Texte intégral
R. Sicard - Bonjour à tous, bonjour D. Perben, la nuit a encore été agitée dans les banlieues. On a l'impression que malgré sa mobilisation, le Gouvernement a du mal à ramener le calme, qu'est-ce qui peut faire de plus ?
R - La priorité, chacun l'a bien compris, c'est de ramener la paix publique. La paix publique cela veut dire quoi ? Cela veut dire d'abord la sécurité, je pense en particulier à toutes ces personnes, aux femmes, aux hommes, aux enfants, aux adolescents qui vivent dans les quartiers où il y a aujourd'hui des troubles. Il faut donc qu'ils puissent revivre normalement, prendre le transport pour aller travailler, faire leurs courses, vivre calmement. Ne pas voir leur voiture brûlée le matin et donc il y a...
Q - On sent un ras le bol, là, dans les quartiers, les gens en ont assez de voir leur voiture brûlée...
R - Evidemment qu'il y a un ras le bol et évidemment que ces habitants demandent bien sûr la sécurité, le retour à la paix, c'est-à-dire ce qui permet de vivre normalement. Et donc c'est la priorité des priorités. Et là-dessus, les forces de l'ordre sont sur le terrain, la justice fait son travail et il faut ramener cet ordre public, c'est indispensable. Et puis, en même temps, il faut, c'est sûr, poursuivre le dialogue et poursuivre les politiques de fond qui ont pour but de faire en sorte que tous ceux qui vivent dans notre pays aient le sentiment d'être en accord avec leur identité, avec ce qu'ils sont, avec leur passé et qu'ils aient le sentiment d'avoir un avenir. Je crois que derrière les crimes ou les délits qui sont commis, il y a aussi cette espèce de soif, de pouvoir se dire : j'ai un avenir dans le pays, je peux avoir un emploi, je peux avoir une formation, je peux être quelqu'un dans la société. Donc il faut aussi faire cela et c'est la politique que le Gouvernement veut développer. C'est-à-dire à la fois, sécurité, mais aussi cet esprit de justice qui est au fond, plus d'égalité des chances. Pour être tout à fait concret, il faut que tous les jeunes de ce pays, quels qu'ils soient, quelle que soit la couleur de leur peau aient le sentiment d'avoir les mêmes chances dans la vie.
Q - Hier soir, L. Fabius proposait un service civique de six mois pour tous les jeunes, pour leur redonner le sens de l'intérêt général. Est-ce que cela, cela vous paraît une bonne idée ?
R - Cela fait un peu tout à coup, une mesure que l'on sort comme ça de la poche. L'idée d'un engagement est une bonne idée, je veux dire par-là, pour répondre à ce que je disais il y a un instant, c'est-à-dire, cette incertitude sur ce que l'on est, cette incertitude sur l'identité que l'on porte, il est bien évident qu'il n'y a pas de réponse à cette interrogation, s'il n'y a pas un engagement personnel. Et je pense que par rapport aux jeunes, qui ont soif quelque part d'engagement, d'engagement humanitaire, d'engagement social, d'engagement envers les autres, tout faire pour qu'ils puissent concrétiser cet engagement me paraît une bonne chose. Je ne sais pas si c'est un service civique de six mois, en tout cas, faire en sorte qu'à travers le travail des associations, le travail des collectivités territoriales, le travail aussi des entreprises, il y ait ces possibilités d'engagement individuel. Je pense qu'un jeune qui s'engage pour une cause généreuse, pour quelque chose de concret, est déjà un jeune qui sait davantage qui, il est, ce qu'il représente et qu'il peut avoir un avenir.
Q - Hier soir il y a eu des incidents dans le RER, dans le Nord de Paris, il y a d'ailleurs une grève ce matin, qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut plus de sécurité ?
R - Je crois que les sociétés de transport en Ile-de-France et aussi dans d'autres grandes villes ont aujourd'hui une attitude de prudence, c'est-à-dire, assurer autant qu'il est possible le service public, en pensant en particulier aux habitants de ces quartiers dont nous parlions tout à l'heure, qui ont droit à ce service dont ils ont besoin. Mais bien entendu, il ne faut pas non plus exposer les personnels qui conduisent ou qui accompagnent les bus ou les rames de métro à des risques excessifs. D'où cet équilibre nécessaire qui s'appelle la prudence. L'autre actualité, c'est la grève qui continue dans les transports marseillais, le négociateur est parti, il a échoué dans sa négociation.
Q - Qu'est-ce que vous, ministre des Transports, vous pouvez maintenant proposer ?
