Texte intégral
Nous sommes ici ensemble parce que nous croyons que la politique, c'est d'abord une volonté au service d'un idéal. Nous sommes ici parce que nous croyons que la volonté politique est la clé de tout changement et que cette volonté politique doit être d'abord et avant tout fondée sur les valeurs du socialisme.
La première de ces valeurs, c'est l'égalité parce que le marché, s'il créé des richesses, est aussi un formidable créateur d'inégalités et d'exclusions, parce que nous savons que les inégalités ne cessent d'augmenter dans le monde, parce que dans notre pays même, nous voyons bien que la croissance laisse encore au bord de la route trop de jeunes, trop de femmes, trop d'adultes cassés par le chômage et par la pauvreté.
Donc, l'égalité d'abord et avant tout et bien sûr, la solidarité avec les plus fragiles, avec ceux qui, dans le monde, en Europe, dans notre pays même, souffrent, nous le savons, de malnutrition, de carences de soins, des épidémies qui ne sont plus le triste privilège des pays en développement.
Et puis, la liberté, parce que le socialisme, c'est la liberté du citoyen, du citoyen du monde, du citoyen de l'Europe, du citoyen de notre République qui refuse les injustices, qui veut agir au quotidien pour la justice sociale.
Nous sommes ici ensemble, je crois, chers camarades, parce que le socialisme se fonde sur ce que Léon BLUM appelait la conscience de l'égalité humaine et que nous voulons que cette égalité s'incarne dans la République, dans la démocratie politique, dans le démocratie sociale.
Alors, chers camarades, je crois que par rapport à cette exigence des égalités, nous pouvons être fiers du chemin parcouru depuis 1997 sous la conduite de Lionel JOSPIN, Lionel qui a su nous redonner l'espoir en 1995 et qui, ensuite, a su conduire notre parti à la victoire après l'avoir doté d'un vrai projet sur lequel nous avons été élus.
Lionel qui, depuis 1997, a fait accomplir à la gauche plurielle, dans le respect de sa diversité, une uvre qui marquera l'histoire de la gauche et de notre pays. (applaudissements)
Nous pouvons être fiers du chemin parcouru depuis trois ans et demi, 870 000 personnes qui ont retrouvé du travail et, avec le travail, la dignité, la dignité du jeune qui peut enfin bâtir un projet de vie, la dignité du père ou de la mère de famille qui a renoué avec l'utilité sociale et retrouvé des marges de liberté.
Oui, nous pouvons, chers camarades, être fiers d'avoir rendu aux enfants nés en France le droit du sol, nous pouvons être fiers (applaudissements) Nous pouvons être fiers d'avoir assuré aux femmes l'accès aux responsabilités politiques (applaudissements), nous pouvons être fiers d'avoir, avec le PACS, permis a tous les couples de vivre au grand jour leur engagement (applaudissements), nous pouvons être fiers, je suis fière, de présenter à l'Assemblée Nationale la semaine prochaine le projet de loi sur l'allongement de la durée légale de l'interruption volontaire de grossesse (applaudissements).
Oui, nous pouvons être fiers de ce travail accompli, de la confiance retrouvée, des résultats dans la lutte contre l'exclusion et la protection des plus faibles, mais nous savons qu'il reste beaucoup, beaucoup à faire.
L'enjeu de notre Congrès, il n'y en a pas d'autre, c'est de tracer les contours de notre nouveau projet, d'appuyer ce projet sur notre bilan, bien sûr, mais de dire ce que nous, socialistes, nous voulons et ce que nous voulons, c'est mener encore et toujours le combat contre les inégalités et pour cela, chers camarades, nous devons agir pour un monde plus humain, nous devons agir pour une Europe plus sociale, nous devons agir pour une France plus égalitaire. (applaudissements)
Notre action dans le monde : nous voyons bien que la fin de ce millénaire aura vu le triomphe de la mondialisation, en tout cas de la mondialisation des marchés financiers, des échanges commerciaux, de l'industrie culturelle, des technologies de communication. Dans ce processus, c'est la loi du plus fort qui domine, c'est l'argent qui est roi, c'est la technique qui commande.
