Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la coopération entre la France et le Kazakhstan dans les domaines pétrolier et parapétrolier, Almaty, le 4 octobre 2000.

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Circonstance : Conférence du KIOGE à Almaty, au Kazakhstan, le 4 octobre 2000

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis d'intervenir à cette conférence du KIOGE qui prend cette année un relief tout particulier du fait des découvertes récentes sur le site de Kashagan.
Comme vous le savez, les découvertes en hydrocarbures réalisées sur ce gisement sont d'ores et déjà extrêmement prometteuses. Bien évidemment, il est encore trop tôt pour les évaluer avec précision. Néanmoins, avec des réserves prouvées qui dépassent les 50 milliards de barils, les experts estiment qu'il s'agit probablement d'un gisement géant. Kashagan serait en tout cas, l'un des gisements les plus importants mis à jour dans le monde au cours des 15 dernières années.
Le Kazakhstan s'apprête donc à faire son entrée dans le club très fermé des grands pays producteurs et exportateurs de pétrole, alors même que le prix du baril reste à des niveaux élevés. La réunion des pays de l'OPEP à Caracas la semaine dernière a toutefois fait apparaître une volonté de concertation qui doit être confirmée.
Je me félicite naturellement des perspectives qui s'ouvrent aujourd'hui pour le Kazakhstan. Je souhaite que la mise en valeur et l'exploitation de ces importantes ressources gazières et pétrolières permettent de soutenir l'essor économique de cet Etat qui s'affirme déjà comme le pays émergent de l'Asie centrale, l'un des plus dynamiques en tout cas.
Le stock des investissements étrangers au Kazakhstan est l'un des plus importants de la CEI. En outre, le Kazakhstan bénéficie d'un cadre réglementaire et juridique déjà bien développé. Il s'agit, à l'évidence, d'atouts structurels importants pour accentuer plus encore l'ouverture économique et favoriser le maintien d'une croissance forte et durable. Il faut naturellement que ce cadre normatif soit effectivement appliqué et mis en uvre. En effet, la qualité de ce cadre légal et la sécurité juridique sont des éléments clés aux yeux des investisseurs. Je suis particulièrement satisfait à cet égard, de l'entrée en vigueur le 21 août dernier de l'accord sur la protection réciproque des investissements entre la France et le Kazakhstan.
Les entreprises françaises sont parfaitement conscientes de l'importance à la fois économique et géostratégique du Kazakhstan dans le secteur énergétique. J'ai eu l'occasion de le confirmer à M. CHKOLNIK, Ministre de l'Energie, de l'Industrie et du Commerce à l'occasion de la cinquième commission mixte franco-kazakhstanaise.
Ainsi, le groupe français TOTAL FINA ELF, qui occupe désormais le 4ème rang mondial dans le secteur pétrolier, n'a pas attendu cette découverte du gisement de Kashagan pour investir au Kazakhstan. TOTAL FINA ELF est l'un des huit opérateurs présents au sein du consortium OKIOC, dont Keith Dallard, le General Manager est ici présent. Bien évidemment, ce gisement ne fait que renforcer l'intérêt que cette entreprise française porte depuis longtemps à l'exploitation pétrolière au Kazakhstan. Cet intérêt se traduit par les projets auxquels elle est associée. Son PDG, Thierry Desmarets, a eu récemment l'occasion de le dire lui-même aux plus hautes autorités de ce pays. Je peux moi-même vous assurer que cette entreprise fait du Kazakhstan l'une des priorités de son développement international. En particulier, elle souhaite participer activement aux nouveaux développements de l'activité pétrolière du Kazakhstan ainsi qu'à la mise en valeur des découvertes qui seront faites dans en offshore dans la mer Caspienne.
Mais avant de commencer l'exploitation d'un gisement aussi important que celui de Kashagan, la question primordiale de l'évacuation des hydrocarbures de cette zone doit être résolue. Cette question est forcément complexe dans le cas d'une mer enclavée. En effet, la mer Caspienne est bordée, au Nord comme au Sud, par de grands pays pétroliers, et son statut juridique devra être précisé et reconnu. Cette question de l'évacuation des hydrocarbures constitue donc un enjeu géostratégique majeur. Elle concerne non seulement les pays de la Caspienne mais aussi les pays importateurs et ceux qui vont assurer le transit de ces hydrocarbures sur leur territoire. Je me permets de souligner à cet égard que la viabilité économique des projets d'oléoducs dans la région dépendra de l'importance réelle des ressources. Or, nous disposons d'estimations, mais nous ne connaissons pas encore ces ressources avec précision.
A ce stade, la France étudie tous les projets d'évacuation des hydrocarbures sans avoir de préférence absolue pour l'une ou l'autre des solutions envisagées. Nous défendons la nécessité de mettre en place plusieurs voies de transport afin d'assurer la meilleure valorisation possible des hydrocarbures du Kazakhstan. Nous sommes convaincus que seules les considérations économiques et commerciales doivent guider les choix des investisseurs.
J'ajoute que ces projets auront un impact important sur l'ensemble de la région, d'un point de vue économique, géopolitique et environnemental. Nous devons donc privilégier une solution qui concilie à la fois les intérêts du Kazakhstan et ceux de ses voisins régionaux sur le long terme.
Je souhaiterais maintenant élargir mon propos à l'ensemble du domaine parapétrolier. Vous le savez, France occupe une place prédominante dans ce secteur, avec près de deux cents entreprises dont la maîtrise technologique et l'expertise sont mondialement reconnues. Plusieurs entreprises françaises figurent aux premiers rangs mondiaux dans l'exploration, l'ingénierie et l'exploitation para-pétrolière. Ces entreprises sont déjà présentes au Kazakhstan. Certaines d'entre-elles ont d'ailleurs créé des sociétés mixtes franco-kazakhstanaises dès 1992. A titre d'exemple, permettez-moi de citer la Compagnie Générale de Géophysique ou Bouygues Offshore. Je me réjouis naturellement de constater que la collaboration entre nos deux pays est déjà une réalité bien établie dans ce secteur.
Vous allez pouvoir vous en rendre compte, les entreprises françaises sont particulièrement bien représentées au KIOGE. Leur présence aujourd'hui ne fait que confirmer tout l'intérêt qu'elles portent depuis plusieurs années déjà aux grandes potentialités du Kazaksthan dans le secteur des hydrocarbures. Je crois que les compétences et la maîtrise technologique françaises sont déjà largement appréciées de leurs partenaires sur le terrain. Outre les groupes que j'ai déjà cités, je pense à l'association de Kvaerner-Heurtey et d'Entrepose pour la fourniture d'équipements sur l'oléoduc Aktau-Samara. Les ingénieur d'Entrepose participe par ailleurs à la mise en valeur du gisement de Karatchaganak. Les décideurs économiques du Kazakhstan doivent être convaincus de la volonté française d'amplifier encore notre collaboration déjà très fructueuse. C'est ce que je confirmerai tout à l'heure à M. Chkolnik et demain au Premier Ministre Tokaiev et au Président Nazarbaiev.

(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 octobre 2000)