Texte intégral
Q- Une dizaine de département ont déjà demandé à être placés en calamité agricole, pour faire face, bien entendu, à la sécheresse qui frappe le pays cet été. D. Bussereau, vous êtes Ministre de l'Agriculture, êtes- vous favorable à cette démarche ?
R- Vous savez la procédure des calamités agricoles, on l'utilise toujours lorsqu'il y a une difficulté ; là, nous sommes devant une difficulté majeure avec la sécheresse ; donc, elle est engagée. Cela veut dire que, dans les départements où il y a des problèmes, les phases d'enquête sont en cours, des comités d'expertise se réunissent, et ensuite, j'ai avancé d'un mois la réunion du comité national "calamité", qui se réunira le 8 septembre, et nous ferons le point. D'abord, ceux qui ont des problèmes de fourrage, car c'est là que les choses sont les plus urgentes, et ensuite, l'ensemble des départements qui ont des dossiers à présenter.
Q- A-t-on une idée du préjudice financier que peuvent avoir subi ces agriculteurs ?
R- C'est très compliqué. Les premières récoltes de juillet ont été satisfaisantes, celles qu'on nous annonce sur d'autres céréales à paille sont également a priori globalement satisfaisantes. Mais il y a des situations tellement variées d'un département à l'autre, donc ce sera vraiment des appréciations, je dirais, sur des micro-micro-régions.
Q- Alors, c'est aussi un peu une bombe à retardement, parce que là, on parle de fourrage notamment, cela veut dire la nourriture des bêtes pour l'hiver prochain.
R- Ce qui est différent dans la sécheresse de cette année par rapport à celle de 1976, ou celle de l'année de la canicule de 2003, c'est qu'ont été touchés les départements de l'ouest et moins, en tout cas dans un premier temps, les départements d'élevage. Donc, on a moins les problèmes de fourrage qui avaient amenés en 2003, H. Gaymard à demander le concours de l'armée pour apporter du fourrage etc... Donc, les choses sont un peu différentes. Ceci étant, il y a des gens qui ont souffert en 2003, et qui souffrent à nouveau. Donc, j'envisage, avec l'accord du Premier Ministre, des mesures particulières pour ce que j'appellerai les pluri-sinistrés, et que les agriculteurs qui ont déjà subi des pertes puissent avoir un taux d'aide supérieur, quand ils ont à plusieurs reprises souffert de la sécheresse, et puis, également, d'un report possible des cotisations de la mutualité sociale agricole. Donc nous sommes en train de regarder cela, dans les cas les plus difficiles.
Q- Cela concerne combien de personnes à peu près ?
R- C'est difficile à savoir, car la gestion de la sécheresse, c'est une gestion par département.
Q- Ce sont des centaines de millions d'euros, ou pas ?
R- Ce sont des sommes importantes, mais vous savez, quand malheureusement un agriculteur subit des pertes et qu'il touche les calamités agricoles, cela ne représente que 30% à peu près de sa perte. C'est une indemnité, malheureusement, partielle. Ce que je voulais dire simplement, c'est que au début de l'été, on avait interrogé le Gouvernement sur le fait de savoir si il y aurait un impôt sécheresse, et j'avais répondu : "ce qu'il faut, c'est un impôt civisme".
Q- Il y a eu une réaction civique des Français ?
R- Il y a eu une réaction civique. Les agriculteurs dès le printemps ont moins planté des plantes nécessitant de l'eau, en particulier le maïs irrigué, moins que d'habitude.
Q- Justement, D. Bussereau, on a montré du doigt cet été les exploitations céréalières qui consomment beaucoup d'eau l'été. Est-ce qu'il va falloir repenser cette politique ?
R- Moi, j'ai trouvé cela très injuste. D'abord, parce que la France a besoin de produire du maïs, on en a besoin pour notre richesse agricole. J'ai trouvé que la critique qu'en faisait, en particulier, dans l'UFC-Que choisir était injuste. On a besoin d'eau. Cela veut dire qu'il faut que nous ayons une gestion nouvelle de l'eau et surtout que nous créions des nouvelles ressources en eau.
Q- Alors, on parle d'une dizaine de département qui demandent à être classé en calamité. Cela va s'étendre ?
