Texte intégral
Question : Je sais bien que c'est rabâcher cet enjeu du local et du global. Néanmoins, ce qui vient de se passer en Espagne, nous repose à nouveau la question. Et d'ailleurs, je l'ai posée à nos différents invités ce matin, de savoir si le terrorisme international a pu directement influer dans un scrutin national. Sur cette question, quel est votre point de vue ?
François Baroin (Réponse) : Je pense qu'à trois jours d'un scrutin, un événement aussi dramatique, aussi bouleversant, aussi terrifiant pour l'Espagne comme pour la France, est évidemment, d'abord à mettre en perspective par rapport à la douleur des familles. En ensuite, est ce un élément qui a influé sur le scrutin ? Evidemment, oui. Cela ne peut pas ne pas bouleverser les uns les autres sur la manière dont l'Etat les protège, et est capable de mettre en situation des dispositifs de protection en tous lieux, en tout temps et en toutes circonstances, dans les airs comme dans les trains. J'imagine que le corps électoral espagnol s'est mobilisé pour dire qu'il faut peut être encore un peu plus en matière de sécurité.
Question : Donc, c'est incontestablement un vote sanction. Ce vote sanction, cette façon de procéder en politique, risque t elle de gagner partout ? J'en reviens à ce qui nous attend à la fin de cette semaine, où aura lieu le premier tour d'élections qui sont cantonales et régionales, qui posent donc vraiment la question de la politique de proximité. Ne craignez vous pas, tout de même, que compte tenu des incertitudes et des inquiétudes qui occupent maintenant l'espace européen, ce vote prenne une autre dimension et devienne en effet un test national et par conséquent réponde à d'autres questions ?
François Baroin (Réponse) : Je comprends bien le sens de votre question. Je crois qu'il faut se garder de tout amalgame. Le scrutin espagnol est un scrutin national, avec des législatives qui visent à donner une tonalité sur un gouvernement. Là, en France, nous avons un scrutin intermédiaire, qui porte sur les élections régionales et sur les élections cantonales. Je ne sais pas si le vote sanction, par déclinaison et papier calque, arrivera en France. Ce que je sais, c'est que nous, nous menons campagne pour dire : ce n'est pas la campagne régionale, ce sont les campagnes régionales. Les questions qui se posent en Champagne Ardennes, ne sont pas les mêmes que celles qui se posent en Aquitaine, ne sont pas les mêmes que celles qui se posent en Rhône Alpes. Les attentes du corps électoral, justement dans ces régions comme en Ile de France comme ailleurs, ne sont pas du tout de même nature. C'est la raison pour laquelle la décentralisation, l'idée de Raffarin d'organiser ces élections à un autre moment peut, peut être, être un élément de réponse pour éviter justement cette tentation d'un scrutin national. Maintenant, je crois qu'il y a surtout une première menace qui l'abstention et l'abstention ne sert que les extrêmes. C'est la raison pour laquelle depuis une dizaine de jours, nous essayons de battre campagne très activement pour dire qu'il faut aller voter, il faut s'engager. Et puis, comme la question n'est pas de juger Raffarin, son Gouvernement, ce qu'il a fait ou ce qu'il n'a pas fait, mais de dire, quel exécutif, quelle équipe pour des régions qui vont avoir un gros pouvoir pour réorganiser les territoires de proximité, les bassins d'emplois, eh bien ne vous trompez pas d'enjeux et allez voter.
Question : Tout de même, avant de revenir à ce qui nous occupe, avec ces cantonales et régionales, les enjeux locaux, ce point qui est évoqué partout ce matin, qui est celui de la valeur de la parole politique, ce que l'on engage par sa parole et comment le peuple, l'opinion peuvent sanctionner ou pas ce qui est respecté ou qui n'est pas tenu. Après tout, la question pourrait être posée de la même façon, et à A. Juppé et à L. Jospin. L'un est l'autre, ont dit qu'ils arrêtaient. L'un et l'autre, chacun à sa façon, continuent de pratiquer la politique. N'y a t il pas, pour les opinions, aujourd'hui en Europe, une vraie question qui se pose sur la valeur de la parole politique ? Ne craignez vous pas qu'à travers ce prochain test politique, cette question là aussi, soit d'abord prise en compte ?
