Texte intégral
J'ai le plaisir et l'honneur de co-présider aujourd'hui, au nom de la Présidence de l'Union européenne à l'ouverture de ces travaux sur la qualité de l'éducation. Je ne doute pas qu'ils vont marquer un moment important, et peut-être crucial, pour l'évolution des systèmes éducatifs européens.
Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Loek Hermans, Ministre néerlandais de l'Enseignement, de la Culture et des Sciences. En prenant l'initiative d'organiser ce séminaire, il a apporté une forte contribution à la construction d'une identité européenne de l'éducation, et de ce fait, je le crois, à la construction d'une identité citoyenne européenne.
Je veux enfin, encore remercier Monsieur Wagenaar, Recteur de l'Université de Leyde. Je vois dans son accueil chaleureux le symbole du rôle qu'a joué historiquement l'Université en Europe dans la production et la diffusion du savoir à la base de nos valeurs communes et du premier âge de l'universalisme européen.
Que ses propos d'accueil, la philosophie et l'humour qui les imprégnaient, soient un enseignement pour nos travaux demain.
En effet, nous partageons tous ici l'enthousiasme de Madame la Commissaire concernant les conclusions du sommet de Lisbonne.
L'éducation est dorénavant pleinement intégrée à la stratégie d'ensemble pour la nouvelle étape de la construction européenne.
Elle est placée au cur du modèle de développement que notre Union veut impulser. Il faut donc que l'éducation soit pleinement elle-même dans son nouveau rôle si elle veut être à la hauteur des attentes qu'elle soulève. Il faut donc qu'elle apporte cette part d'humanité et d'humanisme dont nos peuples pensent souvent que l'actuel processus de construction européenne est privée. Cela signifie qu'il nous faut privilégier l'évaluation qualitative de ses performances et ne pas soumettre son action à l'évaluation par d'autres normes, qui pour être légitimes, n'en sont pas moins souvent grossièrement réductrices, excessivement quantitatives.
Nous sommes réunis ce soir par une préoccupation commune : faire progresser ensemble la qualité des systèmes éducatifs des 15 États membres de l'Union.
L'évaluation de la qualité des services rendus aux citoyens est un devoir naturel de tout pays démocratique.
Au niveau communautaire, un cadre est déjà posé, par l'article 149 de notre Traité fondamental. Il précise, je cite, que " la communauté contribue au développement d'une éducation de qualité en encourageant la coopération entre les États membres, et si nécessaire, en appuyant et en complétant leurs actions, tout en respectant pleinement la responsabilité des États membres.
Nos travaux communs complèteront prochainement ce cadre avec l'adoption conjointe par le Parlement et le Conseil, d'une recommandation relative à la " coopération européenne en matière d'évaluation de la qualité de l'éducation scolaire ".
Ainsi nous voyons bien que la responsabilité des États dans le domaine de l'éducation est pleinement établie en l'état actuel du processus d'intégration européenne. En même temps, nous ressentons le besoin d'une forte convergence pour tenir compte de l'exigence commune d'élévation du niveau de savoir et de culture de nos peuples. Et nous savons bien que cette exigence exprime aussi le cur de nos valeurs communes. Nous avons donc opté pour la méthode de " coordination ouverte ". Elle est adaptée de façon réaliste au moment que nous vivons.
En outre, nous avons déjà une pratique de la coopération : dès 1995, sous présidence française, les États membres, encouragés par la commission, ont marqué leur volonté de coopération dans le domaine de l'évaluation de la qualité avec la création du " Réseau Européen des Responsables des Politiques d'Évaluation des Systèmes Éducatifs ".
Cette volonté a été réitérée sous Présidence espagnole, sous Présidences britannique, allemande, finlandaise. Elle a encore été confirmée sous Présidence portugaise, avec les conclusions du Sommet européen de Lisbonne en mars 2000, et avec l'adoption à Bucarest en juin 2000 du " Rapport européen sur la qualité de l'éducation scolaire ", qui propose 16 indicateurs européens de qualité de l'éducation.
Oui, la volonté de coopérer existe. Nous l'avons clairement constatée lors du Conseil des Ministres de l'Éducation qui s'est tenu à Bucarest le 19 juin dernier. Et il s'agit aujourd'hui de témoigner à nouveau de cette volonté, de se donner les moyens concrets d'une réelle coopération.
