Déclaration de M. François Loos, ministre délégué à l'industrie, sur les enjeux et les retombées économiques de l'implantation d'ITER (réacteur expérimental thermonucléaire international) à Cadarache, Marseille le 17 octobre 2005.

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Circonstance : Premières Rencontres Economiques d'ITER à Marseille le 17 octobre 2005

Texte intégral


Madame et Messieurs les élus des collectivités territoriales,
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Haut Commissaire à l'Energie Atomique,
Monsieur l'Administrateur Général,
Madame la Directrice,
Monsieur la Président,
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise,
Mesdames et Messieurs,
La décision d'implanter ITER (réacteur expérimental thermonucléaire international) à Cadarache, prise le 28 juin 2005 à Moscou par les six partenaires internationaux du projet, représente un immense succès pour l'Europe, pour la France et pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA).
Comme l'a souligné, à l'occasion de l'ouverture de votre journée, Monsieur François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, l'accueil d'ITER sur notre territoire est d'abord une grande victoire sur le plan scientifique notamment pour les chercheurs français et européens.
La construction de cette installation à Cadarache, à proximité du centre du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), consacre l'excellence du travail accompli par les équipes de cet établissement. Je tenais à le rappeler et à leur exprimer toute ma reconnaissance.
Un formidable défi pour l'énergie du futur
Comme vous le savez, ITER est une machine expérimentale qui permettra d'étudier la faisabilité de produire de l'électricité en grande quantité, dans des conditions économiques satisfaisantes et dans le respect de l'environnement au moyen de la fusion nucléaire. Il s'agit d'un défi majeur sur les plans techniques et scientifiques qui nécessitera de lever un certain nombre de verrous technologiques.
Mais l'enjeu est à la hauteur du défi : il s'agit de l'avenir énergétique de notre planète. En tant que ministre chargé de l'énergie, croyez que je mesure l'ampleur du sujet.
Ce projet doit ainsi permettre à notre pays de conserver sa position de leader dans le domaine de l'énergie nucléaire et dans le développement des technologies des réacteurs du futur.
ITER s'inscrit pleinement dans le cadre des orientations de notre politique énergétique définies par la loi de programme du 13 juillet 2005. Ces orientations, je le rappelle, font de la recherche dans le secteur de l'énergie l'un des principaux axes de notre action de façon à renforcer notre indépendance énergétique, à garantir notre sécurité d'approvisionnement et à assurer un prix compétitif de l'énergie.
Il s'agit d'un enjeu majeur notamment dans la perspective de l'épuisement des ressources d'énergies fossiles.
Un enjeu économique majeur dès aujourd'hui pour la région PACA et pour la France
Là, on parle de long terme. Mais, je voudrais souligner que le projet ITER est aussi et dès aujourd'hui une grande chance pour notre économie nationale et pour celle de la région PACA.
Les retombées pour les entreprises françaises, pour le tissu industriel local et donc pour l'emploi seront significatives, sous réserves que l'on sache collectivement saisir cette opportunité.
Je rappellerai d'abord quelques chiffres de façon à bien souligner l'importance du projet. La région va ainsi accueillir un investissement de près de 10 milliards d'euros dont 4,5 milliards sur 10 ans au titre de la construction et 4,8 milliards d'euros sur 20 ans au titre de l'exploitation.
L'aménagement du site proprement dit, estimé à 155 millions d'euros, devrait bénéficier quasi-intégralement à l'économie française et notamment locale. Ses conséquences sur l'aménagement du territoire de la région seront importantes, compte tenu des infrastructures qu'il faudra soit créer, soit adapter. Je pense, par exemple, à l'aménagement du réseau routier, à la construction de l'école internationale, à la réalisation des logements d'accueil pour les familles scientifiques.
Tout cela devrait donc se traduire par des créations d'emplois.
Au titre de la phase de construction, 500 emplois directs et 3000 emplois indirects dont la moitié en PACA pourraient être créés. S'agissant de la phase d'exploitation, ce seraient respectivement 1 000 emplois directs composés essentiellement de scientifiques et de personnels administratifs et de l'ordre de 3 200 emplois indirects dont une majorité au niveau local qui pourraient voir le jour.
Les secteurs d'activité les plus concernés par le projet seraient le BTP, les industries de biens d'équipement mécaniques, électriques et électroniques, de métallurgie et de transformation des métaux, sans oublier le secteur des services qui pourrait également tirer profit de cet investissement. Je pense par exemple aux activités de prestations informatiques et d'une façon plus générale à celles du commerce de détail puisque les personnels employés sur place devraient y dépenser une large part de leurs revenus.