François Baroin (Réponse) : Là encore, je crois, pardon, pas trop de confusions. Regardez Aznar : Aznar est le seul responsable politique européen international, à ma connaissance, à l'exception des Américains, mais eux c'est le droit, Aznar dit : "Je m'en vais." Il a 51 ans, il est au pouvoir depuis huit ans, il dit : "Je m'en vais." On ne peut pas dire que le vote d'hier est un vote sanction contre Aznar puisque lui même a dit qu'il partait. Jospin, lui, est parti parce qu'il a été éliminé. Juppé, c'est d'une autre nature, il dit : "Je pars, mais j'assure la relève et la transition." C'est vrai alors là, je fais un peu de politique, vous m'en excuserez mais c'est aussi mon boulot , que les deux idées neuves du PS depuis un an, ce sont la censure et c'est Jospin. C'est un élément de perspective qui offre une alternative singulière en effet au gouvernement Raffarin. La valeur de la parole donnée est importante. Je crois qu'on ne peut pas ne pas dire que ce Gouvernement a fait des choses en matière de retraite, en matière de réforme de l'Etat, en matière, au fond, de liberté économique et de liberté individuelle. Ce Gouvernement, il a agi. Mais comme la question ne porte pas sur ce Gouvernement, je crois que, là encore, il y a huit jours utiles. Mais un scrutin, dans un monde mouvant, et dans une période d'incertitude, est source d'interrogations. Et c'est la raison pour laquelle nous, les responsables politiques, on doit être sincères dans nos démarches et en même temps très actifs sur le terrain pour convaincre.
Question : On sent bien tout de même les inquiétudes, sinon les inquiétudes, au minimum les interrogations du Premier ministre. Ce point de vue qu'il exprime en première page du Figaro, ce matin, et qu'il développe longuement à l'intérieur, porte en effet sur l'importance de ces enjeux et encore une fois sur le développement régional, l'activité régionale. Ne trouvez vous pas que l'on en a finalement assez peu parlé pendant cette campagne ?
François Baroin (Réponse) : On n'en a pas du tout parlé, parce que, au fond, la campagne a commencé depuis le lendemain des vacances, toutes périodes confondues. Dans un héroïsme obscur, nos candidats battent la campagne depuis plusieurs semaines, avec des salles qui sont essentiellement remplies de militants, mais le citoyen qui est attentif, qui reçoit le tract sur le thème "vous avez une réunion à 20h30 à tel endroit", ne vient pas. Et puis à la télévision, à la radio, on n'en a pas encore parlé. Et puis on est, et je le comprends bien, à travers vos questions d'ailleurs, dans le national. On fait une tribune, avec le PS, l'UMP, le PC etc. Donc les vraies questions ont du mal à être posées, donc les vraies réponses ont du mal à être apportées. L'élément de confusion peut être au rendez vous. C'est bien la raison pour laquelle je m'efforce, devant vous ce matin, comme tous nos amis dans tous les départements de France, de recentrer ce débat. On ne juge pas Raffarin, on vote pour des exécutifs ; on ne choisit pas un gouvernement, on choisit une équipe pour diriger sa région, avec des compétences élargies. De mon point de vue, jamais régionales et cantonales n'auront été aussi importantes dans l'histoire politique française.
Question : Concrètement, cela veut dire que, au fond, l'élection régionale et cantonale c'est la modernisation de la France qui est en cause, c'est à dire la capacité qu'elle aura à se régénérer au niveau local ?