Alors, ne nous payons pas de mots, chers camarades, nous n'arrêterons pas la mondialisation, mais nous pouvons, nous, socialistes, si nous le voulons, rendre cette mondialisation plus humaine, car ne l'oublions jamais, chers camarades, le socialisme est universaliste, nous sommes internationalistes et nous croyons que notre combat pour l'égalité, pour la solidarité, pour la liberté peut être commun à tous les peuples.
Les camarades venus ici du monde entier en sont les témoins et je les salue chaleureusement. (applaudissements)
Nous pouvons, si nous le voulons, porter ensemble ce projet, façonner la mondialisation, la réguler, combler ses vides béants sur les normes sociales, sur la sécurité sanitaire, sur la protection de notre patrimoine naturel du sol, de l'eau, de l'air que nous respirons.
Voilà les projets mondiaux que nous, socialistes, nous devons porter.
Que les droits des travailleurs soient protégés, pas seulement le travail des enfants, ce scandale absolu, mais que tous aient le droit d'adhérer à un syndicat, de faire grève, et que les droits sociaux fondamentaux soient protégés, que des règles, des normes sociales de santé, d'environnement, des normes d'éthique aussi voient le jour.
Nous, socialistes, nous voulons une régulation mondiale pour combattre l'argent sale, principal ressort de la criminalité organisée qui se protège derrière l'anonymat de l'argent.
Nous voulons, avec le plan durable, encadré par un conseil de sécurité économique et une action mondiale, que notre patrimoine naturel soit protégé des dégradations irrémédiables. Ce n'est pas simple, mais je crois que c'est possible dès lors que nous, socialistes, avec les syndicats, avec les associations qui partagent nos valeurs, nous le voudrons et nous y travaillerons ensemble. C'est possible car l'histoire nous enseigne que les grands progrès sociaux ont été des victoires sur la résignation et sur l'indifférence.
L'Europe peut nous aider à façonner ce monde plus humain, à la condition que l'Europe elle-même soit une Europe sociale, car l'Europe, elle aussi, est déséquilibrée et il ne peut être question de s'en satisfaire.
Evidemment, l'Union monétaire protège les peuples européens des turbulences financières mondiales et, nous le savons, l'Europe renforce la croissance. Mais cela ne suffit pas. L'Europe ne peut avoir de sens pour chaque citoyen que si elle permet d'améliorer la situation de chacun et notamment des plus démunis.
Depuis trois ans, chers camarades, nous avons fait avancer l'Europe sociale. Nous le devons à la volonté de Lionel JOSPIN, nous le devons aussi à la ténacité de Martine AUBRY (applaudissements) Martine qui s'est battue et qui a obtenu que soient coordonnées les stratégies nationales pour l'emploi, que l'Union européenne se dote d'un plan de lutte contre les exclusions et adopte la directive contre les discriminations dans l'emploi.
Je peux vous le dire, chers camarades, nous irons plus loin dans les jours et les semaines qui viennent, car nous voulons, sous notre présidence, faire aboutir la directive sur l'information et la consultation des travailleurs qui serait enfin une réponse à la mobilisation exemplaire des salariés de Renault-Vilvorde, nous voulons qu'à Nice soit adopté l'agenda social européen, nous voulons qu'à Nice l'on adopte la charte des droits fondamentaux, texte fondateur puisque, pour la première fois, les peuples de l'Union européenne se dotent d'un socle de valeurs communes et de droits communs, civils, politiques, économiques, sociaux, écologiques. Ce texte, nous avons su l'arracher à la droite et au patronat, il devra le plus vite possible être intégré dans le traité.
(applaudissements)
Mais au-delà de notre présidence, il faudra compléter l'Union monétaire par l'Union économique, mieux articuler l'économique et le social, et ceci ne se fera que si l'Europe politique progresse.
Nous, socialistes, nous avons une volonté pour le monde, nous avons une volonté pour l'Europe et nous voulons une France plus égalitaire.
Depuis 1997, nous avons une baisse record du chômage, de toutes les formes de chômage, y compris du chômage des jeunes, y compris du chômage de longue durée, ainsi qu'un nombre sans précédent de créations d'emplois. Cette année 2000, avec 500 000 créations d'emplois et plus, cette année sera la meilleure du siècle. Quelle fierté, n'est-ce pas, pour nous socialistes ! (applaudissements) Et si notre pays a renoué avec la croissance, c'est parce que le gouvernement de Lionel JOSPIN et la majorité ont décidé de tourner le dos à la politique économique de la droite qui nous enfonçait dans la crise.
