Texte intégral
O. de Lagarde - Avez-vous un "plan B" au Gouvernement, pour redonner le moral aux Français ?
R - D'abord, on est tous un peu tristes et déçus naturellement. Comment ne pas ressentir autre chose que de la tristesse et de la déception ? Jamais depuis bien longtemps, notre pays et tous nos pouvoirs publics, s'étaient autant mobilisés sur un projet de cette envergure. C'est vrai qu'évidemment, il faut saluer les vainqueurs britanniques, leur souhaiter bonne chance. Mais cela n'enlève rien au fait qu'au lendemain de cette décision, l'on ressente de la tristesse et de la déception.
Q - Alors, que va-t-on faire ? D. de Villepin a annoncé que nous allions tout de même construire le vélodrome, la base nautique et la piscine olympique. Bref, on n'a pas les JO, mais on va quand même mettre la main au portefeuille, c'est cela ?
R - Je crois qu'il ne faut quand même pas se tromper. Les JO c'est évidemment un événement extraordinaire de mobilisation, qui va d'ailleurs bien au-delà du simple aspect sportif. Mais il faut aussi avoir en tête que la France a besoin d'équipements sportifs, et notamment en Ile-de-France. Elle en a d'autant plus besoin, que nous sommes une des nations les plus sportives au monde, aussi bien en sport de haut niveau qu'en sport de masse. Il y a donc des besoins en Ile-de-France, il y a des projets à construire. Et ces projets-là correspondent évidemment à l'intérêt régional et national.
Q - Au niveau économique, qui intéresse forcément le ministre du Budget que vous êtes : hier matin, nous étions en ligne avec A. Lagardère, président du "Club des entreprises Paris 2012", et avant la décision du CIO, il ne nous cachait pas que si Paris n'avait pas les jeux, cela aurait des répercussions économiques importantes, puisque l'activité est soutenue par le moral.
R - Je vous confirme qu'effectivement, cela faisait partie des éléments de la dynamique que nous voulions enclencher les uns et les autres, car c'est vrai qu'aujourd'hui, il manque assez peu de choses en réalité, pour que le chemin de la croissance soit retrouvé en France de manière beaucoup plus dynamique. Et c'est vrai que de ce point de vue, il y a sans doute un aspect psychologique qui joue. C'est la raison pour laquelle il y a un certain nombre de mesures que nous avons commencé à prendre, que l'on a encore envie de prendre, pour dire aux Français que les conditions sont créées pour le retour à la croissance, que maintenant, il faut que l'on se bouge. Et je trouve que ce qu'il faudrait essayer de faire, dans des moments comme ceux-là, qui sont des moments de déception, c'est de voir les choses de manière objective. Je ne suis pas de ceux qui cherchent la polémique avec les gagnants. Ils ont gagné, bravo à eux !, bonne chance ! Ce qui m'intéresse, c'est d'essayer de comprendre pourquoi nous avons perdu. Qu'est-ce qui fait que, finalement, notre dossier, malgré son exceptionnelle qualité, n'a pas recueilli la majorité des voix des membres du CIO. Le dossier britannique était sans nul doute excellent aussi, voire peut-être meilleur, mais en tout état de cause, ce sont eux qui ont gagné. Et je crois que dans la vie, quand il y a des épreuves ou des échecs, il y a deux manières de faire. Il y a celui qui baisse la tête en se regardant mourir, et je vous dis tout de suite que je n'appartiens pas à cette catégorie-là. Et puis il y a celui qui considère que les coups de pied au derrière font toujours avancer. Eh bien, voilà, il faut que l'on tire toutes les leçons de cet échec et que l'on s'en serve comme un grand moteur pour l'avenir. Je voudrais d'ailleurs, sur ce point, vous dire la chose suivante : je n'aime pas beaucoup cette idée qui consiste sans arrêt à se glorifier avec des formules simples, voire simplistes, du genre : "Ah, la France qui perd !". Car on oublie, par exemple, qu'il y a quelques semaines, la France, contre de très très nombreux concurrents, à remporté une grande victoire, avec la désignation du site ITER de Cadarache, qui est un rendez-vous avec l'avenir, avec la recherche, extraordinaire. C'est donc bien aussi, de temps en temps, de montrer qu'il y a des dynamiques que l'on est capable de créer en France et de gagner.
Q - En même temps, on a un petit peu l'impression que c'est l'annus horribilis de la France, en tout cas pour J. Chirac. Le Président s'était beaucoup investi dernièrement sur ces Jeux, il y a eu le référendum. Croyez-vous à la fatalité en politique ?
