Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
C'est pour moi un grand honneur que de vous présenter aujourd'hui, pour la première fois, le budget du ministère de la culture. Vous me permettrez d'ajouter que c'est aussi pour moi une étape importante de mon itinéraire et de mon engagement personnel.
Depuis 1936 lorsque naquirent l'éducation et la culture populaires, jusqu'à André Malraux, qui voulait " donner à chacun accès à l'héritage de la noblesse du monde ", nombreux sont ceux qui ont cru et agi pour que la culture soit reconnue comme un droit pour tous.
Cette conviction est la mienne et, depuis qu'en 1972 me fut confiée la direction de la Maison de la Culture de Grenoble, elle a fondé ma vie professionnelle comme mon engagement politique.
Réunir et confronter les créateurs et le public, faire s'épanouir les oeuvres des premiers à la lumière des attentes du second, telle fut ma première ambition et mon premier métier. Dans les fonctions qui sont aujourd'hui les miennes, c'est l'objectif que j'entends poursuivre avec votre soutien.
L'Etat, donc mon ministère, doit affirmer la présence de la création au cur de la cité, rendre accessibles au plus grand nombre, les oeuvres dans toute leur diversité y compris dans leurs nouvelles inspirations.
C'est pour moi le sens premier du soutien de l'Etat, c'est ce qui fonde la légitimité de son intervention. Cette intervention est aujourd'hui reconnue comme légitime et utile, par les professionnels, et par toutes les collectivités territoriales qui depuis des décennies ont consenti des efforts considérables.
Alors que le temps des loisirs s'accroît, et malgré l'élévation du niveau éducatif de nos concitoyens, le risque est grand d'une standardisation de la culture et des loisirs culturels. Alors que le marché y occupe une place de plus en plus forte, qui risque de devenir dominante, le rôle de l'Etat me paraît aujourd'hui encore plus nécessaire. L'Etat conserve toute sa place pour soutenir la création dans sa diversité, pour garantir l'égalité devant la culture, pour équilibrer l'offre culturelle au bénéfice de l'ensemble de nos villes, de nos quartiers et de nos territoires.
Avec un total de 16 milliards 496 millions de francs, soit 0,994% du budget de l'Etat, le budget de la culture a anticipé sur l'objectif fixé par le Premier ministre en 1997, de 1 % du budget de l'Etat à la fin de la législature. Si cet objectif n'a jamais en lui-même représenté une politique, il est bien cependant le symbole d'un véritable engagement de notre gouvernement.
Avec 415 MF de mesures nouvelles, le budget de la culture connaît une progression de 2,6 %, supérieure à celle enregistrée entre 1999 et 2000 et plus de deux fois supérieure à l'augmentation moyenne du budget de l'Etat.
Le budget 2001 marque également une progression très significative en matière d'emplois : mon ministère s'inscrit résolument dans la politique de résorption de l'emploi précaire. 300 vacataires seront ainsi stabilisés dans des corps correspondant à l'ensemble des catégories A, B et C.
Par ailleurs, les établissements publics bénéficient de 315 créations d'emplois.
Ainsi, mon ministère s'attache à sortir progressivement d'une situation socialement et fonctionnellement très fragile, liée à un recours excessif à des agents précaires pour satisfaire des besoins permanents du service public.
Ce budget 2001 permettra, à partir de l'existant, de mettre en uvre des actions nouvelles, conformes aux priorités que je me suis fixées en arrivant à la tête de ce ministère.
Les moyens supplémentaires seront mis au service de deux objectifs majeurs:
renforcer la création et la diffusion des arts vivants ;
maintenir un haut niveau de soutien aux politiques patrimoniales.
