Texte intégral
Chers Amis, Chers Camarade,
Les terribles événements de Londres interviennent après d'autres à New York et à Madrid. Ils exigent de notre part une solidarité, cela va de soi, mais aussi une conscience des enjeux.
Nous ouvrons avec ce Conseil national la première phase de la préparation de notre Congrès. Nous sommes un parti de débats. Ce Congrès du mois de novembre sera, pour la troisième fois depuis 2002, un espace où les militants auront la parole. Ce fut déjà le cas à Dijon, puis au moment de notre consultation interne l'année dernière à la mi-décembre, et encore cette année avec l'élaboration de notre projet et des grandes orientations pour notre Congrès.
C'est donc un moment important pour les socialistes. Il s'agira de fixer nos orientations pour 2007, de déterminer notre stratégie de rassemblement et de rappeler nos règles communes permettant l'unité des socialistes.
Notre Congrès doit surtout être utile aux Français. Aujourd'hui, ils rejettent -et ils le disent scrutin après scrutin- la droite et, convenons-en, n'adhèrent pas encore à la gauche. Ils doutent de la politique, de son efficacité et évoquent, parfois, son impuissance. Mais, ils veulent croire -et ils nous le disent aussi scrutin après scrutin- à un changement possible. Tout l'enjeu est donc de savoir qui va représenter ce changement. À droite, et au-delà des coups qui sont portés et qui se sont même accentués ces dernières semaines à l'égard, notamment, du droit du travail, au-delà des cohérences autour du libéralisme qui sont celles du gouvernement -aujourd'hui de De Villepin, hier de Raffarin- il y a la tentation de laisser penser qu'une alternance pourrait se produire en son propre sein.
Les Français veulent donc être convaincus ; ils attendent des propositions, une alternative, un espoir Bref, un projet. C'est au Parti socialiste de commencer à le préparer pour, ensuite, le faire partager à nos partenaires de la gauche et aux citoyens. Tel est pour moi l'enjeu essentiel de ce Congrès : ouvrir des chemins pour l'avenir, donner du sens à l'action politique, montrer que nous sommes capables d'agir dans la durée, préparer dès à présent 2007.
Le Congrès ne doit pas être la répétition de la controverse européenne. Le débat a eu lieu en notre sein. Les militants se sont exprimés dans un sens ; les Français, le 29 mai, dans un autre. Il nous appartient, à l'évidence, de comprendre les causes de ce vote et d'en évaluer les conséquences, toutes les conséquences, et il y en a de nombreuses.
Il nous revient de dépasser le " oui " et le " non ", sauf à vouloir instaurer entre nous un clivage irrémédiable, irréversible, indépassable. Ce serait un grave risque pour notre parti. Nous devons avoir un débat, et il y aura sûrement des différences entre nous. Mais, elles ne se résument pas simplement à des questions d'adoption ou non du Traité constitutionnel. À partir de là, notre tâche commune est de préparer le projet pour 2007 et d'ouvrir les portes de l'issue à la crise européenne.
Si le Congrès ne doit pas être la répétition d'une controverse, il ne doit pas être non plus celui du choix de notre candidat. Il est normal que des camarades y songent déjà et s'y prépare. Mais, le moment n'est pas venu. Il nous appartiendra collectivement de fixer le calendrier de désignation de notre candidat -sans doute à la fin de l'année 2006. C'est l'intérêt commun du parti que de définir d'abord son projet ; c'est aussi celui du candidat ou de la candidate qui n'a rien à gagner à s'exposer trop tôt. Nous connaissons nos règles : ce sont les militants et eux seuls qui feront le choix qui nous permettra de nous rassembler derrière celui ou celle qui aura été désigné.
Puisque le Congrès n'est pas la répétition d'un débat qui a déjà eu lieu, puisque le Congrès n'est pas le moment de désignation de notre candidat, ce Congrès est celui de notre projet.
Ce qui suppose de prendre toute la dimension historique du moment dans lequel nous sommes :
1/ - D'abord le monde :
Nous vivons dans un capitalisme sans frontière et sans règle, où les désordres sont multiples : désordre économique, désordres sociaux, désordre écologique, planétaire qui crée des peurs fondées quand on songe à la guerre qui se produit encore dans trop de partie du monde, au terrorisme, aux montées du fondamentalisme, aux nationalismes et même au protectionnisme.
Dès lors que nous mesurons ce qu'est l'enjeu planétaire, nous devons aussi -en tant que socialistes- prendre la dimension du défi qui nous est lancé.
2/ - En Europe :
L'Europe, qui pouvait apparaître comme un levier, un outil pour maîtriser la mondialisation, apparaît aujourd'hui en panne, marquée par une orientation libérale depuis plusieurs années, par un élargissement qui n'a pas été maîtrisé et par une panne institutionnelle qui pourrait altérer le projet même d'Europe politique.
3/ - En France :
Il faut prendre la mesure de la crise que traverse notre pays :
Une crise politique, dès lors que le gouvernement échoue gravement ;
Une crise de régime qui a fait de l'irresponsabilité -notamment du Chef de l'Etat- son principe constitutionnel. Situation invraisemblable où le Président de la République, désavoué scrutin après scrutin, essaye de se protéger jusqu'au bout de la sanction populaire et y parvient dans le cadre de nos institutions.
Une crise sociale, dès lors que le chômage de masse s'est installé, que la précarité s'est développée, que le déclassement touche des catégories moyennes qui, jusqu'à présent, pensaient échapper aux risques du chômage ou de l'aléa économique ;
Une crise morale, dès lors qu'il n'y a pas cette confiance de notre pays dans l'avenir, dans le progrès, dans la politique.
