Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis d'être présent parmi vous aujourd'hui. Cette rencontre constitue un moment essentiel pour tous ceux qui, dans notre pays, s'engagent dans la lutte contre le terrorisme.
Elle rassemble pour la première fois les responsables des services de renseignement et des forces opérationnelles, des chercheurs, des magistrats, des responsables politiques, des journalistes et des représentants de la société civile.
Elle permet de faire avancer les travaux du Livre blanc sur la sécurité intérieure face au terrorisme, qui devra jouer un rôle décisif dans la définition de la réponse française à la menace terroriste.
1. Vos réflexions sont d'autant plus importantes que jamais la menace terroriste n'a été aussi forte
Elle touche naturellement les zones de tension du Proche et du Moyen-Orient, comme l'ont montré les attentats d'Amman qui ont fait 57 victimes la semaine dernière. Mais elle n'épargne aucun continent :
L'Europe a été frappée deux fois au cours des deux dernières années, à Madrid puis à Londres.
Quelques jours après des arrestations importantes au Canada, les forces de sécurité australiennes ont neutralisé une équipe de terroristes prêts à passer à l'action.
Aujourd'hui, aucun pays n'est à l'abri : il existe contre la France une menace réelle. Notre vigilance doit donc être permanente. J'ai donc décidé de maintenir le plan Vigipirate au niveau rouge.
Cette menace est d'autant plus sérieuse qu'elle a changé de nature.
Elle repose sur un mode d'organisation complexe qui mêle des prédicateurs extrémistes implantés sur notre territoire, des individus souvent bien intégrés et parlant notre langue, et des organisateurs rompus aux technologies les plus modernes.
Les groupes terroristes peuvent compter sur la mise en place de filières d'acheminement vers les zones de djihad et les camps d'entraînement au Moyen-Orient ou en Asie du Sud-Est.
Ils s'appuient enfin sur des systèmes de communication de plus en plus complexes et de plus en plus difficiles à appréhender.
S'agissant des modes opératoires, nous savons que les groupes terroristes ne reculeront devant aucun type d'action, qu'il s'agisse du recours à des armes non conventionnelles, chimiques, bactériologiques ou radiologiques, ou encore d'attentats kamikazes.
2 - Nous avons donc un impératif : nous adapter en permanence pour mieux protéger les Français
La première clé c'est le renseignement : il est au coeur de notre dispositif de lutte contre le terrorisme.
Nos services effectuent un travail continu de surveillance des individus et des réseaux susceptibles de basculer dans la violence. Ils sont en permanence en contact avec la communauté internationale du renseignement afin d'échanger des informations.
Nous avons déjà renforcé la coordination entre les différents services, grâce au Comité Interministériel du renseignement que j'ai relancé en arrivant au Ministère de l'Intérieur.
Au niveau régional, les pôles régionaux de lutte contre l'islamisme radical que j'ai mis en place démultiplient cette surveillance sur tout le territoire. Ils permettent aux préfets de région de disposer des informations nécessaires pour éviter la propagation d'un discours extrémiste dans les mosquées, dans les lieux de rassemblements et dans les cités. Depuis leur création ils ont permis la reconduite à la frontière d'une vingtaine d'islamistes radicaux étrangers.
Le travail des services de renseignement trouve son prolongement dans l'action de la police judiciaire. Grâce à cette coordination nous parvenons à neutraliser les filières et les réseaux avant qu'ils ne passent à l'action. La méthode française, la voilà. C'est une méthode exemplaire qui a fait ses preuves et que de nombreux pays souhaitent mettre en place.
Nous avons également renforcé nos moyens d'action.
Au lendemain des attentats de Londres, j'ai demandé à Nicolas SARKOZY de préparer un projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme. Ce texte sera soumis à l'Assemblée Nationale la semaine prochaine. Il nous donne des moyens juridiques et techniques qui nous faisaient défaut pour identifier et neutraliser les réseaux terroristes.
