Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi d'abord de vous dire combien je m'associe au propos de ces deux maires de Guadeloupe dont les communes ont été touchées par le séisme qui a eu lieu il y a exactement un an. En particulier ma première pensée va à la famille de cette jeune fille qui est malheureusement décédée à la suite de ce séisme.
Cet événement aurait pu avoir des conséquences plus dramatiques. Il nous rappelle, que les tremblements de terre peuvent être meurtriers en France. Or, rappelons-le, la prévention des risques commence par la prise de conscience de l'existence du risque. Je sais pouvoir compter sur vous pour m'y aider.
Lors de mon arrivée à la tête de ce ministère, Thierry TROUVE, directeur de la prévention des pollutions et des risques, délégué aux risques majeurs, n'a pas manqué de me rappeler l'existence de ce risque.
Les séismes de 1839 en Martinique et de 1843 en Guadeloupe ont fait plusieurs milliers de victimes. Celui du 11 juin 1909, dans la région de Salon de Provence, a fait 46 victimes et a entraîné la destruction de plusieurs villages. Le 1er novembre dernier a été commémoré le 250ème anniversaire du séisme de Lisbonne qui avait entraîné en 1775 de 50 à 100 000 morts. Or, le vieil adage : " là où la terre a tremblé, elle tremblera de nouveau " se vérifie chaque jour sur notre planète.
Vous comprendrez donc que j'ai demandé que la réflexion engagée par mon ministère pour une meilleure prise en compte du risque sismique dans notre pays soit poursuivie dans le sens de la communication en Conseil des ministres du 8 décembre dernier.
Je tiens, avant tout, à remercier tous les services des ministères et les établissements publics qui se sont mobilisés pour élaborer ce programme national de prévention du risque sismique. Ils ont été tous invités à cette conférence de presse et beaucoup d'entre eux sont présents dans cette salle. Je suis certaine qu'ils seront très heureux d'échanger avec vous à l'issue de la conférence de presse.
Ce programme de prévention du risque sismique est d'abord interministériel. Il concerne aussi bien :
- La connaissance de la sismicité, ce qui implique le ministère chargé de la recherche ;
- La conception et la construction des bâtiments qui concernent mes collègues de la culture, de l'équipement et du logement ;
- L'éducation des jeunes et la formation des entreprises et nous impliquons là les ministères de l'éducation et de l'industrie.
Je n'oublie pas les ministères chargés de l'outre mer et de l'intérieur.
- Le premier car le risque sismique est une préoccupation majeure des pouvoirs publics aux Antilles notamment ;
- Le second parce que, même si nous ne savons pas quand il surviendra, un séisme majeur mobilisera l'ensemble des acteurs de la sécurité civile.
Ce programme implique également les collectivités locales car notre objectif est de réduire notre vulnérabilité vis-à-vis des séismes. Elle est grande. Je dirai même qu'elle est de plus en plus grande. En effet, nous sommes de plus en plus nombreux et nous construisons de plus en plus de biens, biens qui ne sont malheureusement pas toujours correctement construits ; j'y reviendrai.
Des mesures d'atténuation du risque ou de mitigation, pour reprendre les termes employés par les experts, ne peuvent se faire sans les élus locaux.
Enfin, la qualité des professionnels qui interviennent directement dans l'acte de construire doit être pleinement mobilisée. Je pense notamment aux architectes, ingénieurs, entrepreneurs et artisans.
Ce programme se déroule sur six ans, car le travail à réaliser est important et doit s'inscrire dans la durée. Nous ne partons pas de rien, la France a été active face au risque sismique. Il existe dans notre pays des scientifiques et des chercheurs de renommée internationale. Le travail des réseaux scientifiques et techniques, des centres de recherche et des établissements publics est excellent et reconnu. Depuis 1992, sur la base de notre sismicité historique, nous avons un zonage réglementaire et une réglementation parasismique applicables aux constructions neuves.
La connaissance de l'aléa sismique auquel notre pays est soumis a récemment progressé : les scientifiques mandatés par mon ministère m'ont remis récemment le résultat de leurs travaux, basés sur une " nouvelle approche ", dite probabiliste.
