Intervention de M. Philippe Douste-Blazy, ministrre des affaires étrangères, sur la situation en Irak et l'offre et la contribution françaises à la reconstruction politique et économique du pays et à la formation des forces de sécurité irakiennes en France, Bruxelles le 22 juin 2005.

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Circonstance : Conférence internationale sur l'Irak à Bruxelles le 22 juin 2005

Texte intégral

Monsieur le Président,
Madame le Secrétaire d'Etat, Messieurs les Secrétaires généraux,
Monsieur le Haut-Représentant,
Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Plus d'une année s'est écoulée depuis l'adoption par les Nations unies de la résolution 1546.
Douze mois au cours desquels l'espoir est revenu en Irak, grâce au courage démocratique du peuple irakien lui-même qui, en janvier dernier, s'est donné pour la première fois de son histoire un gouvernement issu du suffrage universel.
Mais nous le savons tous, la démocratie est fragile. Les violences qui frappent chaque jour des civils irakiens nous rappellent tragiquement que le processus en cours en Irak se déroule dans un environnement très difficile. C'est pourquoi, devant les défis présents et à venir, le moment est aujourd'hui venu de renouveler notre promesse, en donnant à notre engagement commun de nouveaux contenus concrets.
D'abord, pour consolider la transition démocratique, il nous faut d'abord réaffirmer clairement, collectivement, la confiance que nous portons au gouvernement irakien et à son action.
Plus que jamais, ses représentants ont besoin de notre solidarité pour mener à bien la transition engagée. Il nous faut donc être à l'écoute des Irakiens, et répondre à leurs attentes par des propositions précises et adaptées.
Dans cet effort collectif, nous pouvons compter sur son peuple, qui veut vivre en paix et se consacrer à son développement. Il croit en la démocratie, il souhaite y prendre sa part, comme en témoigne la forte mobilisation du 30 janvier dernier.
Deuxièmement, oui, il existe en Irak une attente, un espoir et une volonté de reconstruire. Et s'il revient naturellement aux autorités irakiennes elles-mêmes d'y répondre, la France souhaite s'associer à leurs efforts et les encourager.
C'est à nos yeux en recherchant l'appui le plus large de toutes les composantes du peuple irakien, dans sa richesse et sa diversité, que l'on pourra faire échec au risque d'un communautarisme facteur de violences et de divisions.
A cet égard, Les Irakiens devront bientôt élaborer une Constitution, et tous les citoyens devront pouvoir se reconnaître dans ce texte fondateur qui sera appelé à régir, sans doute pour longtemps, leur avenir et celui du pays.
Enfin, c'est dans ce même esprit, un esprit d'association et de partenariat, que la France a soutenu l'idée d'un nouveau mécanisme de coordination de l'assistance internationale, dont la direction doit être confiée aux Irakiens eux-mêmes.
C'est en effet aux Irakiens eux-mêmes qu'il revient de définir les priorités de la reconstruction de leur pays, d'exprimer leurs besoins réels et leurs attentes afin que les réponses les mieux adaptées soient apportées par la communauté internationale.
La France et l'Union européenne n'ont jamais cessé d'uvrer en ce sens, tout au long des travaux qui déboucheront bientôt, à Amman, sur la mise en place de ce nouveau mécanisme de coordination de l'assistance internationale.
Mais pour vivre en sécurité dans leur pays, les Irakiens doivent aussi pouvoir compter sur une plus grande stabilité politique, sur des institutions efficaces et respectueuses de l'Etat de droit, en matière de police et de justice.
La France s'est activement engagée pour les y aider : notre pays est le premier contributeur au programme de formation financé par l'Union européenne, et dès cet été, nos écoles de Police accueilleront plusieurs dizaines de fonctionnaires irakiens.
Nos efforts s'exercent aussi au sein de l'Alliance atlantique, puisque nous avons décidé de contribuer à hauteur de 500 000 euros au fonds de formation dédié aux Irakiens hors d'Irak.
Dernière phrase : ce message s'adresse tout particulièrement à mon collègue irakien - la France est pleinement disposée à contribuer sur son sol, à la formation des forces de sécurité irakiennes. Il nous reste, bien entendu, à préciser les modalités de ce dispositif, ce que nous ferons lorsque nous recevrons le groupe d'experts mandaté par votre pays, sans doute d'ici la fin du mois de juin.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juin 2005)