D'abord, il nous permettra d'améliorer notre dispositif de surveillance, sur l'Internet, sur les réseaux de communication de dernière génération ;
Ensuite il nous permettra de compléter notre dispositif de vidéosurveillance ;
Il facilitera également un certain nombre de contrôles, notamment dans les trains internationaux. Les forces de l'ordre pourront aussi avoir accès aux informations contenues dans les fichiers.
Enfin, ce projet de loi nous donnera la possibilité de geler les avoirs financiers des terroristes et de ceux qui leur apportent un soutien logistique.
Ce texte, je tiens à le réaffirmer, ne bouleverse pas nos principes juridiques. Il ne fait qu'adapter notre droit aux réalités de la vie moderne et du progrès technologique. A chaque étape de sa préparation, nous avons veillé à ce qu'il respecte strictement nos traditions juridiques et les libertés individuelles.
Le Gouvernement a intégralement suivi l'avis du Conseil d'Etat et s'est montré intransigeant sur les principes fondamentaux de notre droit.
Pour offrir toutes les garanties nécessaires, nous avons aussi voulu que certaines dispositions soient temporaires. Toutes seront soumises à l'évaluation du Parlement.
3- Mais face à la menace durable que constitue le terrorisme, il nous fallait aussi une nouvelle doctrine stratégique
C'est pourquoi j'ai lancé en mai dernier le projet d'un Livre Blanc sur la sécurité intérieure face au risque terroriste.
En 1994 le Livre blanc sur la défense avait redéfini les orientations de notre politique de défense en tirant toutes les conclusions de notre politique de défense.
Aujourd'hui nous devons adapter notre dispositif de sécurité intérieure à l'apparition du terrorisme de destruction de masse.
Le Livre Blanc répondra à trois objectifs majeurs : 1) La définition de la menace et les scénarios d'attentats possibles sur notre sol. 2) L'évaluation de nos besoins techniques et juridiques ; 3) La sensibilisation de nos concitoyens à la réalité de la menace terroriste.
Les conclusions des différents groupes de travail me seront rendues avant la fin de l'année. Mais je voudrais d'ores et déjà évoquer devant vous les grands axes de la stratégie qu'il mettra en place.
Premier axe : continuer de nous adapter et d'anticiper
Nous devons bien entendu répondre aux risques d'aujourd'hui, mais nous devons aussi nous préparer à l'évolution de la menace.
Le Livre Blanc nous permettra d'identifier les cibles et les points de vulnérabilité, les lieux publics susceptibles d'être visés, les centres commerciaux, les transports, les bâtiments institutionnels. Ces sites devront disposer d'une protection renforcée qui va au-delà des circuits de vidéo-surveillance, et que nous définirons en liaison avec leurs responsables.
Il nous permettra aussi de définir les domaines juridiques et opérationnels dans lesquels nous devons encore progresser :
Je pense notamment aux interceptions de sécurité, à l'automatisation de certaines tâches comme la traduction, ou encore au développement de nos outils de détection des substances dangereuses.
Je pense également au développement des accès aux fichiers et les échanges sécurisés. Aujourd'hui nous disposons des technologies nécessaires pour échanger des informations en toute sécurité, en conservant la trace de ces échanges.
Anticiper c'est aussi évaluer nos capacités de réaction, en réalisant des exercices réguliers non seulement sur les menaces les plus évidentes mais aussi sur d'autres types de menaces, par exemple bactériologique.
Le deuxième axe, c'est le renforcement de la coopération internationale
Les réseaux terroristes ne connaissent pas de frontières. Ils exploitent la moindre faiblesse, la moindre vulnérabilité pour s'organiser et frapper, parfois dans un pays tiers. Pour lutter efficacement contre la menace terroriste, nous devons travailler avec nos partenaires européens et l'ensemble de la communauté internationale. C'est indispensable pour remonter les filières terroristes, pour retracer le parcours des djihadistes et compléter nos bases de données sur les réseaux, les recrutements et les nouveaux modes d'action.