Nous ne partons donc pas de rien. Nous avons ouvert de nous-mêmes des chemins, tracé des voies, montré des horizons. Nous nous devons donc comme une fidélité à ce travail accompli de continuer nos efforts dans les directions que nous avons librement et mutuellement choisies.
Notre action atteste de l'importance que, tous, nous reconnaissons à l'éducation dans la construction de nos sociétés. Elle affirmera donc la communauté des valeurs qui fondent notre action.
Oui, l'éducation est un élément clef de la stratégie sociale et culturelle commune aux différents pays membres de l'Union.
L'éducation est un domaine d'action qui nous ouvre tout grand un espace qu'il nous reste à investir ensemble : l'espace européen de la citoyenneté, qui s'appuie sur les valeurs communes transmises par l'École.
Car si la vocation de nos systèmes d'éducation est bien de former, et de qualifier, elle est aussi d'éduquer. Sa vocation est bien de permettre à toutes les capacités de s'épanouir. Sa vocation est bien de former des jeunes femmes et des jeunes hommes compétents et qualifiés dans leur domaine disciplinaire, dans leur métier, mais également libres d'esprit, émancipés, autonomes et citoyens.
En ce sens, l'éducation est globalement un apprentissage vivant et pratique de la citoyenneté. À nous de donner les moyens aux jeunes Européens d'être ces citoyens que notre avenir commun appelle.
C'est en cela que les questions liées à la qualité de l'éducation me paraissent essentielles : se doter d'indicateurs de qualité de l'éducation revient en réalité à se doter d'indicateurs de développement humain.
Le développement humain : question fondamentale, qu'on ne saurait éluder.
Le développement humain : telle est la finalité de notre Union européenne.
Il s'agit bien là d'une question politique. La réflexion " technique " que vous allez mener sur le processus de " coordination ouverte ", sur le choix des indicateurs de qualité, ne saurait perdre de vue cette dimension.
Le travail qui est ici lancé s'appuie sur les fondements essentiels de la Communauté.
En effet, privilégier l'aspect qualitatif sur l'aspect quantitatif n'est pas indifférent : c'est mettre au premier plan de notre action en matière éducative la définition et l'affirmation de nos valeurs communes, plutôt que retenir l'aspect purement technique de certains critères de performance.
C'est pourquoi la question du choix des indicateurs que nous voulons utiliser pour évaluer la qualité de nos systèmes éducatifs est centrale.
Comment faire converger nos efforts ? Nous pouvons comparer nos méthodes d'évaluation et les indicateurs que nous utilisons sur telle ou telle question. À chacun de nous de décider ensuite dans nos pays des actions à mettre en place. Nous pourrons alors mesurer les progrès accomplis au regard de l'effort consenti.
Dès lors le recours à des critères d'évaluation ne doit pas renvoyer à un PALMARES des États. Notre évaluation doit servir à mesurer les efforts accomplis par chacun d'entre nous dans la direction qu'il a jugée prioritaire parmi l'ensemble des objectifs dont nous aurons déclaré qu'ils nous sont communs.
D'une façon générale nous pouvons avoir une démarche qui parte des indicateurs existants dans les États membres. Nous disposons d'une richesse, d'un réservoir de savoir-faire dans lequel chacun pourra puiser.
Quoi qu'il en soit, le choix et la construction des indicateurs de qualité restent significatifs des priorités que chacun des États membres de l'Union se fixe en matière d'éducation. Nous nous devons de travailler dans le respect de la diversité du patrimoine culturel et social de chacun. Mais bien sûr notre souci reste de construire une Europe citoyenne rassemblée autour de valeurs reconnues, partagées et transmises d'une génération à l'autre .
C'est dire combien nous sommes attachés à l'existence d'indicateurs européens, délibérés par les Européens à l'usage des Européens et mutuellement consentis.
Je pense exprimer le sentiment de nombre de nos États en disant, comme beaucoup d'autres ici, que l'éducation n'est pas un service marchand et ne doit l'être en aucun cas. Elle relève de préoccupations plus fondamentales qui concernent la définition des personnes humaines pour qui nous préparons l'avenir à travers l'éducation que nous décidons de leur donner. Sa mission fondamentale vise à l'épanouissement citoyen et social des personnes. Telle est sa vocation humaniste.
Souvenons-nous demain, en suivant l'ordre du jour prévu par le document diffusé par les Pays-Bas qui est à la base de ce séminaire, que selon ce que nous déciderons de mesurer, nous dirons qui nous sommes.
