Texte intégral
Monsieur le Président,
Vous avez bien voulu nous consacrer une partie de votre précieux temps de président récemment élu. Je vous en remercie d'autant plus chaleureusement que chacun peut imaginer la difficulté de votre tâche : assurer la relève après plus de soixante-dix années sans alternance.
Votre exemple, celui du Mexique, est un encouragement pour tous ceux qui sont convaincus que la démocratie est avant tout un processus, dont l'heureux dénouement est inévitable pour peu que nous sachions l'accompagner comme il convient.
La France, Monsieur le Président, n'a jamais cessé de regarder votre pays avec amitié, pour son rayonnement culturel, pour son dynamisme économique, pour son attachement profond, tout comme la France, aux droits des peuples et à leur indépendance.
Dois-je rappeler le temps, dont j'ai gardé un souvenir précis, où ensemble, Mexicains et Français, nous marquions, en Amérique centrale par exemple, cet attachement à la souveraineté nationale, ce refus de l'ingérence ?
La France est l'alliée des Etats-Unis au sein de l'OTAN. Vous êtes leurs voisins directs, puissamment intégrés au sein de l'ALENA par les échanges commerciaux, culturels et démographiques - et je sais que vous avez déjà fait part à Washington de vos attentes sur ce dernier point tout particulièrement.
Il est naturel que vos rapports avec les Etats-Unis constituent votre préoccupation première, comme peuvent l'être nos relations avec nos partenaires de l'Union européenne.
Par cette proximité même, nous connaissons bien, les uns et les autres - même si c'est à des degrés divers - nos amis nord-américains. Nous pouvons contribuer, chacun à notre place, et ensemble, à un monde plus juste, plus stable, mieux ordonné, mieux régulé, plus respectueux des spécificités de chacun.
Dans ce combat quotidien, nous comptons sur le Mexique et sur vous-même.
D'abord en Amérique latine. Il est naturel que le Mexique y occupe la place qui lui revient. L'Union européenne a pour sa part montré lors du sommet de Rio l'année dernière sa volonté d'y être pleinement présente.
Nous devons ainsi, de concert, accompagner les progrès de l'intégration au sein du Mercosur, conforter les succès politiques et économiques du Chili, rechercher des solutions aux difficultés que traversent les pays andins, aider les Caraïbes à diversifier leurs fragiles et vulnérables économies.
Je pense aussi à la Colombie où nous nous attachons, avec le président Pastrana, à accompagner des solutions politiques négociées. Vous vous rendez, je crois, prochainement à Bogota.
Pour notre part, nous avons engagé avec nos partenaires européens, et de manière très approfondie avec nos amis espagnols si naturellement tournés vers l'Amérique latine, l'élaboration d'un plan européen spécifique de soutien à la Colombie.
Ce plan européen sera tourné vers l'amélioration des conditions de vie des paysans colombiens, seule véritable alternative à la production et au trafic de drogue qui constitue pour nous un important motif de préoccupation. Ce faisant, nous savons être en plein accord avec les chefs d'Etat et de gouvernement d'Amérique du Sud qui viennent de se réunir à Brasilia.
Nous souhaitons également amplifier le partenariat engagé depuis 1995, sous l'impulsion de la France, entre le Mexique et l'Union européenne. A cet égard, la conclusion, le 23 avril 2000 à Lisbonne, de l'accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération entre l'Union européenne et le Mexique, ouvre une nouvelle ère dans nos relations.
Je souhaite que l'approfondissement de nos relations commerciales bénéficient aux entreprises mexicaines comme européennes. 400 entreprises françaises sont pour leur part installées au Mexique. C'est encore trop peu, et la dynamique de l'ALENA joue naturellement en leur défaveur. A elles, d'être compétitives. Elles le seront. Vous pouvez compter sur elles. Nous comptons pour notre part sur les autorités mexicaines pour que les règles de la concurrence et les impératifs de l'équilibre soient pleinement respectés.
Ce partenariat euro-mexicain devra d'ailleurs s'étendre au dialogue que nous appelons de nos vux sur la stabilisation des prix du pétrole, qui constitue pour nous un sujet de préoccupation. Je souhaite qu'ensemble, pays producteurs et consommateurs trouvent les voies d'un dialogue permettant d'assurer une stabilité de long terme des prix du pétrole au bénéfice de tous. Le Mexique doit pouvoir, hors de l'OPEP, y jouer un rôle de premier plan.
Nous sommes également désireux de travailler avec le Mexique au lancement d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales.
