Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mes chers amis,
Cher Joseph,
Je suis très heureux de vous accueillir pour notre 58ème congrès.
Si nous sommes réunis aujourd'hui au Grand-Bornand, ce n'est pas tout à fait par hasard.
Tout d'abord, c'est la première fois que nous tenons notre congrès dans une petite commune de haute montagne.
Un an après notre congrès de Rodez sur la ruralité, ici nous venons à la rencontre d'une ruralité telle que nous la voulons : vivante, chaleureuse, accueillante.
Et avant toute chose, je voudrais féliciter Joseph Favre et Jean-Luc Bidal ainsi que toute leur équipe, qui se démènent, sans compter, depuis près d'un an pour nous accueillir dans les meilleures conditions possibles. Ils ont fait un travail formidable.
En votre nom, je les remercie et je crois qu'on peut les applaudir.
Et puis nous sommes au cur d'une agriculture à la française, à dimension humaine, à laquelle nous sommes tous très attachés et que nous voulons défendre coûte que coûte.
Depuis hier, nous découvrons une agriculture dynamique et multiforme. Une agriculture qui contribue harmonieusement à l'essor économique et à la qualité de vie dans cette région de montagne.
C'est cette image d'espoir que nous devons garder en nous après l'année que nous venons de vivre.
Car l'année 2003 restera à coup sûr gravée dans tous les esprits paysans comme une année noire.
Aux effets dévastateurs d'une sécheresse tout à fait exceptionnelle, sont venues s'ajouter les crises dramatiques de certaines productions. Je pense en particulier au porc, à l'aviculture, à la viticulture, au début de crise laitière, à la production bananière.
Notre mobilisation syndicale, le dévouement de nos collaborateurs, un réseau efficace et la traditionnelle solidarité propre à notre profession ont heureusement permis de colmater quelques brèches et d'éviter le pire.
Alors que nos territoires étaient frappés par le gel, la sécheresse ou les inondations, je voudrais vous féliciter d'avoir su réagir en hommes responsables et solidaires.
Vous n'avez pas ménagé votre peine pour venir en aide aux exploitations les plus touchées.
Et nous avons, tous ensemble, organisé un formidable mouvement de solidarité, particulièrement pour apporter du fourrage à tous les éleveurs qui en manquaient.
Qu'aurait fait le Gouvernement s'il n'y avait pas eu le réseau FNSEA pour assurer le transport de 350 000 tonnes de paille ?
Du fond du cur : merci à tous !
Notre congrès s'inscrit dans une actualité particulière, amplifiée par les médias, et il est beaucoup question de renouveau de notre syndicalisme.
Permettez-moi de situer les choses dans leur contexte.
L'an dernier, la Commission européenne a décidé de nous sanctionner pour notre action syndicale viande bovine, pour avoir défendu le prix payé aux éleveurs de viande bovine.
Au-delà du montant exorbitant de l'amende, nous avons tout à redouter de la condamnation des corps intermédiaires que porte ainsi l'Union européenne.
Pour la Commission, rien ne doit venir perturber la circulation des marchandises, et surtout pas les syndicats.
La Commission ne pouvait exprimer une opinion plus libérale. Une opinion plus dangereuse pour une organisation comme la nôtre qui entend prendre toutes ses responsabilités dans la régulation de l'économie et de la gestion des marchés.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de consacrer notre congrès au thème du syndicalisme, à sa fonction dans l'économie, à son rôle dans la démocratie.
Hier, lors du huis-clos, nous avons commencé à débattre entre nous de différents aspects et bien sûr nous continuerons aujourd'hui.
Tout d'abord nous donnerons la parole aux grands témoins que nous avons invités et qui nous diront leur conception des corps intermédiaires.
Ensuite, notre secrétaire général, Dominique Chardon, et les secrétaires généraux adjoints, Dominique Barrau, Jean-Bernard Bayard, Pascal Coste, Christian Decerle, Pascal Férey présenteront le rapport d'orientation.
Nous en discuterons ensemble lors du débat sur les amendements. Comme vous le savez, cette année, nous avons regroupé vos amendements en quatre thèmes : pluralisme syndical, syndicalisme et politique, financement du syndicalisme et syndicalisme et pouvoir économique.
Si nous avons fait ce choix de regrouper les amendements et de focaliser la discussion sur 4 thèmes, ce n'est pas pour " moins de démocratie " mais au contraire pour " plus de démocratie ".
En effet, vous avez constaté, l'an dernier, qu'en examinant un par un 50 amendements, nous ne pouvions pas, en 2 heures 1/2, c'est à dire 3 minutes par amendement, avoir une discussion approfondie.
Cette année, en concentrant notre discussion sur 4 thèmes, je suis persuadé que nous pourrons avoir des débats plus riches, plus fructueux, en définitive plus démocratiques.
Je sais que dans vos départements et vos régions, vous avez déjà engagé des discussions sur le rapport d'orientation. Je sais que pour certains d'entre vous, le rapport est trop timide, pour d'autres, certains aspects sont trop novateurs.
Le débat est organisé pour que l'on puisse tout se dire : je ne peux que vous encourager à y participer. Chacune de vos réflexions enrichira notre travail.
Ce rapport est une nouvelle étape dans le travail que nous avons engagé pour rénover notre organisation.
Nous voulons être de notre temps et pour cela nous devons nous affirmer comme un syndicalisme ouvert et moderne
Bien entendu, au cours de ce congrès, il sera aussi question des crises que subissent de trop nombreux secteurs de productions. Les tables rondes qui y sont consacrées, ce matin avec les associations spécialisées, nous permettront de faire le point et de tracer des perspectives.
Et puis bien sûr, nous ne pouvions pas ne pas parler de la PAC. Depuis le 26 juin 2003, une réforme est engagée. Pour l'instant, il y a plus d'ombre que de lumière dans les textes qu'on nous prépare. Et malgré nos actions répétées, nous avons bien du mal à obtenir des éclaircissements.
Nous en parlerons demain, lors de la table ronde que nous y consacrons.
Nous accueillerons nos invités étrangers qui nous diront ce qu'ils en pensent et avec lesquels nous avons au moins un point de vue en commun sur cette politique agricole : la complexité.
Nous y évoquerons aussi, bien sûr, cette Europe élargie qui nous attend dans quelques semaines.
Mes chers amis,
Plus que jamais, face à une politique agricole vacillante, face à une conjoncture tendue, face aux attaques contre les corps intermédiaires, nous avons besoin d'une organisation forte et unie. Cette organisation, c'est la FNSEA.
Ce congrès fera une nouvelle fois la démonstration que, malgré l'acharnement à vouloir nous détruire de ceux qui nous craignent, la FNSEA est plus que jamais une maison ouverte où chacun a sa place, où toutes les opinions peuvent être défendues.
Une maison qui se veut transparente dans son fonctionnement, claire dans ses pratiques et son financement, rigoureuse dans sa volonté de neutralité par rapport aux partis politiques quels qu'ils soient.
Une maison ouverte où - à l'abri des stériles querelles de chapelle - on prépare l'avenir en toute indépendance et avec réalisme.
Très bon congrès à tous.
Je vous remercie.
(source http://www.fnsea.fr, le 1er avril 2004)