Premier objectif donc : renforcer la création et la diffusion des arts vivants
Dès mon arrivée au ministère, vous le savez, j'avais souhaité l'inscription au collectif de printemps de 50 MF de crédits au bénéfice de la création et des créateurs. Je souhaitais restaurer les marges artistiques des établissements. Le Parlement a adopté cette mesure. En 2001, 80 MF de mesures nouvelles, porteront à 2.263 MF les crédits d'interventions destinés au spectacle vivant. En outre, les théâtres nationaux bénéficieront de 13 millions de mesures nouvelles dont 6 M.F. permettront notamment au théâtre de Chaillot, d'enrichir sa programmation en s'ouvrant largement à la danse sous la double responsabilité d'Ariel Goldenberg et José Montalvo.
Mais la diversité culturelle passe également par l'ouverture de nouveaux lieux et le soutien aux disciplines nouvelles.
La réforme du soutien aux compagnies a permis d'ouvrir le dispositif aux jeunes équipes théâtrales et chorégraphiques qui bénéficieront l'an prochain de 14 MF de mesures nouvelles.
En ce qui concerne le renouvellement des disciplines anciennes et la reconnaissance des arts populaires, 2001 sera consacrée " année du cirque " avec une dotation supplémentaire de 9 MF.
Par ailleurs, le soutien à la création implique désormais une aide à la création artistique multimédia. Ce nouveau mode d'expression souvent pluridisciplinaire, porté par de jeunes créateurs, s'adapte mal à l'organisation et aux procédures des services traditionnels. J'ai donc décidé la création d'un dispositif fonctionnant comme un guichet unique, doté de 4 MF, destiné à accueillir et soutenir les projets de création multimédia.
Les aides du Centre national de la cinématographie au Cinéma et à l'audiovisuel connaîtront une progression très sensible en 2001.
D'une part, le compte de soutien devrait augmenter de 9,7 %. Cette progression bénéficiera, dans le secteur du cinéma, en priorité aux aides sélectives destinées aux salles d'art et d'essai, à l'écriture, à la distribution et au court métrage ; dans l'audiovisuel, la croissance des ressources permettra une augmentation de près de 14 % des aides à la production et je souhaite que les entreprises émergentes du secteur soient les premières bénéficiaires de cette augmentation.
Enfin, le site de Bercy - dont l'ouverture est prévue en 2002 - bénéficiera de 35 MF d'autorisations de programmes.
Enfin, le soutien à la création passe par la formation des créateurs de l'avenir : comédiens, artistes plasticiens, architectes... Avec 52 millions de mesures nouvelles les crédits consacrés aux enseignements artistiques atteindront 1,7 milliard de francs en 2001 soit une progression de plus de 18 % depuis 1999.
Le deuxième objectif que Michel Duffour et moi-mêmes nous sommes fixés vise le maintien d'un haut niveau de soutien aux politiques patrimoniales.
L'enveloppe consacrée au patrimoine progressera de 43 MF et atteindra ainsi 1 milliard 580 millions de francs. Cette enveloppe sera consacrée à l'archéologie et, à part à peu près égales aux monuments appartenant à l'Etat, notamment à la poursuite des grandes opérations telles que Versailles ou le Grand Palais, et aux monuments n'appartenant pas à l'Etat. Ainsi, en application du contrat de plan signé avec la région Provence-Alpes Côtes d'Azur, mon ministère consacrera 10 millions au bénéfice du patrimoine antique.
Notre patrimoine, comme vous le savez, a été durement éprouvé par les tempêtes de la fin 1999. Le montant global des dommages, non couverts par les assurances a été évalué à 800 M.F. Le collectif budgétaire voté au mois de juin a dégagé des crédits de 500 M.F. inclus dans " les avenants tempêtes " aux contrats de plan Etat/Région.
Les musées classés et contrôlés verront leurs autorisations de programme progresser de 8 %. Les monuments historiques abritant des musées seront privilégiés. Nous mènerons ainsi une cinquantaine d'opérations sur l'ensemble du territoire parmi lesquelles : le musée Toulouse-Lautrec à Albi ou le musée des Beaux Arts d'Angers que connaît bien Monsieur Christian Martin, ou encore celui des Ducs de Bretagne à Nantes.