Pour terminer le constat, il faut revenir à la gauche, à la gauche européenne d'abord. Il est souvent évoqué une crise de la social-démocratie européenne. Ce n'est pas si vrai. Il y a des gouvernements qui réussissent et qui ne sont pas nécessairement sur l'orientation qui nous paraîtrait préférable ; c'est ainsi. Il y en a d'autres qui échouent, d'autres qui durent, d'autres moins. Mais, on ne peut pas parler d'une crise générale de la social-démocratie. Le problème est que dans le socialisme européen, il y a aujourd'hui une grande diversité. Le défaut de cohérence est d'ailleurs un des problèmes posés au socialisme démocratique. Dans le mouvement socialiste européen, même si rien n'est joué, rien n'est acquis, Tony Blair veut imposer son leadership. Il n'est pas sûr qu'il y parviendra ; mais il est clair que, s'il n'y a pas de notre côté une vision du monde, une capacité à agir, une conception du socialisme, alors ces thèses-là -qui ont parfois leurs vertus mais aussi leurs vices- peuvent devenir dominantes dans le mouvement socialiste européen.
Enfin, la gauche française apparaît divisée ; elle l'est. Là encore, si on laisse le clivage sur le Traité constitutionnel constitué une séparation entre la gauche, alors, bon courage ! pour dépasser cette séparation et cette limite. Nous ne pouvons pas, de la même manière, accepter qu'il y ait d'un côté la gauche politique et de l'autre la gauche sociale. C'est toute la gauche qui doit se rassembler.
Pour cela, cela supposera -et c'est le sens de mon propos- que le parti socialiste se trouve une stratégie et une ligne. C'est au parti socialiste de donner la dynamique nécessaire. Cela ne veut pas dire qu'il ignore ses partenaires ou qu'il ne les respecte pas. Mais, comme force principale de la gauche, c'est à nous de fixer le cap.
Je veux ici dire la démarche qui doit être la nôtre dans la phase des contributions ainsi que les principales priorités.
Notre démarche est celle qui se retrouvera dans la contribution dont je serai le premier signataire : faire de la volonté, de la vérité, de l'unité les principes de l'action socialiste.
LA VOLONTE
La volonté est d'abord dans une méthode qui doit être nouvelle et qui porte sur la conception de l'Etat. L'Etat, aujourd'hui, doit protéger. Mais, pour protéger, il doit savoir :
prévenir -c'est-à-dire prendre en amont les problèmes, avant qu'ils ne se posent, notamment sur la santé, sur l'Education, sur la sécurité ;
promouvoir, c'est-à-dire faire de l'égalité réelle la condition de la réussite de chacun ;
prévoir, ce qui suppose de donner priorité aux dépenses d'avenir : recherche, éducation, environnement.
Cette conception de l'Etat exige sans doute la présence élargie de services publics, mais aussi une rénovation profonde des instruments de l'action collective, et enfin un niveau de fiscalité capable de financer les dépenses correspondant au haut niveau de besoins que nous pouvons ressentir.
La deuxième méthode est celle de la démocratie. Nous avons à faire des choix importants sur la démocratie représentative, c'est-à-dire sur nos institutions, permettant une clarification des pouvoirs au sein de l'Exécutif, une plus grande capacité pour agir pour le Législatif, l'indépendance pour le judiciaire, mais aussi la responsabilité qui y correspond. Cela exigera des évolutions du mode de scrutin, l'affirmation de la parité, la limitation du cumul des mandats. Il faudra que nous prenions ensemble une décision sur ces institutions, sur ces modes de scrutin. C'est au lendemain de notre victoire, si elle intervient en 2007, de faire un référendum permettant le bon accomplissement de toutes ces réformes.
Mais, il ne suffit pas de s'arrêter à la démocratie représentative. Nous devons être les parties prenantes de la démocratie participative. Nous la menons dans les régions, les départements, dans nos collectivités.
Mais, il faut aller plus loin, à travers des référendums d'initiatives locales, à travers une participation aux décisions budgétaires. Nous devons, là aussi, être en pointe de l'innovation.
Reste, enfin, la démocratie sociale, et c'est sans nul doute une des leçons que nous devons tirer de nos gestions précédentes, de nos réussites mais aussi de nos échecs. Il faut faire vivre la démocratie sociale. Il n'y aura pas de changement dans notre pays, s'il n'y a pas de changement dans la négociation, dans la place réservée aux partenaires sociaux, dans la reconnaissance du syndicalisme. C'est pourquoi, nous devons fixer l'accord majoritaire comme principe de base pour la négociation collective et instaurer une conférence annuelle entre les partenaires sociaux et l'Etat pour ouvrir les chantiers de la négociation et dire aussi ce qui relève de la responsabilité de l'Etat.
La méthode qui doit être la nôtre, aujourd'hui, est de concevoir l'action publique à travers l'impératif du développement durable. Si nous continuons à agir sans prendre la dimension planétaire de nos choix, sans prendre conscience des risques pour l'environnement de toutes nos décisions publiques ou privées, alors, nous ne sommes pas à la hauteur des circonstances. C'est pourquoi, dans toutes nos politiques publiques, la durée et l'environnement doivent être maintenant les clefs de toute décision.
