Texte intégral
(Entretien avec RFI à La Valette le 30 juin 2005) :
Q - A Malte, on a parlé entre autres choses, entre ministres du Nord et du Sud, de la Méditerranée de migration. Faut-il arrêter le flux de migration à travers la Méditerranée ?
R - Nous avons eu un débat très sincère entre Européens et responsables du monde arabe du Sud de la Méditerranée sur l'immigration. On voit bien qu'il y a les pays de départ de l'immigration, ce sont ceux de l'Afrique subsaharienne, les pays de transferts qui sont les pays maghrébins et les pays de destination qui sont les pays européens. En même temps, on sait qu'il y a un taux de fécondité dans l'Union européenne de 1,4 %, aux Etats-Unis de 2,4 %, il est donc évident que nous avons besoin d'immigration. La question est de savoir si nous choisissons ou pas. C'est le grand débat des démocraties européennes aujourd'hui. Devant les populismes, les démagogies, devant parfois aussi des réflexes xénophobes avec la montée de l'extrême droite, il faut prendre en considération, et c'est ce que j'ai dit, cette discussion sur l'immigration.
J'ai entendu en particulier le ministre des Affaires étrangères tunisien avec le ministre des Affaires étrangères italien qui disaient qu'ils avaient un programme commun de formation des infirmiers et des infirmières tunisiens, avec des Italiens qui viennent les former, leur apprendre l'italien pour qu'ensuite ils viennent en Italie, parce qu'il n'y a pas suffisamment d'infirmiers italiens.
Q - Cela, c'est de l'immigration choisie ?
R - Absolument, c'est une piste. Nous avons parlé de cette piste-là. Ensuite, nous avons parlé de l'immigration clandestine, il faut être très ferme avec l'immigration clandestine.
Q - La Libye est-elle le meilleur pays pour abriter les clandestins, le temps que leur situation soit jugée ?
R - En tout cas, rien d'officiel n'a été proposé par l'Union européenne à la Libye, mais ce mode de réunion, ce modèle 5+5 permet d'avancer ; le ministre libyen a fait des propositions et nous lui avons dit aussi un certain nombre de choses. Rien encore d'officiel ne peut sortir de là.
Ce que je peux vous dire, c'est que l'Union européenne doit être, plus que jamais, décidée à ne pas accepter l'immigration clandestine car c'est un problème de dignité, un problème de Droits de l'Homme et les ministres de l'Intérieur très prochainement vont se rencontrer également dans le cadre 5+5.
Q - Vous avez parlé également de la paix, du processus de paix au Proche-Orient, on a eu la date de la visite d'Ariel Sharon à Paris - ce sera fin juillet. Qu'attendez-vous, en tant que ministre des Affaires étrangères, de sa visite en France ?
R - D'abord, il y a un élément positif dans le conflit israélo-palestinien, un retrait de Gaza. Et, après tout, depuis le temps que l'on attend un signe et je suis persuadé que le Premier ministre Sharon est sincère sur ce retrait, il veut le faire. La question est, le lendemain, le processus politique pourra-t-il continuer ? La Feuille de route sera-elle respectée ?
Q - Mais en l'accueillant juste avant le début du retrait, lui donne-t-on une sorte de soutien ?
R - La communauté internationale est à la fois totalement derrière Abou Mazen et derrière Ariel Sharon. C'est important pour nous d'avoir à la fois le sentiment d'un retrait de Gaza des Israéliens, et de l'autre la volonté d'aider les Palestiniens à avoir une administration, à avoir un système social, à avoir un système de santé, à avoir des crèches, à avoir, autrement dit, une administration suffisamment solide, coordonnée et fiable qui ne laisse pas toute la place aux populistes et aux extrémistes.
Q - Le président Bouteflika hier a eu une réaction assez virulente contre la France à propos de cette loi qui prévoit d'inscrire dans les livres scolaires, des phrases positives sur les bienfaits de la colonisation. Il a dit que la France était prise de "cécité mentale". Quel est votre commentaire ?
R - Je dirai qu'il n'y a pas d'histoire officielle pour la France. A aucun moment on ne peut penser que l'Etat français va écrire l'histoire officielle de la France et en particulier bien évidemment en Algérie. Je me suis déjà exprimé là-dessus, je souhaite que les deux peuples, algérien et français, puissent sceller rapidement, par des symboles forts, leur amitié, pour les futures décennies. C'est trop important, nous avons trop de choses en commun, mais c'est vrai qu'il y a des difficultés. Il faut bien le savoir.
