Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
A la veille de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA, j'ai tenu à rappeler le message du Gouvernement :
un message simple, fort et urgent, " le sida existe toujours, le sida est encore là, il rend la vie difficile, il constitue toujours un défi majeur pour notre société ",
un message d'alerte d'information et de prévention, mais aussi un message de solidarité avec les personnes vivant avec le virus.
Devant le silence, une forme de banalisation du sida, je veux rappeler que même si le nombre d'hospitalisations a considérablement diminué, les hôpitaux ne sont pas vides -tout n'est pas encore réglé- et qu'on meurt encore en France du sida.
On ne peut accepter que s'installe progressivement cette sorte de banalisation qui ne dit pas son nom, considérant une contamination comme un aléa.
Situation épidémiologique
Au-delà des chiffres, les différentes enquêtes disponibles confirment ce que nous disent, par ailleurs, les associations :
la crainte à l'égard du sida diminue ainsi que la perception du risque personnel d'être contaminé par le VIH, une personne sur cinq juge maintenant la prévention moins essentielle,
les prises de risques sont un phénomène réel, en particulier chez les personnes homo - sexuelles -même si on ne connaît pas parfaitement l'ampleur du problème-,
un optimisme exagéré apparaît quant à la possibilité d'éradiquer le virus,
enfin, certains chiffres que nous avons rendu publics, lundi dernier, sont inquiétants :
* Après l'amélioration spectaculaire apportée par les trithérapies, la France enregistre un net ralentissement de la diminution à la fois du nombre de décès et du nombre de nouveaux cas de sida.
* Près de la moitié (47 %) des cas de sida diagnostiqués au cours de période 1998-2000 concerne des personnes qui ont découvert leur séropositivité au moment du sida avéré. Dans un quart des cas, les personnes connaissaient leur séropositivité, mais n'avaient pas bénéficié d'un traitement antiviral avant de passer au stade Sida.
Devant ce constat, je tiens à le ré affirmer avec force - la lutte contre le VIH est, et reste plus que jamais une priorité du Gouvernement.
Avec quatre axes essentiels :
renforcer l'information et faire en sorte qu'il y ait en permanence des messages d'alerte sur le sida,
favoriser l'accès aux outils de prévention, en particulier aux préservatifs (mais aussi au stéribox),
mettre en place, en particulier auprès des jeunes une véritable éducation à la sexualité qui traite vraiment de tout le sujet (éveil, essai, responsabilisation, prévention de tous risques de rapport non protégés),
améliorer la prise en charge, l'accompagnement médico-social et l'aide à la vie en milieu ordinaire par les malades.
Premier axe : l'information.
En juillet dernier, nous mettions en place une campagne d'affichage d'ampleur nationale, suivie d'une campagne télévisuelle.
Avec Martine Aubry, nous avons voulu une formule forte : "le Sida on en meurt encore", pour rappeler que dans ce combat rien n'est encore gagné.
Cette campagne nationale a été bien accueillie :
61 % des personnes se souviennent de manière spontanée de cette campagne,
91 % la jugent utile, 77 % originale, 77 % compréhensible,
90 % affirment qu'elle rappelle que le SIDA est toujours d'actualité.
C'est pour cela -et parce qu'effectivement, il est bon qu'il y ait toujours un bruit de fond sur le sida, que nous avons décidé (pour la première fois) de rediffuser ces films, en période hivernale. Ils repasseront sur l'ensemble des chaînes TV à partir de demain et jusqu'au 15 décembre. Comme pour la campagne de juillet et contrairement à ce que j'ai pu entendre, nous sommes exigeants pour une diffusion équilibrée, tout au long de la journée.
Nous mettons également en place des campagnes ciblées. Je ne reviendrai pas sur les actions en cours pour les usagers de drogue et les migrants, mais je souhaite vous annoncer le début de deux importantes actions qui me semblent essentielles dans notre dispositif de prévention :
D'abord, la campagne en direction des homo- bisexuels. Parce que nous savons que les comportements à risque persistent, en particulier, pour les plus jeunes, et que la vigilance se relâche. Le 7 décembre à Beaubourg, je vous invite à la mise en place d'une campagne d'information dans la presse gay et la diffusion de documents de prévention dans les établissements gays.