A Paris, mon ministère contribuera à hauteur de 376 MF, à la première phase de construction du futur musée du quai Branly.
Cette politique patrimoniale rejoint une forte attente du public et contribue au rayonnement culturel de notre pays : en 1999, 49 millions de personnes ont visité nos musées et les chiffres de l'année 2000 devraient marquer une nouvelle progression.
Dans la même ligne, nous soutiendrons massivement l'effort de modernisation des bâtiments d'archives entrepris par les collectivités territoriales.
Enfin pour les bibliothèques, nous poursuivrons la modernisation du réseau. Il s'agit notamment d'accélérer la généralisation des techniques de l'information et de faciliter la numérisation des fonds patrimoniaux.
Je souhaite que la politique en faveur de la création et de la défense du patrimoine que je viens de dessiner s'inscrive dans une double logique, dont les deux axes sont d'ailleurs complémentaires : la réduction des inégalités et la décentralisation.
Les mesures de gratuité mises en place dans certains secteurs, comme dans les musées, où elles ont eu un impact réel, ne sauraient résoudre à elles seules les problèmes posés par les inégalités d'accès à la culture. Ces inégalités existent dès l'enfance et doivent être réduites au sein même du système scolaire. C'est pourquoi je me réjouis de la collaboration qui s'approfondit avec le ministère de l'éducation nationale afin d'assurer une éducation artistique tout au long de la scolarité.
Dès 2001, je consacrerai 18 MF de mesures nouvelles à des actions d'éducation artistique et à la formation des professionnels de la culture intervenant en milieu scolaire.
Ces moyens nouveaux permettront la création de 660 ateliers d'expression artistique supplémentaires dans les lycées qui s'ajouteront aux 1650 ateliers créés en 1999 et 2000. En outre, le dispositif " musique à l'école " qui a pour objectif de favoriser la pratique musicale, sera renforcé.
Face aux nouvelles technologies de l'information, l'égalité d'accès à la culture passe par une attention vigilante sur les contenus qui seront diffusés sur les nouveaux réseaux. Conformément aux orientations tracées par le Premier ministre, j'entends d'abord, grâce à l'ensemble des ressources de mon ministère et de ses établissements publics, enrichir l'offre en poursuivant, à hauteur de 8 MF, la numérisation des fonds culturels.
En second lieu, nous doublerons le nombre des espaces culture multimédia, notamment dans les bibliothèques. Leur nombre atteindra 220 en 2001.
2°) La décentralisation
Comme l'a indiqué, le Premier Ministre, le gouvernement a décidé d'engager une deuxième étape de la décentralisation. La commission présidée par Pierre Mauroy vient de rendre public son rapport sur la base duquel un débat national va s'ouvrir . Je m'en réjouis car la décentralisation est un axe majeur de la politique de mon ministère comme l'a d'ailleurs marqué la création à mes côtés d'un secrétariat d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle confié à Michel Duffour.
Depuis deux décennies, ce partenariat a produit des résultats incontestables en termes d'aménagement du territoire et de développement des pratiques culturelles. Le nouveau contexte dans lequel s'inscrit l'action concertée de l'État et des collectivités locales au travers des contrats d'agglomération, de ville et de pays, appelle une modernisation des modes d'intervention de mon ministère. Seront ainsi expérimentés dès 2001, sous la conduite de Michel Duffour, avec des collectivités locales volontaires, des nouveaux protocoles de décentralisation culturelle.
Ces protocoles, au nombre de 6 à 8, proposeront une nouvelle répartition des responsabilités en matière culturelle. Mon ministère leur consacrera dès 2001 une enveloppe de 15 MF.
Mais l'acquis de notre politique décentralisée est déjà considérable et le budget que je vous propose prévoit une forte progression des concours à l'investissement pour la réalisation d'équipements culturels dans les régions.