François Baroin (Réponse) : C'est la première fois que nous allons appliquer, avec ce mode de scrutin, l'esprit de la République décentralisée. C'est la première fois, que nous allons donner à des exécutifs autant de compétences, autant de moyens financiers pour répondre aussi précisément que possible aux besoins de proximité. Une région aura, par exemple, la possibilité de dire : dans tel territoire rural, je vais pouvoir financer l'installation de jeunes agriculteurs, le maintien de commerces de proximité. Ils pourront faire des plans de développement sur des micro pays, pourront donc irriguer jusqu'au coin de la rue. Au fond, l'enjeu de dimanche, du 21 et du 28, c'est mettre la région au coin de la rue de chacune des communes de notre pays. C'est cela l'idée, c'est pour cela que c'est important.
Question : Est ce une idée qui nous ouvre aussi sur l'Europe, puisque beaucoup se sont posé la question ? Et d'ailleurs, comme décidément au lendemain du 11 septembre 2001, la question de savoir si, au fond, ces drames que nous vivons, ne sont pas aussi des éléments qui pourraient être accélérateurs d'une forme d'intégration européenne. Mais ce qui se passe au niveau cantonal et régional, n'est il pas aussi un accélérateur possible de la construction européenne, sans jouer sur les paradoxes?
François Baroin (Réponse) : D'un certain point de vue, oui, mais à la française. N'est pas concevable, a priori, de donner une autorité législative aux régions comme les Länder peuvent l'avoir en matière fiscale, ou d'ailleurs même dans un spectre législatif assez large. C'est la raison pour laquelle, oui, nous allons, avec cette République décentralisée, vers une organisation un peu différente. Mais oui, nous croyons aux vertus de l'Etat. Et donc l'Etat ne s'efface pas. Il doit être simplement plus régulateur, plus fort, là où on l'attend en matière de sécurité, en matière de lutte contre le terrorisme. Plus véloce, plus souple et moins "enquiquinant" si vous me permettez cette expression, pour gérer les libertés individuelles des citoyens.
Question : Une toute dernière question, et pardon décidément de revenir à cette actualité, mais il est difficile d'y échapper malheureusement ce matin : tout à l'heure M. A. Moratinos, socialiste, et dont B. Guetta nous disait qu'il était, peut être, "possiblement" le futur ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement socialiste, nous disait qu'il évoquait "la possibilité que les troupes espagnoles en Irak soient bientôt rappelées." Comment analyseriez vous cette décision ? Et ne serait ce pas, après tout, d'une certaine façon, une victoire aussi du terrorisme international ?
François Baroin (Réponse) : J'ai entendu les commentaires. D'abord, je vous rappelle que la position espagnole n'a pas été la position de la France, certes, et que la France a été le fer de lance d'une position de vision de la politique internationale, avec cette défense d'un équilibre. Nous sommes les alliés des Etats Unis mais un allié est un partenaire qui dit les choses et qui accepte de dire : je suis d'accord ou je ne suis pas d'accord. L'Espagne, elle, a choisi une autre voie ; nous avons respecté tout en la contestant. [...] Je ne suis pas à la place du nouveau représentant espagnol, mais je crois qu'en effet, une fois qu'on a fait un choix, il faut l'assumer, ce n'est pas simplement un choix politique d'un parti politique, c'est l'incarnation d'un Etat. Et ce qui n'est pas contestable, c'est que, au lendemain de ce qui s'est passé en Espagne, l'Espagne est ciblée mais c'est l'Europe qui a été visée. Et donc, sur ce point, nous devons nous réunir, nous retrouver, et avoir une politique européenne encore plus intégrée pour lutter contre les terrorismes sous toutes ses formes. Après, la présence des troupes espagnoles en Irak, je dirais que là, c'est de la gestion de la coalition à l'intérieur de laquelle nous ne nous trouvons pas. Nous souhaitons un processus de paix. Je veux croire que le leader du PSO européen espagnol prendra le temps nécessaire à mon avis pour prendre la bonne décision. Cela me paraît difficile de partir du jour au lendemain, comme cela.