Ensuite en direction des femmes : annoncée en juin dernier, pour la première fois, une campagne spécifique est mise en place pour les femmes avec une campagne d'information spécifique dans la presse féminine.
Ainsi aux 45 MF déjà mobilisé cette année, c'est 6 MF supplémentaires qui seront consacrés à ces actions de communication.
Nous poursuivrons la même démarche l'année prochaine en veillant à associer plus en amont l'ensemble des acteurs, en particulier les associations qui sont toujours d'excellents vecteurs d'information et de témoignage mais aussi de puissants stimulants.
Une de nos priorités sera de relancer une campagne sur le dépistage car nous ne pouvons tolérer le recours trop tardif aux soins constaté cette année.
Deuxième axe : améliorer l'accès aux préservatifs
C'est indispensable. Le prix du préservatif féminin -10 F l'unité - est un frein important : seulement 350 000 unités ont été vendues cette année. Alors que nous savons que, pour certaines femmes, c'est le seul moyen de protection contre la contamination mais aussi contre la grossesse non désirée. La diffusion est insuffisante, même si avons mis 150 000 préservatifs supplémentaires, gratuitement, à disposition des centres qui prennent en charge les femmes en difficultés.
Nous devons franchir une étape supplémentaire et j'ai décidé de multiplier par cinq le nombre de préservatifs donnés gratuitement.
Dans les semaines qui viennent les services de PMI , les centres d'IVG, les services de gynécologie disposeront de 750 000 préservatifs féminins gratuits. Notre objectif est d'atteindre ainsi le million d'unités en 2001 et de permettre ainsi au préservatif féminin de devenir un véritable outil de prévention en France. Il faut aussi que son prix baisse. Le dialogue va être engagé avec le fabricant.
Un même effort sera réalisé pour les préservatifs masculins. 5 millions de préservatifs masculins seront mis gratuitement à disposition des associations et des centres de prévention, soit deux fois plus que l'année dernière. Ce qui permettra ainsi une disposition facilité notamment dans les foyers de travailleurs migrants et les réseaux de santé pour les plus démunis. [5 MF de mesures nouvelles].
Troisième axe : mettre en place, en particulier auprès des jeunes une véritable éducation à la sexualité
L'éducation à la santé, l'éducation à la sexualité est pour moi, pour tout le Gouvernement, une priorité. C'est ce débat que nous avons ouvert avec la contraception d'urgence, la prévention des grossesses non désirées et que nous poursuivons avec l'adoption de la loi sur l'IVG et la contraception.
Je souhaite aller au-delà : intégrer la contraception dans une politique intelligente, moderne et sensible d'éducation globale à la sexualité pour tous les jeunes.
On ne doit plus opposer messages sur la contraception et message de prévention du VIH, même si la communication est difficile, même si l'élaboration de messages est complexe. On en a mesurer les lacunes et les conséquences.
Au moment où la société française a enfin accepté la parité entre hommes et femmes et les nouvelles formes d'unions que représentent le PACS, que la sexualité des jeunes n'est plus un sujet tabou, il faut que l'éducation soit une voie offerte à tous les adolescents vers le refus de l'intolérance, des essais risqués, des attirances cachées ou refoulées en matière sexuelle.
La prévention du VIH, c'est aussi ce refus de l'intolérance en matière sexuelle, le refus des situations stigmatisées, le refus des injures sexistes, de l'homophobie, du machisme, des violences sexuelles, l'éducation au respect de soi et des autres, de l'autre qu'on désire, qu'on aime ou qui est différent.
Dans cette éducation à la sexualité - les jeunes eux-mêmes ont un rôle majeur à jouer- C'est pour cela qu'avec Jack LANG, nous avons proposé la constitution d'un Comité National de Prévention qui réunira des élèves, des professionnels de santé pour élaborer une campagne nationale sur le thème du sida, en direction des jeunes.