Nous avons regretté l'absence d'accord à Seattle. Nous souhaitons, avec toute l'Union européenne, qu'un vaste cycle de négociations commerciales puisse non seulement lancer une nouvelle vague de libéralisation susceptible d'amplifier la croissance mondiale, mais aussi intégrer de nouvelles dimensions indispensables à l'équilibre de la globalisation : environnement, normes sociales, concurrence, investissement ...
Je suis convaincu qu'Européens et Mexicains peuvent jouer un rôle décisif pour intégrer ces dimensions nouvelles de manière à ce qu'elles ne constituent pas des entraves au développement de pays qui ont besoin de tout sauf d'obstacles nouveaux à leur expansion.
Nous devons, dans le même temps, continuer à promouvoir la diversité culturelle. Nos deux pays ont signé en novembre 1998 une déclaration commune à cette fin. La réunion des ministres de la Culture des pays les plus attachés à la diversité culturelle, à Oaxaca, dans votre pays, a, en 1999, constitué un moment fort de la mobilisation contre les tentations visant à faire de la culture un simple thème de négociation commerciale à l'OMC, ce qui ne serait pas acceptable sous cette forme. Alors que c'est à l'UNESCO qu'il revient d'aborder les questions qui relèvent de la culture.
Monsieur le Président,
Les attentes, envers vous à votre égard sont immenses. Les espoirs provoqués par votre élection, comme par l'alternance dans certains Etats fédérés du Mexique, comme au Chiapas, sont très grands.
La France et l'Union européenne souhaitent être présentes, dans cette phase à la fois difficile et exaltante, avec les valeurs de l'amitié.
Nous serons attentifs mais, avant tout, décidés à vous apporter tout notre concours au succès de votre entreprise, pour le développement économique et la consolidation de la démocratie au Mexique.
Monsieur le Président,
Je souhaite sincèrement que votre visite, attendue avec tant de plaisir et d'intérêt, après celle, sans doute prémonitoire, que vous avez effectuée en mars 1998 comme gouverneur, soit l'occasion d'un nouvel élan de la relation entre nos deux pays.
Monsieur le Président,
La France adresse, à travers vous, au Mexique, ses vux de prospérité et de progrès.
Je lève personnellement mon verre en votre honneur et en celui des personnalités qui vous accompagnent, dont certaines sont bien connues dans notre pays, au bonheur du peuple mexicain, à l'amitié traditionnelle entre le Mexique et la France.
Vive le Mexique !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-mexicaine !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2000)
Vous avez bien voulu nous consacrer une partie de votre précieux temps de président récemment élu. Je vous en remercie d'autant plus chaleureusement que chacun peut imaginer la difficulté de votre tâche : assurer la relève après plus de soixante-dix années sans alternance.
Votre exemple, celui du Mexique, est un encouragement pour tous ceux qui sont convaincus que la démocratie est avant tout un processus, dont l'heureux dénouement est inévitable pour peu que nous sachions l'accompagner comme il convient.
La France, Monsieur le Président, n'a jamais cessé de regarder votre pays avec amitié, pour son rayonnement culturel, pour son dynamisme économique, pour son attachement profond, tout comme la France, aux droits des peuples et à leur indépendance.
Dois-je rappeler le temps, dont j'ai gardé un souvenir précis, où ensemble, Mexicains et Français, nous marquions, en Amérique centrale par exemple, cet attachement à la souveraineté nationale, ce refus de l'ingérence ?
La France est l'alliée des Etats-Unis au sein de l'OTAN. Vous êtes leurs voisins directs, puissamment intégrés au sein de l'ALENA par les échanges commerciaux, culturels et démographiques - et je sais que vous avez déjà fait part à Washington de vos attentes sur ce dernier point tout particulièrement.
Il est naturel que vos rapports avec les Etats-Unis constituent votre préoccupation première, comme peuvent l'être nos relations avec nos partenaires de l'Union européenne.
Par cette proximité même, nous connaissons bien, les uns et les autres - même si c'est à des degrés divers - nos amis nord-américains. Nous pouvons contribuer, chacun à notre place, et ensemble, à un monde plus juste, plus stable, mieux ordonné, mieux régulé, plus respectueux des spécificités de chacun.
Dans ce combat quotidien, nous comptons sur le Mexique et sur vous-même.
D'abord en Amérique latine. Il est naturel que le Mexique y occupe la place qui lui revient. L'Union européenne a pour sa part montré lors du sommet de Rio l'année dernière sa volonté d'y être pleinement présente.
Nous devons ainsi, de concert, accompagner les progrès de l'intégration au sein du Mercosur, conforter les succès politiques et économiques du Chili, rechercher des solutions aux difficultés que traversent les pays andins, aider les Caraïbes à diversifier leurs fragiles et vulnérables économies.