Je vous remercie.
(source http://www.education.gouv.fr, le 2 octobre 2000)
Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Loek Hermans, Ministre néerlandais de l'Enseignement, de la Culture et des Sciences. En prenant l'initiative d'organiser ce séminaire, il a apporté une forte contribution à la construction d'une identité européenne de l'éducation, et de ce fait, je le crois, à la construction d'une identité citoyenne européenne.
Je veux enfin, encore remercier Monsieur Wagenaar, Recteur de l'Université de Leyde. Je vois dans son accueil chaleureux le symbole du rôle qu'a joué historiquement l'Université en Europe dans la production et la diffusion du savoir à la base de nos valeurs communes et du premier âge de l'universalisme européen.
Que ses propos d'accueil, la philosophie et l'humour qui les imprégnaient, soient un enseignement pour nos travaux demain.
En effet, nous partageons tous ici l'enthousiasme de Madame la Commissaire concernant les conclusions du sommet de Lisbonne.
L'éducation est dorénavant pleinement intégrée à la stratégie d'ensemble pour la nouvelle étape de la construction européenne.
Elle est placée au cur du modèle de développement que notre Union veut impulser. Il faut donc que l'éducation soit pleinement elle-même dans son nouveau rôle si elle veut être à la hauteur des attentes qu'elle soulève. Il faut donc qu'elle apporte cette part d'humanité et d'humanisme dont nos peuples pensent souvent que l'actuel processus de construction européenne est privée. Cela signifie qu'il nous faut privilégier l'évaluation qualitative de ses performances et ne pas soumettre son action à l'évaluation par d'autres normes, qui pour être légitimes, n'en sont pas moins souvent grossièrement réductrices, excessivement quantitatives.
Nous sommes réunis ce soir par une préoccupation commune : faire progresser ensemble la qualité des systèmes éducatifs des 15 États membres de l'Union.
L'évaluation de la qualité des services rendus aux citoyens est un devoir naturel de tout pays démocratique.
Au niveau communautaire, un cadre est déjà posé, par l'article 149 de notre Traité fondamental. Il précise, je cite, que " la communauté contribue au développement d'une éducation de qualité en encourageant la coopération entre les États membres, et si nécessaire, en appuyant et en complétant leurs actions, tout en respectant pleinement la responsabilité des États membres.
Nos travaux communs complèteront prochainement ce cadre avec l'adoption conjointe par le Parlement et le Conseil, d'une recommandation relative à la " coopération européenne en matière d'évaluation de la qualité de l'éducation scolaire ".
Ainsi nous voyons bien que la responsabilité des États dans le domaine de l'éducation est pleinement établie en l'état actuel du processus d'intégration européenne. En même temps, nous ressentons le besoin d'une forte convergence pour tenir compte de l'exigence commune d'élévation du niveau de savoir et de culture de nos peuples. Et nous savons bien que cette exigence exprime aussi le cur de nos valeurs communes. Nous avons donc opté pour la méthode de " coordination ouverte ". Elle est adaptée de façon réaliste au moment que nous vivons.
En outre, nous avons déjà une pratique de la coopération : dès 1995, sous présidence française, les États membres, encouragés par la commission, ont marqué leur volonté de coopération dans le domaine de l'évaluation de la qualité avec la création du " Réseau Européen des Responsables des Politiques d'Évaluation des Systèmes Éducatifs ".
Cette volonté a été réitérée sous Présidence espagnole, sous Présidences britannique, allemande, finlandaise. Elle a encore été confirmée sous Présidence portugaise, avec les conclusions du Sommet européen de Lisbonne en mars 2000, et avec l'adoption à Bucarest en juin 2000 du " Rapport européen sur la qualité de l'éducation scolaire ", qui propose 16 indicateurs européens de qualité de l'éducation.
Oui, la volonté de coopérer existe. Nous l'avons clairement constatée lors du Conseil des Ministres de l'Éducation qui s'est tenu à Bucarest le 19 juin dernier. Et il s'agit aujourd'hui de témoigner à nouveau de cette volonté, de se donner les moyens concrets d'une réelle coopération.
Nous ne partons donc pas de rien. Nous avons ouvert de nous-mêmes des chemins, tracé des voies, montré des horizons. Nous nous devons donc comme une fidélité à ce travail accompli de continuer nos efforts dans les directions que nous avons librement et mutuellement choisies.