Dans ce combat, nous devons aussi nous appuyer sur les adultes, en particulier ceux qui aident nos enfants à grandir . Cette année,
5 000 personnes ont été formées [2,8 MF] pour organiser un réseau de personnes référentes dans l'éducation à la sexualité. Nous poursuivrons cette action et nous travaillons en ce moment, au lancement d'un nouveau cycle de formation pour 5 000 autres personnes.
*
* *
Dernier axe : améliorer la vie des personnes vivant avec le VIH
Dans quelques instants, je vais donner la parole au Professeur Delfraissy qui commentera les conclusions du groupe d'experts qu'il a dirigé.
Auparavant, j'aimerai souligner que dans le domaine des soins, de la prise en charge nous devons également rester vigilants.
En France, la prise en charge et le pronostic des personnes vivant avec le VIH s'améliorent. Entre 80 000 et 102 000 personnes vivant avec le VIH sont prises en charge. Il s'agit désormais, pour moitié, de sujets asymptomatiques.
1. Mais je partage l'inquiétude des associations et des professionnels sur les risques récurrents et l'urgence de solutions thérapeutiques nouvelles.
En France, aujourd'hui :
12 antirétroviraux ont une AMM, 2 autres l'auront rapidement,
8 médicaments ont une autorisation temporaire d'utilisation.
En quatre ans, un chemin important a été parcouru.
Mais ce n'est pas suffisant.
De nouvelles molécules prometteuses apparaissent et je souhaite qu'elles soient rapidement disponibles.
La France a proposé à l'Europe une révision des critères d'enregistrement des antirétroviraux pour permettre une mise à disposition plus rapide de nouveaux médicaments à fort potentiel chez les patients multi-résistants. Cette " AMM précoce " retiendrait dans un premier temps une indication restrictive qui pourrait être ensuite élargie en fonction de nouvelles études.
Un enregistrement accéléré permettrait d'éviter ou de réduire le recours à des accès compassionnels. Ce serait un encouragement fort pour l'industriel qui commercialisera ainsi plus rapidement son médicament.
Cette réflexion a abouti à une proposition de critères d'enregistrement révisés qui servira de base pour le développement de cette procédure.
2. Roger-Gérard SCHWARTZENBERG et moi même avons également décidé de mobiliser la communauté européenne pour mutualiser le efforts de recherche des pays européens. Car l'Europe a pris du retard dans ce domaine.
Les propositions du Pr Maxime SELIGMAN - que nous avons chargé d'une mission dans ce domaine - ont été présenté, le mois dernier, au Conseil Recherche sous Présidence Française ce qui devrait nous permettre de mettre en place un véritable réseau de centres experts pour la recherche clinique à l'image de ce qui se passe aux Etats-Unis.
3. La procréation médicalement assistée
Depuis plusieurs mois, résultat d'une meilleure espérance de vie, aspiration légitime à l'amour et son prolongement naturel, nous assistons à une augmentation considérable des demandes d'aide à la procréation de la part de couples séro-différents dont l'homme est infecté par le VIH.
Cette PMA n'est possible pour l'instant que dans le cadre de protocoles de recherche. Mais -le rapport DELFRAISSY le souligne, et j'en suis convaincue- la situation est urgente pour ceux qui trouvent l'attente trop longue, si longue qu'ils en oublient la prudence élémentaire : de nombreux médecins me disent que les bébés viennent plus vite, que les autorisations de PMA ce qui est naturel mais peu raisonnable.
J'ai donc décidé de modifier l'arrêté de janvier 1999 qui encadrait cette pratique. Le 23 novembre dernier, un groupe d'experts s'est réuni pour définir rapidement les conditions qui permettent la prise en charge de ces couples dans des centres de références et ce dans le cadre du droit commun.
En ce qui concerne la co-infection VIH et VHC
Je me réjouis des progrès réalisés dans la prise en charge de ces co-infections. Dans 95 % des cas, le statut sérologique hépatite C des personnes VIH est maintenant connu. En revanche, l'existence d'une dépendance à l'alcool semble mettre un frein à la mise en route d'un traitement.