R - Je veux dire deux choses : tout d'abord, c'est vrai le médiateur a échoué, il est parti, en disant "je reste à disposition si on le souhaite". Mais devant une attitude très fermée des organisations syndicales, je considère que je ne peux pas aller plus loin. Cela étant, pendant deux ou trois jours, il y a eu des contacts, il y a eu des discussions, il y a eu, je dirais une reprise de langage, une reprise de vraie discussion...
Q - Mais la grève continue depuis un mois.
R - ... Il faut espérer que cela ne sera pas sans lendemain. Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Je crois que le préfet de région hier au soir s'est exprimé là-dessus. Il a dit deux choses. Interrogé sur la réquisition, il a dit : "c'est difficile, c'est lourd, mais je n'exclus rien". Et deuxièmement, il a redit ce que j'avais indiqué il y a quelques jours, c'est-à-dire que, ce qui serait un pas positif pour aller vers un retour à la normale, ce serait que l'ensemble des salariés aient la possibilité, effectivement, dans les heures ou dans les jours qui viennent, de pouvoir s'exprimer sur la poursuite ou non de la grève et sur les propositions qui ont été faites par le médiateur. Je pense que s'il y a ce retour à une expression démocratique plus large, cela peut être un élément de sortie de crise. Une grève si longue est toujours difficile à terminer. Il faut trouver des éléments permettant de faciliter la reprise.
Q - Vous parliez de réquisition, est-ce que vous, vous pensez que c'est la solution ?
R - Le préfet a dit les choses hier au soir, c'est quelque chose de lourd et de difficile, y compris sur le plan juridique, on ne va pas rentrer dans des considérations de ce type ce matin, mais il ne l'exclut pas et voilà. Ce qu'il souhaite, et il a eu je crois raison de rappeler cette orientation que j'avais moi-même évoquée il y a quelques jours, je pense que s'il pouvait y avoir une expression, libre à bulletins secrets, démocratique de l'ensemble des salariés, cela pourrait être un pas vers une simplification de la situation.
Q - Mais cela veut dire que ça, si cela n'aboutit pas, on ira à la réquisition ?
R - Chaque chose en son temps. Je crois que ce qu'il faut aujourd'hui, c'est qu'on aille vers une expression libre de l'ensemble des salariés.
Q - Hier, vous avez défendu le budget des Transports. Un des axes de ce budget, c'est la sécurité, notamment la sécurité aérienne. Qu'est-ce qu'il va y avoir de nouveau dans ce domaine ?
R - D'abord un certain nombre de choses très concrètes : des crédits par exemple pour améliorer, moderniser les équipements radars, qui assurent à la fois le contrôle du ciel aérien français et aussi les approches dans les aéroports ; également des postes de contrôleurs supplémentaires pour assurer la surveillance des avions et des compagnies qui desservent le territoire national, à la suite bien sûr de la série noire que nous avons connue pendant cet été. En matière routière, en matière ferroviaire également, des améliorations des systèmes de sécurité et de contrôle. C'est un des points forts de ce budget, qui est un budget aussi de forts investissements. Nous avons voulu, avec le Premier ministre, faire une relance des infrastructures de transport dans ce pays. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire des lignes de TGV. Pour la première fois - cela n'a jamais existé -, nous aurons trois chantiers TGV en même temps : le TGV Est, le TGV Rhin-Rhône et le TGV Perpignan-Figueras, qui va permettre de faciliter la percée des Pyrénées. Nous aurons aussi des grands projets - on évoquait la situation des transports en région parisienne tout à l'heure - je souhaite que nous puissions faire cette jonction entre l'A4 et l'A86 qui est aujourd'hui le plus gros bouchon européen pour faciliter la circulation. Le but de ce budget, c'est la sécurité, mais c'est la satisfaction de la vie quotidienne des gens, les transports, c'est du très concret, c'est du très quotidien.
Q - Un mot justement sur les autoroutes, elles vont être privatisées. Les adversaires du projet disent que cela sera des autoroutes plus chères et de moins bonne qualité, parce que les actionnaires voudront de plus en plus de bénéfices !
R - Non, ce qui est privatisé, ce donc les sociétés qui gèrent les autoroutes. Les autoroutes restent elles-mêmes la propriété de l'Etat. Et quant aux prix des péages ils sont fixés par les conventions de concession que vont reprendre les acheteurs privés qui vont racheter ces sociétés...
Q - Il n'y aura pas d'explosion ?