Je pense aussi à la Colombie où nous nous attachons, avec le président Pastrana, à accompagner des solutions politiques négociées. Vous vous rendez, je crois, prochainement à Bogota.
Pour notre part, nous avons engagé avec nos partenaires européens, et de manière très approfondie avec nos amis espagnols si naturellement tournés vers l'Amérique latine, l'élaboration d'un plan européen spécifique de soutien à la Colombie.
Ce plan européen sera tourné vers l'amélioration des conditions de vie des paysans colombiens, seule véritable alternative à la production et au trafic de drogue qui constitue pour nous un important motif de préoccupation. Ce faisant, nous savons être en plein accord avec les chefs d'Etat et de gouvernement d'Amérique du Sud qui viennent de se réunir à Brasilia.
Nous souhaitons également amplifier le partenariat engagé depuis 1995, sous l'impulsion de la France, entre le Mexique et l'Union européenne. A cet égard, la conclusion, le 23 avril 2000 à Lisbonne, de l'accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération entre l'Union européenne et le Mexique, ouvre une nouvelle ère dans nos relations.
Je souhaite que l'approfondissement de nos relations commerciales bénéficient aux entreprises mexicaines comme européennes. 400 entreprises françaises sont pour leur part installées au Mexique. C'est encore trop peu, et la dynamique de l'ALENA joue naturellement en leur défaveur. A elles, d'être compétitives. Elles le seront. Vous pouvez compter sur elles. Nous comptons pour notre part sur les autorités mexicaines pour que les règles de la concurrence et les impératifs de l'équilibre soient pleinement respectés.
Ce partenariat euro-mexicain devra d'ailleurs s'étendre au dialogue que nous appelons de nos vux sur la stabilisation des prix du pétrole, qui constitue pour nous un sujet de préoccupation. Je souhaite qu'ensemble, pays producteurs et consommateurs trouvent les voies d'un dialogue permettant d'assurer une stabilité de long terme des prix du pétrole au bénéfice de tous. Le Mexique doit pouvoir, hors de l'OPEP, y jouer un rôle de premier plan.
Nous sommes également désireux de travailler avec le Mexique au lancement d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales.
Nous avons regretté l'absence d'accord à Seattle. Nous souhaitons, avec toute l'Union européenne, qu'un vaste cycle de négociations commerciales puisse non seulement lancer une nouvelle vague de libéralisation susceptible d'amplifier la croissance mondiale, mais aussi intégrer de nouvelles dimensions indispensables à l'équilibre de la globalisation : environnement, normes sociales, concurrence, investissement ...
Je suis convaincu qu'Européens et Mexicains peuvent jouer un rôle décisif pour intégrer ces dimensions nouvelles de manière à ce qu'elles ne constituent pas des entraves au développement de pays qui ont besoin de tout sauf d'obstacles nouveaux à leur expansion.
Nous devons, dans le même temps, continuer à promouvoir la diversité culturelle. Nos deux pays ont signé en novembre 1998 une déclaration commune à cette fin. La réunion des ministres de la Culture des pays les plus attachés à la diversité culturelle, à Oaxaca, dans votre pays, a, en 1999, constitué un moment fort de la mobilisation contre les tentations visant à faire de la culture un simple thème de négociation commerciale à l'OMC, ce qui ne serait pas acceptable sous cette forme. Alors que c'est à l'UNESCO qu'il revient d'aborder les questions qui relèvent de la culture.
Monsieur le Président,
Les attentes, envers vous à votre égard sont immenses. Les espoirs provoqués par votre élection, comme par l'alternance dans certains Etats fédérés du Mexique, comme au Chiapas, sont très grands.
La France et l'Union européenne souhaitent être présentes, dans cette phase à la fois difficile et exaltante, avec les valeurs de l'amitié.
Nous serons attentifs mais, avant tout, décidés à vous apporter tout notre concours au succès de votre entreprise, pour le développement économique et la consolidation de la démocratie au Mexique.
Monsieur le Président,
Je souhaite sincèrement que votre visite, attendue avec tant de plaisir et d'intérêt, après celle, sans doute prémonitoire, que vous avez effectuée en mars 1998 comme gouverneur, soit l'occasion d'un nouvel élan de la relation entre nos deux pays.
Monsieur le Président,
La France adresse, à travers vous, au Mexique, ses vux de prospérité et de progrès.
Je lève personnellement mon verre en votre honneur et en celui des personnalités qui vous accompagnent, dont certaines sont bien connues dans notre pays, au bonheur du peuple mexicain, à l'amitié traditionnelle entre le Mexique et la France.
Vive le Mexique !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-mexicaine !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2000)