Ce résultat, nous le devons à notre politique de soutien de la demande, nous le devons aux 35 heures, nous le devons aux emplois jeunes.
Eh bien ! Chers camarades, cette politique économique et sociale, nous devons la poursuivre parce qu'on ne change pas une politique qui gagne. (applaudissements) Et le fil rouge de cette politique, ce doit être encore et toujours la lutte contre les inégalités.
D'abord, encore, toujours, agir pour l'emploi, parce que le chômage est la première des inégalités et parce que, comme le disait Jean JAURES, "le droit au travail est le principe fondamental du socialisme". (applaudissements)
Nous, socialistes, nous voulons le plein emploi, mais pas n'importe quel plein emploi. Pour nous, le plein emploi, ce n'est pas l'assistance, c'est un travail stable et suffisamment rémunéré.
C'est pour cela, chers camarades, que nous appliquerons les deux lois sur les 35 heures. Evidemment, nous aiderons les petites et moyennes entreprises, mais la loi restera la loi. (applaudissements) C'est pour cela que nous assurerons la pérennisation des emplois jeunes qui ont montré leur utilité sociale en révélant de nouveaux métiers. C'est pour cela que nous engagerons une profonde réforme de notre système de formation professionnelle pour que chacun ait droit à plusieurs chances tout au long de sa vie. C'est pour cela que nous continuerons à nous battre pour que l'accès à l'emploi ne soit plus limité par des discriminations raciales ou sexistes intolérables. (applaudissements) C'est pour cela, chers camarades, que nous ferons du droit au travail une réalité en intensifiant les actions d'insertion pour mieux garantir le retour à l'emploi des chômeurs de longue durée.
Mais nous le savons, il y a d'autres inégalités que le chômage. Nous voyons bien qu'il faut mieux répartir les fruits de la croissance. L'impôt, qui est un outil essentiel de redistribution, doit être modernisé, simplifié et rendu plus juste.
Et je voudrais vous dire évidemment que la baisse de l'impôt ne peut être un tabou pour la gauche, mais que la baisse de l'impôt ne peut pas être non plus un objectif en soi (applaudissements) car il est indispensable de financer les dépenses publiques et d'assurer la qualité des services publics.
Et ceci doit être notre premier objectif : assurer les engagements publics nécessaires, réduire la dette de l'Etat pour ne pas peser bien sûr sur les générations futures, baisser les impôts, mais c'est dans cet ordre qu'il faut penser l'équilibre entre ces trois éléments car les dépenses publiques ne peuvent être le solde de ce qui reste quand on a baissé les déficits et les impôts.
(applaudissements)
Quant à l'impôt, il faudra encore le réformer pour qu'il soit plus juste et plus redistributif.
Et puis, chers camarades, il y a la pauvreté et il y a la précarité.
La pauvreté qui frappe aujourd'hui encore 5 millions de nos concitoyens et, parmi ceux-ci, un nombre toujours plus important de jeunes. Il faut savoir que 80 000 jeunes chez nous n'ont ni toit, ni revenu, et que ce sont de jeunes errants.
La précarité reste le quotidien pour beaucoup de Français et même si la tendance s'inverse dans le bon sens, même si le nombre de "RMIstes" a diminué pour la première fois depuis sa création, plus de 3 millions de personnes vivent encore dans notre pays des minima sociaux.
Alors, chers camarades, parce que la pauvreté, c'est une atteinte à la dignité des personnes, nous devons, je crois, être inventifs et nous devons viser l'autonomie financière, bien sûr l'autonomie financière des personnes âgées dépendantes - nous ferons examiner un projet de loi avant les élections municipales - mais aussi l'autonomie financière des jeunes en situation de pauvreté et la motion 1, que je soutiens, a raison de vouloir s'attaquer frontalement à cette difficulté en créant un contrat d'autonomie pour les jeunes. (applaudissements)
La précarité dans le travail, parce que le travail ne protège plus de l'extrême pauvreté et que nous devons avoir là aussi la volonté de lutter contre les abus d'emplois précaires constatés au sein des entreprises.
