Discours de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur le SIDA et l'aide de la France et de l'Union européenne dans la lutte contre ce fléau, Windhoek, Namibie, le 1er décembre 2000.

Prononcé le 1er décembre 2000

Intervenant(s) : 
  • Charles Josselin - Ministre délégué à la coopération et à la francophonie

Circonstance : Lancement de la Charte namibienne des personnes atteintes par le VIH, à Windhoek, Namibie, le 1er décembre 2000

Texte intégral

Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les Membres du Legal Assistance Centre,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d'abord de vous dire que je suis très honoré d'être ici, parmi vous, le 1er décembre 2000, journée mondiale de lutte contre le SIDA.
J'ai voulu profiter de ma présence à Windhoek aujourd'hui pour vous dire que la France est à votre côté dans la lutte contre ce fléau dont je sais à quel point il touche l'Afrique australe et notamment votre pays.
Le SIDA représente pour les plus pauvres d'entre nous, et pour l'humanité toute entière, une catastrophe comme le monde n'en a jamais connu. Il décime les populations, accroît la misère et remet en cause quarante années d'effort de développement.
Et pourtant apparaissent partout des lueurs d'espoir. C'est de cet espoir dont je veux vous entretenir aujourd'hui.

1- Le premier espoir, c'est cette charte namibienne des personnes atteintes de VIH que vous avez voulu lancer aujourd'hui, Madame la Ministre.
C'est un texte remarquable, où rien n'est oublié et qui comporte des paragraphes audacieux comme ceux consacrés aux droits des femmes ou aux droits des prisonniers. Je veux vous féliciter pour ce texte novateur. Votre pays est le premier pays de la SADC à se doter d'une telle charte.
Souhaitons que de nombreux pays, au Nord comme au Sud, se dotent d'un texte identique, mais se donnent surtout les moyens de le faire respecter. Droit à la liberté, à la dignité, à la confidentialité et au respect de la vie privée ; droit à l'accès aux soins, à l'accès aux traitements, à l'accès aux assurances sont autant de questions qui agitent nos sociétés.
L'autre bonne nouvelle c'est que partout des personnes vivant avec le VIH se battent pour faire respecter ces droits. Je veux ici saluer leur courage et leur combat pour rompre la solitude.

Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs,

2- La France est à vos côtés dans ce combat. Un nouveau projet de la coopération française d'un montant de 6 millions de Francs visant à améliorer l'accès aux soins dans la lutte contre le SIDA en Namibie débutera prochainement. Il permettra notamment un appui institutionnel à la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, et un soutien aux organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre le SIDA, dont le Legal Assistance Centre.
Je souhaiterais, comme l'a évoqué le Premier ministre lors du séminaire organisé à Windhoek par le PNUD et ONUSIDA le 22 novembre dernier, que nous vous aidions à organiser le traitement par les antirétroviraux de cohortes de malades. J'en connais les difficultés techniques et financières. Sachez que nous sommes prêts à vous aider.

3- C'est en réalité depuis le début des années 80 que la France a pris conscience de la nécessité d'aider très concrètement la lutte contre le VIH/SIDA.
Au cours de la dernière décennie, 600 MF soit 100 M$ ont été mobilisés au titre du seul fonds français d'aide et de coopération, à travers soixante projets, axés en priorité sur la prévention, la sécurité transfusionnelle, la prise en charge médicale, l'appui aux ONG et à la recherche appliquée.
A cet effort public s'ajoutent les contributions françaises aux agences multilatérales. Je suis heureux à cette occasion de saluer les représentants de l'OMS présents. Au total c'est environ 100 MF que la France consacre chaque année à la lutte contre le VIH/SIDA dans les pays en développement.
Cette expérience longue et importante de la France lui a permis de comprendre qu'il n'était pas moralement acceptable de ne faire que de la prévention dans les pays du Sud, au motif d'une prétendue efficacité économique.
C'est pourquoi nous avons souhaité la mise en place d'un fonds de solidarité thérapeutique international, dont l'annonce avait été faite à Abidjan, qui est destiné à favoriser un meilleur accès des populations des PED au traitement contre le SIDA, y compris aux anti-rétroviraux.
Une telle initiative contribue, outre son effet immédiat sur ceux qui en bénéficient, à redonner espoir aux populations des pays du Sud affectées par la maladie. Le FSTI intervient déjà dans cinq pays, il est prêt à intervenir ici si vous le souhaitez.

4- Cet effort de la France est aussi un effort de l'Union européenne et une priorité de la Présidence française de l'Union.
- La commission européenne a organisé le 28 septembre dernier une table ronde sur l'accélération de la lutte contre les principales maladies transmissibles dans le cadre de la réduction de la pauvreté. Puisque la France assure en ce moment la Présidence de l'Union européenne, j'ai eu l'honneur d'en conclure les travaux.
Pour la première fois, Pays du Nord et du Sud, ont ainsi pu débattre avec l'ensemble des acteurs publics, privés (je pense aux industries pharmaceutiques) et de la société civile, d'un front d'attaque commun contre les maladies de la pauvreté.
- Il y a trois semaines, le Conseil des ministres du Développement, sous ma présidence, a adopté une résolution articulée autour de trois axes :
L'optimisation des politiques de santé et de développement, notamment en matière de prévention et d'éducation
La réduction des coûts de la prise en charge des soins entre autres par la baisse des prix des produits pharmaceutiques et des traitements
Un effort accru dans le domaine de la recherche de nouveaux produits pharmaceutiques et sur les aspects sociaux liés à ces maladies transmissibles.
- Cette résolution sera prochainement suivie d'un plan d'action de la Commission qui en assurera la mise en uvre, notamment dans les pays de la zone ACP.

Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Il nous faut, vous l'avez compris, travailler tous ensemble et être imaginatifs pour trouver les financements, les opérateurs et les programmes pour lutter contre ce fléau. C'est pourquoi la France a pris l'initiative de proposer la tenue d'une réunion internationale sur l'accès aux soins pour l'infection au VIH/SIDA, sous l'égide des Nations unies.
Cette initiative a été reprise par le G8 et Kofi Annan en a accepté le principe. Nous y travaillons avec ONUSIDA et l'OMS. L'objectif poursuivi est d'établir un consensus international sur l'ensemble des pratiques nécessaires pour une prise en charge globale des malades, puis de démontrer son efficacité en organisant cette prise en charge dans quelques pays.
Il nous faut changer d'échelle : nous savons dépister quelques dizaines de milliers de personnes, prévenir la transmission du virus chez quelques milliers de femmes enceintes, traiter quelques centaines de malades. Ce n'est pas suffisant. Nous devons essayer, et arriver à multiplier rapidement ces chiffres par cent.
Laissez-moi, Madame la Ministre, vous féliciter encore, ainsi que le Legal Assistance Centre, de la part que vous prenez à cette lutte et saluer une fois de plus la charte namibienne des droits des personnes atteintes de VIH.
Je vous remercie.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2000)