Q - Mais ce projet de loi complique cette loi-même, ne complique-t-il pas plus les choses ?
R - Je tiens à dire aux Algériens que dans ce projet de loi, il n'y a pas d'histoire officielle. La France n'a pas et ne fera jamais une histoire officielle, ce n'est pas dans notre tradition, ce n'est pas dans notre culture, ce n'est pas notre volonté.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juillet 2005)
(Entretien avec des radios françaises et l'Agence France Presse à La Valette le 30 juin 2005) :
Q - (Sur la réunion ministérielle du dialogue 5+5)
Nous avons travaillé hier soir et ce matin également, dans le cadre de ces cinq pays européens qui souhaitent parler avec cinq pays arabes du sud de la Méditerranée, car il nous semble que, géographiquement, économiquement, politiquement, il faut créer un espace de paix et de stabilité dans cet endroit du monde.
Nous avons abordé des sujets aussi importants que celui de l'immigration qui, comme vous le savez, vient souvent de l'Afrique subsaharienne, traverse le Maghreb, avec pour destination, des pays européens. Nous avons donc abordé le sujet de l'immigration clandestine, des frontières, le problème de l'immigration choisie, mais également de l'intégration des populations immigrées dans nos pays européens.
Nous avons abordé hier soir le problème du conflit israélo-palestinien, avec une approche commune, voulant que la Feuille de route soit respectée et qu'après le désengagement de Gaza, il puisse y avoir une poursuite du processus politique et de tous les processus politiques. Il faut qu'il y ait une sorte de lisibilité du processus politique de l'après-Gaza.
Enfin, nous avons parlé d'un sujet, à bâtons rompus, en toute transparence et en toute amitié, sur les rapports qui existent ou qui peuvent exister entre pauvreté, humiliation des peuples et terrorisme.
Nous avons enfin abordé le 10ème anniversaire du processus de Barcelone qui aura lieu très prochainement et enfin, il a été décidé que la France allait recevoir les 9 et 10 novembre, une conférence du dialogue 5+5 sur l'immigration avec, en particulier, les ministres des Affaires sociales. C'est donc Jean-Louis Borloo qui l'organisera.
Q - Et ce sera à Paris ?
R - Absolument, ce sera les 9 et 10 novembre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juillet 2005)
Q - A Malte, on a parlé entre autres choses, entre ministres du Nord et du Sud, de la Méditerranée de migration. Faut-il arrêter le flux de migration à travers la Méditerranée ?
R - Nous avons eu un débat très sincère entre Européens et responsables du monde arabe du Sud de la Méditerranée sur l'immigration. On voit bien qu'il y a les pays de départ de l'immigration, ce sont ceux de l'Afrique subsaharienne, les pays de transferts qui sont les pays maghrébins et les pays de destination qui sont les pays européens. En même temps, on sait qu'il y a un taux de fécondité dans l'Union européenne de 1,4 %, aux Etats-Unis de 2,4 %, il est donc évident que nous avons besoin d'immigration. La question est de savoir si nous choisissons ou pas. C'est le grand débat des démocraties européennes aujourd'hui. Devant les populismes, les démagogies, devant parfois aussi des réflexes xénophobes avec la montée de l'extrême droite, il faut prendre en considération, et c'est ce que j'ai dit, cette discussion sur l'immigration.
J'ai entendu en particulier le ministre des Affaires étrangères tunisien avec le ministre des Affaires étrangères italien qui disaient qu'ils avaient un programme commun de formation des infirmiers et des infirmières tunisiens, avec des Italiens qui viennent les former, leur apprendre l'italien pour qu'ensuite ils viennent en Italie, parce qu'il n'y a pas suffisamment d'infirmiers italiens.
Q - Cela, c'est de l'immigration choisie ?
R - Absolument, c'est une piste. Nous avons parlé de cette piste-là. Ensuite, nous avons parlé de l'immigration clandestine, il faut être très ferme avec l'immigration clandestine.
Q - La Libye est-elle le meilleur pays pour abriter les clandestins, le temps que leur situation soit jugée ?
R - En tout cas, rien d'officiel n'a été proposé par l'Union européenne à la Libye, mais ce mode de réunion, ce modèle 5+5 permet d'avancer ; le ministre libyen a fait des propositions et nous lui avons dit aussi un certain nombre de choses. Rien encore d'officiel ne peut sortir de là.
