Interview de M. Ernest-Antoine Seillière, président du MEDEF, dans "La Vie financière" du 18 novembre 2000, sur les perspectives des entreprises françaises et leurs rapports avec les marchés financiers.

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Média : La Vie financière

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Dans une interview à LA VIE FINANCIERE, Ernest-Antoine Seillière analyse les perspectives des entreprises françaises et leurs rapports avec les marchés financiers : "on a connu une période pendant laquelle les marchés financiers étaient en position de force, mais la vraie préoccupation peut se déplacer. Ce n'est pas la recherche d'argent, mais celle des compétences qui risque de devenir essentielle". "Trouver, former et garder les compétences. C'est ça l'entreprise aujourd'hui". Après l'époque "des salariés très forts, puis l'ère des managers, celle des actionnaires, l'on entre maintenant dans l'ère des compétences", constate le président du MEDEF. Ainsi "le capitalisme en tant que fournisseur de capitaux jouera probablement, sur une économie tertiarisée, un rôle moins fondamental, et la Bourse doit y prendre garde : ces entreprises seront de plus en plus nombreuses à pouvoir se développer dans une grande indifférence aux marchés financiers". En attendant, "le pouvoir de ceux qui représentent les actionnaires est extrêmement fort, de même que leur exigence de performance et d'information", souligne le président du MEDEF. Pour lui, cela "est d'autant plus légitime que, par l'intermédiaire des fonds de pension, c'est les salariés qui sont de plus en plus actionnaires". Les dirigeants, eux, "doivent se plier à ces exigences et, s'ils ne le font pas, la sanction est immédiate et souvent excessive". Cette nécessaire transparence a conduit le MEDEF à recommander aux entreprises de communiquer la rémunération des principaux dirigeants, et "ce sont les rapports annuels rendant compte de l'exercice 2000 qui devraient banaliser et normaliser la transparence, donner le traitement des dirigeants".
Autre sujet abordé par Ernest-Antoine Seillière : la réforme fiscale annoncée par le gouvernement. "Les 120 milliards inscrits dans le plan de baisse des impôts en trois ans ne profiteront qu'aux consommateurs", relève-t-il. Une somme qui ne représente d'ailleurs "que la moitié de ce que la fiscalité devrait rapporter en plus pendant ces trois ans avec une croissance à 3 % !" En fait, "on a flatté les électeurs et on ne s'est pas engagé comme en Allemagne dans une réforme structurelle de la fiscalité pour favoriser l'implantation des entreprises et leur développement", déplore le président du MEDEF. Il le rappelle, l'entrepreneur français, "qui est déjà le plus taxé, restera à l'horizon 2003, c'est-à-dire à l'issue des réformes en cours, celui qui paie proportionnellement le plus d'impôts de l'Union européenne. Nous sommes dans ce domaine les champions toutes catégories, et nous le resterons !"
Propos recueillis par Nasser OUZEGDOUH
(Source http://www.medef.fr, le 22 décembre 2000).