(Source http://www.u-m-p.org, le 16 mars 2004)
François Baroin (Réponse) : Je pense qu'à trois jours d'un scrutin, un événement aussi dramatique, aussi bouleversant, aussi terrifiant pour l'Espagne comme pour la France, est évidemment, d'abord à mettre en perspective par rapport à la douleur des familles. En ensuite, est ce un élément qui a influé sur le scrutin ? Evidemment, oui. Cela ne peut pas ne pas bouleverser les uns les autres sur la manière dont l'Etat les protège, et est capable de mettre en situation des dispositifs de protection en tous lieux, en tout temps et en toutes circonstances, dans les airs comme dans les trains. J'imagine que le corps électoral espagnol s'est mobilisé pour dire qu'il faut peut être encore un peu plus en matière de sécurité.
Question : Donc, c'est incontestablement un vote sanction. Ce vote sanction, cette façon de procéder en politique, risque t elle de gagner partout ? J'en reviens à ce qui nous attend à la fin de cette semaine, où aura lieu le premier tour d'élections qui sont cantonales et régionales, qui posent donc vraiment la question de la politique de proximité. Ne craignez vous pas, tout de même, que compte tenu des incertitudes et des inquiétudes qui occupent maintenant l'espace européen, ce vote prenne une autre dimension et devienne en effet un test national et par conséquent réponde à d'autres questions ?
François Baroin (Réponse) : Je comprends bien le sens de votre question. Je crois qu'il faut se garder de tout amalgame. Le scrutin espagnol est un scrutin national, avec des législatives qui visent à donner une tonalité sur un gouvernement. Là, en France, nous avons un scrutin intermédiaire, qui porte sur les élections régionales et sur les élections cantonales. Je ne sais pas si le vote sanction, par déclinaison et papier calque, arrivera en France. Ce que je sais, c'est que nous, nous menons campagne pour dire : ce n'est pas la campagne régionale, ce sont les campagnes régionales. Les questions qui se posent en Champagne Ardennes, ne sont pas les mêmes que celles qui se posent en Aquitaine, ne sont pas les mêmes que celles qui se posent en Rhône Alpes. Les attentes du corps électoral, justement dans ces régions comme en Ile de France comme ailleurs, ne sont pas du tout de même nature. C'est la raison pour laquelle la décentralisation, l'idée de Raffarin d'organiser ces élections à un autre moment peut, peut être, être un élément de réponse pour éviter justement cette tentation d'un scrutin national. Maintenant, je crois qu'il y a surtout une première menace qui l'abstention et l'abstention ne sert que les extrêmes. C'est la raison pour laquelle depuis une dizaine de jours, nous essayons de battre campagne très activement pour dire qu'il faut aller voter, il faut s'engager. Et puis, comme la question n'est pas de juger Raffarin, son Gouvernement, ce qu'il a fait ou ce qu'il n'a pas fait, mais de dire, quel exécutif, quelle équipe pour des régions qui vont avoir un gros pouvoir pour réorganiser les territoires de proximité, les bassins d'emplois, eh bien ne vous trompez pas d'enjeux et allez voter.
Question : Tout de même, avant de revenir à ce qui nous occupe, avec ces cantonales et régionales, les enjeux locaux, ce point qui est évoqué partout ce matin, qui est celui de la valeur de la parole politique, ce que l'on engage par sa parole et comment le peuple, l'opinion peuvent sanctionner ou pas ce qui est respecté ou qui n'est pas tenu. Après tout, la question pourrait être posée de la même façon, et à A. Juppé et à L. Jospin. L'un est l'autre, ont dit qu'ils arrêtaient. L'un et l'autre, chacun à sa façon, continuent de pratiquer la politique. N'y a t il pas, pour les opinions, aujourd'hui en Europe, une vraie question qui se pose sur la valeur de la parole politique ? Ne craignez vous pas qu'à travers ce prochain test politique, cette question là aussi, soit d'abord prise en compte ?