R- Cela va dépendre des récoltes. Pour l'instant, il y a eu des premières récoltes fin juillet, et ça va dépendre de ce qui va se passer maintenant. Et, c'est là qu'on estimera au cas par cas, et ces commissions naturellement se réuniront tout le temps. La commission "calamités agricoles" se réunit le 8 septembre. Le premier septembre, je réunirai le comité de suivi de la sécheresse, et elles se réuniront à nouveau à chaque fois qu'on aura fait le point département par département.
Q- Parce que près de soixante-dix départements ont pris des mesures de restrictions d'eau cet été.
R- Soixante-et-onze, alors que fin juillet, on était à cinquante deux. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu de progrès de la pluviométrie pendant l'été, et qu'on est aujourd'hui à soixante et onze départements sur quatre vingt- quinze métropolitains. Voyez l'ampleur du phénomène.
Q- Autre dossier, la grippe aviaire : l'épizootie a touché une partie de la Russie. Ça, on le sait. La Hollande a décidé de confiner ses volailles, c'est-à-dire de les empêcher de sortir, en gros. On redoute les oiseaux migrateurs, est-ce qu'on va faire pareil en France ?
R- Si vous voulez, il y a deux choses qui ont été dites, qui sont inexactes. Un : l'épidémie n'a pas vraiment franchi la barrière de l'Oural, et les oiseaux migrateurs qui viennent de ces régions vont plutôt vers le Proche Orient, Moyen Orient que vers nos régions. N'empêche qu'il faut être prudent. Nous avons sensibilisé tous les professionnels, tous les services vétérinaires sont en alerte. Nos voisins hollandais ont pris des mesures de restrictions. Les Allemands n'y ont pas encore réfléchi. Donc, on se parle entre tous les pays européens et nous réunirons l'ensemble des professionnels, d'ici la fin de la semaine, avec le ministère de la Santé, pour faire le point. Et je peux vous dire que les professionnels - pour eux ce sont des enjeux économiques très importants, par delà les enjeux de santé publique, qui sont considérables -, sont très attentifs et la protection vétérinaire est mobilisée. Donc tout le monde étudie cela de très près et puis on réagira à chaque fois que ce sera nécessaire.
Q- Il y a une inquiétude sérieuse ?
R- Il faut être prudent parce que ce n'est pas rien, cette pandémie, je vous l'ai dit. Mais pour l'instant il n'y a pas de raisons d'être inquiet, en ce qui concerne, en tout cas, l'aviculture française.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2005)
R- Vous savez la procédure des calamités agricoles, on l'utilise toujours lorsqu'il y a une difficulté ; là, nous sommes devant une difficulté majeure avec la sécheresse ; donc, elle est engagée. Cela veut dire que, dans les départements où il y a des problèmes, les phases d'enquête sont en cours, des comités d'expertise se réunissent, et ensuite, j'ai avancé d'un mois la réunion du comité national "calamité", qui se réunira le 8 septembre, et nous ferons le point. D'abord, ceux qui ont des problèmes de fourrage, car c'est là que les choses sont les plus urgentes, et ensuite, l'ensemble des départements qui ont des dossiers à présenter.
Q- A-t-on une idée du préjudice financier que peuvent avoir subi ces agriculteurs ?
R- C'est très compliqué. Les premières récoltes de juillet ont été satisfaisantes, celles qu'on nous annonce sur d'autres céréales à paille sont également a priori globalement satisfaisantes. Mais il y a des situations tellement variées d'un département à l'autre, donc ce sera vraiment des appréciations, je dirais, sur des micro-micro-régions.
Q- Alors, c'est aussi un peu une bombe à retardement, parce que là, on parle de fourrage notamment, cela veut dire la nourriture des bêtes pour l'hiver prochain.
R- Ce qui est différent dans la sécheresse de cette année par rapport à celle de 1976, ou celle de l'année de la canicule de 2003, c'est qu'ont été touchés les départements de l'ouest et moins, en tout cas dans un premier temps, les départements d'élevage. Donc, on a moins les problèmes de fourrage qui avaient amenés en 2003, H. Gaymard à demander le concours de l'armée pour apporter du fourrage etc... Donc, les choses sont un peu différentes. Ceci étant, il y a des gens qui ont souffert en 2003, et qui souffrent à nouveau. Donc, j'envisage, avec l'accord du Premier Ministre, des mesures particulières pour ce que j'appellerai les pluri-sinistrés, et que les agriculteurs qui ont déjà subi des pertes puissent avoir un taux d'aide supérieur, quand ils ont à plusieurs reprises souffert de la sécheresse, et puis, également, d'un report possible des cotisations de la mutualité sociale agricole. Donc nous sommes en train de regarder cela, dans les cas les plus difficiles.