Le Parti nous y engage, le projet de loi de modernisation sociale nous en donnera l'occasion.
N'oublions pas les insécurités qui existent face à la santé et aux risques sanitaires. Le débat des derniers jours a posé des questions dérangeantes : faudra-t-il être riche pour mieux se soigner ? Faudra-t-il être riche pour manger des produits sains? A ces questions, nous répondons par notre combat contre une certaine agriculture productiviste, contre une certaine insolence de l'argent et en imposant la sécurité sanitaire comme priorité française et européenne. (applaudissements)
Cet idéal ne sera garanti que par un Etat fort, un Etat garant des services publics, de l'égalité des territoires et inventeur de nouvelles solidarités. C'est parce que nous aurons un Etat performant que nous pourrons laisser toute leur place aux partenaires sociaux, car il faut améliorer l'articulation entre le contrat et la loi.
Il nous faut aujourd'hui sortir des oppositions stériles de notre société. L'économique et le social sont indissociables, la loi et le contrat sont complémentaires, la vitalité des territoires préservera la République. C'est la démocratie qui doit être notre repère, la démocratie sociale et la démocratie politique. (applaudissements)
Voilà, chers camarades. Vous l'avez compris, pour moi le combat contre les inégalités dans tous les domaines de la vie, à tous les âges de la vie, doit être l'axe majeur de notre projet pour 2002. Nous avons besoin de mieux garantir la représentativité syndicale, nous avons besoin de passer à une nouvelle étape de la décentralisation, nous avons besoin d'un Parlement plus fort et nous avons besoin aussi, plus que jamais, d'un Président-citoyen, comme l'avait proposé Lionel JOSPIN en 1995.
(applaudissements)
Je fais confiance, chers camarades, à François HOLLANDE pour mener à bien ce grand chantier de l'innovation et du renouvellement de notre Parti et, avec François HOLLANDE, avec Lionel JOSPIN, je suis sûre que nous saurons relever ce défi de la justice sociale, parce que souvenons-nous toujours de ce que disait François MITTERRAND : "Le socialisme est encore aujourd'hui l'idée la plus neuve du monde".
(applaudissements)
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 27 novembre 2000)
La première de ces valeurs, c'est l'égalité parce que le marché, s'il créé des richesses, est aussi un formidable créateur d'inégalités et d'exclusions, parce que nous savons que les inégalités ne cessent d'augmenter dans le monde, parce que dans notre pays même, nous voyons bien que la croissance laisse encore au bord de la route trop de jeunes, trop de femmes, trop d'adultes cassés par le chômage et par la pauvreté.
Donc, l'égalité d'abord et avant tout et bien sûr, la solidarité avec les plus fragiles, avec ceux qui, dans le monde, en Europe, dans notre pays même, souffrent, nous le savons, de malnutrition, de carences de soins, des épidémies qui ne sont plus le triste privilège des pays en développement.
Et puis, la liberté, parce que le socialisme, c'est la liberté du citoyen, du citoyen du monde, du citoyen de l'Europe, du citoyen de notre République qui refuse les injustices, qui veut agir au quotidien pour la justice sociale.
Nous sommes ici ensemble, je crois, chers camarades, parce que le socialisme se fonde sur ce que Léon BLUM appelait la conscience de l'égalité humaine et que nous voulons que cette égalité s'incarne dans la République, dans la démocratie politique, dans le démocratie sociale.
Alors, chers camarades, je crois que par rapport à cette exigence des égalités, nous pouvons être fiers du chemin parcouru depuis 1997 sous la conduite de Lionel JOSPIN, Lionel qui a su nous redonner l'espoir en 1995 et qui, ensuite, a su conduire notre parti à la victoire après l'avoir doté d'un vrai projet sur lequel nous avons été élus.
Lionel qui, depuis 1997, a fait accomplir à la gauche plurielle, dans le respect de sa diversité, une uvre qui marquera l'histoire de la gauche et de notre pays. (applaudissements)
Nous pouvons être fiers du chemin parcouru depuis trois ans et demi, 870 000 personnes qui ont retrouvé du travail et, avec le travail, la dignité, la dignité du jeune qui peut enfin bâtir un projet de vie, la dignité du père ou de la mère de famille qui a renoué avec l'utilité sociale et retrouvé des marges de liberté.