François Baroin (Réponse) : Là encore, je crois, pardon, pas trop de confusions. Regardez Aznar : Aznar est le seul responsable politique européen international, à ma connaissance, à l'exception des Américains, mais eux c'est le droit, Aznar dit : "Je m'en vais." Il a 51 ans, il est au pouvoir depuis huit ans, il dit : "Je m'en vais." On ne peut pas dire que le vote d'hier est un vote sanction contre Aznar puisque lui même a dit qu'il partait. Jospin, lui, est parti parce qu'il a été éliminé. Juppé, c'est d'une autre nature, il dit : "Je pars, mais j'assure la relève et la transition." C'est vrai alors là, je fais un peu de politique, vous m'en excuserez mais c'est aussi mon boulot , que les deux idées neuves du PS depuis un an, ce sont la censure et c'est Jospin. C'est un élément de perspective qui offre une alternative singulière en effet au gouvernement Raffarin. La valeur de la parole donnée est importante. Je crois qu'on ne peut pas ne pas dire que ce Gouvernement a fait des choses en matière de retraite, en matière de réforme de l'Etat, en matière, au fond, de liberté économique et de liberté individuelle. Ce Gouvernement, il a agi. Mais comme la question ne porte pas sur ce Gouvernement, je crois que, là encore, il y a huit jours utiles. Mais un scrutin, dans un monde mouvant, et dans une période d'incertitude, est source d'interrogations. Et c'est la raison pour laquelle nous, les responsables politiques, on doit être sincères dans nos démarches et en même temps très actifs sur le terrain pour convaincre.
Question : On sent bien tout de même les inquiétudes, sinon les inquiétudes, au minimum les interrogations du Premier ministre. Ce point de vue qu'il exprime en première page du Figaro, ce matin, et qu'il développe longuement à l'intérieur, porte en effet sur l'importance de ces enjeux et encore une fois sur le développement régional, l'activité régionale. Ne trouvez vous pas que l'on en a finalement assez peu parlé pendant cette campagne ?
François Baroin (Réponse) : On n'en a pas du tout parlé, parce que, au fond, la campagne a commencé depuis le lendemain des vacances, toutes périodes confondues. Dans un héroïsme obscur, nos candidats battent la campagne depuis plusieurs semaines, avec des salles qui sont essentiellement remplies de militants, mais le citoyen qui est attentif, qui reçoit le tract sur le thème "vous avez une réunion à 20h30 à tel endroit", ne vient pas. Et puis à la télévision, à la radio, on n'en a pas encore parlé. Et puis on est, et je le comprends bien, à travers vos questions d'ailleurs, dans le national. On fait une tribune, avec le PS, l'UMP, le PC etc. Donc les vraies questions ont du mal à être posées, donc les vraies réponses ont du mal à être apportées. L'élément de confusion peut être au rendez vous. C'est bien la raison pour laquelle je m'efforce, devant vous ce matin, comme tous nos amis dans tous les départements de France, de recentrer ce débat. On ne juge pas Raffarin, on vote pour des exécutifs ; on ne choisit pas un gouvernement, on choisit une équipe pour diriger sa région, avec des compétences élargies. De mon point de vue, jamais régionales et cantonales n'auront été aussi importantes dans l'histoire politique française.
Question : Concrètement, cela veut dire que, au fond, l'élection régionale et cantonale c'est la modernisation de la France qui est en cause, c'est à dire la capacité qu'elle aura à se régénérer au niveau local ?