L'effort le plus significatif sera fait, comme je l'ai déjà indiqué, en faveur de la modernisation des bâtiments d'archives entrepris avec les collectivités territoriales. Ainsi, les crédits d'aide à la construction ou à l'extension de ces bâtiments progresseront de plus de 70 % après avoir plus que doublé en 2000 par rapport à 1999 ; leur montant, qui était de 30 MF en 1999 et de 65 MF en 2000, est porté à 111 MF en 2001. Je vous rappelle que ces crédits n'étaient que de 17 MF en 1997.
Comme l'a souligné, M. Martin, les conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement constituent un instrument précieux au service des collectivités territoriales.
J'ai demandé que soient étudiées les nécessaires modifications de l'organisation, des missions et du financement des CAUE et, notamment, un aménagement de la fiscalité qui permettrait d'assurer à ces organismes des ressources pérennes.
Un groupe de travail dont les travaux devraient s'achever en mars 2001 explore les moyens d'atteindre les trois objectifs suivants :
augmenter les moyens des CAUE,
réduire les disparités entre les département,
assurer une meilleure régularité des recettes d'une année sur l'autre.
Les crédits d'investissement prévus au budget 2001, qui s'élèveront à 190 MF pour le spectacle vivant et à 70 millions pour les arts plastiques, permettront de poursuivre la politique de construction et d'aménagement des lieux de diffusion et d'enseignement, en partenariat avec les collectivités locales.
Dans le domaine du livre et de la lecture, une mesure nouvelle de 32 MF portant à 981 MF le montant des crédits affectés aux bibliothèques permettra la poursuite de la modernisation du réseau des bibliothèques. Ces crédits permettront de soutenir plus de 300 opérations de construction et d'extension de bibliothèques et d'accélérer la généralisation des nouvelles technologies dans les bibliothèques publiques : informatisation, accès au réseau Internet, numérisation des fonds patrimoniaux et locaux.
Enfin, le programme des bibliothèques à vocation régionale touche à son terme avec l'inauguration prochaine de Montpellier et de Chalons-en-Champagne, avant la réalisation, de celles de Rennes, Troyes, Toulouse, Reims, Nice et Marseille.
C'est ainsi un réseau dense et moderne de bibliothèques qui se met en place dans notre pays. Il sera irrigué par la Bibliothèque Nationale de France qui, par les systèmes de consultation à distance et de numérisation des catalogues, joue, et jouera demain plus encore son rôle de tête de réseau des grandes bibliothèques régionales.
Cet exemple nous montre que les grands établissements publics culturels, s'ils sont le plus souvent implantés à Paris, participent aussi à notre politique de décentralisation. Comme la Bibliothèque Nationale de France, le Centre Georges Pompidou, la Réunion des Musées Nationaux ou la Cité des Sciences et de l'Industrie, chacun selon des modalités correspondant à leur vocation, coopèrent très activement avec les lieux culturels de nos régions.
Les villes, les départements et les régions sont, même si c'est irrégulièrement, de plus en plus actifs dans le domaine culturel. Ils y consacrent des moyens beaucoup plus grands qu'il y a vingt ans. La dynamique qui s'est ainsi enclenchée est profitable à tous nos concitoyens.
Mais j'ai la ferme conviction que l'Etat, garant de la diversité de la création et de l'égal accès de tous à la culture a un rôle essentiel à jouer. Il a des responsabilités propres même si de plus en plus, il intervient en coopération avec les collectivités territoriales.
Au cours des années récentes, l'augmentation du budget de mon Ministère a marqué une volonté constante d'inciter et d'accompagner l'essor des actions culturelles dans les régions. Le budget 2001 marque bien cette volonté et je souhaite qu'à l'avenir nous ayons les moyens de poursuivre ce développement.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 novembre 2000)
Mesdames et Messieurs les Députés,
C'est pour moi un grand honneur que de vous présenter aujourd'hui, pour la première fois, le budget du ministère de la culture. Vous me permettrez d'ajouter que c'est aussi pour moi une étape importante de mon itinéraire et de mon engagement personnel.
