Texte intégral
Alain RICHARD. - Chers Camarades, je voudrais d'abord essayer de lever une crainte : est-ce que nous risquons d'avoir un congrès ennuyeux ?
Dans la salle. - Non, non !
M. CERVERA. - Mais non !
Alain RICHARD. - J'ai cru percevoir que de bons commentateurs, de bons observateurs, nous prédisaient la grisaille, l'absence d'enjeux, des sujets trop terre-à-terre, des questions finalement secondaires, donc est-ce que nous nous serions déplacés sans que cela en vaille la peine ? Cela peut avoir l'air futile au premier regard cette question d'un congrès ennuyeux ou pas, mais cela recouvre un peu ce que l'on pense vraiment de la démocratie et comment on la pratique.
On a eu les contributions, on a des motions, des milliers de réunions, des votes, des propositions nouvelles qui sont venues dans ces discussions, on a traité de tout et dans le paquet sans doute de pas mal de choses importantes. Simplement voilà, depuis quelque temps on s'est mis à discuter entre nous comme des gens normaux, on a l'air capables de s'exprimer sur nos divergences, sans caricaturer grossièrement ce que disent les autres. Alors peut-être qu'effectivement c'est comme cela que l'on est en train de devenir ennuyeux. Moi je crois au contraire que c'est une victoire et sans idéaliser j'ai l'impression que nous sommes en train d'arriver à faire marcher la démocratie dans ce Parti comme des citoyens adultes aimeraient voir fonctionner le parti pour lequel ils votent.
C'est à nous, même si c'est dur, de faire bouger un peu les communicants et les lois de la communication pour faire comprendre qu'un congrès cela peut servir à préparer l'avenir, cela peut être un moment où chacun évacue son agressivité, mais nous avons vérifié qu'il était impossible de faire les deux à la fois, et pour nous nous avons choisi.
Ensuite il y a la question de nos diversités politiques. Est-ce qu'elles peuvent vivre ensemble et est-ce qu'on peut faire progresser le Parti Socialiste par nos diversités sans tourner à la compétition personnelle ? Ou bien est-ce que là encore -on nous le dit à l'extérieur - nous serions réduits au dilemme entre l'uniformité grise et le choc d'ambitions rivales ?
D'abord une remarque là-dessus : nous avons connu la défaite en 1993 et elle a touché tout le monde à ce moment là, souvenons-nous en. Nous avons su repartir de l'avant sans nous perdre en règlements de compte. La solidité et le sens du collectif que nous avons su montrer dans l'échec ils se préparent et j'ai le sentiment que quand nous avons la confiance d'une majorité de français et que c'est nous qui orientons l'action du pays, en plus nous avons les règles de vie du Parti et sa capacité de débat qui peuvent nous permettre de surmonter cette contradiction chaque fois que nous voulons clarifier nos choix sur un ensemble de questions, on l'a encore fait il y a quelques mois sur la convention des territoires, nous avons tous les moyens de nous expliquer, même c'est vrai d'avoir une certaine compétition entre nous dans la valeur des propositions et de savoir rapprocher nos points de vue dans le débat démocratique.
Nous allons reprendre cette tache dans ce congrès pour commencer à nourrir nos propositions de l'après 2002. Donc je crois qu'il n'y a pas de contradiction, il n'y a pas d'inconvénient à exprimer nos identités politiques qui sont forcément variées dans une grande formation qui représente le quart des français, nous pouvons faire valoir des tendances de pensée et provoquer des moments de débat qui montrent notre diversité, si c'est fait avec le sens des responsabilités et si c'est fait authentiquement pour faire progresser le parti en sachant se garder d'une personnalisation exagérée.
C'est en tous cas une règle à laquelle nous sommes ici nombreux à croire et j'ai confiance dans la lucidité collective des socialistes pour que ce soit cette règle là qui s'impose.
C'est avec cet état d'esprit de convergence et de renforcement de la cohésion du Parti qu'avec d'autres camarades nous avons fait mouvement pour rapprocher des identités politiques qui étaient pourtant bien caractérisées dans le passé du Parti, qu'on appelait même la première et la deuxième gauche.