R - Donc cela ne change rien. Le prix des péages était prévu à l'avance et ce n'est pas la privatisation des sociétés de gestion qui change le prix des péages.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2005)
R - La priorité, chacun l'a bien compris, c'est de ramener la paix publique. La paix publique cela veut dire quoi ? Cela veut dire d'abord la sécurité, je pense en particulier à toutes ces personnes, aux femmes, aux hommes, aux enfants, aux adolescents qui vivent dans les quartiers où il y a aujourd'hui des troubles. Il faut donc qu'ils puissent revivre normalement, prendre le transport pour aller travailler, faire leurs courses, vivre calmement. Ne pas voir leur voiture brûlée le matin et donc il y a...
Q - On sent un ras le bol, là, dans les quartiers, les gens en ont assez de voir leur voiture brûlée...
R - Evidemment qu'il y a un ras le bol et évidemment que ces habitants demandent bien sûr la sécurité, le retour à la paix, c'est-à-dire ce qui permet de vivre normalement. Et donc c'est la priorité des priorités. Et là-dessus, les forces de l'ordre sont sur le terrain, la justice fait son travail et il faut ramener cet ordre public, c'est indispensable. Et puis, en même temps, il faut, c'est sûr, poursuivre le dialogue et poursuivre les politiques de fond qui ont pour but de faire en sorte que tous ceux qui vivent dans notre pays aient le sentiment d'être en accord avec leur identité, avec ce qu'ils sont, avec leur passé et qu'ils aient le sentiment d'avoir un avenir. Je crois que derrière les crimes ou les délits qui sont commis, il y a aussi cette espèce de soif, de pouvoir se dire : j'ai un avenir dans le pays, je peux avoir un emploi, je peux avoir une formation, je peux être quelqu'un dans la société. Donc il faut aussi faire cela et c'est la politique que le Gouvernement veut développer. C'est-à-dire à la fois, sécurité, mais aussi cet esprit de justice qui est au fond, plus d'égalité des chances. Pour être tout à fait concret, il faut que tous les jeunes de ce pays, quels qu'ils soient, quelle que soit la couleur de leur peau aient le sentiment d'avoir les mêmes chances dans la vie.
Q - Hier soir, L. Fabius proposait un service civique de six mois pour tous les jeunes, pour leur redonner le sens de l'intérêt général. Est-ce que cela, cela vous paraît une bonne idée ?
R - Cela fait un peu tout à coup, une mesure que l'on sort comme ça de la poche. L'idée d'un engagement est une bonne idée, je veux dire par-là, pour répondre à ce que je disais il y a un instant, c'est-à-dire, cette incertitude sur ce que l'on est, cette incertitude sur l'identité que l'on porte, il est bien évident qu'il n'y a pas de réponse à cette interrogation, s'il n'y a pas un engagement personnel. Et je pense que par rapport aux jeunes, qui ont soif quelque part d'engagement, d'engagement humanitaire, d'engagement social, d'engagement envers les autres, tout faire pour qu'ils puissent concrétiser cet engagement me paraît une bonne chose. Je ne sais pas si c'est un service civique de six mois, en tout cas, faire en sorte qu'à travers le travail des associations, le travail des collectivités territoriales, le travail aussi des entreprises, il y ait ces possibilités d'engagement individuel. Je pense qu'un jeune qui s'engage pour une cause généreuse, pour quelque chose de concret, est déjà un jeune qui sait davantage qui, il est, ce qu'il représente et qu'il peut avoir un avenir.
Q - Hier soir il y a eu des incidents dans le RER, dans le Nord de Paris, il y a d'ailleurs une grève ce matin, qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut plus de sécurité ?
R - Je crois que les sociétés de transport en Ile-de-France et aussi dans d'autres grandes villes ont aujourd'hui une attitude de prudence, c'est-à-dire, assurer autant qu'il est possible le service public, en pensant en particulier aux habitants de ces quartiers dont nous parlions tout à l'heure, qui ont droit à ce service dont ils ont besoin. Mais bien entendu, il ne faut pas non plus exposer les personnels qui conduisent ou qui accompagnent les bus ou les rames de métro à des risques excessifs. D'où cet équilibre nécessaire qui s'appelle la prudence. L'autre actualité, c'est la grève qui continue dans les transports marseillais, le négociateur est parti, il a échoué dans sa négociation.
Q - Qu'est-ce que vous, ministre des Transports, vous pouvez maintenant proposer ?