Au-delà de cette démarche, je propose à travers la contribution qui sera déposée, quatre priorités :
a)Le plein emploi :
Il faut affirmer cet objectif, cette nécessité de donner à chacun un emploi. Le travail doit être reconnu, affirmé comme une valeur socialiste. Notre objectif est de travailler tous, de faire en sorte qu'il y ait un taux d'emploi le plus élevé possible dans notre pays. Cela vaut pour les jeunes, mais aussi pour les seniors. Il n'y aura pas de plein emploi possible sans une croissance forte. C'est la condition de création de richesses et donc d'activité. Ce qui supposera deux décisions importantes en termes de pouvoir d'achat et de gestion des mutations économiques.
Sur le pouvoir d'achat, nous aurons à proposer conférence salariale, mais nous aurons aussi à repenser l'ensemble des exonérations de cotisations sociales et à refondre la prime pour l'emploi. L'ensemble de cet arsenal doit nous permettre de donner une hausse importante au pouvoir d'achat dès notre retour aux responsabilités.
Sur les mutations économiques : nous devons là aussi faire preuve d'innovation. Nous n'interdirons jamais, on le sait, les licenciements ; nous n'empêcherons jamais telle ou telle entreprise de fermer ses portes -ou alors assumons-le dès à présent ; en revanche, nous avons le devoir de proposer à chaque salarié touché par un plan social un contrat de reclassement. C'est ce qui doit être la proposition centrale, aujourd'hui, par rapport à ces mutations. C'est-à-dire un dispositif de formation qualifiante, de reconversion, permettant non seulement le maintien des revenus, mais aussi le retour à l'emploi. C'est cela la première priorité ; faire qu'il y ait la sécurité des parcours professionnels. Il faut donc faire en sorte que chaque licenciement soit vécu comme un reclassement possible et non comme une exclusion du marché du travail.
b)L'ambition républicaine :
Il y aura là des choix importants à faire en matière, d'Education, de logement et de territoires :
Sur l'Educatio : service public de la petite enfance, effort considérable contre l'échec scolaire qui supposera de doubler l'encadrement dans les zones les plus difficiles, de mettre un tutorat pour les élèves les plus vulnérables et de faire en sorte que nous ayons enfin un véritable plan de rénovation des universités donnant une perspective, pour une classe d'âge, de parvenir au niveau de la maîtrise pour 60 %.
Sur le logement : le droit au logement doit bien sûr être opposable. Mais, il y a surtout la nécessité de rendre le logement social disponible pour celles et ceux qui doivent y avoir accès. La mixité sociale dans les quartiers ne doit pas seulement être un principe, mais un ensemble de règles et d'obligations. Et, enfin, si nous voulons changer les quartiers, sortir des ghettos qui nous menacent, il faudra construire de nouvelles villes.
Sur les territoires : il faudra revoir l'ensemble du dispositif de décentralisation, à travers notamment la refonte des dotations et de la fiscalité locale.
Sur l'égalité réelle : Nous ferons des propositions sur l'égalité homme/femme, à travers notamment la parité des salaires, pour l'accès au travail, une grande loi contre les violences conjugales et une loi contre le sexisme ;
Sur la lutte contre les discriminations : L'égalité réelle doit être aujourd'hui le projet des socialistes ;
Sur le progrès partagé : nous avons de grands projets par rapport à la jeunesse, à la santé, au vieillissement de la population, à l'immigration. Là aussi, nous aurons à faire des propositions audacieuses.
LA VERITE
La vérité, c'est de revenir sur nos succès et sur nos échecs. Nous avons eu des succès lorsque nous étions aux responsabilités, il faut le dire. Cela fait comparaison avec ce qui se passe aujourd'hui. Des échecs, nous devons les reconnaître, et notamment par rapport à une certaine prudence dans la lutte contre les inégalités, mais aussi à une méthode qui a consisté à se méfier de la démocratie sociale, et également par rapport à des décisions que nous avions prises collectivement et qui nous marquent encore sur la fiscalité ou sur les services publics. Regardons lucidement les succès et les échecs, c'est aussi cela la vérité.
Mais, la vérité elle est aussi les marges de manuvre, parce que de quel pays, de quel Etat, de quelles finances publiques allons-nous hériter ? Si nous ne le disons pas franchement dès à présent, nous ouvrons toutes les portes aux risques. Nous hériterons d'une économie à faible croissance et nous mettrons forcément plusieurs mois avant de la stimuler. Oui, nous hériterons d'une administration publique largement endettée. Oui, nous hériterons d'un Etat aux déficits élevés, de l'UNEDIC en crise, voire en faillite, et d'une Sécurité sociale qui est aujourd'hui gravement menacée, compte tenu des déséquilibres.
Il faudra faire des choix. Le sens de notre congrès est de faire la sélection de nos priorités. Ce n'est pas d'additionner toutes les revendications. C'est là qu'il faut avoir notre stratégie. Si nous sommes simplement dans une stratégie défensive, où nous gardons, nous conservons, nous luttons, nous résistons, nous protestons... Alors, je ne crois pas que nous serons à la hauteur des événements. C'est une stratégie offensive qu'il nous faut proposer, avec des conquêtes, avec des droits nouveaux, des perspectives, des révisions nécessaires de ce qui existe, avec des réformes profondes. C'est, précisément, en étant dans le dynamisme que nous arriverons à être en conviction.
La vérité, c'est aussi la vérité sur nos engagements. Il faut éviter un discours toujours commode -parce que nous sommes dans l'opposition- de l'incantation, de la protestation et revenir à la gestion au lendemain des victoires. Nous devons avoir le même discours. C'est cela la vérité. Nous prendrions un risque terrible, dans la crise démocratique que nous rencontrons, si revenant au pouvoir, nous suscitions de nouvelles illusions sans lendemain, de nouvelles déceptions.