Si nous constatons que sur les thèmes les plus importants et d'abord autour de la cohérence profonde l'action de réforme menée depuis trois ans et demi, qui elle est concrète, nous pouvons nous rassembler, donner une stabilité démocratique au Parti tout en lui permettant d'anticiper par le débat et sur un mode réellement collectif.
Anticiper justement parce que cela va être cela maintenant, le débat de ce congrès, préparer des thèmes d'action politique, illustrer pour l'avenir notre identité socialiste en direction d'une majorité de français qui souhaitent nous faire confiance, mais qui attendent notre vision de l'avenir.
Là aussi, on retrouve peut-être une certains résistance médiatique parce qu'après trois ans et demi d'exercice des responsabilités sans crise et avec des résultats substantiels, on attend de nous avec un certain fatalisme que nous soyons inévitablement démunis de ressort.
Je crois que c'est une facilité de pensée et qu'au contraire quand j'écoute, quand je lis ce qui vient dans nos débats, nous avons en réserve de multiples projets, de multiples initiatives pour préparer un contrat et cela sans rupture de cohérence avec les réformes que nous faisons maintenant.
Je n'évoquerai que deux domaines : la solidarité et la démocratie.
La solidarité : comment voir l'avenir ? C'est d'abord continuer la marche vers le plein emploi qui est encore loin. Je rappelle que d'autres états européens, d'autres nations européennes, pas loin de nous, sont à 4 % de chômage, si nous faisons la règle de trois cela voudrait dire
1 200 000 chômeurs de moins encore et je rappelle aussi que pour progresser vers le plein emploi il faut des entreprises employeurs qui soient compétitives sur leur marché, qui soient rentables et qui investissent.
Sur le principe ça n'est pas une idée controversée entre nous mais il ne faut pas que cela nous amène à l'oublier. Et dans cette marche au plein emploi, comment faire avancer la solidarité ? Je crois qu'il faut travailler particulièrement sur les mesures d'accès à l'emploi, des moyens de préparer des gens restés longtemps loin de l'activité, des jeunes sans formation et sans expérience, et faire des choix courageux qui ne vont pas forcément dans le sens de la popularité immédiate quant à la façon de connecter les revenus de solidarité et les revenus d'activité.
Nous voyons bien qu'il y a des contradictions, cela n'empêche pas les gens de souhaiter revenir vers de l'activité mais les gens qui reviennent vers l'activité ont des contradictions de revenus que nous devons traiter sérieusement.
Toujours dans le sens de la solidarité, je crois que nous devons travailler sur les nouveaux droits individuels et collectifs dans le travail, dans une activité qui est de plus en plus éclatée, qui repousse aux marges les moins bien intégrés et les moins favorisés dans la compétition.
Il faut bien voir quand on regarde les 3, 5, 7 années à venir, que le rapport de forces va se modifier, il a commencé à se modifier entre employeurs et salariés, du fait de la croissance durable et de l'amélioration de l'emploi. Donc la gauche doit penser une stratégie qui tienne compte dans la durée de ce changement de paysage social. Les grands sujets, on le sait, c'est le droit à la formation, le droit à une mobilité professionnelle sécurisée, la liberté de choix quant aux formes de travail, en particulier quelle place faire et quels droits attribuer au temps partiel, au travail à durée déterminée et puis la grande question des âges de la vie au travail qui va bien plus loin que la question simplement des modalités de calcul de la retraite. Nous sommes le pays qui a repoussé hors du travail le plus de salariés mûrs et qui commence aujourd'hui à s'en mordre les doigts.
Je n'approfondis pas bien sûr ces différents thèmes mais je crois qu'ils sont vraiment la priorité de nos débats sur la solidarité pour les années qui viennent, et c'est sur ces sujets là que les français vérifieront que nous sommes proches d'eux dans le concret, que nous travaillons vraiment pour leur avenir et que nous luttons contre ce qui les préoccupe le plus et l'éclatement social et le chacun pour soi.
Sur la démocratie : je ne veux évoquer là aussi que deux pistes pour illustrer les champs de travail que nous avons devant nous. La ville et le cadre de vie, avec la mise en uvre de la solidarité urbaine, la loi est maintenant votée, donc il y a devant nous un grand programme de mise en uvre de la solidarité urbaine et de la lutte contre les césures, contre les fractures territoriales.