Notre action atteste de l'importance que, tous, nous reconnaissons à l'éducation dans la construction de nos sociétés. Elle affirmera donc la communauté des valeurs qui fondent notre action.
Oui, l'éducation est un élément clef de la stratégie sociale et culturelle commune aux différents pays membres de l'Union.
L'éducation est un domaine d'action qui nous ouvre tout grand un espace qu'il nous reste à investir ensemble : l'espace européen de la citoyenneté, qui s'appuie sur les valeurs communes transmises par l'École.
Car si la vocation de nos systèmes d'éducation est bien de former, et de qualifier, elle est aussi d'éduquer. Sa vocation est bien de permettre à toutes les capacités de s'épanouir. Sa vocation est bien de former des jeunes femmes et des jeunes hommes compétents et qualifiés dans leur domaine disciplinaire, dans leur métier, mais également libres d'esprit, émancipés, autonomes et citoyens.
En ce sens, l'éducation est globalement un apprentissage vivant et pratique de la citoyenneté. À nous de donner les moyens aux jeunes Européens d'être ces citoyens que notre avenir commun appelle.
C'est en cela que les questions liées à la qualité de l'éducation me paraissent essentielles : se doter d'indicateurs de qualité de l'éducation revient en réalité à se doter d'indicateurs de développement humain.
Le développement humain : question fondamentale, qu'on ne saurait éluder.
Le développement humain : telle est la finalité de notre Union européenne.
Il s'agit bien là d'une question politique. La réflexion " technique " que vous allez mener sur le processus de " coordination ouverte ", sur le choix des indicateurs de qualité, ne saurait perdre de vue cette dimension.
Le travail qui est ici lancé s'appuie sur les fondements essentiels de la Communauté.
En effet, privilégier l'aspect qualitatif sur l'aspect quantitatif n'est pas indifférent : c'est mettre au premier plan de notre action en matière éducative la définition et l'affirmation de nos valeurs communes, plutôt que retenir l'aspect purement technique de certains critères de performance.
C'est pourquoi la question du choix des indicateurs que nous voulons utiliser pour évaluer la qualité de nos systèmes éducatifs est centrale.
Comment faire converger nos efforts ? Nous pouvons comparer nos méthodes d'évaluation et les indicateurs que nous utilisons sur telle ou telle question. À chacun de nous de décider ensuite dans nos pays des actions à mettre en place. Nous pourrons alors mesurer les progrès accomplis au regard de l'effort consenti.
Dès lors le recours à des critères d'évaluation ne doit pas renvoyer à un PALMARES des États. Notre évaluation doit servir à mesurer les efforts accomplis par chacun d'entre nous dans la direction qu'il a jugée prioritaire parmi l'ensemble des objectifs dont nous aurons déclaré qu'ils nous sont communs.
D'une façon générale nous pouvons avoir une démarche qui parte des indicateurs existants dans les États membres. Nous disposons d'une richesse, d'un réservoir de savoir-faire dans lequel chacun pourra puiser.
Quoi qu'il en soit, le choix et la construction des indicateurs de qualité restent significatifs des priorités que chacun des États membres de l'Union se fixe en matière d'éducation. Nous nous devons de travailler dans le respect de la diversité du patrimoine culturel et social de chacun. Mais bien sûr notre souci reste de construire une Europe citoyenne rassemblée autour de valeurs reconnues, partagées et transmises d'une génération à l'autre .
C'est dire combien nous sommes attachés à l'existence d'indicateurs européens, délibérés par les Européens à l'usage des Européens et mutuellement consentis.
Je pense exprimer le sentiment de nombre de nos États en disant, comme beaucoup d'autres ici, que l'éducation n'est pas un service marchand et ne doit l'être en aucun cas. Elle relève de préoccupations plus fondamentales qui concernent la définition des personnes humaines pour qui nous préparons l'avenir à travers l'éducation que nous décidons de leur donner. Sa mission fondamentale vise à l'épanouissement citoyen et social des personnes. Telle est sa vocation humaniste.
Souvenons-nous demain, en suivant l'ordre du jour prévu par le document diffusé par les Pays-Bas qui est à la base de ce séminaire, que selon ce que nous déciderons de mesurer, nous dirons qui nous sommes.
Je vous remercie.
(source http://www.education.gouv.fr, le 2 octobre 2000)