François Baroin (Réponse) : C'est la première fois que nous allons appliquer, avec ce mode de scrutin, l'esprit de la République décentralisée. C'est la première fois, que nous allons donner à des exécutifs autant de compétences, autant de moyens financiers pour répondre aussi précisément que possible aux besoins de proximité. Une région aura, par exemple, la possibilité de dire : dans tel territoire rural, je vais pouvoir financer l'installation de jeunes agriculteurs, le maintien de commerces de proximité. Ils pourront faire des plans de développement sur des micro pays, pourront donc irriguer jusqu'au coin de la rue. Au fond, l'enjeu de dimanche, du 21 et du 28, c'est mettre la région au coin de la rue de chacune des communes de notre pays. C'est cela l'idée, c'est pour cela que c'est important.
Question : Est ce une idée qui nous ouvre aussi sur l'Europe, puisque beaucoup se sont posé la question ? Et d'ailleurs, comme décidément au lendemain du 11 septembre 2001, la question de savoir si, au fond, ces drames que nous vivons, ne sont pas aussi des éléments qui pourraient être accélérateurs d'une forme d'intégration européenne. Mais ce qui se passe au niveau cantonal et régional, n'est il pas aussi un accélérateur possible de la construction européenne, sans jouer sur les paradoxes?
François Baroin (Réponse) : D'un certain point de vue, oui, mais à la française. N'est pas concevable, a priori, de donner une autorité législative aux régions comme les Länder peuvent l'avoir en matière fiscale, ou d'ailleurs même dans un spectre législatif assez large. C'est la raison pour laquelle, oui, nous allons, avec cette République décentralisée, vers une organisation un peu différente. Mais oui, nous croyons aux vertus de l'Etat. Et donc l'Etat ne s'efface pas. Il doit être simplement plus régulateur, plus fort, là où on l'attend en matière de sécurité, en matière de lutte contre le terrorisme. Plus véloce, plus souple et moins "enquiquinant" si vous me permettez cette expression, pour gérer les libertés individuelles des citoyens.
Question : Une toute dernière question, et pardon décidément de revenir à cette actualité, mais il est difficile d'y échapper malheureusement ce matin : tout à l'heure M. A. Moratinos, socialiste, et dont B. Guetta nous disait qu'il était, peut être, "possiblement" le futur ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement socialiste, nous disait qu'il évoquait "la possibilité que les troupes espagnoles en Irak soient bientôt rappelées." Comment analyseriez vous cette décision ? Et ne serait ce pas, après tout, d'une certaine façon, une victoire aussi du terrorisme international ?
François Baroin (Réponse) : J'ai entendu les commentaires. D'abord, je vous rappelle que la position espagnole n'a pas été la position de la France, certes, et que la France a été le fer de lance d'une position de vision de la politique internationale, avec cette défense d'un équilibre. Nous sommes les alliés des Etats Unis mais un allié est un partenaire qui dit les choses et qui accepte de dire : je suis d'accord ou je ne suis pas d'accord. L'Espagne, elle, a choisi une autre voie ; nous avons respecté tout en la contestant. [...] Je ne suis pas à la place du nouveau représentant espagnol, mais je crois qu'en effet, une fois qu'on a fait un choix, il faut l'assumer, ce n'est pas simplement un choix politique d'un parti politique, c'est l'incarnation d'un Etat. Et ce qui n'est pas contestable, c'est que, au lendemain de ce qui s'est passé en Espagne, l'Espagne est ciblée mais c'est l'Europe qui a été visée. Et donc, sur ce point, nous devons nous réunir, nous retrouver, et avoir une politique européenne encore plus intégrée pour lutter contre les terrorismes sous toutes ses formes. Après, la présence des troupes espagnoles en Irak, je dirais que là, c'est de la gestion de la coalition à l'intérieur de laquelle nous ne nous trouvons pas. Nous souhaitons un processus de paix. Je veux croire que le leader du PSO européen espagnol prendra le temps nécessaire à mon avis pour prendre la bonne décision. Cela me paraît difficile de partir du jour au lendemain, comme cela.
(Source http://www.u-m-p.org, le 16 mars 2004)