Plus généralement, la prise en charge des problèmes liés à l'alcool est insuffisante chez les personnes VIH +.
Pourtant, la lutte contre l'alcoolisme est une de mes priorités. Nous consacrons près de 50 MF cette année pour renforcer les équipes de liaison et les centres de sevrage et de prévention de l'alcoolisme.
En 2001, 50 MF supplémentaires renforceront encore ces structures et je souhaite que, dans ce cadre, une attention particulière soit portée aux personnes infectées par le VHC.
Enfin, sur ce point précis, j'ai également saisi l'ANAES qui va organiser en 2001 une conférence de consensus pour préciser dans quelles conditions un traitement anti-virus de l'hépatite C peut être débuté chez une personne en difficulté avec l'alcool.
L'amélioration de la prise en charge passe également par un accompagnement médico-social renforcé.
C'est pour cela que, dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2001 qui sera définitivement voté dans quelques jours, nous pérennisons le programme d'appartements de coordination thérapeutique (ACT) en l'intégrant dans le droit commun de la loi relative aux institutions sociales et médico-sociales.
Dans le même esprit, nous avons modifié la stratégie d'indemnisation du VIH transfusionnel par le fonds d'indemnisation des transfusés et hémophiles. Cette indemnisation était jusqu'alors fractionnée en deux parties inégales : trois quart donné au stade de la séropositivité et un quart réservé au moment du passage à un stade de sida. Aujourd'hui compte tenu des progrès thérapeutiques réalisés, ce fractionnement n'est plus justifié. Aussi, nous avons décidé d'indemniser totalement les 1524 personnes concernées et de leur verser le dernier quart [574 MF].
Conclusion
Permettez-moi de répéter en conclusion ma conviction: la lutte contre le sida est et doit rester une priorité absolue et nous devons poursuivre de façon déterminée les actions de prévention et de soins.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 11 décembre 2000)
A la veille de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA, j'ai tenu à rappeler le message du Gouvernement :
un message simple, fort et urgent, " le sida existe toujours, le sida est encore là, il rend la vie difficile, il constitue toujours un défi majeur pour notre société ",
un message d'alerte d'information et de prévention, mais aussi un message de solidarité avec les personnes vivant avec le virus.
Devant le silence, une forme de banalisation du sida, je veux rappeler que même si le nombre d'hospitalisations a considérablement diminué, les hôpitaux ne sont pas vides -tout n'est pas encore réglé- et qu'on meurt encore en France du sida.
On ne peut accepter que s'installe progressivement cette sorte de banalisation qui ne dit pas son nom, considérant une contamination comme un aléa.
Situation épidémiologique
Au-delà des chiffres, les différentes enquêtes disponibles confirment ce que nous disent, par ailleurs, les associations :
la crainte à l'égard du sida diminue ainsi que la perception du risque personnel d'être contaminé par le VIH, une personne sur cinq juge maintenant la prévention moins essentielle,
les prises de risques sont un phénomène réel, en particulier chez les personnes homo - sexuelles -même si on ne connaît pas parfaitement l'ampleur du problème-,
un optimisme exagéré apparaît quant à la possibilité d'éradiquer le virus,
enfin, certains chiffres que nous avons rendu publics, lundi dernier, sont inquiétants :
* Après l'amélioration spectaculaire apportée par les trithérapies, la France enregistre un net ralentissement de la diminution à la fois du nombre de décès et du nombre de nouveaux cas de sida.
* Près de la moitié (47 %) des cas de sida diagnostiqués au cours de période 1998-2000 concerne des personnes qui ont découvert leur séropositivité au moment du sida avéré. Dans un quart des cas, les personnes connaissaient leur séropositivité, mais n'avaient pas bénéficié d'un traitement antiviral avant de passer au stade Sida.
Devant ce constat, je tiens à le ré affirmer avec force - la lutte contre le VIH est, et reste plus que jamais une priorité du Gouvernement.