Ce travail est résumé par une nouvelle carte de l'aléa qui vous sera présentée dans quelques instants.
De même, l'amélioration de la connaissance permet de faire progresser les normes de construction. Un groupe de travail, présidé par Jean-Louis DURVILLE du Conseil général des Ponts et Chaussées, conduit l'élaboration de ces normes, en visant leur amélioration et leur adaptation au bâti existant.
L'association française du génie parasismique (AFPS) comme des bureaux d'études publics ou privés y contribuent.
Mais il ne sert à rien de promulguer des normes si celles-ci ne sont pas respectées.
Or, de nombreux rapports d'inspection font état de graves négligences en matière de construction parasismique. Certains bâtiments ont même dû être démolis sur décision de justice.
Cette situation est intolérable et je m'attacherai à améliorer de façon significative la qualité de la construction parasismique. Cela passera autant par la formation et la sensibilisation des professionnels, que par une amélioration du contrôle de la qualité voire, le cas échéant, par des sanctions.
Dans le domaine de l'information et de l'éducation, nous oeuvrons avec les rectorats et les préfectures à la diffusion, auprès des populations exposées, des conduites à tenir : peu de personnes en Martinique ou en Guadeloupe ignorent le risque sismique.
Les enfants sont un vecteur d'information essentiel. Lors du séisme des Saintes il y a un an, des élèves ont indiqué à leurs parents les consignes de sécurité à suivre en cas de séisme, consignes qu'ils avaient apprises au préalable à l'école. C'est bien.
Mais cela reste insuffisant. Le séisme de l'Océan Indien à Noël, celui du Cachemire très récemment, celui de Kobé il y a dix ans, montrent chaque fois que nous devons faire plus pour nous préparer à réagir en cas de séisme, mais surtout à prévenir, autant que faire se peut, les dommages aux personnes et aux biens.
En 1986, la délégation aux risques majeurs avait évalué à plusieurs centaines de victimes et à plusieurs millions d'euros les effets d'un séisme similaire à celui du 11 juin 1909 en Provence.
On peut dire aujourd'hui, 20 ans plus tard, que les conséquences seraient pires.
Aux Antilles, un séisme tels que ceux du 19ème siècle ferait plusieurs dizaines de milliers de victimes et des milliards d'euros de dommages matériels, et nous savons que la reproduction dans un horizon rapproché de tels séismes est considérée comme très probable. Les scientifiques redoutent même qu'un séisme aussi puissant que celui observé le 26 décembre 2004 en Indonésie puisse se produire aux Antilles à la frontière des deux plaques tectoniques Atlantique et Caraïbe.
Or, aujourd'hui, si nous ne savons toujours pas prédire à quel moment aura lieu le tremblement de terre, nous savons, au contraire, comment se protéger de ses effets et nous pouvons agir.
Ce programme est donc structuré autour de quatre chantiers. Thierry Trouvé va vous les présenter plus en détail.
- Le premier concerne la connaissance et l'information ;
- Le second s'attache à améliorer la résistance des bâtiments aux séismes ;
- Le troisième vise à mobiliser l'ensemble des acteurs depuis les scientifiques jusqu'aux élus et aux citoyens ;
- le quatrième est consacré aux effets des tsunamis qui peuvent aussi nous concerner par exemple dans l'arc caraïbe ou en Méditerranée.
Je voudrais conclure en insistant sur ce qui est, à mes yeux, le but premier de ce programme national de prévention du risque sismique. Mon objectif est de fédérer les compétences, les savoirs et les actions pour être plus efficace.
Cette démarche relève évidemment d'une logique de développement durable : il nous revient de nous protéger mais aussi de transmettre à nos enfants et à nos petits-enfants des bâtiments qui ne constituent plus un danger mortel en cas de séisme. Elle s'inscrit donc dans la stratégie de développement durable que le Gouvernement met en uvre. Elle est aussi conforme à la stratégie internationale pour la prévention des catastrophes que l'Organisation des Nations Unies a arrêtée en janvier 2000.
Je laisse la parole à Monsieur Thierry TROUVE qui va vous détailler les différentes actions des quatre chantiers que je viens de vous annoncer.
(Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 22 novembre 2005)
Permettez-moi d'abord de vous dire combien je m'associe au propos de ces deux maires de Guadeloupe dont les communes ont été touchées par le séisme qui a eu lieu il y a exactement un an. En particulier ma première pensée va à la famille de cette jeune fille qui est malheureusement décédée à la suite de ce séisme.
Cet événement aurait pu avoir des conséquences plus dramatiques. Il nous rappelle, que les tremblements de terre peuvent être meurtriers en France. Or, rappelons-le, la prévention des risques commence par la prise de conscience de l'existence du risque. Je sais pouvoir compter sur vous pour m'y aider.
Lors de mon arrivée à la tête de ce ministère, Thierry TROUVE, directeur de la prévention des pollutions et des risques, délégué aux risques majeurs, n'a pas manqué de me rappeler l'existence de ce risque.
Les séismes de 1839 en Martinique et de 1843 en Guadeloupe ont fait plusieurs milliers de victimes. Celui du 11 juin 1909, dans la région de Salon de Provence, a fait 46 victimes et a entraîné la destruction de plusieurs villages. Le 1er novembre dernier a été commémoré le 250ème anniversaire du séisme de Lisbonne qui avait entraîné en 1775 de 50 à 100 000 morts. Or, le vieil adage : " là où la terre a tremblé, elle tremblera de nouveau " se vérifie chaque jour sur notre planète.
Vous comprendrez donc que j'ai demandé que la réflexion engagée par mon ministère pour une meilleure prise en compte du risque sismique dans notre pays soit poursuivie dans le sens de la communication en Conseil des ministres du 8 décembre dernier.
Je tiens, avant tout, à remercier tous les services des ministères et les établissements publics qui se sont mobilisés pour élaborer ce programme national de prévention du risque sismique. Ils ont été tous invités à cette conférence de presse et beaucoup d'entre eux sont présents dans cette salle. Je suis certaine qu'ils seront très heureux d'échanger avec vous à l'issue de la conférence de presse.
Ce programme de prévention du risque sismique est d'abord interministériel. Il concerne aussi bien :
- La connaissance de la sismicité, ce qui implique le ministère chargé de la recherche ;
- La conception et la construction des bâtiments qui concernent mes collègues de la culture, de l'équipement et du logement ;
- L'éducation des jeunes et la formation des entreprises et nous impliquons là les ministères de l'éducation et de l'industrie.
Je n'oublie pas les ministères chargés de l'outre mer et de l'intérieur.
- Le premier car le risque sismique est une préoccupation majeure des pouvoirs publics aux Antilles notamment ;
- Le second parce que, même si nous ne savons pas quand il surviendra, un séisme majeur mobilisera l'ensemble des acteurs de la sécurité civile.
Ce programme implique également les collectivités locales car notre objectif est de réduire notre vulnérabilité vis-à-vis des séismes. Elle est grande. Je dirai même qu'elle est de plus en plus grande. En effet, nous sommes de plus en plus nombreux et nous construisons de plus en plus de biens, biens qui ne sont malheureusement pas toujours correctement construits ; j'y reviendrai.
Des mesures d'atténuation du risque ou de mitigation, pour reprendre les termes employés par les experts, ne peuvent se faire sans les élus locaux.
Enfin, la qualité des professionnels qui interviennent directement dans l'acte de construire doit être pleinement mobilisée. Je pense notamment aux architectes, ingénieurs, entrepreneurs et artisans.
Ce programme se déroule sur six ans, car le travail à réaliser est important et doit s'inscrire dans la durée. Nous ne partons pas de rien, la France a été active face au risque sismique. Il existe dans notre pays des scientifiques et des chercheurs de renommée internationale. Le travail des réseaux scientifiques et techniques, des centres de recherche et des établissements publics est excellent et reconnu. Depuis 1992, sur la base de notre sismicité historique, nous avons un zonage réglementaire et une réglementation parasismique applicables aux constructions neuves.
La connaissance de l'aléa sismique auquel notre pays est soumis a récemment progressé : les scientifiques mandatés par mon ministère m'ont remis récemment le résultat de leurs travaux, basés sur une " nouvelle approche ", dite probabiliste.