La vérité, c'est aussi dans le contrat que nous avons à passer avec nos partenaires politiques, nos alliés et avec les syndicats et les forces vives. Je suis favorable à une contractualisation avec nos partenaires politiques et le mouvement social.
UNITE
Ce qui est en cause aujourd'hui, ce n'est pas le Parti socialiste. C'est la capacité des socialistes à travailler et à vivre ensemble. Les Français nous attendent là-dessus, sur nos propositions, sur notre projet et sur notre manière de vivre ensemble.
Le Parti socialiste n'est pas simplement un parti pour lui-même, pour ses dirigeants, pour ses militants. C'est un parti pour l'ensemble de la gauche et pour les Français.
Je crois au rôle des partis politiques dans une démocratie représentative. Tout ce qui affaiblit les partis politiques fait le jeu du populisme ou du pouvoir personnel. Ce que nous avons à défendre à travers le Parti socialiste, ce n'est pas simplement un certain nombre de places, de postes. Ce que nous avons à défendre avec le Parti socialiste est une conception de la République et de la démocratie.
Nous avons un réseau considérable d'élus, notamment après nos succès électoraux des élections régionales et cantonales ; mais, je l'avais dit au congrès de Dijon, nous n'avons pas résorbé cette faille entre nos électeurs et notre Parti. Nous n'avons pas suffisamment d'adhérents et cela reste aujourd'hui une des difficultés. Même avec la volonté des adhérents du projet, nous devons continuer à avoir cette volonté d'ouverture. A condition que notre démocratie militante, elle-même, soit exemplaire. Parce que la démocratie militante, c'est ce qui fait non seulement la régulation entre nous, mais l'image du Parti socialiste.
C'est pourquoi, le congrès aura à rappeler les règles communes, celles qui nous unissent, et d'abord le respect du vote sur les orientations, le respect du vote sur la désignation de nos candidats, le respect du vote au moment du congrès.Tout cela fait partie non pas d'une position par rapport à une autre, mais de notre patrimoine commun. De la même manière, sur l'unité des socialistes, si nous prenons des engagements -et nous aurons à en prendre- sur la parité pour les élections législatives, sur la limitation du cumul des mandats, sur le rôle des fédérations, au-delà des pétitions de congrès, il faudra s'y tenir et nous devons tout y veiller.
Nous souhaitons tous le rassemblement de la gauche. Tout le monde parlera dans cette préparation de congrès de l'unité des socialistes -tant mieux- et du rassemblement de la gauche. Ce n'est pas une affaire de posture, mais de volonté. Il n'y a qu'une stratégie entre socialiste, et je ne fais de procès à personne, c'est le rassemblement de la gauche. Une fois que l'on dit cela, il n'y a qu'une méthode : le contrat ; c'est-à-dire l'accord politique et pas simplement électoral, l'accord politique programmatique entre les composantes de la gauche.
C'est autour d'un projet que peut se faire ce contrat. C'est la raison pour laquelle ce que nous allons faire, nous, comme socialistes, est déterminant pour le reste de la gauche. Nous n'avons pas à nous laisser influencer par d'autres sur telle ou telle de nos décisions ou sur tel ou tel de nos choix, pas plus que nous n'avons à imposer aux autres. Mais, nous sommes la première formation politique que la gauche. Ne l'oublions pas et ne laissons pas croire que ce pourrait être d'autres qui décident à notre place.
Si c'est autour d'un contrat, il faut qu'il soit prêt. Je suggère que cela puisse être au lendemain de notre congrès, c'est-à-dire au premier semestre de l'année 2006. Ce qui ferait un calendrier qui pourrait être le suivant :
Notre congrès, en novembre, fixerait les grandes orientations de notre projet
Une convention nationale au printemps 2006 pour l'adoption de notre projet après l'avoir complété
Mai ou juin 2006, conclusion de nos alliances politiques à travers un accord politique ; désigner nos candidats aux élections législatives à cette occasion-là
Second semestre 2006, désignation de notre candidate ou de notre candidat à l'élection présidentielle.
Je veux entrer avec mes amis dans ce congrès dans la clarté. Clarté sur les propositions, clarté sur la démarche, clarté sur les partenariats dans le congrès. Il est normal qu'une contribution veuille se transformer en motion, puis qu'une motion veuille être majoritaire.
Autour de la contribution que je présenterai, il y a la volonté de bâtir une motion à vocation majoritaire au mois de septembre. Cette motion a vocation à faire le rassemblement le plus large, la synthèse la plus grande -cela dépend de nous, cela dépend de vous. Mais, nous ne sommes pas, nous, dans la recherche de combinaison ou d'alliance. Chacun devra faire son choix. Je le fais ; je dis quelle est la contribution que je signe, qu'ensuite elle a vocation à se transformer en motion et il est normal que j'entende qu'il pourrait y avoir d'autres premiers secrétaires. C'est vrai. On n'est pas 1er secrétaire simplement parce qu'il n'y en aurait pas d'autres. Il faut qu'il y ait d'autres candidats, c'est légitime. Il n'y a aucune raison de brider les prétentions. Mais, il faut le dire et le dire clairement. Il serait souhaitable que l'on puisse dire, au mois de septembre, autour de quelle motion on veut travailler, autour de quelle majorité, de quel premier secrétaire, mais ce qui m'importe aujourd'hui, à travers cette contribution que nous proposons, c'est que nous puissions donner à notre projet toute sa place, faire le rassemblement qui puisse être majoritaire et la synthèse la plus large, parce que mon seul objectif c'est de gagner 2007
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 12 juillet 2005)
Les terribles événements de Londres interviennent après d'autres à New York et à Madrid. Ils exigent de notre part une solidarité, cela va de soi, mais aussi une conscience des enjeux.