Avec quatre axes essentiels :
renforcer l'information et faire en sorte qu'il y ait en permanence des messages d'alerte sur le sida,
favoriser l'accès aux outils de prévention, en particulier aux préservatifs (mais aussi au stéribox),
mettre en place, en particulier auprès des jeunes une véritable éducation à la sexualité qui traite vraiment de tout le sujet (éveil, essai, responsabilisation, prévention de tous risques de rapport non protégés),
améliorer la prise en charge, l'accompagnement médico-social et l'aide à la vie en milieu ordinaire par les malades.
Premier axe : l'information.
En juillet dernier, nous mettions en place une campagne d'affichage d'ampleur nationale, suivie d'une campagne télévisuelle.
Avec Martine Aubry, nous avons voulu une formule forte : "le Sida on en meurt encore", pour rappeler que dans ce combat rien n'est encore gagné.
Cette campagne nationale a été bien accueillie :
61 % des personnes se souviennent de manière spontanée de cette campagne,
91 % la jugent utile, 77 % originale, 77 % compréhensible,
90 % affirment qu'elle rappelle que le SIDA est toujours d'actualité.
C'est pour cela -et parce qu'effectivement, il est bon qu'il y ait toujours un bruit de fond sur le sida, que nous avons décidé (pour la première fois) de rediffuser ces films, en période hivernale. Ils repasseront sur l'ensemble des chaînes TV à partir de demain et jusqu'au 15 décembre. Comme pour la campagne de juillet et contrairement à ce que j'ai pu entendre, nous sommes exigeants pour une diffusion équilibrée, tout au long de la journée.
Nous mettons également en place des campagnes ciblées. Je ne reviendrai pas sur les actions en cours pour les usagers de drogue et les migrants, mais je souhaite vous annoncer le début de deux importantes actions qui me semblent essentielles dans notre dispositif de prévention :
D'abord, la campagne en direction des homo- bisexuels. Parce que nous savons que les comportements à risque persistent, en particulier, pour les plus jeunes, et que la vigilance se relâche. Le 7 décembre à Beaubourg, je vous invite à la mise en place d'une campagne d'information dans la presse gay et la diffusion de documents de prévention dans les établissements gays.
Ensuite en direction des femmes : annoncée en juin dernier, pour la première fois, une campagne spécifique est mise en place pour les femmes avec une campagne d'information spécifique dans la presse féminine.
Ainsi aux 45 MF déjà mobilisé cette année, c'est 6 MF supplémentaires qui seront consacrés à ces actions de communication.
Nous poursuivrons la même démarche l'année prochaine en veillant à associer plus en amont l'ensemble des acteurs, en particulier les associations qui sont toujours d'excellents vecteurs d'information et de témoignage mais aussi de puissants stimulants.
Une de nos priorités sera de relancer une campagne sur le dépistage car nous ne pouvons tolérer le recours trop tardif aux soins constaté cette année.
Deuxième axe : améliorer l'accès aux préservatifs
C'est indispensable. Le prix du préservatif féminin -10 F l'unité - est un frein important : seulement 350 000 unités ont été vendues cette année. Alors que nous savons que, pour certaines femmes, c'est le seul moyen de protection contre la contamination mais aussi contre la grossesse non désirée. La diffusion est insuffisante, même si avons mis 150 000 préservatifs supplémentaires, gratuitement, à disposition des centres qui prennent en charge les femmes en difficultés.
Nous devons franchir une étape supplémentaire et j'ai décidé de multiplier par cinq le nombre de préservatifs donnés gratuitement.
Dans les semaines qui viennent les services de PMI , les centres d'IVG, les services de gynécologie disposeront de 750 000 préservatifs féminins gratuits. Notre objectif est d'atteindre ainsi le million d'unités en 2001 et de permettre ainsi au préservatif féminin de devenir un véritable outil de prévention en France. Il faut aussi que son prix baisse. Le dialogue va être engagé avec le fabricant.