La priorité c'est d'accélérer la coopération judiciaire et policière dans l'Union Européenne.
Dans le cadre du G5 nous avons déjà mis en place un certain nombre de procédures comme l'échange systématique de listes de djihadistes ou le renforcement de la coopération dans le domaine du renseignement.
Lors de ma visite à Londres en juillet dernier, j'ai donc fait des propositions supplémentaires au Premier Ministre britannique :
La conservation des données téléphoniques qui ont permis, notamment dans le cas des attentats de Madrid, de remonter la filière terroriste ;
Une coopération accrue dans la lutte contre l'islamisme radical qui risque de se propager dans nos pays, notamment auprès des jeunes.
Le troisième axe du Livre Blanc c'est la défense de nos principes démocratiques
L'objectif des groupes terroristes c'est précisément de faire reculer l'Etat de droit et de nous faire renoncer peu à peu à nos principes.
Pour cela nous avons besoin d'un véritable consensus autour de la lutte contre le terrorisme.
Nos concitoyens doivent donc bénéficier de l'information la plus large et la plus transparente possible sur la réalité de la menace et les mesures de sécurité adoptées. Bien sûr, il faut préserver le travail des services de renseignement. Mais il est essentiel d'associer nos concitoyens à cette mobilisation : c'est l'objet de la base de données sur le terrorisme que j'ai mise en place lorsque j'étais au Ministère de l'Intérieur.
Nous devons également sensibiliser davantage les opérateurs du secteur public et privé au risque terroriste. Dans ce dispositif, les maires doivent occuper une place particulière : ils sont au contact permanent des Français, ils peuvent relayer les messages et faire remonter les informations. Surtout, ils peuvent mettre en oeuvre des stratégies de sécurité à l'échelon local, qu'il s'agisse de l'aménagement urbain ou encore des réseaux de vidéo-surveillance.
C'est grâce à une information précise et objective, grâce à une mobilisation constante de tous les services concernés que nous parviendrons à éviter tout risque d'amalgame.
L'immense majorité des musulmans de France vivent dans le respect des valeurs de respect, de tolérance et de laïcité de notre République. Ils condamnent avec fermeté l'instrumentalisation, par les courants extrémistes, du message de paix de l'Islam.
Je tiens d'ailleurs à saluer les avancées accomplies par le Conseil français du culte musulman pour proposer des solutions dans le domaine de la formation des imams et du recrutement des aumôniers de prison.
C'est un point particulièrement important, car nous savons aujourd'hui que les prisons sont un lieu de recrutement privilégié pour un certain nombre de filières.
Sur le plan international ensuite nous devons également affirmer les principes démocratiques avec l'ensemble de la communauté internationale.
Cela passe par un renforcement des coopérations, avec pour objectif principal un meilleur dialogue entre les peuples -en particulier ouvert à nos voisins du Sud et au monde musulman- et la participation à la bataille des idées contre les messages de haine.
Cela passe aussi par la résolution des crises régionales, qui doit constituer une priorité pour la communauté internationale. Car ces crises sont autant de plaies que les groupes terroristes n'hésiteront pas à exploiter et à instrumentaliser, comme c'est le cas actuellement en Irak. Face à ces crises, l'ambition de la France est de trouver des solutions fondées sur la démocratie, qui respectent les identités culturelles et qui répondent mieux aux besoins politiques, économiques et sociaux de long terme du pays.
Voilà, mesdames et messieurs quels sont les objectifs du Livre blanc : adapter notre dispositif stratégique et opérationnel ; donner à notre pays les outils nécessaires pour faire face, dans le strict respect de nos principes démocratiques, à une menace qui pèse aujourd'hui sur tous les pays européens.