Nous ouvrons avec ce Conseil national la première phase de la préparation de notre Congrès. Nous sommes un parti de débats. Ce Congrès du mois de novembre sera, pour la troisième fois depuis 2002, un espace où les militants auront la parole. Ce fut déjà le cas à Dijon, puis au moment de notre consultation interne l'année dernière à la mi-décembre, et encore cette année avec l'élaboration de notre projet et des grandes orientations pour notre Congrès.
C'est donc un moment important pour les socialistes. Il s'agira de fixer nos orientations pour 2007, de déterminer notre stratégie de rassemblement et de rappeler nos règles communes permettant l'unité des socialistes.
Notre Congrès doit surtout être utile aux Français. Aujourd'hui, ils rejettent -et ils le disent scrutin après scrutin- la droite et, convenons-en, n'adhèrent pas encore à la gauche. Ils doutent de la politique, de son efficacité et évoquent, parfois, son impuissance. Mais, ils veulent croire -et ils nous le disent aussi scrutin après scrutin- à un changement possible. Tout l'enjeu est donc de savoir qui va représenter ce changement. À droite, et au-delà des coups qui sont portés et qui se sont même accentués ces dernières semaines à l'égard, notamment, du droit du travail, au-delà des cohérences autour du libéralisme qui sont celles du gouvernement -aujourd'hui de De Villepin, hier de Raffarin- il y a la tentation de laisser penser qu'une alternance pourrait se produire en son propre sein.
Les Français veulent donc être convaincus ; ils attendent des propositions, une alternative, un espoir Bref, un projet. C'est au Parti socialiste de commencer à le préparer pour, ensuite, le faire partager à nos partenaires de la gauche et aux citoyens. Tel est pour moi l'enjeu essentiel de ce Congrès : ouvrir des chemins pour l'avenir, donner du sens à l'action politique, montrer que nous sommes capables d'agir dans la durée, préparer dès à présent 2007.
Le Congrès ne doit pas être la répétition de la controverse européenne. Le débat a eu lieu en notre sein. Les militants se sont exprimés dans un sens ; les Français, le 29 mai, dans un autre. Il nous appartient, à l'évidence, de comprendre les causes de ce vote et d'en évaluer les conséquences, toutes les conséquences, et il y en a de nombreuses.
Il nous revient de dépasser le " oui " et le " non ", sauf à vouloir instaurer entre nous un clivage irrémédiable, irréversible, indépassable. Ce serait un grave risque pour notre parti. Nous devons avoir un débat, et il y aura sûrement des différences entre nous. Mais, elles ne se résument pas simplement à des questions d'adoption ou non du Traité constitutionnel. À partir de là, notre tâche commune est de préparer le projet pour 2007 et d'ouvrir les portes de l'issue à la crise européenne.
Si le Congrès ne doit pas être la répétition d'une controverse, il ne doit pas être non plus celui du choix de notre candidat. Il est normal que des camarades y songent déjà et s'y prépare. Mais, le moment n'est pas venu. Il nous appartiendra collectivement de fixer le calendrier de désignation de notre candidat -sans doute à la fin de l'année 2006. C'est l'intérêt commun du parti que de définir d'abord son projet ; c'est aussi celui du candidat ou de la candidate qui n'a rien à gagner à s'exposer trop tôt. Nous connaissons nos règles : ce sont les militants et eux seuls qui feront le choix qui nous permettra de nous rassembler derrière celui ou celle qui aura été désigné.
Puisque le Congrès n'est pas la répétition d'un débat qui a déjà eu lieu, puisque le Congrès n'est pas le moment de désignation de notre candidat, ce Congrès est celui de notre projet.
Ce qui suppose de prendre toute la dimension historique du moment dans lequel nous sommes :
1/ - D'abord le monde :
Nous vivons dans un capitalisme sans frontière et sans règle, où les désordres sont multiples : désordre économique, désordres sociaux, désordre écologique, planétaire qui crée des peurs fondées quand on songe à la guerre qui se produit encore dans trop de partie du monde, au terrorisme, aux montées du fondamentalisme, aux nationalismes et même au protectionnisme.
Dès lors que nous mesurons ce qu'est l'enjeu planétaire, nous devons aussi -en tant que socialistes- prendre la dimension du défi qui nous est lancé.
2/ - En Europe :
L'Europe, qui pouvait apparaître comme un levier, un outil pour maîtriser la mondialisation, apparaît aujourd'hui en panne, marquée par une orientation libérale depuis plusieurs années, par un élargissement qui n'a pas été maîtrisé et par une panne institutionnelle qui pourrait altérer le projet même d'Europe politique.
3/ - En France :
Il faut prendre la mesure de la crise que traverse notre pays :
Une crise politique, dès lors que le gouvernement échoue gravement ;
Une crise de régime qui a fait de l'irresponsabilité -notamment du Chef de l'Etat- son principe constitutionnel. Situation invraisemblable où le Président de la République, désavoué scrutin après scrutin, essaye de se protéger jusqu'au bout de la sanction populaire et y parvient dans le cadre de nos institutions.
Une crise sociale, dès lors que le chômage de masse s'est installé, que la précarité s'est développée, que le déclassement touche des catégories moyennes qui, jusqu'à présent, pensaient échapper aux risques du chômage ou de l'aléa économique ;
Une crise morale, dès lors qu'il n'y a pas cette confiance de notre pays dans l'avenir, dans le progrès, dans la politique.