Un même effort sera réalisé pour les préservatifs masculins. 5 millions de préservatifs masculins seront mis gratuitement à disposition des associations et des centres de prévention, soit deux fois plus que l'année dernière. Ce qui permettra ainsi une disposition facilité notamment dans les foyers de travailleurs migrants et les réseaux de santé pour les plus démunis. [5 MF de mesures nouvelles].
Troisième axe : mettre en place, en particulier auprès des jeunes une véritable éducation à la sexualité
L'éducation à la santé, l'éducation à la sexualité est pour moi, pour tout le Gouvernement, une priorité. C'est ce débat que nous avons ouvert avec la contraception d'urgence, la prévention des grossesses non désirées et que nous poursuivons avec l'adoption de la loi sur l'IVG et la contraception.
Je souhaite aller au-delà : intégrer la contraception dans une politique intelligente, moderne et sensible d'éducation globale à la sexualité pour tous les jeunes.
On ne doit plus opposer messages sur la contraception et message de prévention du VIH, même si la communication est difficile, même si l'élaboration de messages est complexe. On en a mesurer les lacunes et les conséquences.
Au moment où la société française a enfin accepté la parité entre hommes et femmes et les nouvelles formes d'unions que représentent le PACS, que la sexualité des jeunes n'est plus un sujet tabou, il faut que l'éducation soit une voie offerte à tous les adolescents vers le refus de l'intolérance, des essais risqués, des attirances cachées ou refoulées en matière sexuelle.
La prévention du VIH, c'est aussi ce refus de l'intolérance en matière sexuelle, le refus des situations stigmatisées, le refus des injures sexistes, de l'homophobie, du machisme, des violences sexuelles, l'éducation au respect de soi et des autres, de l'autre qu'on désire, qu'on aime ou qui est différent.
Dans cette éducation à la sexualité - les jeunes eux-mêmes ont un rôle majeur à jouer- C'est pour cela qu'avec Jack LANG, nous avons proposé la constitution d'un Comité National de Prévention qui réunira des élèves, des professionnels de santé pour élaborer une campagne nationale sur le thème du sida, en direction des jeunes.
Dans ce combat, nous devons aussi nous appuyer sur les adultes, en particulier ceux qui aident nos enfants à grandir . Cette année,
5 000 personnes ont été formées [2,8 MF] pour organiser un réseau de personnes référentes dans l'éducation à la sexualité. Nous poursuivrons cette action et nous travaillons en ce moment, au lancement d'un nouveau cycle de formation pour 5 000 autres personnes.
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Dernier axe : améliorer la vie des personnes vivant avec le VIH
Dans quelques instants, je vais donner la parole au Professeur Delfraissy qui commentera les conclusions du groupe d'experts qu'il a dirigé.
Auparavant, j'aimerai souligner que dans le domaine des soins, de la prise en charge nous devons également rester vigilants.
En France, la prise en charge et le pronostic des personnes vivant avec le VIH s'améliorent. Entre 80 000 et 102 000 personnes vivant avec le VIH sont prises en charge. Il s'agit désormais, pour moitié, de sujets asymptomatiques.
1. Mais je partage l'inquiétude des associations et des professionnels sur les risques récurrents et l'urgence de solutions thérapeutiques nouvelles.
En France, aujourd'hui :
12 antirétroviraux ont une AMM, 2 autres l'auront rapidement,
8 médicaments ont une autorisation temporaire d'utilisation.
En quatre ans, un chemin important a été parcouru.
Mais ce n'est pas suffisant.
De nouvelles molécules prometteuses apparaissent et je souhaite qu'elles soient rapidement disponibles.
La France a proposé à l'Europe une révision des critères d'enregistrement des antirétroviraux pour permettre une mise à disposition plus rapide de nouveaux médicaments à fort potentiel chez les patients multi-résistants. Cette " AMM précoce " retiendrait dans un premier temps une indication restrictive qui pourrait être ensuite élargie en fonction de nouvelles études.