Oui, nous pouvons, chers camarades, être fiers d'avoir rendu aux enfants nés en France le droit du sol, nous pouvons être fiers (applaudissements) Nous pouvons être fiers d'avoir assuré aux femmes l'accès aux responsabilités politiques (applaudissements), nous pouvons être fiers d'avoir, avec le PACS, permis a tous les couples de vivre au grand jour leur engagement (applaudissements), nous pouvons être fiers, je suis fière, de présenter à l'Assemblée Nationale la semaine prochaine le projet de loi sur l'allongement de la durée légale de l'interruption volontaire de grossesse (applaudissements).
Oui, nous pouvons être fiers de ce travail accompli, de la confiance retrouvée, des résultats dans la lutte contre l'exclusion et la protection des plus faibles, mais nous savons qu'il reste beaucoup, beaucoup à faire.
L'enjeu de notre Congrès, il n'y en a pas d'autre, c'est de tracer les contours de notre nouveau projet, d'appuyer ce projet sur notre bilan, bien sûr, mais de dire ce que nous, socialistes, nous voulons et ce que nous voulons, c'est mener encore et toujours le combat contre les inégalités et pour cela, chers camarades, nous devons agir pour un monde plus humain, nous devons agir pour une Europe plus sociale, nous devons agir pour une France plus égalitaire. (applaudissements)
Notre action dans le monde : nous voyons bien que la fin de ce millénaire aura vu le triomphe de la mondialisation, en tout cas de la mondialisation des marchés financiers, des échanges commerciaux, de l'industrie culturelle, des technologies de communication. Dans ce processus, c'est la loi du plus fort qui domine, c'est l'argent qui est roi, c'est la technique qui commande.
Alors, ne nous payons pas de mots, chers camarades, nous n'arrêterons pas la mondialisation, mais nous pouvons, nous, socialistes, si nous le voulons, rendre cette mondialisation plus humaine, car ne l'oublions jamais, chers camarades, le socialisme est universaliste, nous sommes internationalistes et nous croyons que notre combat pour l'égalité, pour la solidarité, pour la liberté peut être commun à tous les peuples.
Les camarades venus ici du monde entier en sont les témoins et je les salue chaleureusement. (applaudissements)
Nous pouvons, si nous le voulons, porter ensemble ce projet, façonner la mondialisation, la réguler, combler ses vides béants sur les normes sociales, sur la sécurité sanitaire, sur la protection de notre patrimoine naturel du sol, de l'eau, de l'air que nous respirons.
Voilà les projets mondiaux que nous, socialistes, nous devons porter.
Que les droits des travailleurs soient protégés, pas seulement le travail des enfants, ce scandale absolu, mais que tous aient le droit d'adhérer à un syndicat, de faire grève, et que les droits sociaux fondamentaux soient protégés, que des règles, des normes sociales de santé, d'environnement, des normes d'éthique aussi voient le jour.
Nous, socialistes, nous voulons une régulation mondiale pour combattre l'argent sale, principal ressort de la criminalité organisée qui se protège derrière l'anonymat de l'argent.
Nous voulons, avec le plan durable, encadré par un conseil de sécurité économique et une action mondiale, que notre patrimoine naturel soit protégé des dégradations irrémédiables. Ce n'est pas simple, mais je crois que c'est possible dès lors que nous, socialistes, avec les syndicats, avec les associations qui partagent nos valeurs, nous le voudrons et nous y travaillerons ensemble. C'est possible car l'histoire nous enseigne que les grands progrès sociaux ont été des victoires sur la résignation et sur l'indifférence.
L'Europe peut nous aider à façonner ce monde plus humain, à la condition que l'Europe elle-même soit une Europe sociale, car l'Europe, elle aussi, est déséquilibrée et il ne peut être question de s'en satisfaire.
Evidemment, l'Union monétaire protège les peuples européens des turbulences financières mondiales et, nous le savons, l'Europe renforce la croissance. Mais cela ne suffit pas. L'Europe ne peut avoir de sens pour chaque citoyen que si elle permet d'améliorer la situation de chacun et notamment des plus démunis.