R - Non, je crois simplement qu'il y a des conjonctions de facteurs heureux ou malheureux. C'est évident que le "non" au référendum n'est pas la cause de notre échec aux JO, même si on aurait pu penser que la victoire du "oui" aurait peut-être créé une dynamique supplémentaire. Mais il ne faut pas chercher sans arrêt ailleurs les raisons de ceci ou de cela. Il faut que l'on se regarde tels que nous sommes, que l'on voit comment, sur les cinq ou dix années qui viennent, nous sommes capables de créer les raisons d'une dynamique. La France a des atouts considérables. Il faut arrêter de regarder sans arrêt le verre à moitié vide. Nous avons un niveau d'investissement qui est important, des créations d'entreprises, des gens qui ont envie de se bouger, on prend, les uns et les autres, un certain nombre de décisions pour créer la dynamique. Il faut se bouger. Et je pense qu'au lendemain d'une défaite, on est évidemment triste, mais il faut en tirer les conséquences. Et c'est le moment ou jamais de se dire, les uns et les autres : comment peut-on faire pour organiser, demain, une France qui, sur tous les grands sujets, est au rendez-vous et gagne.
Q - Un mot de la réforme que vous préparez sur les biens immobiliers qui appartiennent à l'Etat : allez-vous vendre à tour de bras ?
R - A tour de bras ? Non. On va surtout essayer de vendre pour moderniser l'Etat. Il y a aujourd'hui des immeubles dans lesquels les ministères travaillent, qui ne sont pas du tout fonctionnels et qui finalement coûtent cher aux contribuables. Mon idée, en tant que ministre du Budget, c'est que demain, l'on modernise l'Etat, l'on fasse en sorte que nos fonctionnaires travaillent dans de bien meilleures conditions, dans des immeubles sans doute plus modernes et mieux adaptés à leurs missions, et que naturellement, cela se traduise par une organisation meilleure de notre fonctionnement. Les Français demandent que l'Etat se modernise et se réforme, et cela concerne tous les sujets : les achats - on peut faire des économies -, l'informatique - on l'a vu avec le succès de la télédéclaration -, l'immobilier, et puis, bien entendu, faire en sorte que la réforme de l'Etat, dont je suis chargé par le président de la République et le Premier ministre, soit une réalité au quotidien pour l'usager. On va donc s'occuper de tout cela.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2005)
R - D'abord, on est tous un peu tristes et déçus naturellement. Comment ne pas ressentir autre chose que de la tristesse et de la déception ? Jamais depuis bien longtemps, notre pays et tous nos pouvoirs publics, s'étaient autant mobilisés sur un projet de cette envergure. C'est vrai qu'évidemment, il faut saluer les vainqueurs britanniques, leur souhaiter bonne chance. Mais cela n'enlève rien au fait qu'au lendemain de cette décision, l'on ressente de la tristesse et de la déception.
Q - Alors, que va-t-on faire ? D. de Villepin a annoncé que nous allions tout de même construire le vélodrome, la base nautique et la piscine olympique. Bref, on n'a pas les JO, mais on va quand même mettre la main au portefeuille, c'est cela ?
R - Je crois qu'il ne faut quand même pas se tromper. Les JO c'est évidemment un événement extraordinaire de mobilisation, qui va d'ailleurs bien au-delà du simple aspect sportif. Mais il faut aussi avoir en tête que la France a besoin d'équipements sportifs, et notamment en Ile-de-France. Elle en a d'autant plus besoin, que nous sommes une des nations les plus sportives au monde, aussi bien en sport de haut niveau qu'en sport de masse. Il y a donc des besoins en Ile-de-France, il y a des projets à construire. Et ces projets-là correspondent évidemment à l'intérêt régional et national.
Q - Au niveau économique, qui intéresse forcément le ministre du Budget que vous êtes : hier matin, nous étions en ligne avec A. Lagardère, président du "Club des entreprises Paris 2012", et avant la décision du CIO, il ne nous cachait pas que si Paris n'avait pas les jeux, cela aurait des répercussions économiques importantes, puisque l'activité est soutenue par le moral.