Un enregistrement accéléré permettrait d'éviter ou de réduire le recours à des accès compassionnels. Ce serait un encouragement fort pour l'industriel qui commercialisera ainsi plus rapidement son médicament.
Cette réflexion a abouti à une proposition de critères d'enregistrement révisés qui servira de base pour le développement de cette procédure.
2. Roger-Gérard SCHWARTZENBERG et moi même avons également décidé de mobiliser la communauté européenne pour mutualiser le efforts de recherche des pays européens. Car l'Europe a pris du retard dans ce domaine.
Les propositions du Pr Maxime SELIGMAN - que nous avons chargé d'une mission dans ce domaine - ont été présenté, le mois dernier, au Conseil Recherche sous Présidence Française ce qui devrait nous permettre de mettre en place un véritable réseau de centres experts pour la recherche clinique à l'image de ce qui se passe aux Etats-Unis.
3. La procréation médicalement assistée
Depuis plusieurs mois, résultat d'une meilleure espérance de vie, aspiration légitime à l'amour et son prolongement naturel, nous assistons à une augmentation considérable des demandes d'aide à la procréation de la part de couples séro-différents dont l'homme est infecté par le VIH.
Cette PMA n'est possible pour l'instant que dans le cadre de protocoles de recherche. Mais -le rapport DELFRAISSY le souligne, et j'en suis convaincue- la situation est urgente pour ceux qui trouvent l'attente trop longue, si longue qu'ils en oublient la prudence élémentaire : de nombreux médecins me disent que les bébés viennent plus vite, que les autorisations de PMA ce qui est naturel mais peu raisonnable.
J'ai donc décidé de modifier l'arrêté de janvier 1999 qui encadrait cette pratique. Le 23 novembre dernier, un groupe d'experts s'est réuni pour définir rapidement les conditions qui permettent la prise en charge de ces couples dans des centres de références et ce dans le cadre du droit commun.
En ce qui concerne la co-infection VIH et VHC
Je me réjouis des progrès réalisés dans la prise en charge de ces co-infections. Dans 95 % des cas, le statut sérologique hépatite C des personnes VIH est maintenant connu. En revanche, l'existence d'une dépendance à l'alcool semble mettre un frein à la mise en route d'un traitement.
Plus généralement, la prise en charge des problèmes liés à l'alcool est insuffisante chez les personnes VIH +.
Pourtant, la lutte contre l'alcoolisme est une de mes priorités. Nous consacrons près de 50 MF cette année pour renforcer les équipes de liaison et les centres de sevrage et de prévention de l'alcoolisme.
En 2001, 50 MF supplémentaires renforceront encore ces structures et je souhaite que, dans ce cadre, une attention particulière soit portée aux personnes infectées par le VHC.
Enfin, sur ce point précis, j'ai également saisi l'ANAES qui va organiser en 2001 une conférence de consensus pour préciser dans quelles conditions un traitement anti-virus de l'hépatite C peut être débuté chez une personne en difficulté avec l'alcool.
L'amélioration de la prise en charge passe également par un accompagnement médico-social renforcé.
C'est pour cela que, dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2001 qui sera définitivement voté dans quelques jours, nous pérennisons le programme d'appartements de coordination thérapeutique (ACT) en l'intégrant dans le droit commun de la loi relative aux institutions sociales et médico-sociales.
Dans le même esprit, nous avons modifié la stratégie d'indemnisation du VIH transfusionnel par le fonds d'indemnisation des transfusés et hémophiles. Cette indemnisation était jusqu'alors fractionnée en deux parties inégales : trois quart donné au stade de la séropositivité et un quart réservé au moment du passage à un stade de sida. Aujourd'hui compte tenu des progrès thérapeutiques réalisés, ce fractionnement n'est plus justifié. Aussi, nous avons décidé d'indemniser totalement les 1524 personnes concernées et de leur verser le dernier quart [574 MF].
Conclusion
Permettez-moi de répéter en conclusion ma conviction: la lutte contre le sida est et doit rester une priorité absolue et nous devons poursuivre de façon déterminée les actions de prévention et de soins.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 11 décembre 2000)