Depuis 1936 lorsque naquirent l'éducation et la culture populaires, jusqu'à André Malraux, qui voulait " donner à chacun accès à l'héritage de la noblesse du monde ", nombreux sont ceux qui ont cru et agi pour que la culture soit reconnue comme un droit pour tous.
Cette conviction est la mienne et, depuis qu'en 1972 me fut confiée la direction de la Maison de la Culture de Grenoble, elle a fondé ma vie professionnelle comme mon engagement politique.
Réunir et confronter les créateurs et le public, faire s'épanouir les oeuvres des premiers à la lumière des attentes du second, telle fut ma première ambition et mon premier métier. Dans les fonctions qui sont aujourd'hui les miennes, c'est l'objectif que j'entends poursuivre avec votre soutien.
L'Etat, donc mon ministère, doit affirmer la présence de la création au cur de la cité, rendre accessibles au plus grand nombre, les oeuvres dans toute leur diversité y compris dans leurs nouvelles inspirations.
C'est pour moi le sens premier du soutien de l'Etat, c'est ce qui fonde la légitimité de son intervention. Cette intervention est aujourd'hui reconnue comme légitime et utile, par les professionnels, et par toutes les collectivités territoriales qui depuis des décennies ont consenti des efforts considérables.
Alors que le temps des loisirs s'accroît, et malgré l'élévation du niveau éducatif de nos concitoyens, le risque est grand d'une standardisation de la culture et des loisirs culturels. Alors que le marché y occupe une place de plus en plus forte, qui risque de devenir dominante, le rôle de l'Etat me paraît aujourd'hui encore plus nécessaire. L'Etat conserve toute sa place pour soutenir la création dans sa diversité, pour garantir l'égalité devant la culture, pour équilibrer l'offre culturelle au bénéfice de l'ensemble de nos villes, de nos quartiers et de nos territoires.
Avec un total de 16 milliards 496 millions de francs, soit 0,994% du budget de l'Etat, le budget de la culture a anticipé sur l'objectif fixé par le Premier ministre en 1997, de 1 % du budget de l'Etat à la fin de la législature. Si cet objectif n'a jamais en lui-même représenté une politique, il est bien cependant le symbole d'un véritable engagement de notre gouvernement.
Avec 415 MF de mesures nouvelles, le budget de la culture connaît une progression de 2,6 %, supérieure à celle enregistrée entre 1999 et 2000 et plus de deux fois supérieure à l'augmentation moyenne du budget de l'Etat.
Le budget 2001 marque également une progression très significative en matière d'emplois : mon ministère s'inscrit résolument dans la politique de résorption de l'emploi précaire. 300 vacataires seront ainsi stabilisés dans des corps correspondant à l'ensemble des catégories A, B et C.
Par ailleurs, les établissements publics bénéficient de 315 créations d'emplois.
Ainsi, mon ministère s'attache à sortir progressivement d'une situation socialement et fonctionnellement très fragile, liée à un recours excessif à des agents précaires pour satisfaire des besoins permanents du service public.
Ce budget 2001 permettra, à partir de l'existant, de mettre en uvre des actions nouvelles, conformes aux priorités que je me suis fixées en arrivant à la tête de ce ministère.
Les moyens supplémentaires seront mis au service de deux objectifs majeurs:
renforcer la création et la diffusion des arts vivants ;
maintenir un haut niveau de soutien aux politiques patrimoniales.