Pour terminer le constat, il faut revenir à la gauche, à la gauche européenne d'abord. Il est souvent évoqué une crise de la social-démocratie européenne. Ce n'est pas si vrai. Il y a des gouvernements qui réussissent et qui ne sont pas nécessairement sur l'orientation qui nous paraîtrait préférable ; c'est ainsi. Il y en a d'autres qui échouent, d'autres qui durent, d'autres moins. Mais, on ne peut pas parler d'une crise générale de la social-démocratie. Le problème est que dans le socialisme européen, il y a aujourd'hui une grande diversité. Le défaut de cohérence est d'ailleurs un des problèmes posés au socialisme démocratique. Dans le mouvement socialiste européen, même si rien n'est joué, rien n'est acquis, Tony Blair veut imposer son leadership. Il n'est pas sûr qu'il y parviendra ; mais il est clair que, s'il n'y a pas de notre côté une vision du monde, une capacité à agir, une conception du socialisme, alors ces thèses-là -qui ont parfois leurs vertus mais aussi leurs vices- peuvent devenir dominantes dans le mouvement socialiste européen.
Enfin, la gauche française apparaît divisée ; elle l'est. Là encore, si on laisse le clivage sur le Traité constitutionnel constitué une séparation entre la gauche, alors, bon courage ! pour dépasser cette séparation et cette limite. Nous ne pouvons pas, de la même manière, accepter qu'il y ait d'un côté la gauche politique et de l'autre la gauche sociale. C'est toute la gauche qui doit se rassembler.
Pour cela, cela supposera -et c'est le sens de mon propos- que le parti socialiste se trouve une stratégie et une ligne. C'est au parti socialiste de donner la dynamique nécessaire. Cela ne veut pas dire qu'il ignore ses partenaires ou qu'il ne les respecte pas. Mais, comme force principale de la gauche, c'est à nous de fixer le cap.
Je veux ici dire la démarche qui doit être la nôtre dans la phase des contributions ainsi que les principales priorités.
Notre démarche est celle qui se retrouvera dans la contribution dont je serai le premier signataire : faire de la volonté, de la vérité, de l'unité les principes de l'action socialiste.
LA VOLONTE
La volonté est d'abord dans une méthode qui doit être nouvelle et qui porte sur la conception de l'Etat. L'Etat, aujourd'hui, doit protéger. Mais, pour protéger, il doit savoir :
prévenir -c'est-à-dire prendre en amont les problèmes, avant qu'ils ne se posent, notamment sur la santé, sur l'Education, sur la sécurité ;
promouvoir, c'est-à-dire faire de l'égalité réelle la condition de la réussite de chacun ;
prévoir, ce qui suppose de donner priorité aux dépenses d'avenir : recherche, éducation, environnement.
Cette conception de l'Etat exige sans doute la présence élargie de services publics, mais aussi une rénovation profonde des instruments de l'action collective, et enfin un niveau de fiscalité capable de financer les dépenses correspondant au haut niveau de besoins que nous pouvons ressentir.
La deuxième méthode est celle de la démocratie. Nous avons à faire des choix importants sur la démocratie représentative, c'est-à-dire sur nos institutions, permettant une clarification des pouvoirs au sein de l'Exécutif, une plus grande capacité pour agir pour le Législatif, l'indépendance pour le judiciaire, mais aussi la responsabilité qui y correspond. Cela exigera des évolutions du mode de scrutin, l'affirmation de la parité, la limitation du cumul des mandats. Il faudra que nous prenions ensemble une décision sur ces institutions, sur ces modes de scrutin. C'est au lendemain de notre victoire, si elle intervient en 2007, de faire un référendum permettant le bon accomplissement de toutes ces réformes.
Mais, il ne suffit pas de s'arrêter à la démocratie représentative. Nous devons être les parties prenantes de la démocratie participative. Nous la menons dans les régions, les départements, dans nos collectivités.
Mais, il faut aller plus loin, à travers des référendums d'initiatives locales, à travers une participation aux décisions budgétaires. Nous devons, là aussi, être en pointe de l'innovation.
Reste, enfin, la démocratie sociale, et c'est sans nul doute une des leçons que nous devons tirer de nos gestions précédentes, de nos réussites mais aussi de nos échecs. Il faut faire vivre la démocratie sociale. Il n'y aura pas de changement dans notre pays, s'il n'y a pas de changement dans la négociation, dans la place réservée aux partenaires sociaux, dans la reconnaissance du syndicalisme. C'est pourquoi, nous devons fixer l'accord majoritaire comme principe de base pour la négociation collective et instaurer une conférence annuelle entre les partenaires sociaux et l'Etat pour ouvrir les chantiers de la négociation et dire aussi ce qui relève de la responsabilité de l'Etat.
La méthode qui doit être la nôtre, aujourd'hui, est de concevoir l'action publique à travers l'impératif du développement durable. Si nous continuons à agir sans prendre la dimension planétaire de nos choix, sans prendre conscience des risques pour l'environnement de toutes nos décisions publiques ou privées, alors, nous ne sommes pas à la hauteur des circonstances. C'est pourquoi, dans toutes nos politiques publiques, la durée et l'environnement doivent être maintenant les clefs de toute décision.