R - Je vous confirme qu'effectivement, cela faisait partie des éléments de la dynamique que nous voulions enclencher les uns et les autres, car c'est vrai qu'aujourd'hui, il manque assez peu de choses en réalité, pour que le chemin de la croissance soit retrouvé en France de manière beaucoup plus dynamique. Et c'est vrai que de ce point de vue, il y a sans doute un aspect psychologique qui joue. C'est la raison pour laquelle il y a un certain nombre de mesures que nous avons commencé à prendre, que l'on a encore envie de prendre, pour dire aux Français que les conditions sont créées pour le retour à la croissance, que maintenant, il faut que l'on se bouge. Et je trouve que ce qu'il faudrait essayer de faire, dans des moments comme ceux-là, qui sont des moments de déception, c'est de voir les choses de manière objective. Je ne suis pas de ceux qui cherchent la polémique avec les gagnants. Ils ont gagné, bravo à eux !, bonne chance ! Ce qui m'intéresse, c'est d'essayer de comprendre pourquoi nous avons perdu. Qu'est-ce qui fait que, finalement, notre dossier, malgré son exceptionnelle qualité, n'a pas recueilli la majorité des voix des membres du CIO. Le dossier britannique était sans nul doute excellent aussi, voire peut-être meilleur, mais en tout état de cause, ce sont eux qui ont gagné. Et je crois que dans la vie, quand il y a des épreuves ou des échecs, il y a deux manières de faire. Il y a celui qui baisse la tête en se regardant mourir, et je vous dis tout de suite que je n'appartiens pas à cette catégorie-là. Et puis il y a celui qui considère que les coups de pied au derrière font toujours avancer. Eh bien, voilà, il faut que l'on tire toutes les leçons de cet échec et que l'on s'en serve comme un grand moteur pour l'avenir. Je voudrais d'ailleurs, sur ce point, vous dire la chose suivante : je n'aime pas beaucoup cette idée qui consiste sans arrêt à se glorifier avec des formules simples, voire simplistes, du genre : "Ah, la France qui perd !". Car on oublie, par exemple, qu'il y a quelques semaines, la France, contre de très très nombreux concurrents, à remporté une grande victoire, avec la désignation du site ITER de Cadarache, qui est un rendez-vous avec l'avenir, avec la recherche, extraordinaire. C'est donc bien aussi, de temps en temps, de montrer qu'il y a des dynamiques que l'on est capable de créer en France et de gagner.
Q - En même temps, on a un petit peu l'impression que c'est l'annus horribilis de la France, en tout cas pour J. Chirac. Le Président s'était beaucoup investi dernièrement sur ces Jeux, il y a eu le référendum. Croyez-vous à la fatalité en politique ?
R - Non, je crois simplement qu'il y a des conjonctions de facteurs heureux ou malheureux. C'est évident que le "non" au référendum n'est pas la cause de notre échec aux JO, même si on aurait pu penser que la victoire du "oui" aurait peut-être créé une dynamique supplémentaire. Mais il ne faut pas chercher sans arrêt ailleurs les raisons de ceci ou de cela. Il faut que l'on se regarde tels que nous sommes, que l'on voit comment, sur les cinq ou dix années qui viennent, nous sommes capables de créer les raisons d'une dynamique. La France a des atouts considérables. Il faut arrêter de regarder sans arrêt le verre à moitié vide. Nous avons un niveau d'investissement qui est important, des créations d'entreprises, des gens qui ont envie de se bouger, on prend, les uns et les autres, un certain nombre de décisions pour créer la dynamique. Il faut se bouger. Et je pense qu'au lendemain d'une défaite, on est évidemment triste, mais il faut en tirer les conséquences. Et c'est le moment ou jamais de se dire, les uns et les autres : comment peut-on faire pour organiser, demain, une France qui, sur tous les grands sujets, est au rendez-vous et gagne.
Q - Un mot de la réforme que vous préparez sur les biens immobiliers qui appartiennent à l'Etat : allez-vous vendre à tour de bras ?
R - A tour de bras ? Non. On va surtout essayer de vendre pour moderniser l'Etat. Il y a aujourd'hui des immeubles dans lesquels les ministères travaillent, qui ne sont pas du tout fonctionnels et qui finalement coûtent cher aux contribuables. Mon idée, en tant que ministre du Budget, c'est que demain, l'on modernise l'Etat, l'on fasse en sorte que nos fonctionnaires travaillent dans de bien meilleures conditions, dans des immeubles sans doute plus modernes et mieux adaptés à leurs missions, et que naturellement, cela se traduise par une organisation meilleure de notre fonctionnement. Les Français demandent que l'Etat se modernise et se réforme, et cela concerne tous les sujets : les achats - on peut faire des économies -, l'informatique - on l'a vu avec le succès de la télédéclaration -, l'immobilier, et puis, bien entendu, faire en sorte que la réforme de l'Etat, dont je suis chargé par le président de la République et le Premier ministre, soit une réalité au quotidien pour l'usager. On va donc s'occuper de tout cela.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2005)