Premier objectif donc : renforcer la création et la diffusion des arts vivants
Dès mon arrivée au ministère, vous le savez, j'avais souhaité l'inscription au collectif de printemps de 50 MF de crédits au bénéfice de la création et des créateurs. Je souhaitais restaurer les marges artistiques des établissements. Le Parlement a adopté cette mesure. En 2001, 80 MF de mesures nouvelles, porteront à 2.263 MF les crédits d'interventions destinés au spectacle vivant. En outre, les théâtres nationaux bénéficieront de 13 millions de mesures nouvelles dont 6 M.F. permettront notamment au théâtre de Chaillot, d'enrichir sa programmation en s'ouvrant largement à la danse sous la double responsabilité d'Ariel Goldenberg et José Montalvo.
Mais la diversité culturelle passe également par l'ouverture de nouveaux lieux et le soutien aux disciplines nouvelles.
La réforme du soutien aux compagnies a permis d'ouvrir le dispositif aux jeunes équipes théâtrales et chorégraphiques qui bénéficieront l'an prochain de 14 MF de mesures nouvelles.
En ce qui concerne le renouvellement des disciplines anciennes et la reconnaissance des arts populaires, 2001 sera consacrée " année du cirque " avec une dotation supplémentaire de 9 MF.
Par ailleurs, le soutien à la création implique désormais une aide à la création artistique multimédia. Ce nouveau mode d'expression souvent pluridisciplinaire, porté par de jeunes créateurs, s'adapte mal à l'organisation et aux procédures des services traditionnels. J'ai donc décidé la création d'un dispositif fonctionnant comme un guichet unique, doté de 4 MF, destiné à accueillir et soutenir les projets de création multimédia.
Les aides du Centre national de la cinématographie au Cinéma et à l'audiovisuel connaîtront une progression très sensible en 2001.
D'une part, le compte de soutien devrait augmenter de 9,7 %. Cette progression bénéficiera, dans le secteur du cinéma, en priorité aux aides sélectives destinées aux salles d'art et d'essai, à l'écriture, à la distribution et au court métrage ; dans l'audiovisuel, la croissance des ressources permettra une augmentation de près de 14 % des aides à la production et je souhaite que les entreprises émergentes du secteur soient les premières bénéficiaires de cette augmentation.
Enfin, le site de Bercy - dont l'ouverture est prévue en 2002 - bénéficiera de 35 MF d'autorisations de programmes.
Enfin, le soutien à la création passe par la formation des créateurs de l'avenir : comédiens, artistes plasticiens, architectes... Avec 52 millions de mesures nouvelles les crédits consacrés aux enseignements artistiques atteindront 1,7 milliard de francs en 2001 soit une progression de plus de 18 % depuis 1999.
Le deuxième objectif que Michel Duffour et moi-mêmes nous sommes fixés vise le maintien d'un haut niveau de soutien aux politiques patrimoniales.
L'enveloppe consacrée au patrimoine progressera de 43 MF et atteindra ainsi 1 milliard 580 millions de francs. Cette enveloppe sera consacrée à l'archéologie et, à part à peu près égales aux monuments appartenant à l'Etat, notamment à la poursuite des grandes opérations telles que Versailles ou le Grand Palais, et aux monuments n'appartenant pas à l'Etat. Ainsi, en application du contrat de plan signé avec la région Provence-Alpes Côtes d'Azur, mon ministère consacrera 10 millions au bénéfice du patrimoine antique.
Notre patrimoine, comme vous le savez, a été durement éprouvé par les tempêtes de la fin 1999. Le montant global des dommages, non couverts par les assurances a été évalué à 800 M.F. Le collectif budgétaire voté au mois de juin a dégagé des crédits de 500 M.F. inclus dans " les avenants tempêtes " aux contrats de plan Etat/Région.
Les musées classés et contrôlés verront leurs autorisations de programme progresser de 8 %. Les monuments historiques abritant des musées seront privilégiés. Nous mènerons ainsi une cinquantaine d'opérations sur l'ensemble du territoire parmi lesquelles : le musée Toulouse-Lautrec à Albi ou le musée des Beaux Arts d'Angers que connaît bien Monsieur Christian Martin, ou encore celui des Ducs de Bretagne à Nantes.