Ce que je peux vous dire, c'est que l'Union européenne doit être, plus que jamais, décidée à ne pas accepter l'immigration clandestine car c'est un problème de dignité, un problème de Droits de l'Homme et les ministres de l'Intérieur très prochainement vont se rencontrer également dans le cadre 5+5.
Q - Vous avez parlé également de la paix, du processus de paix au Proche-Orient, on a eu la date de la visite d'Ariel Sharon à Paris - ce sera fin juillet. Qu'attendez-vous, en tant que ministre des Affaires étrangères, de sa visite en France ?
R - D'abord, il y a un élément positif dans le conflit israélo-palestinien, un retrait de Gaza. Et, après tout, depuis le temps que l'on attend un signe et je suis persuadé que le Premier ministre Sharon est sincère sur ce retrait, il veut le faire. La question est, le lendemain, le processus politique pourra-t-il continuer ? La Feuille de route sera-elle respectée ?
Q - Mais en l'accueillant juste avant le début du retrait, lui donne-t-on une sorte de soutien ?
R - La communauté internationale est à la fois totalement derrière Abou Mazen et derrière Ariel Sharon. C'est important pour nous d'avoir à la fois le sentiment d'un retrait de Gaza des Israéliens, et de l'autre la volonté d'aider les Palestiniens à avoir une administration, à avoir un système social, à avoir un système de santé, à avoir des crèches, à avoir, autrement dit, une administration suffisamment solide, coordonnée et fiable qui ne laisse pas toute la place aux populistes et aux extrémistes.
Q - Le président Bouteflika hier a eu une réaction assez virulente contre la France à propos de cette loi qui prévoit d'inscrire dans les livres scolaires, des phrases positives sur les bienfaits de la colonisation. Il a dit que la France était prise de "cécité mentale". Quel est votre commentaire ?
R - Je dirai qu'il n'y a pas d'histoire officielle pour la France. A aucun moment on ne peut penser que l'Etat français va écrire l'histoire officielle de la France et en particulier bien évidemment en Algérie. Je me suis déjà exprimé là-dessus, je souhaite que les deux peuples, algérien et français, puissent sceller rapidement, par des symboles forts, leur amitié, pour les futures décennies. C'est trop important, nous avons trop de choses en commun, mais c'est vrai qu'il y a des difficultés. Il faut bien le savoir.
Q - Mais ce projet de loi complique cette loi-même, ne complique-t-il pas plus les choses ?
R - Je tiens à dire aux Algériens que dans ce projet de loi, il n'y a pas d'histoire officielle. La France n'a pas et ne fera jamais une histoire officielle, ce n'est pas dans notre tradition, ce n'est pas dans notre culture, ce n'est pas notre volonté.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juillet 2005)
(Entretien avec des radios françaises et l'Agence France Presse à La Valette le 30 juin 2005) :
Q - (Sur la réunion ministérielle du dialogue 5+5)
Nous avons travaillé hier soir et ce matin également, dans le cadre de ces cinq pays européens qui souhaitent parler avec cinq pays arabes du sud de la Méditerranée, car il nous semble que, géographiquement, économiquement, politiquement, il faut créer un espace de paix et de stabilité dans cet endroit du monde.
Nous avons abordé des sujets aussi importants que celui de l'immigration qui, comme vous le savez, vient souvent de l'Afrique subsaharienne, traverse le Maghreb, avec pour destination, des pays européens. Nous avons donc abordé le sujet de l'immigration clandestine, des frontières, le problème de l'immigration choisie, mais également de l'intégration des populations immigrées dans nos pays européens.
Nous avons abordé hier soir le problème du conflit israélo-palestinien, avec une approche commune, voulant que la Feuille de route soit respectée et qu'après le désengagement de Gaza, il puisse y avoir une poursuite du processus politique et de tous les processus politiques. Il faut qu'il y ait une sorte de lisibilité du processus politique de l'après-Gaza.
Enfin, nous avons parlé d'un sujet, à bâtons rompus, en toute transparence et en toute amitié, sur les rapports qui existent ou qui peuvent exister entre pauvreté, humiliation des peuples et terrorisme.
Nous avons enfin abordé le 10ème anniversaire du processus de Barcelone qui aura lieu très prochainement et enfin, il a été décidé que la France allait recevoir les 9 et 10 novembre, une conférence du dialogue 5+5 sur l'immigration avec, en particulier, les ministres des Affaires sociales. C'est donc Jean-Louis Borloo qui l'organisera.
Q - Et ce sera à Paris ?
R - Absolument, ce sera les 9 et 10 novembre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juillet 2005)