de l'avenir. C'est cela, et c'est cette passion dont je veux parler. Ce n'est pas une passion d'ambition personnelle.
Q- Pourquoi ? Parce qu'il y a un tabou : il ne faut pas dire que tous les deux pensent à l'élection présidentielle, c'est ça, B. Accoyer ? Il ne faut pas le dire ? On n'a pas le droit de le dire ?
R- Mais, en politique, si l'on n'a pas envie de donner pour son pays, de faire pour son pays, on ne peut pas tout faire ce qu'il faut.
Q- N. Sarkozy dit que lui, il y pense à l'élection présidentielle. A votre avis, D. de Villepin, il y pense aussi ?
R- Là n'est pas le problème. Nous avons encore 20 mois pour gouverner. D. de Villepin, le Premier ministre, répète - et a répété - qu'il était entièrement accaparé par le travail politique, par la réponse aux problèmes qui se posent. Et les parlementaires l'ont bien vu, l'ont remarqué. Il nous écoute, il en tire les conclusions, il en prend des décisions. Nous essayons tous, le Gouvernement, l'UMP, et nous les parlementaires, de faire de notre mieux.
Q- Tout ça est un peu ridicule, quand même, B. Accoyer. Hier, on était pratiquement dans le psychodrame, le conflit. J.-L. Debré, qui en remettait une louche en étant très hostile à N. Sarkozy. Vous maîtrisez vraiment la situation, B. Accoyer ?
R- Je ne partage pas votre diagnostic à l'emporte-pièce. Il y a, c'est normal, dans la vie politique, des talents qui se côtoient, qui se concurrencent même. Et puis, c'est le meilleur qui l'emporte, le moment venu. C'est ça, la vie politique, la démocratie. Autrement, ce n'est plus une démocratie. Alors, nous avons travaillé parce qu'il faut, évidemment, prévenir tout ce qui peut conduire à des affrontements qui peuvent nous éloigner de l'essentiel, c'est-à-dire le débat des idées. Et j'ai décidé, avec J. de Rohan, mon homologue président du groupe au Sénat, de mettre en place, dans les jours, dans les semaines qui viennent, tout ce qu'il faudra, de prendre les décisions indispensables pour que ce soit nos électeurs devant les élus, les parlementaires, devant lesquels nous sommes responsables, [vis-à-vis de qui] nous avons un devoir de loyauté et de fidélité, qui puissent suivre le travail, les débats mais aussi, peut-être, pourquoi pas quelquefois, les dérapages. C'est aussi ça l'exercice moderne de nos mandats. Parce que ce qui prévaut, encore une fois, c'est d'être en phase avec ceux qui nous ont élus.
Q- Quand vous parlez de compétition, vous voulez dire quoi ? Au début de votre intervention, de votre réponse, vous disiez : "la compétition entre les hommes". Ça veut dire quoi ?
R- La compétition entre les hommes, c'est d'essayer de donner toujours le meilleur de ce que l'on peut imaginer, de ce que l'on peut faire. Et parmi les idées qui peuvent s'offrir à nous, parmi les choix qu'il faut faire, c'est comme cela que l'on peut trouver la bonne voie.
Q- J.-L. Debré va-t-il trop loin dans ses critiques contre N. Sarkozy, B. Accoyer ?
R- Les critiques contre les hommes ne nous intéressent pas. Et nous, les parlementaires UMP, nous n'en voulons pas. Nous voulons, au contraire, du débat d'idées. Critiquer les idées, critiquer les choix : ça, c'est le débat politique. Le beau débat politique.
Q- J.-L. Debré, président de l'Assemblée nationale, va-t-il trop loin, B.
Accoyer ?
R- Je vous ai répondu...
Q- Non.
R- ... Les critiques contre les hommes ne nous intéressent pas. Et si vous
considérez qu'il y a eu des critiques contre les hommes, je ne les
cautionne en aucune façon. Les parlementaires UMP ne les cautionnent
en aucune façon.
Q- Et vous, vous considérez qu'il y a eu critiques contre les hommes ?
R- Je voudrais surtout vous dire quelque chose d'important...
Q- Vous ne voulez pas répondre.
R- ... Lorsque l'on voit les extrêmes qui arbitrent, élections après élections - en 2002 en France, avant-hier en Allemagne - les partis démocratiques, il faut que ceux qui sont en charge de ces partis démocratiques, par souci justement de préserver la démocratie, fassent tout pour que seuls prévalent les choix, les débats d'idées et qu'en aucune façon, les questions de personnes détournent les électeurs des partis démocratiques.
Q- Une circulaire, rendue publique hier, dit que l'on pourra aller jusqu'à la suppression totale des allocations au troisième refus d'un emploi de la part d'un chômeur. Vous approuvez cette circulaire, B. Accoyer ?
R- Il faut certainement rendre la recherche du travail plus attractive ce qui, évidemment, dans certains cas, peut justifier ce que vous évoquez, c'est-à-dire l'atténuation progressive d'un certain nombre d'allocations. Mais, bien entendu, il faut que tout cela soit parfaitement encadré, parfaitement sécurisé.
Q- La circulaire, de ce point de vue, il faut encore l'encadrer, ou pas ? Ou elle vous satisfait telle qu'elle est ?
R- Je ne l'ai pas vue, la circulaire.
Q- Vous n'êtes même pas au courant.
R- Vous me permettrez de regarder dans le détail.
Q- Vous êtes député !
R- Sur le principe.
Q- Sur le principe, vous êtes d'accord ?
R- Sur le principe, nous considérons qu'il faut encourager le retour à
l'activité, et qu'il n'est plus possible qu'un certain nombre d'offres
d'emploi soient refusées.
Q- J'ai compris.
R- Donc, je soutiens, bien entendu nous soutenons cette décision.
Q- Vous êtes parlementaire, B. Accoyer. C'est une circulaire prise en application d'un décret, et vous n'avez même pas vu la circulaire ! Est-ce qu'on peut mieux mettre en scène l'effacement, le contournement du Parlement que dans cette histoire, B. Accoyer ?
R- Vous êtes en train de caricaturer ce que je viens de vous dire. Il y a une décision qui comporte un certain nombre - comment dirais-je - de détails. Bon. L'organisation générale, nous l'approuvons sans réserve. La mise en application, elle, nécessite toujours cette des adaptations : c'est ce que je viens de vous dire.
Q- C'est dur d'être parlementaire, B. Accoyer ! On n'est même pas au courant de ce qui se passe !
R- Non. Je ne suis absolument pas d'accord avec cela. C'est un choix libre. Les électeurs nous ont donnés la chance de servir notre pays en étant parlementaires. Nous légiférons. Et quant à l'application des textes que nous avons votés, ils sont du ressort du Gouvernement. Mais nous avons aussi, en tant que parlementaires, l'occasion d'infléchir, d'améliorer, d'atténuer telle ou telle application. C'est comme ça que ça fonctionne.
Q- Bonne journée à Evian, B. Accoyer.
R- Merci.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 septembre 2005)