A Paris, mon ministère contribuera à hauteur de 376 MF, à la première phase de construction du futur musée du quai Branly.
Cette politique patrimoniale rejoint une forte attente du public et contribue au rayonnement culturel de notre pays : en 1999, 49 millions de personnes ont visité nos musées et les chiffres de l'année 2000 devraient marquer une nouvelle progression.
Dans la même ligne, nous soutiendrons massivement l'effort de modernisation des bâtiments d'archives entrepris par les collectivités territoriales.
Enfin pour les bibliothèques, nous poursuivrons la modernisation du réseau. Il s'agit notamment d'accélérer la généralisation des techniques de l'information et de faciliter la numérisation des fonds patrimoniaux.
Je souhaite que la politique en faveur de la création et de la défense du patrimoine que je viens de dessiner s'inscrive dans une double logique, dont les deux axes sont d'ailleurs complémentaires : la réduction des inégalités et la décentralisation.
Les mesures de gratuité mises en place dans certains secteurs, comme dans les musées, où elles ont eu un impact réel, ne sauraient résoudre à elles seules les problèmes posés par les inégalités d'accès à la culture. Ces inégalités existent dès l'enfance et doivent être réduites au sein même du système scolaire. C'est pourquoi je me réjouis de la collaboration qui s'approfondit avec le ministère de l'éducation nationale afin d'assurer une éducation artistique tout au long de la scolarité.
Dès 2001, je consacrerai 18 MF de mesures nouvelles à des actions d'éducation artistique et à la formation des professionnels de la culture intervenant en milieu scolaire.
Ces moyens nouveaux permettront la création de 660 ateliers d'expression artistique supplémentaires dans les lycées qui s'ajouteront aux 1650 ateliers créés en 1999 et 2000. En outre, le dispositif " musique à l'école " qui a pour objectif de favoriser la pratique musicale, sera renforcé.
Face aux nouvelles technologies de l'information, l'égalité d'accès à la culture passe par une attention vigilante sur les contenus qui seront diffusés sur les nouveaux réseaux. Conformément aux orientations tracées par le Premier ministre, j'entends d'abord, grâce à l'ensemble des ressources de mon ministère et de ses établissements publics, enrichir l'offre en poursuivant, à hauteur de 8 MF, la numérisation des fonds culturels.
En second lieu, nous doublerons le nombre des espaces culture multimédia, notamment dans les bibliothèques. Leur nombre atteindra 220 en 2001.
2°) La décentralisation
Comme l'a indiqué, le Premier Ministre, le gouvernement a décidé d'engager une deuxième étape de la décentralisation. La commission présidée par Pierre Mauroy vient de rendre public son rapport sur la base duquel un débat national va s'ouvrir . Je m'en réjouis car la décentralisation est un axe majeur de la politique de mon ministère comme l'a d'ailleurs marqué la création à mes côtés d'un secrétariat d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle confié à Michel Duffour.
Depuis deux décennies, ce partenariat a produit des résultats incontestables en termes d'aménagement du territoire et de développement des pratiques culturelles. Le nouveau contexte dans lequel s'inscrit l'action concertée de l'État et des collectivités locales au travers des contrats d'agglomération, de ville et de pays, appelle une modernisation des modes d'intervention de mon ministère. Seront ainsi expérimentés dès 2001, sous la conduite de Michel Duffour, avec des collectivités locales volontaires, des nouveaux protocoles de décentralisation culturelle.
Ces protocoles, au nombre de 6 à 8, proposeront une nouvelle répartition des responsabilités en matière culturelle. Mon ministère leur consacrera dès 2001 une enveloppe de 15 MF.
