Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les attitudes à adopter et les moyens envisagés dans le cadre de l'application et du respect des Droits de l'Homme, Paris le 9 décembre 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Commémoration du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme à Paris le 9 décembre 1998-réception au Quai d'Orsay

Texte intégral

Messieurs les Présidents,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je serais bref parce que vous avez tous beaucoup parlé et beaucoup écouté ces jours-ci.

Considérez que vous êtes reçus ici aujourd'hui et fêtés comme des amis. Paris a été fier de vous accueillir et d'abriter vos débats. Tous ici, nous voudrions que partout sur la Terre, les Droits de l'Homme soient respectés comme ils le sont enfin, mais encore parfaitement, après des siècles d'histoire cruelle, dans un certain nombre de pays sur les 185 pays que compte aujourd'hui notre planète.

Bien sûr, aucun de nous ne connaît pour cela de raccourci sûr, ni de formule magique. Mais chacun de nous est déterminé et voudrait hâter les évolutions comme c'est le cas aujourd'hui même, pour la lutte contre l'impunité qui vient de franchir un nouveau pas à travers une décision très importante. Et chacun de nous voudrait consolider les processus nécessaires.

Comment être efficaces ? Voilà la question qui nous est posée, qui vous est posée, à la lumière des cinquante années écoulées et, au vu de l'état du monde actuel, qui alimente l'impatience démocratique.

Il n'y a pas de formule toute faite. Les attitudes possibles pour progresser dans cette direction vont de la condamnation la plus forte - des sanctions décidées par le Conseil de sécurité - jusqu'aux pressions les plus discrètes, en passant par le dialogue politique, par des mesures incitatives ou d'encouragement politique ou économique, et l'action juridique. Il y a toute une palette d'actions. Il y a l'action des Etats, il y a celle de la société civile, si remarquablement représentée ce soir ici.

Les hommes et les femmes ont les mêmes droits fondamentaux où qu'ils vivent sur la Terre. Et ils les ont en naissant. Ce n'est même pas parce que nous le reconnaissons, c'est un fait qui s'impose. C'est la combinaison des actions qui pourra les protéger, qui pourra empêcher le pire, qui pourra améliorer les situations, qui pourra débloquer, qui pourra amorcer une dynamique démocratique. Cette combinaison varie en fonction des cas, des situations, des moments, et c'est là où il faut trouver la meilleure façon d'être le plus efficace et le plus utile. Soyons donc fermes et persévérants sur les objectifs. Agissons sans lassitude, n'attendons pas de récompense visible, faisons tout pour empêcher les violations. Mais surtout, créons les conditions sociales, économiques, politiques, juridiques, grâce auxquelles les Droits de l'Homme n'auront plus besoin d'être imposés de l'extérieur et où chaque pays, chaque société aura à coeur de veiller sur l'Etat de droit et de le perfectionner sans cesse.

A tous, amis du monde entier, courage et bonne chance !
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2001)