Ce travail est résumé par une nouvelle carte de l'aléa qui vous sera présentée dans quelques instants.
De même, l'amélioration de la connaissance permet de faire progresser les normes de construction. Un groupe de travail, présidé par Jean-Louis DURVILLE du Conseil général des Ponts et Chaussées, conduit l'élaboration de ces normes, en visant leur amélioration et leur adaptation au bâti existant.
L'association française du génie parasismique (AFPS) comme des bureaux d'études publics ou privés y contribuent.
Mais il ne sert à rien de promulguer des normes si celles-ci ne sont pas respectées.
Or, de nombreux rapports d'inspection font état de graves négligences en matière de construction parasismique. Certains bâtiments ont même dû être démolis sur décision de justice.
Cette situation est intolérable et je m'attacherai à améliorer de façon significative la qualité de la construction parasismique. Cela passera autant par la formation et la sensibilisation des professionnels, que par une amélioration du contrôle de la qualité voire, le cas échéant, par des sanctions.
Dans le domaine de l'information et de l'éducation, nous oeuvrons avec les rectorats et les préfectures à la diffusion, auprès des populations exposées, des conduites à tenir : peu de personnes en Martinique ou en Guadeloupe ignorent le risque sismique.
Les enfants sont un vecteur d'information essentiel. Lors du séisme des Saintes il y a un an, des élèves ont indiqué à leurs parents les consignes de sécurité à suivre en cas de séisme, consignes qu'ils avaient apprises au préalable à l'école. C'est bien.
Mais cela reste insuffisant. Le séisme de l'Océan Indien à Noël, celui du Cachemire très récemment, celui de Kobé il y a dix ans, montrent chaque fois que nous devons faire plus pour nous préparer à réagir en cas de séisme, mais surtout à prévenir, autant que faire se peut, les dommages aux personnes et aux biens.
En 1986, la délégation aux risques majeurs avait évalué à plusieurs centaines de victimes et à plusieurs millions d'euros les effets d'un séisme similaire à celui du 11 juin 1909 en Provence.
On peut dire aujourd'hui, 20 ans plus tard, que les conséquences seraient pires.
Aux Antilles, un séisme tels que ceux du 19ème siècle ferait plusieurs dizaines de milliers de victimes et des milliards d'euros de dommages matériels, et nous savons que la reproduction dans un horizon rapproché de tels séismes est considérée comme très probable. Les scientifiques redoutent même qu'un séisme aussi puissant que celui observé le 26 décembre 2004 en Indonésie puisse se produire aux Antilles à la frontière des deux plaques tectoniques Atlantique et Caraïbe.
Or, aujourd'hui, si nous ne savons toujours pas prédire à quel moment aura lieu le tremblement de terre, nous savons, au contraire, comment se protéger de ses effets et nous pouvons agir.
Ce programme est donc structuré autour de quatre chantiers. Thierry Trouvé va vous les présenter plus en détail.
- Le premier concerne la connaissance et l'information ;
- Le second s'attache à améliorer la résistance des bâtiments aux séismes ;
- Le troisième vise à mobiliser l'ensemble des acteurs depuis les scientifiques jusqu'aux élus et aux citoyens ;
- le quatrième est consacré aux effets des tsunamis qui peuvent aussi nous concerner par exemple dans l'arc caraïbe ou en Méditerranée.
Je voudrais conclure en insistant sur ce qui est, à mes yeux, le but premier de ce programme national de prévention du risque sismique. Mon objectif est de fédérer les compétences, les savoirs et les actions pour être plus efficace.
Cette démarche relève évidemment d'une logique de développement durable : il nous revient de nous protéger mais aussi de transmettre à nos enfants et à nos petits-enfants des bâtiments qui ne constituent plus un danger mortel en cas de séisme. Elle s'inscrit donc dans la stratégie de développement durable que le Gouvernement met en uvre. Elle est aussi conforme à la stratégie internationale pour la prévention des catastrophes que l'Organisation des Nations Unies a arrêtée en janvier 2000.
Je laisse la parole à Monsieur Thierry TROUVE qui va vous détailler les différentes actions des quatre chantiers que je viens de vous annoncer.
(Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 22 novembre 2005)