Au-delà de cette démarche, je propose à travers la contribution qui sera déposée, quatre priorités :
a)Le plein emploi :
Il faut affirmer cet objectif, cette nécessité de donner à chacun un emploi. Le travail doit être reconnu, affirmé comme une valeur socialiste. Notre objectif est de travailler tous, de faire en sorte qu'il y ait un taux d'emploi le plus élevé possible dans notre pays. Cela vaut pour les jeunes, mais aussi pour les seniors. Il n'y aura pas de plein emploi possible sans une croissance forte. C'est la condition de création de richesses et donc d'activité. Ce qui supposera deux décisions importantes en termes de pouvoir d'achat et de gestion des mutations économiques.
Sur le pouvoir d'achat, nous aurons à proposer conférence salariale, mais nous aurons aussi à repenser l'ensemble des exonérations de cotisations sociales et à refondre la prime pour l'emploi. L'ensemble de cet arsenal doit nous permettre de donner une hausse importante au pouvoir d'achat dès notre retour aux responsabilités.
Sur les mutations économiques : nous devons là aussi faire preuve d'innovation. Nous n'interdirons jamais, on le sait, les licenciements ; nous n'empêcherons jamais telle ou telle entreprise de fermer ses portes -ou alors assumons-le dès à présent ; en revanche, nous avons le devoir de proposer à chaque salarié touché par un plan social un contrat de reclassement. C'est ce qui doit être la proposition centrale, aujourd'hui, par rapport à ces mutations. C'est-à-dire un dispositif de formation qualifiante, de reconversion, permettant non seulement le maintien des revenus, mais aussi le retour à l'emploi. C'est cela la première priorité ; faire qu'il y ait la sécurité des parcours professionnels. Il faut donc faire en sorte que chaque licenciement soit vécu comme un reclassement possible et non comme une exclusion du marché du travail.
b)L'ambition républicaine :
Il y aura là des choix importants à faire en matière, d'Education, de logement et de territoires :
Sur l'Educatio : service public de la petite enfance, effort considérable contre l'échec scolaire qui supposera de doubler l'encadrement dans les zones les plus difficiles, de mettre un tutorat pour les élèves les plus vulnérables et de faire en sorte que nous ayons enfin un véritable plan de rénovation des universités donnant une perspective, pour une classe d'âge, de parvenir au niveau de la maîtrise pour 60 %.
Sur le logement : le droit au logement doit bien sûr être opposable. Mais, il y a surtout la nécessité de rendre le logement social disponible pour celles et ceux qui doivent y avoir accès. La mixité sociale dans les quartiers ne doit pas seulement être un principe, mais un ensemble de règles et d'obligations. Et, enfin, si nous voulons changer les quartiers, sortir des ghettos qui nous menacent, il faudra construire de nouvelles villes.
Sur les territoires : il faudra revoir l'ensemble du dispositif de décentralisation, à travers notamment la refonte des dotations et de la fiscalité locale.
Sur l'égalité réelle : Nous ferons des propositions sur l'égalité homme/femme, à travers notamment la parité des salaires, pour l'accès au travail, une grande loi contre les violences conjugales et une loi contre le sexisme ;
Sur la lutte contre les discriminations : L'égalité réelle doit être aujourd'hui le projet des socialistes ;
Sur le progrès partagé : nous avons de grands projets par rapport à la jeunesse, à la santé, au vieillissement de la population, à l'immigration. Là aussi, nous aurons à faire des propositions audacieuses.
LA VERITE
La vérité, c'est de revenir sur nos succès et sur nos échecs. Nous avons eu des succès lorsque nous étions aux responsabilités, il faut le dire. Cela fait comparaison avec ce qui se passe aujourd'hui. Des échecs, nous devons les reconnaître, et notamment par rapport à une certaine prudence dans la lutte contre les inégalités, mais aussi à une méthode qui a consisté à se méfier de la démocratie sociale, et également par rapport à des décisions que nous avions prises collectivement et qui nous marquent encore sur la fiscalité ou sur les services publics. Regardons lucidement les succès et les échecs, c'est aussi cela la vérité.
Mais, la vérité elle est aussi les marges de manuvre, parce que de quel pays, de quel Etat, de quelles finances publiques allons-nous hériter ? Si nous ne le disons pas franchement dès à présent, nous ouvrons toutes les portes aux risques. Nous hériterons d'une économie à faible croissance et nous mettrons forcément plusieurs mois avant de la stimuler. Oui, nous hériterons d'une administration publique largement endettée. Oui, nous hériterons d'un Etat aux déficits élevés, de l'UNEDIC en crise, voire en faillite, et d'une Sécurité sociale qui est aujourd'hui gravement menacée, compte tenu des déséquilibres.
Il faudra faire des choix. Le sens de notre congrès est de faire la sélection de nos priorités. Ce n'est pas d'additionner toutes les revendications. C'est là qu'il faut avoir notre stratégie. Si nous sommes simplement dans une stratégie défensive, où nous gardons, nous conservons, nous luttons, nous résistons, nous protestons... Alors, je ne crois pas que nous serons à la hauteur des événements. C'est une stratégie offensive qu'il nous faut proposer, avec des conquêtes, avec des droits nouveaux, des perspectives, des révisions nécessaires de ce qui existe, avec des réformes profondes. C'est, précisément, en étant dans le dynamisme que nous arriverons à être en conviction.
La vérité, c'est aussi la vérité sur nos engagements. Il faut éviter un discours toujours commode -parce que nous sommes dans l'opposition- de l'incantation, de la protestation et revenir à la gestion au lendemain des victoires. Nous devons avoir le même discours. C'est cela la vérité. Nous prendrions un risque terrible, dans la crise démocratique que nous rencontrons, si revenant au pouvoir, nous suscitions de nouvelles illusions sans lendemain, de nouvelles déceptions.