Q- Cela concerne combien de personnes à peu près ?
R- C'est difficile à savoir, car la gestion de la sécheresse, c'est une gestion par département.
Q- Ce sont des centaines de millions d'euros, ou pas ?
R- Ce sont des sommes importantes, mais vous savez, quand malheureusement un agriculteur subit des pertes et qu'il touche les calamités agricoles, cela ne représente que 30% à peu près de sa perte. C'est une indemnité, malheureusement, partielle. Ce que je voulais dire simplement, c'est que au début de l'été, on avait interrogé le Gouvernement sur le fait de savoir si il y aurait un impôt sécheresse, et j'avais répondu : "ce qu'il faut, c'est un impôt civisme".
Q- Il y a eu une réaction civique des Français ?
R- Il y a eu une réaction civique. Les agriculteurs dès le printemps ont moins planté des plantes nécessitant de l'eau, en particulier le maïs irrigué, moins que d'habitude.
Q- Justement, D. Bussereau, on a montré du doigt cet été les exploitations céréalières qui consomment beaucoup d'eau l'été. Est-ce qu'il va falloir repenser cette politique ?
R- Moi, j'ai trouvé cela très injuste. D'abord, parce que la France a besoin de produire du maïs, on en a besoin pour notre richesse agricole. J'ai trouvé que la critique qu'en faisait, en particulier, dans l'UFC-Que choisir était injuste. On a besoin d'eau. Cela veut dire qu'il faut que nous ayons une gestion nouvelle de l'eau et surtout que nous créions des nouvelles ressources en eau.
Q- Alors, on parle d'une dizaine de département qui demandent à être classé en calamité. Cela va s'étendre ?
R- Cela va dépendre des récoltes. Pour l'instant, il y a eu des premières récoltes fin juillet, et ça va dépendre de ce qui va se passer maintenant. Et, c'est là qu'on estimera au cas par cas, et ces commissions naturellement se réuniront tout le temps. La commission "calamités agricoles" se réunit le 8 septembre. Le premier septembre, je réunirai le comité de suivi de la sécheresse, et elles se réuniront à nouveau à chaque fois qu'on aura fait le point département par département.
Q- Parce que près de soixante-dix départements ont pris des mesures de restrictions d'eau cet été.
R- Soixante-et-onze, alors que fin juillet, on était à cinquante deux. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu de progrès de la pluviométrie pendant l'été, et qu'on est aujourd'hui à soixante et onze départements sur quatre vingt- quinze métropolitains. Voyez l'ampleur du phénomène.
Q- Autre dossier, la grippe aviaire : l'épizootie a touché une partie de la Russie. Ça, on le sait. La Hollande a décidé de confiner ses volailles, c'est-à-dire de les empêcher de sortir, en gros. On redoute les oiseaux migrateurs, est-ce qu'on va faire pareil en France ?
R- Si vous voulez, il y a deux choses qui ont été dites, qui sont inexactes. Un : l'épidémie n'a pas vraiment franchi la barrière de l'Oural, et les oiseaux migrateurs qui viennent de ces régions vont plutôt vers le Proche Orient, Moyen Orient que vers nos régions. N'empêche qu'il faut être prudent. Nous avons sensibilisé tous les professionnels, tous les services vétérinaires sont en alerte. Nos voisins hollandais ont pris des mesures de restrictions. Les Allemands n'y ont pas encore réfléchi. Donc, on se parle entre tous les pays européens et nous réunirons l'ensemble des professionnels, d'ici la fin de la semaine, avec le ministère de la Santé, pour faire le point. Et je peux vous dire que les professionnels - pour eux ce sont des enjeux économiques très importants, par delà les enjeux de santé publique, qui sont considérables -, sont très attentifs et la protection vétérinaire est mobilisée. Donc tout le monde étudie cela de très près et puis on réagira à chaque fois que ce sera nécessaire.
Q- Il y a une inquiétude sérieuse ?
R- Il faut être prudent parce que ce n'est pas rien, cette pandémie, je vous l'ai dit. Mais pour l'instant il n'y a pas de raisons d'être inquiet, en ce qui concerne, en tout cas, l'aviculture française.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2005)