Depuis trois ans, chers camarades, nous avons fait avancer l'Europe sociale. Nous le devons à la volonté de Lionel JOSPIN, nous le devons aussi à la ténacité de Martine AUBRY (applaudissements) Martine qui s'est battue et qui a obtenu que soient coordonnées les stratégies nationales pour l'emploi, que l'Union européenne se dote d'un plan de lutte contre les exclusions et adopte la directive contre les discriminations dans l'emploi.
Je peux vous le dire, chers camarades, nous irons plus loin dans les jours et les semaines qui viennent, car nous voulons, sous notre présidence, faire aboutir la directive sur l'information et la consultation des travailleurs qui serait enfin une réponse à la mobilisation exemplaire des salariés de Renault-Vilvorde, nous voulons qu'à Nice soit adopté l'agenda social européen, nous voulons qu'à Nice l'on adopte la charte des droits fondamentaux, texte fondateur puisque, pour la première fois, les peuples de l'Union européenne se dotent d'un socle de valeurs communes et de droits communs, civils, politiques, économiques, sociaux, écologiques. Ce texte, nous avons su l'arracher à la droite et au patronat, il devra le plus vite possible être intégré dans le traité.
(applaudissements)
Mais au-delà de notre présidence, il faudra compléter l'Union monétaire par l'Union économique, mieux articuler l'économique et le social, et ceci ne se fera que si l'Europe politique progresse.
Nous, socialistes, nous avons une volonté pour le monde, nous avons une volonté pour l'Europe et nous voulons une France plus égalitaire.
Depuis 1997, nous avons une baisse record du chômage, de toutes les formes de chômage, y compris du chômage des jeunes, y compris du chômage de longue durée, ainsi qu'un nombre sans précédent de créations d'emplois. Cette année 2000, avec 500 000 créations d'emplois et plus, cette année sera la meilleure du siècle. Quelle fierté, n'est-ce pas, pour nous socialistes ! (applaudissements) Et si notre pays a renoué avec la croissance, c'est parce que le gouvernement de Lionel JOSPIN et la majorité ont décidé de tourner le dos à la politique économique de la droite qui nous enfonçait dans la crise.
Ce résultat, nous le devons à notre politique de soutien de la demande, nous le devons aux 35 heures, nous le devons aux emplois jeunes.
Eh bien ! Chers camarades, cette politique économique et sociale, nous devons la poursuivre parce qu'on ne change pas une politique qui gagne. (applaudissements) Et le fil rouge de cette politique, ce doit être encore et toujours la lutte contre les inégalités.
D'abord, encore, toujours, agir pour l'emploi, parce que le chômage est la première des inégalités et parce que, comme le disait Jean JAURES, "le droit au travail est le principe fondamental du socialisme". (applaudissements)
Nous, socialistes, nous voulons le plein emploi, mais pas n'importe quel plein emploi. Pour nous, le plein emploi, ce n'est pas l'assistance, c'est un travail stable et suffisamment rémunéré.
C'est pour cela, chers camarades, que nous appliquerons les deux lois sur les 35 heures. Evidemment, nous aiderons les petites et moyennes entreprises, mais la loi restera la loi. (applaudissements) C'est pour cela que nous assurerons la pérennisation des emplois jeunes qui ont montré leur utilité sociale en révélant de nouveaux métiers. C'est pour cela que nous engagerons une profonde réforme de notre système de formation professionnelle pour que chacun ait droit à plusieurs chances tout au long de sa vie. C'est pour cela que nous continuerons à nous battre pour que l'accès à l'emploi ne soit plus limité par des discriminations raciales ou sexistes intolérables. (applaudissements) C'est pour cela, chers camarades, que nous ferons du droit au travail une réalité en intensifiant les actions d'insertion pour mieux garantir le retour à l'emploi des chômeurs de longue durée.
Mais nous le savons, il y a d'autres inégalités que le chômage. Nous voyons bien qu'il faut mieux répartir les fruits de la croissance. L'impôt, qui est un outil essentiel de redistribution, doit être modernisé, simplifié et rendu plus juste.