Il y a avec cela les nouvelles étapes de la décentralisation, nous avons maintenant le rapport de la Commission autour de notre camarade Pierre MAUROY, avec des propositions concrètes et donc nous avons devant nous la possibilité d'établir de nouveaux droits concrets pour la participation et le contrôle des citoyens pour que la décentralisation, la démocratie territoriale, ne soient pas simplement réservées à ceux qui ont délégation mais soient un vrai support de partage des responsabilités politiques.
Et puis quand on parle de démocratie, il y a l'enjeu profond de la sécurité de nos concitoyens qui, on le sait, va rester un défi majeur dans les prochaines années et nous devons aller plus loin encore dans le partage des responsabilités au sein de la société, au sein du service public dans toutes ses facettes mais aussi au sein de la société pour créer la synergie entre l'ensemble des activités de prévention et l'action pour le respect de la loi.
C'est un combat démocratique, c'est un enjeu démocratique sur lequel nous avons à prendre nos responsabilités.
Chers camarades, nous allons donc nous mettre au travail pour préparer ces nouvelles étapes de la justice sociale et de la démocratie.
Je parle comme si cela ne dépendait que de nous et j'ai tort. Bien entendu, tous nos partenaires de la majorité, que nous saluons ici, avec lesquels nous travaillerons dans la durée, partagent la charge de préparer des projets concrets pour guider le choix des français pour après 2002.
Nous avons des rôles différents dans cette majorité, je crois que tout le monde, certes, doit accompagner les revendications, doit suivre, doit soutenir des mouvements ponctuels. Tout le monde doit aussi trouver une capacité de projets et de stratégie de réformes.
Nos soutiens dans la société, ceux qui veulent faire confiance en la majorité plurielle, attendent de nous, une part d'utopie, une utopie qui change la réalité, mais pas une utopie qui serve de décor à une réalité qui ne change pas.
Un mot pour terminer pour revenir à ce Congrès et aux décisions qui sont devant lui.
Nos discussions, je l'ai dit, seront variées et forcément un peu dispersées.
Nous allons chercher des points d'accords et des choix sur une quantité de thèmes mais notre enjeu collectif, je le résume en quelques mots : où voulons-nous être dans trois ans, lors de notre prochain Congrès ?
Si nous avons inspiré confiance aux français et d'abord à ceux qui attendent la gauche, devant les responsabilités, si nous savons inspirer confiance par notre esprit de réforme et notre esprit de responsabilité, nous continuerons dans trois ans à faire changer la politique et à faire changer la société par l'action d'un Président qui sera des nôtres, d'une majorité et d'un gouvernement qui feront vivre nos valeurs, et je n'oublie pas l'action décentralisée que mèneront tous nos camarades qui, au printemps prochain, peuvent gagner ou garder ces collectivités locales.
Nous savons que nous avons des adversaires politiques, et que les français auront un choix à faire.
Aujourd'hui nos adversaires ont peu de chances de conquérir la confiance des Français sur leurs valeurs et sur leurs propositions. C'est donc de nous que dépendra la préparation de l'avenir, le sens de l'évolution de cette société car vous savez, pour des millions de gens, cela signifie beaucoup.
Notre Congrès n'est pas pour rien devant ces échéances. Il doit exprimer notre esprit de rassemblement, notre esprit de créativité, notre sens de l'écoute des citoyens.
C'est ce que nous souhaitons tous ici. Je suis sûr que cette responsabilité collective, nous allons l'assumer ici et maintenant.
(Applaudissements).
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 27 novembre 2000)
Dans la salle. - Non, non !
M. CERVERA. - Mais non !
Alain RICHARD. - J'ai cru percevoir que de bons commentateurs, de bons observateurs, nous prédisaient la grisaille, l'absence d'enjeux, des sujets trop terre-à-terre, des questions finalement secondaires, donc est-ce que nous nous serions déplacés sans que cela en vaille la peine ? Cela peut avoir l'air futile au premier regard cette question d'un congrès ennuyeux ou pas, mais cela recouvre un peu ce que l'on pense vraiment de la démocratie et comment on la pratique.