La vérité, c'est aussi dans le contrat que nous avons à passer avec nos partenaires politiques, nos alliés et avec les syndicats et les forces vives. Je suis favorable à une contractualisation avec nos partenaires politiques et le mouvement social.
UNITE
Ce qui est en cause aujourd'hui, ce n'est pas le Parti socialiste. C'est la capacité des socialistes à travailler et à vivre ensemble. Les Français nous attendent là-dessus, sur nos propositions, sur notre projet et sur notre manière de vivre ensemble.
Le Parti socialiste n'est pas simplement un parti pour lui-même, pour ses dirigeants, pour ses militants. C'est un parti pour l'ensemble de la gauche et pour les Français.
Je crois au rôle des partis politiques dans une démocratie représentative. Tout ce qui affaiblit les partis politiques fait le jeu du populisme ou du pouvoir personnel. Ce que nous avons à défendre à travers le Parti socialiste, ce n'est pas simplement un certain nombre de places, de postes. Ce que nous avons à défendre avec le Parti socialiste est une conception de la République et de la démocratie.
Nous avons un réseau considérable d'élus, notamment après nos succès électoraux des élections régionales et cantonales ; mais, je l'avais dit au congrès de Dijon, nous n'avons pas résorbé cette faille entre nos électeurs et notre Parti. Nous n'avons pas suffisamment d'adhérents et cela reste aujourd'hui une des difficultés. Même avec la volonté des adhérents du projet, nous devons continuer à avoir cette volonté d'ouverture. A condition que notre démocratie militante, elle-même, soit exemplaire. Parce que la démocratie militante, c'est ce qui fait non seulement la régulation entre nous, mais l'image du Parti socialiste.
C'est pourquoi, le congrès aura à rappeler les règles communes, celles qui nous unissent, et d'abord le respect du vote sur les orientations, le respect du vote sur la désignation de nos candidats, le respect du vote au moment du congrès.Tout cela fait partie non pas d'une position par rapport à une autre, mais de notre patrimoine commun. De la même manière, sur l'unité des socialistes, si nous prenons des engagements -et nous aurons à en prendre- sur la parité pour les élections législatives, sur la limitation du cumul des mandats, sur le rôle des fédérations, au-delà des pétitions de congrès, il faudra s'y tenir et nous devons tout y veiller.
Nous souhaitons tous le rassemblement de la gauche. Tout le monde parlera dans cette préparation de congrès de l'unité des socialistes -tant mieux- et du rassemblement de la gauche. Ce n'est pas une affaire de posture, mais de volonté. Il n'y a qu'une stratégie entre socialiste, et je ne fais de procès à personne, c'est le rassemblement de la gauche. Une fois que l'on dit cela, il n'y a qu'une méthode : le contrat ; c'est-à-dire l'accord politique et pas simplement électoral, l'accord politique programmatique entre les composantes de la gauche.
C'est autour d'un projet que peut se faire ce contrat. C'est la raison pour laquelle ce que nous allons faire, nous, comme socialistes, est déterminant pour le reste de la gauche. Nous n'avons pas à nous laisser influencer par d'autres sur telle ou telle de nos décisions ou sur tel ou tel de nos choix, pas plus que nous n'avons à imposer aux autres. Mais, nous sommes la première formation politique que la gauche. Ne l'oublions pas et ne laissons pas croire que ce pourrait être d'autres qui décident à notre place.
Si c'est autour d'un contrat, il faut qu'il soit prêt. Je suggère que cela puisse être au lendemain de notre congrès, c'est-à-dire au premier semestre de l'année 2006. Ce qui ferait un calendrier qui pourrait être le suivant :
Notre congrès, en novembre, fixerait les grandes orientations de notre projet
Une convention nationale au printemps 2006 pour l'adoption de notre projet après l'avoir complété
Mai ou juin 2006, conclusion de nos alliances politiques à travers un accord politique ; désigner nos candidats aux élections législatives à cette occasion-là
Second semestre 2006, désignation de notre candidate ou de notre candidat à l'élection présidentielle.
Je veux entrer avec mes amis dans ce congrès dans la clarté. Clarté sur les propositions, clarté sur la démarche, clarté sur les partenariats dans le congrès. Il est normal qu'une contribution veuille se transformer en motion, puis qu'une motion veuille être majoritaire.
Autour de la contribution que je présenterai, il y a la volonté de bâtir une motion à vocation majoritaire au mois de septembre. Cette motion a vocation à faire le rassemblement le plus large, la synthèse la plus grande -cela dépend de nous, cela dépend de vous. Mais, nous ne sommes pas, nous, dans la recherche de combinaison ou d'alliance. Chacun devra faire son choix. Je le fais ; je dis quelle est la contribution que je signe, qu'ensuite elle a vocation à se transformer en motion et il est normal que j'entende qu'il pourrait y avoir d'autres premiers secrétaires. C'est vrai. On n'est pas 1er secrétaire simplement parce qu'il n'y en aurait pas d'autres. Il faut qu'il y ait d'autres candidats, c'est légitime. Il n'y a aucune raison de brider les prétentions. Mais, il faut le dire et le dire clairement. Il serait souhaitable que l'on puisse dire, au mois de septembre, autour de quelle motion on veut travailler, autour de quelle majorité, de quel premier secrétaire, mais ce qui m'importe aujourd'hui, à travers cette contribution que nous proposons, c'est que nous puissions donner à notre projet toute sa place, faire le rassemblement qui puisse être majoritaire et la synthèse la plus large, parce que mon seul objectif c'est de gagner 2007
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 12 juillet 2005)