Je vous remercie.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 novembre 2005)
Je me réjouis d'être présent parmi vous aujourd'hui. Cette rencontre constitue un moment essentiel pour tous ceux qui, dans notre pays, s'engagent dans la lutte contre le terrorisme.
Elle rassemble pour la première fois les responsables des services de renseignement et des forces opérationnelles, des chercheurs, des magistrats, des responsables politiques, des journalistes et des représentants de la société civile.
Elle permet de faire avancer les travaux du Livre blanc sur la sécurité intérieure face au terrorisme, qui devra jouer un rôle décisif dans la définition de la réponse française à la menace terroriste.
1. Vos réflexions sont d'autant plus importantes que jamais la menace terroriste n'a été aussi forte
Elle touche naturellement les zones de tension du Proche et du Moyen-Orient, comme l'ont montré les attentats d'Amman qui ont fait 57 victimes la semaine dernière. Mais elle n'épargne aucun continent :
L'Europe a été frappée deux fois au cours des deux dernières années, à Madrid puis à Londres.
Quelques jours après des arrestations importantes au Canada, les forces de sécurité australiennes ont neutralisé une équipe de terroristes prêts à passer à l'action.
Aujourd'hui, aucun pays n'est à l'abri : il existe contre la France une menace réelle. Notre vigilance doit donc être permanente. J'ai donc décidé de maintenir le plan Vigipirate au niveau rouge.
Cette menace est d'autant plus sérieuse qu'elle a changé de nature.
Elle repose sur un mode d'organisation complexe qui mêle des prédicateurs extrémistes implantés sur notre territoire, des individus souvent bien intégrés et parlant notre langue, et des organisateurs rompus aux technologies les plus modernes.
Les groupes terroristes peuvent compter sur la mise en place de filières d'acheminement vers les zones de djihad et les camps d'entraînement au Moyen-Orient ou en Asie du Sud-Est.
Ils s'appuient enfin sur des systèmes de communication de plus en plus complexes et de plus en plus difficiles à appréhender.
S'agissant des modes opératoires, nous savons que les groupes terroristes ne reculeront devant aucun type d'action, qu'il s'agisse du recours à des armes non conventionnelles, chimiques, bactériologiques ou radiologiques, ou encore d'attentats kamikazes.
2 - Nous avons donc un impératif : nous adapter en permanence pour mieux protéger les Français
La première clé c'est le renseignement : il est au coeur de notre dispositif de lutte contre le terrorisme.
Nos services effectuent un travail continu de surveillance des individus et des réseaux susceptibles de basculer dans la violence. Ils sont en permanence en contact avec la communauté internationale du renseignement afin d'échanger des informations.
Nous avons déjà renforcé la coordination entre les différents services, grâce au Comité Interministériel du renseignement que j'ai relancé en arrivant au Ministère de l'Intérieur.
Au niveau régional, les pôles régionaux de lutte contre l'islamisme radical que j'ai mis en place démultiplient cette surveillance sur tout le territoire. Ils permettent aux préfets de région de disposer des informations nécessaires pour éviter la propagation d'un discours extrémiste dans les mosquées, dans les lieux de rassemblements et dans les cités. Depuis leur création ils ont permis la reconduite à la frontière d'une vingtaine d'islamistes radicaux étrangers.
Le travail des services de renseignement trouve son prolongement dans l'action de la police judiciaire. Grâce à cette coordination nous parvenons à neutraliser les filières et les réseaux avant qu'ils ne passent à l'action. La méthode française, la voilà. C'est une méthode exemplaire qui a fait ses preuves et que de nombreux pays souhaitent mettre en place.
Nous avons également renforcé nos moyens d'action.
Au lendemain des attentats de Londres, j'ai demandé à Nicolas SARKOZY de préparer un projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme. Ce texte sera soumis à l'Assemblée Nationale la semaine prochaine. Il nous donne des moyens juridiques et techniques qui nous faisaient défaut pour identifier et neutraliser les réseaux terroristes.