R - Je veux dire deux choses : tout d'abord, c'est vrai le médiateur a échoué, il est parti, en disant "je reste à disposition si on le souhaite". Mais devant une attitude très fermée des organisations syndicales, je considère que je ne peux pas aller plus loin. Cela étant, pendant deux ou trois jours, il y a eu des contacts, il y a eu des discussions, il y a eu, je dirais une reprise de langage, une reprise de vraie discussion...
Q - Mais la grève continue depuis un mois.
R - ... Il faut espérer que cela ne sera pas sans lendemain. Aujourd'hui, où en sommes-nous ? Je crois que le préfet de région hier au soir s'est exprimé là-dessus. Il a dit deux choses. Interrogé sur la réquisition, il a dit : "c'est difficile, c'est lourd, mais je n'exclus rien". Et deuxièmement, il a redit ce que j'avais indiqué il y a quelques jours, c'est-à-dire que, ce qui serait un pas positif pour aller vers un retour à la normale, ce serait que l'ensemble des salariés aient la possibilité, effectivement, dans les heures ou dans les jours qui viennent, de pouvoir s'exprimer sur la poursuite ou non de la grève et sur les propositions qui ont été faites par le médiateur. Je pense que s'il y a ce retour à une expression démocratique plus large, cela peut être un élément de sortie de crise. Une grève si longue est toujours difficile à terminer. Il faut trouver des éléments permettant de faciliter la reprise.
Q - Vous parliez de réquisition, est-ce que vous, vous pensez que c'est la solution ?
R - Le préfet a dit les choses hier au soir, c'est quelque chose de lourd et de difficile, y compris sur le plan juridique, on ne va pas rentrer dans des considérations de ce type ce matin, mais il ne l'exclut pas et voilà. Ce qu'il souhaite, et il a eu je crois raison de rappeler cette orientation que j'avais moi-même évoquée il y a quelques jours, je pense que s'il pouvait y avoir une expression, libre à bulletins secrets, démocratique de l'ensemble des salariés, cela pourrait être un pas vers une simplification de la situation.
Q - Mais cela veut dire que ça, si cela n'aboutit pas, on ira à la réquisition ?
R - Chaque chose en son temps. Je crois que ce qu'il faut aujourd'hui, c'est qu'on aille vers une expression libre de l'ensemble des salariés.
Q - Hier, vous avez défendu le budget des Transports. Un des axes de ce budget, c'est la sécurité, notamment la sécurité aérienne. Qu'est-ce qu'il va y avoir de nouveau dans ce domaine ?
R - D'abord un certain nombre de choses très concrètes : des crédits par exemple pour améliorer, moderniser les équipements radars, qui assurent à la fois le contrôle du ciel aérien français et aussi les approches dans les aéroports ; également des postes de contrôleurs supplémentaires pour assurer la surveillance des avions et des compagnies qui desservent le territoire national, à la suite bien sûr de la série noire que nous avons connue pendant cet été. En matière routière, en matière ferroviaire également, des améliorations des systèmes de sécurité et de contrôle. C'est un des points forts de ce budget, qui est un budget aussi de forts investissements. Nous avons voulu, avec le Premier ministre, faire une relance des infrastructures de transport dans ce pays. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire des lignes de TGV. Pour la première fois - cela n'a jamais existé -, nous aurons trois chantiers TGV en même temps : le TGV Est, le TGV Rhin-Rhône et le TGV Perpignan-Figueras, qui va permettre de faciliter la percée des Pyrénées. Nous aurons aussi des grands projets - on évoquait la situation des transports en région parisienne tout à l'heure - je souhaite que nous puissions faire cette jonction entre l'A4 et l'A86 qui est aujourd'hui le plus gros bouchon européen pour faciliter la circulation. Le but de ce budget, c'est la sécurité, mais c'est la satisfaction de la vie quotidienne des gens, les transports, c'est du très concret, c'est du très quotidien.
Q - Un mot justement sur les autoroutes, elles vont être privatisées. Les adversaires du projet disent que cela sera des autoroutes plus chères et de moins bonne qualité, parce que les actionnaires voudront de plus en plus de bénéfices !
R - Non, ce qui est privatisé, ce donc les sociétés qui gèrent les autoroutes. Les autoroutes restent elles-mêmes la propriété de l'Etat. Et quant aux prix des péages ils sont fixés par les conventions de concession que vont reprendre les acheteurs privés qui vont racheter ces sociétés...
Q - Il n'y aura pas d'explosion ?
R - Donc cela ne change rien. Le prix des péages était prévu à l'avance et ce n'est pas la privatisation des sociétés de gestion qui change le prix des péages.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2005)