Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, en réponse à une question sur la politique agricole commune, au Sénat le 30 juin 2005.

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Circonstance : Séance de questions d'actualité au gouvernement au Sénat le 30 juin 2005 : question de Henri de Raincourt (UMP)

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur le président de Raincourt,
Vous avez raison d'en appeler au lyrisme quand on parle de l'agriculture. Nous savons, en effet, tout ce que nous devons à notre agriculture française. Et vous avez parlé en grand connaisseur du milieu agricole, et je vous en remercie.
N'ayez aucun souci : le président de la République, le Gouvernement sont conscients de cet enjeu essentiel que représente l'agriculture française, pour la France, mais aussi pour l'Europe. C'est un atout que nous voulons défendre.
La Politique agricole commune, en effet, c'est une des forces de l'Europe. Il ne faut pas oublier que l'agriculture a donné à l'Europe son indépendance. Il y a 40 ans, l'agriculture n'était pas autonome ; nous ne pouvions pas satisfaire notre exigence d'indépendance sur ce terrain. En 40 ans, nous avons rattrapé le temps perdu, et nous sommes aujourd'hui, l'Europe, la deuxième puissance agricole au monde.
La Politique agricole commune, c'est aussi un atout pour notre pays, et nous ne devons pas, de mon point de vue, bouder cette responsabilité et cette satisfaction. C'est un atout pour l'emploi. Vous le savez, Monsieur le sénateur. Cela représente 2,5 millions d'emplois dans notre pays, quand on prend en compte la filière agricole et la filière agro-alimentaire. C'est un atout économique ensuite, parce que notre pays est le premier exportateur de produits transformés au monde. Quand on est champion au monde, on ne laisse pas sa place, on assume ses responsabilités.
Allons-nous renoncer à cet atout, à cette responsabilité, vis-à-vis de la planète Plus de 6 milliards d'hommes, de femmes, d'enfants à nourrir, au moment où nous le savons, les Etats-Unis ambitionnent d'être les seuls maîtres du pouvoir vert. Nous serions, à la fois, bien naïfs et bien irresponsables. Nous tiendrons notre rang, nous assumerons notre responsabilité pleine et entière dans ce domaine.
Enfin, l'Europe et la Politique agricole commune, c'est un atout pour le développement économique de notre territoire. Nous ne l'oublions pas. L'identité de notre pays est profondément marquée par notre agriculture, et nous voulons défendre cet esprit particulier, et esprit français, si attaché à notre terroir. Nous le voyons tous les week-ends : les Français vont où ? Ils vont vers les terroirs de France. Ils se retrouvent sur ces terroirs qui sont la marque de leur identité, et cela, nous ne voulons pas l'oublier.
La Politique agricole commune, c'est enfin une chance pour l'avenir. Ce serait une profonde erreur d'imaginer que ceci appartient au passé, un passé lointain. Cette agriculture garantit d'abord la sécurité de ce que nous mangeons. Nous sommes attachés à la qualité de ce que nous mangeons, de ce que nous produisons. Les Français veulent savoir aujourd'hui d'où viennent les produits qui sont dans leur assiette. Ils sont attachés à "la traçabilité" de ces produits, quelles chaînes de fabrication, quelles chaînes de distribution ces produits ont-ils suivis ? La France, il faut le rappeler ici, est leader dans le domaine de la sécurité alimentaire. "Le poulet asiatique", "la vache folle", ce n'est pas chez nous.
Enfin, l'agriculture est respectueuse de l'environnement et de l'équilibre de nos territoires, de l'équilibre de nos paysages. Cette tradition-là, nous en sommes aussi comptables. Cela fait partie de notre héritage.
Le 11 juillet je recevrai les principaux représentants des organisations agricoles, et je préparerai avec eux les échéances à venir, qu'il s'agisse du projet de loi d'orientation agricole, qu'il s'agisse des prochaines échéances de l'Organisation mondiale du commerce.
(Source http://www.premier-minnistre.gouv.fr, le 1er juillet 2005)