Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur l'exposition de photographies au Sénat, Paris le 12 octobre 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Inauguration de l'exposition "Instantanés d'un siècle" au jardin du Luxembourg, Paris le 12 octobre 2005le 12 octobre 2005

Texte intégral

Messieurs les Présidents,
Cher ami Denis Olivennes,
Mes chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes aujourd'hui rassemblés pour l'inauguration d'une nouvelle exposition sur les grilles du Sénat, le long de la rue de Médicis. Cette manifestation, la douzième en cinq ans, manifeste le succès de ce style inédit d'expositions photographiques que nous avons inventé en l'an 2000.
Ces expositions ont donné naissance au concept d'" art passant ", pour reprendre l'expression de mon Directeur de Cabinet, un art offert à tous, sans discriminations, habitués du jardin, étudiants et lycéens du Quartier latin, touristes de France et du monde entier, amenés à fréquenter régulièrement ou par hasard les ombrages de la rue de Médicis. Chacun est libre de s'arrêter quelques instants devant un cliché qui aura accroché son regard, ou de passer son chemin.
En offrant ces expositions, le Sénat manifeste sa volonté d'ouverture vers l'extérieur. Il s'attache ainsi à rendre accessible au plus grand nombre le domaine public qui lui est affecté - et qu'il s'attache à entretenir, avec tout le respect que mérite un patrimoine pluriséculaire.
Il est d'ailleurs paradoxal que certains aient pu voir dans ce type de manifestation un usage privatif des grilles, à vocation prétendument publicitaire. Je tiens à rassurer les censeurs, toujours prompts à s'émouvoir et à dénoncer d'imaginaires détournements des ressources publiques. Le Sénat participe à la configuration des expositions et met gracieusement ses grilles à disposition des exposants : il ne perçoit aucune redevance et ne verse aucune subvention, le financement des expositions étant intégralement assuré par l'exposant qui est libre de recourir au parrainage.
La politique culturelle du Sénat, dont ces expositions sont l'un des piliers, ne vient pas se greffer sur la vocation institutionnelle et parlementaire de notre assemblée. Elle en constitue un élément substantiel et naturel. Elle lui permet d'entrer en contact avec l'ensemble des citoyens à un moment où le divorce entre l'opinion et les institutions en général obligent à un renouveau du discours et des méthodes de communication des pouvoirs publics.
En nouant un partenariat avec la Fnac pour réaliser l'exposition Instantanés d'un siècle, le Sénat reste fidèle à la ligne de sa politique culturelle, car la Fnac, depuis sa fondation, a associé son nom à la diffusion d'une culture de qualité pour le plus grand nombre. La Fnac est déjà auprès de nous pour certaines des initiatives citoyennes du Sénat, notamment celles en direction de la jeunesse.
La photographie est un art dans lequel la Fnac a joué plus particulièrement son rôle de précurseur en accompagnant, dès 1956, la vente de matériel photographique par des expositions, des débats et des ateliers. Elle a ainsi contribué à favoriser en France la reconnaissance par le grand public de la photographie comme un art à part entière. Le photographe Jeanloup Sieff observait par exemple que les expositions organisées par la Fnac avaient joué pour la diffusion de la photographie le même rôle que le livre de poche pour la littérature.
C'est tout naturellement que cet engagement pour la photographie a amené la Fnac à constituer sa propre collection à partir de 1978, avec le double souci de soutenir des artistes et de garder une mémoire des expositions passées. Constituée sans considérations spéculatives, cette collection traduit, d'abord et avant tout, l'intérêt pour l'image, sa valeur de témoignage d'une époque ou d'une tendance, ou tout simplement sa charge esthétique. Les plus grands noms qui ont illustrés la photographie du XXe siècle y côtoient des anonymes.
C'est parmi les milliers d'uvres que compte désormais cette collection, que Mme Laura Serani, commissaire de la présente exposition, a dû assumer, avec certains de mes collaborateurs, la redoutable responsabilité d'effectuer la sélection de 90 clichés.
Ces clichés sont-ils les plus beaux ou les plus représentatifs ? Je ne saurais le dire. En revanche, il est sûr qu'ils constituent une histoire personnelle de la photographie au XXe siècle. A partir de ces photos, chacun d'entre nous peut tenter, par comparaisons, ajouts ou retraits, d'élaborer sa propre vision d'un art qui, bien que né au XIXe siècle, n'a véritablement connu son épanouissement que dans le tumulte du XXe siècle.
J'achèverai mon propos en revenant sur le titre de cette exposition : Instantanés d'un siècle, afin d'éviter tout malentendu. En imaginant cette exposition, ses concepteurs n'ont pas cherché à donner une leçon d'histoire de la photographie ou une vision du siècle passé. Il n'y a pas de message subliminal à rechercher derrière la succession de ces images, mais simplement le plaisir procuré par la contemplation de quelques instants ou instantanés, figés dans l'éternité.
Si le public éprouve le même plaisir en découvrant ces photographies que nous avons eu à concevoir l'exposition et à la configurer, nous aurons parfaitement accompli notre mission. Nous pourrons alors renouveler nos remerciements à la Fnac et à ceux qui l'ont soutenue : Canon et les laboratoires Dupon. Merci de nous avoir aidés à offrir à nos contemporains, au hasard de leurs déambulations dans la ville, le luxe d'une brève diversion dans la trame de leurs préoccupations quotidiennes.
(Source http://www.senat.fr, le 14 octobre 2005)