D'abord, il nous permettra d'améliorer notre dispositif de surveillance, sur l'Internet, sur les réseaux de communication de dernière génération ;
Ensuite il nous permettra de compléter notre dispositif de vidéosurveillance ;
Il facilitera également un certain nombre de contrôles, notamment dans les trains internationaux. Les forces de l'ordre pourront aussi avoir accès aux informations contenues dans les fichiers.
Enfin, ce projet de loi nous donnera la possibilité de geler les avoirs financiers des terroristes et de ceux qui leur apportent un soutien logistique.
Ce texte, je tiens à le réaffirmer, ne bouleverse pas nos principes juridiques. Il ne fait qu'adapter notre droit aux réalités de la vie moderne et du progrès technologique. A chaque étape de sa préparation, nous avons veillé à ce qu'il respecte strictement nos traditions juridiques et les libertés individuelles.
Le Gouvernement a intégralement suivi l'avis du Conseil d'Etat et s'est montré intransigeant sur les principes fondamentaux de notre droit.
Pour offrir toutes les garanties nécessaires, nous avons aussi voulu que certaines dispositions soient temporaires. Toutes seront soumises à l'évaluation du Parlement.
3- Mais face à la menace durable que constitue le terrorisme, il nous fallait aussi une nouvelle doctrine stratégique
C'est pourquoi j'ai lancé en mai dernier le projet d'un Livre Blanc sur la sécurité intérieure face au risque terroriste.
En 1994 le Livre blanc sur la défense avait redéfini les orientations de notre politique de défense en tirant toutes les conclusions de notre politique de défense.
Aujourd'hui nous devons adapter notre dispositif de sécurité intérieure à l'apparition du terrorisme de destruction de masse.
Le Livre Blanc répondra à trois objectifs majeurs : 1) La définition de la menace et les scénarios d'attentats possibles sur notre sol. 2) L'évaluation de nos besoins techniques et juridiques ; 3) La sensibilisation de nos concitoyens à la réalité de la menace terroriste.
Les conclusions des différents groupes de travail me seront rendues avant la fin de l'année. Mais je voudrais d'ores et déjà évoquer devant vous les grands axes de la stratégie qu'il mettra en place.
Premier axe : continuer de nous adapter et d'anticiper
Nous devons bien entendu répondre aux risques d'aujourd'hui, mais nous devons aussi nous préparer à l'évolution de la menace.
Le Livre Blanc nous permettra d'identifier les cibles et les points de vulnérabilité, les lieux publics susceptibles d'être visés, les centres commerciaux, les transports, les bâtiments institutionnels. Ces sites devront disposer d'une protection renforcée qui va au-delà des circuits de vidéo-surveillance, et que nous définirons en liaison avec leurs responsables.
Il nous permettra aussi de définir les domaines juridiques et opérationnels dans lesquels nous devons encore progresser :
Je pense notamment aux interceptions de sécurité, à l'automatisation de certaines tâches comme la traduction, ou encore au développement de nos outils de détection des substances dangereuses.
Je pense également au développement des accès aux fichiers et les échanges sécurisés. Aujourd'hui nous disposons des technologies nécessaires pour échanger des informations en toute sécurité, en conservant la trace de ces échanges.
Anticiper c'est aussi évaluer nos capacités de réaction, en réalisant des exercices réguliers non seulement sur les menaces les plus évidentes mais aussi sur d'autres types de menaces, par exemple bactériologique.
Le deuxième axe, c'est le renforcement de la coopération internationale
Les réseaux terroristes ne connaissent pas de frontières. Ils exploitent la moindre faiblesse, la moindre vulnérabilité pour s'organiser et frapper, parfois dans un pays tiers. Pour lutter efficacement contre la menace terroriste, nous devons travailler avec nos partenaires européens et l'ensemble de la communauté internationale. C'est indispensable pour remonter les filières terroristes, pour retracer le parcours des djihadistes et compléter nos bases de données sur les réseaux, les recrutements et les nouveaux modes d'action.