Et je voudrais vous dire évidemment que la baisse de l'impôt ne peut être un tabou pour la gauche, mais que la baisse de l'impôt ne peut pas être non plus un objectif en soi (applaudissements) car il est indispensable de financer les dépenses publiques et d'assurer la qualité des services publics.
Et ceci doit être notre premier objectif : assurer les engagements publics nécessaires, réduire la dette de l'Etat pour ne pas peser bien sûr sur les générations futures, baisser les impôts, mais c'est dans cet ordre qu'il faut penser l'équilibre entre ces trois éléments car les dépenses publiques ne peuvent être le solde de ce qui reste quand on a baissé les déficits et les impôts.
(applaudissements)
Quant à l'impôt, il faudra encore le réformer pour qu'il soit plus juste et plus redistributif.
Et puis, chers camarades, il y a la pauvreté et il y a la précarité.
La pauvreté qui frappe aujourd'hui encore 5 millions de nos concitoyens et, parmi ceux-ci, un nombre toujours plus important de jeunes. Il faut savoir que 80 000 jeunes chez nous n'ont ni toit, ni revenu, et que ce sont de jeunes errants.
La précarité reste le quotidien pour beaucoup de Français et même si la tendance s'inverse dans le bon sens, même si le nombre de "RMIstes" a diminué pour la première fois depuis sa création, plus de 3 millions de personnes vivent encore dans notre pays des minima sociaux.
Alors, chers camarades, parce que la pauvreté, c'est une atteinte à la dignité des personnes, nous devons, je crois, être inventifs et nous devons viser l'autonomie financière, bien sûr l'autonomie financière des personnes âgées dépendantes - nous ferons examiner un projet de loi avant les élections municipales - mais aussi l'autonomie financière des jeunes en situation de pauvreté et la motion 1, que je soutiens, a raison de vouloir s'attaquer frontalement à cette difficulté en créant un contrat d'autonomie pour les jeunes. (applaudissements)
La précarité dans le travail, parce que le travail ne protège plus de l'extrême pauvreté et que nous devons avoir là aussi la volonté de lutter contre les abus d'emplois précaires constatés au sein des entreprises.
Le Parti nous y engage, le projet de loi de modernisation sociale nous en donnera l'occasion.
N'oublions pas les insécurités qui existent face à la santé et aux risques sanitaires. Le débat des derniers jours a posé des questions dérangeantes : faudra-t-il être riche pour mieux se soigner ? Faudra-t-il être riche pour manger des produits sains? A ces questions, nous répondons par notre combat contre une certaine agriculture productiviste, contre une certaine insolence de l'argent et en imposant la sécurité sanitaire comme priorité française et européenne. (applaudissements)
Cet idéal ne sera garanti que par un Etat fort, un Etat garant des services publics, de l'égalité des territoires et inventeur de nouvelles solidarités. C'est parce que nous aurons un Etat performant que nous pourrons laisser toute leur place aux partenaires sociaux, car il faut améliorer l'articulation entre le contrat et la loi.
Il nous faut aujourd'hui sortir des oppositions stériles de notre société. L'économique et le social sont indissociables, la loi et le contrat sont complémentaires, la vitalité des territoires préservera la République. C'est la démocratie qui doit être notre repère, la démocratie sociale et la démocratie politique. (applaudissements)
Voilà, chers camarades. Vous l'avez compris, pour moi le combat contre les inégalités dans tous les domaines de la vie, à tous les âges de la vie, doit être l'axe majeur de notre projet pour 2002. Nous avons besoin de mieux garantir la représentativité syndicale, nous avons besoin de passer à une nouvelle étape de la décentralisation, nous avons besoin d'un Parlement plus fort et nous avons besoin aussi, plus que jamais, d'un Président-citoyen, comme l'avait proposé Lionel JOSPIN en 1995.
(applaudissements)
Je fais confiance, chers camarades, à François HOLLANDE pour mener à bien ce grand chantier de l'innovation et du renouvellement de notre Parti et, avec François HOLLANDE, avec Lionel JOSPIN, je suis sûre que nous saurons relever ce défi de la justice sociale, parce que souvenons-nous toujours de ce que disait François MITTERRAND : "Le socialisme est encore aujourd'hui l'idée la plus neuve du monde".
(applaudissements)
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 27 novembre 2000)