Bien évidemment, ces chiffres doivent être pris avec une certaine prudence puisqu'il s'agit d'estimations notamment pour les effets induits.
Je sais également que de nombreuses questions demeurent en ce qui concerne l'attribution, la répartition et le montant des lots d'équipement entre les différents partenaires internationaux du projet. Les négociations sur ces sujets se poursuivent au niveau international. D'ici quelques semaines, nous aurons probablement plus de précisions.
Il est cependant acquis que c'est la concurrence qui présidera à l'attribution des marchés entre les différents fournisseurs et leurs sous-traitants. Dans ce contexte, nos entreprises doivent se préparer dès maintenant afin de pouvoir se positionner en amont des projets et de répondre dans les meilleures conditions aux appels d'offre européens et internationaux qui seront lancés.
Dans ces conditions, il est essentiel qu'elles soient bien informées et sensibilisées aux procédures et aux modalités de passation de ces marchés, ainsi que sur leur contenu. Et c'est justement l'objet de ces premières rencontres économiques organisées aujourd'hui.
Le pôle de compétitivité " Energies non génératrices de gaz à effet de serre "
L'Etat a par ailleurs souhaité soutenir le développement des énergies non génératrices de gaz à effet de serre dans la région avec la labellisation d'un pôle de compétitivité sur ce thème à Cadarache.
Ce pôle vise à fédérer les différents acteurs du secteur énergétique autour de projets régionaux. Il associe de grandes entreprises du secteur, comme EDF ou Suez, des laboratoires de recherche du CEA et de l'Université d'Aix-Marseille, ainsi que plusieurs écoles et universités.
Il permettra d'accompagner à la fois des investissements lourds, notamment dans le secteur nucléaire (ITER, le réacteur Jules Horowitz, le projet de réacteur expérimental pour Génération IV) mais également des petits projets dans le secteur des énergies renouvelables : éolien, biomasse, carburants propres, solaire, géothermie, hydro-électricité, maîtrise de l'énergie.
Il s'agit à nouveau d'impacts économiques importants pour la région et mon département ministériel les soutiendra activement.
Je tiens à rappeler que ce pôle, initialement PACA, a été regroupé avec le pôle de Corse sur les énergies renouvelables suite à un accord très récent, et je m'en réjouis. Des représentants de la Corse seront ainsi présents dans les instances dirigeantes et le contrat de pôle ainsi que le zonage R D ont ainsi pu être validés en CIADT vendredi dernier. Ce rapprochement ouvrira de nouvelles voies de collaboration entre les deux territoires.
L'encadrement du projet ITER
Enfin, vous pouvez compter sur moi pour participer activement au dispositif d'accompagnement du projet ITER mis en place par le Gouvernement.
Sur le plan local, les entreprises pourront prochainement s'appuyer sur un haut fonctionnaire chargé des sujets industriels au sein de l'équipe projet qui sera placée sous l'autorité de Monsieur Christian Frémont, Préfet de Région.
Comme vous le savez, celui-ci s'est vu confié par le Premier Ministre une mission de coordination. Cette personne sera bientôt désignée et sera, bien entendu, à la disposition des chefs d'entreprises de la région.
Par ailleurs, au sein du service du développement industriel de la Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) PACA, une personne est spécialement chargée de suivre le projet ITER. Elle est également à votre écoute.
En ce qui concerne maintenant la réalisation d'ITER et afin de répondre à certaines inquiétudes que j'ai entendues, je peux vous assurer que le Gouvernement sera attentif à ce que les opérateurs économiques de l'Union européenne ou étrangers, qui pourraient être amenés à intervenir sur le site en tant que sous-traitants, respectent les dispositions applicables à nos entreprises et notamment le droit du travail. Il s'agit pour nous d'un sujet sensible.
Pour conclure ces premières rencontres économiques, je souhaiterais vous remercier de m'y avoir invité. Je sais que cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un plan d'actions plus global à destination des entreprises de la région.
Je remercie les Chambres de Commerce et d'Industrie de PACA et Corse mais également le centre du CEA de Cadarache, l'Union patronale régionale, les fédérations professionnelles, ainsi que les services de la Préfecture de région et ceux de la DRIRE sans qui, je sais, cette manifestation n'aurait pas pu se tenir.
Cette mobilisation permettra, j'en suis convaincu, à la région PACA et à la Corse de maximiser les retombées du projet ITER tant dans le domaine économique qu'en matière d'emploi.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 18 octobre 2005)