La priorité c'est d'accélérer la coopération judiciaire et policière dans l'Union Européenne.
Dans le cadre du G5 nous avons déjà mis en place un certain nombre de procédures comme l'échange systématique de listes de djihadistes ou le renforcement de la coopération dans le domaine du renseignement.
Lors de ma visite à Londres en juillet dernier, j'ai donc fait des propositions supplémentaires au Premier Ministre britannique :
La conservation des données téléphoniques qui ont permis, notamment dans le cas des attentats de Madrid, de remonter la filière terroriste ;
Une coopération accrue dans la lutte contre l'islamisme radical qui risque de se propager dans nos pays, notamment auprès des jeunes.
Le troisième axe du Livre Blanc c'est la défense de nos principes démocratiques
L'objectif des groupes terroristes c'est précisément de faire reculer l'Etat de droit et de nous faire renoncer peu à peu à nos principes.
Pour cela nous avons besoin d'un véritable consensus autour de la lutte contre le terrorisme.
Nos concitoyens doivent donc bénéficier de l'information la plus large et la plus transparente possible sur la réalité de la menace et les mesures de sécurité adoptées. Bien sûr, il faut préserver le travail des services de renseignement. Mais il est essentiel d'associer nos concitoyens à cette mobilisation : c'est l'objet de la base de données sur le terrorisme que j'ai mise en place lorsque j'étais au Ministère de l'Intérieur.
Nous devons également sensibiliser davantage les opérateurs du secteur public et privé au risque terroriste. Dans ce dispositif, les maires doivent occuper une place particulière : ils sont au contact permanent des Français, ils peuvent relayer les messages et faire remonter les informations. Surtout, ils peuvent mettre en oeuvre des stratégies de sécurité à l'échelon local, qu'il s'agisse de l'aménagement urbain ou encore des réseaux de vidéo-surveillance.
C'est grâce à une information précise et objective, grâce à une mobilisation constante de tous les services concernés que nous parviendrons à éviter tout risque d'amalgame.
L'immense majorité des musulmans de France vivent dans le respect des valeurs de respect, de tolérance et de laïcité de notre République. Ils condamnent avec fermeté l'instrumentalisation, par les courants extrémistes, du message de paix de l'Islam.
Je tiens d'ailleurs à saluer les avancées accomplies par le Conseil français du culte musulman pour proposer des solutions dans le domaine de la formation des imams et du recrutement des aumôniers de prison.
C'est un point particulièrement important, car nous savons aujourd'hui que les prisons sont un lieu de recrutement privilégié pour un certain nombre de filières.
Sur le plan international ensuite nous devons également affirmer les principes démocratiques avec l'ensemble de la communauté internationale.
Cela passe par un renforcement des coopérations, avec pour objectif principal un meilleur dialogue entre les peuples -en particulier ouvert à nos voisins du Sud et au monde musulman- et la participation à la bataille des idées contre les messages de haine.
Cela passe aussi par la résolution des crises régionales, qui doit constituer une priorité pour la communauté internationale. Car ces crises sont autant de plaies que les groupes terroristes n'hésiteront pas à exploiter et à instrumentaliser, comme c'est le cas actuellement en Irak. Face à ces crises, l'ambition de la France est de trouver des solutions fondées sur la démocratie, qui respectent les identités culturelles et qui répondent mieux aux besoins politiques, économiques et sociaux de long terme du pays.
Voilà, mesdames et messieurs quels sont les objectifs du Livre blanc : adapter notre dispositif stratégique et opérationnel ; donner à notre pays les outils nécessaires pour faire face, dans le strict respect de nos principes démocratiques, à une menace qui pèse aujourd'hui sur tous les pays européens.
Je vous remercie.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 novembre 2005)