Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur le financement de la lutte contre l'exclusion et les principales mesures du plan de cohésion sociale, au Sénat le 20 octobre 2005.

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Circonstance : Réponse à une question d'actualité, au Sénat le 20 octobre 2005

Texte intégral

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les sénateurs, Madame la présidente Borvo,
Dans un domaine aussi sensible, aussi important que celui de la misère et de la pauvreté, je crois qu'il faut éviter deux écueils. Et nous sommes réunis ici à travers une même ambition.
La première, c'est nous méfier de l'idéologie. La deuxième, c'est qu'il est plus facile, et tous les amateurs de sport le savent, de marquer des buts quand on est placés en haut des gradins, c'est plus difficile à faire quand on est sur le terrain. Vous avez eu l'occasion pendant cinq ans d'éprouver cette difficulté, et nous avons pu tirer le bilan de l'action que vous avez menée dans ce domaine. Il nous appartient de faire mieux, c'est ce que nous essayons de faire.
Lutter contre la misère, lutter contre l'exclusion ou la discrimination, agir en faveur de la justice sociale, c'est bien l'ambition de mon Gouvernement. Pour cela, nous avons fait un choix, un choix simple : c'est de privilégier l'emploi et la croissance sociale, car pour moi, la précarité, la vraie précarité, c'est d'abord le chômage. Avoir un travail, c'est reprendre pied dans la société, c'est rompre avec l'isolement, c'est retrouver sa dignité. Le Gouvernement agit pour le retour à l'emploi de ceux qui en sont le plus éloignés. Et c'est pour cela que nous avons voulu financer, pour 500 millions d'euros, une augmentation de la prime pour l'emploi en 2005, et 500 millions supplémentaires en 2006, et 500 millions supplémentaires en 2007.
Nous donnerons une prime de 1.000 euros aux titulaires de minima sociaux pour inciter à la reprise d'une activité. Tous les titulaires de l'allocation spécifique de solidarité seront reçus au cours des prochains mois, d'ici à la fin de l'année, par l'ANPE. Et les présidents de Raincourt et Mercier, ont accepté une mission essentielle pour la refondation du "contrat d'insertion", pour les RMIstes, et je veux les en remercier.
Avec le plan de cohésion sociale, le Gouvernement met en uvre un dispositif ambitieux pour lutter contre la pauvreté et contre l'exclusion. Prenons la question essentielle du logement : pour l'hébergement d'urgence, ce sont 12.000 places qui sont en chantier en 2005, et nous avons fait un effort qui n'avait pas été fait au cours des années précédentes. Pour le logement social, ce sont 80.000 mises en chantier en 2005, 100.000 en 2006. Je l'ai dit, c'est deux fois plus que ce que vous aviez vous-même fait.
Enfin, je veux que nous nous battions pied à pied face aux difficultés concrètes que rencontrent les Français. Prenons l'exemple du service bancaire universel. T. Breton et C. Vautrin ont tenu hier une première réunion avec les représentants des banques et des associations. Mon objectif, c'est que tous nos compatriotes puissent bénéficier d'un compte et de moyens de paiement indispensables dans notre société. J'ai également décidé l'interdiction des coupures d'électricité et d'énergie pendant la période hivernale. Un texte sera présenté au Parlement dans les prochaines semaines.
Enfin, pour l'accès de tous aux soins, il faut être précis, Madame la présidente, et il faut être juste. La réforme de l'Aide médicale d'Etat était indispensable pour préserver ce droit. Il y a aussi en politique un principe de responsabilité. Nous n'avons porté aucune atteinte aux droits des malades, les soins urgents, les soins pour les mineurs, les soins pour les femmes enceintes, les soins pour les personnes atteintes de maladies infectieuses, sont totalement dispensés de frais, sans aucune condition de résidence.
Vous le voyez, Madame la présidente, la lutte contre la pauvreté c'est le devoir de chacun, c'est le devoir de tous, de l'Etat, bien sûr, vous avez raison, des collectivités locales, des entreprises, des associations qui font un travail remarquable sur le terrain. Les crédits de lutte contre l'exclusion seront donc préservés de toute régulation budgétaire. J'en prends l'engagement ici, cet après-midi devant vous. Il faut de la responsabilité, il faut de la générosité, il faut de l'action. Voilà ce dont nous avons besoin, et voilà ce que fera le Gouvernement.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 octobre 2005)