Lettre de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, "aux partis de la gauche plurielle", proposant une réunion des responsables des formations de la majorité pour préparer les "chantiers nouveaux" de l'action gouvernementale concernant notamment le pouvoir d'achat, la fiscalité des revenus financiers, les emplois-jeunes et les évolutions institutionnelles, Paris le 18 septembre 2000.

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Cher Camarade,
Tu sais combien le Parti communiste est préoccupé par la situation actuelle de la gauche plurielle.
J'ai eu l'occasion de le faire savoir samedi soir, dans le cadre de la fête de l'Humanité et j'ai proposé que les responsables des formations de la majorité se retrouvent rapidement pour en discuter. Les enquêtes d'opinion et, surtout, ce que nous percevons, les uns et les autres, du climat politique en cette rentrée témoignent d'une confiance altérée des Françaises et des Français à l'égard de la politique du gouvernement. Dans une conjoncture favorable, marquée par une certaine croissance retrouvée, ils manifestent de plus en plus vivement l'exigence d'une meilleure prise en compte de leurs attentes. C'est ce qu'ils signifient en souhaitant, très majoritairement, une baisse significative et rapide du prix des carburants. Et au-delà, les questions d'un relèvement sensible de leur pouvoir d'achat par l'augmentation des salaires, des retraites et minima sociaux prennent une importance grandissante.
Ils n'ont pas le sentiment d'être entendus, et en expriment un mécontentement certain. La gauche, le gouvernement, ne doivent pas y rester sourds.
La droite est en difficulté, certes, sans projet, sans cohésion. Elle reste néanmoins, si nous n'y prenons pas garde, en capacité de reprendre l'initiative.
Les communistes souhaitent, quant à eux, tout faire pour l'en empêcher.
Depuis 1997 nous avons, ensemble, engagé un certain nombre de réformes, à la satisfaction des citoyennes et des citoyens.
Il convient à présent, ensemble, de prendre l'exacte mesure de ces difficultés, qui ne sont pas conjoncturelles, et, surtout, d'en tirer les conséquences pratiques. Pour ma part, j'ai la conviction qu'il faut- c'est urgent - une dynamique nouvelle à la politique de la majorité et du gouvernement de la gauche plurielle. Avec, pour ce qui concerne les communistes, un seul objectif : répondre de manière offensive, concrète aux aspirations de notre peuple, afin de lui redonner confiance dans l'action du gouvernement.
C'est le plus sûr moyen de consolider les bons résultats déjà obtenus et d'aller plus loin, conformément à ce que les Françaises et les Français attendent de la gauche plurielle. J'y insiste tout particulièrement : l'heure n'est pas à la gestion tranquille du bilan ; et pas davantage à une politique timide face aux injonctions des milieux financiers ou de certaines instances européennes.
Il est impératif d'ouvrir des chantiers nouveaux, notamment en termes de pouvoir d'achat, de fiscalité appliquée aux revenus financiers, d'emplois-jeunes, et je n'oublie pas les nécessaires évolutions institutionnelles, démocratiques, qu'appelle l'aspiration à une citoyenneté plus responsable.
Compte tenu de l'importance des problèmes évoqués - et la liste n'en est pas exhaustive - je te propose que nous arrêtions le principe d'une réunion des premiers responsables des formations de la gauche plurielle, que nous pourrions accueillir au siège du Parti communiste. Nous la préparerions par un premier contact de délégations - de deux camarades par formation par exemple - qui pourrait intervenir très rapidement.
En ce qui nous concerne, Jean-Paul Magnon, en charge des relations avec les partis politiques au sein de notre direction, se rapprochera de ses homologues dans les tout prochains jours.
J'espère vivement que cette proposition recevra ton approbation. Je l'espère d'autant plus qu'elle me paraît de nature à montrer à l'opinion publique que la gauche plurielle a bien reçu le message - en vérité, le véritable avertissement - qu'elle vient de lui adresser.
Lettre adressée à : François Hollande ; Jean-Michel Baylet ; Jean-Luc Benhamais ; Georges Sarre + copie pour information à Lionel Jospin

(source http://www.pcf.fr)