Mais l'acquis de notre politique décentralisée est déjà considérable et le budget que je vous propose prévoit une forte progression des concours à l'investissement pour la réalisation d'équipements culturels dans les régions.
L'effort le plus significatif sera fait, comme je l'ai déjà indiqué, en faveur de la modernisation des bâtiments d'archives entrepris avec les collectivités territoriales. Ainsi, les crédits d'aide à la construction ou à l'extension de ces bâtiments progresseront de plus de 70 % après avoir plus que doublé en 2000 par rapport à 1999 ; leur montant, qui était de 30 MF en 1999 et de 65 MF en 2000, est porté à 111 MF en 2001. Je vous rappelle que ces crédits n'étaient que de 17 MF en 1997.
Comme l'a souligné, M. Martin, les conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement constituent un instrument précieux au service des collectivités territoriales.
J'ai demandé que soient étudiées les nécessaires modifications de l'organisation, des missions et du financement des CAUE et, notamment, un aménagement de la fiscalité qui permettrait d'assurer à ces organismes des ressources pérennes.
Un groupe de travail dont les travaux devraient s'achever en mars 2001 explore les moyens d'atteindre les trois objectifs suivants :
augmenter les moyens des CAUE,
réduire les disparités entre les département,
assurer une meilleure régularité des recettes d'une année sur l'autre.
Les crédits d'investissement prévus au budget 2001, qui s'élèveront à 190 MF pour le spectacle vivant et à 70 millions pour les arts plastiques, permettront de poursuivre la politique de construction et d'aménagement des lieux de diffusion et d'enseignement, en partenariat avec les collectivités locales.
Dans le domaine du livre et de la lecture, une mesure nouvelle de 32 MF portant à 981 MF le montant des crédits affectés aux bibliothèques permettra la poursuite de la modernisation du réseau des bibliothèques. Ces crédits permettront de soutenir plus de 300 opérations de construction et d'extension de bibliothèques et d'accélérer la généralisation des nouvelles technologies dans les bibliothèques publiques : informatisation, accès au réseau Internet, numérisation des fonds patrimoniaux et locaux.
Enfin, le programme des bibliothèques à vocation régionale touche à son terme avec l'inauguration prochaine de Montpellier et de Chalons-en-Champagne, avant la réalisation, de celles de Rennes, Troyes, Toulouse, Reims, Nice et Marseille.
C'est ainsi un réseau dense et moderne de bibliothèques qui se met en place dans notre pays. Il sera irrigué par la Bibliothèque Nationale de France qui, par les systèmes de consultation à distance et de numérisation des catalogues, joue, et jouera demain plus encore son rôle de tête de réseau des grandes bibliothèques régionales.
Cet exemple nous montre que les grands établissements publics culturels, s'ils sont le plus souvent implantés à Paris, participent aussi à notre politique de décentralisation. Comme la Bibliothèque Nationale de France, le Centre Georges Pompidou, la Réunion des Musées Nationaux ou la Cité des Sciences et de l'Industrie, chacun selon des modalités correspondant à leur vocation, coopèrent très activement avec les lieux culturels de nos régions.
Les villes, les départements et les régions sont, même si c'est irrégulièrement, de plus en plus actifs dans le domaine culturel. Ils y consacrent des moyens beaucoup plus grands qu'il y a vingt ans. La dynamique qui s'est ainsi enclenchée est profitable à tous nos concitoyens.
Mais j'ai la ferme conviction que l'Etat, garant de la diversité de la création et de l'égal accès de tous à la culture a un rôle essentiel à jouer. Il a des responsabilités propres même si de plus en plus, il intervient en coopération avec les collectivités territoriales.
Au cours des années récentes, l'augmentation du budget de mon Ministère a marqué une volonté constante d'inciter et d'accompagner l'essor des actions culturelles dans les régions. Le budget 2001 marque bien cette volonté et je souhaite qu'à l'avenir nous ayons les moyens de poursuivre ce développement.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 novembre 2000)