On a eu les contributions, on a des motions, des milliers de réunions, des votes, des propositions nouvelles qui sont venues dans ces discussions, on a traité de tout et dans le paquet sans doute de pas mal de choses importantes. Simplement voilà, depuis quelque temps on s'est mis à discuter entre nous comme des gens normaux, on a l'air capables de s'exprimer sur nos divergences, sans caricaturer grossièrement ce que disent les autres. Alors peut-être qu'effectivement c'est comme cela que l'on est en train de devenir ennuyeux. Moi je crois au contraire que c'est une victoire et sans idéaliser j'ai l'impression que nous sommes en train d'arriver à faire marcher la démocratie dans ce Parti comme des citoyens adultes aimeraient voir fonctionner le parti pour lequel ils votent.
C'est à nous, même si c'est dur, de faire bouger un peu les communicants et les lois de la communication pour faire comprendre qu'un congrès cela peut servir à préparer l'avenir, cela peut être un moment où chacun évacue son agressivité, mais nous avons vérifié qu'il était impossible de faire les deux à la fois, et pour nous nous avons choisi.
Ensuite il y a la question de nos diversités politiques. Est-ce qu'elles peuvent vivre ensemble et est-ce qu'on peut faire progresser le Parti Socialiste par nos diversités sans tourner à la compétition personnelle ? Ou bien est-ce que là encore -on nous le dit à l'extérieur - nous serions réduits au dilemme entre l'uniformité grise et le choc d'ambitions rivales ?
D'abord une remarque là-dessus : nous avons connu la défaite en 1993 et elle a touché tout le monde à ce moment là, souvenons-nous en. Nous avons su repartir de l'avant sans nous perdre en règlements de compte. La solidité et le sens du collectif que nous avons su montrer dans l'échec ils se préparent et j'ai le sentiment que quand nous avons la confiance d'une majorité de français et que c'est nous qui orientons l'action du pays, en plus nous avons les règles de vie du Parti et sa capacité de débat qui peuvent nous permettre de surmonter cette contradiction chaque fois que nous voulons clarifier nos choix sur un ensemble de questions, on l'a encore fait il y a quelques mois sur la convention des territoires, nous avons tous les moyens de nous expliquer, même c'est vrai d'avoir une certaine compétition entre nous dans la valeur des propositions et de savoir rapprocher nos points de vue dans le débat démocratique.
Nous allons reprendre cette tache dans ce congrès pour commencer à nourrir nos propositions de l'après 2002. Donc je crois qu'il n'y a pas de contradiction, il n'y a pas d'inconvénient à exprimer nos identités politiques qui sont forcément variées dans une grande formation qui représente le quart des français, nous pouvons faire valoir des tendances de pensée et provoquer des moments de débat qui montrent notre diversité, si c'est fait avec le sens des responsabilités et si c'est fait authentiquement pour faire progresser le parti en sachant se garder d'une personnalisation exagérée.
C'est en tous cas une règle à laquelle nous sommes ici nombreux à croire et j'ai confiance dans la lucidité collective des socialistes pour que ce soit cette règle là qui s'impose.
C'est avec cet état d'esprit de convergence et de renforcement de la cohésion du Parti qu'avec d'autres camarades nous avons fait mouvement pour rapprocher des identités politiques qui étaient pourtant bien caractérisées dans le passé du Parti, qu'on appelait même la première et la deuxième gauche.
Si nous constatons que sur les thèmes les plus importants et d'abord autour de la cohérence profonde l'action de réforme menée depuis trois ans et demi, qui elle est concrète, nous pouvons nous rassembler, donner une stabilité démocratique au Parti tout en lui permettant d'anticiper par le débat et sur un mode réellement collectif.
Anticiper justement parce que cela va être cela maintenant, le débat de ce congrès, préparer des thèmes d'action politique, illustrer pour l'avenir notre identité socialiste en direction d'une majorité de français qui souhaitent nous faire confiance, mais qui attendent notre vision de l'avenir.
Là aussi, on retrouve peut-être une certains résistance médiatique parce qu'après trois ans et demi d'exercice des responsabilités sans crise et avec des résultats substantiels, on attend de nous avec un certain fatalisme que nous soyons inévitablement démunis de ressort.
Je crois que c'est une facilité de pensée et qu'au contraire quand j'écoute, quand je lis ce qui vient dans nos débats, nous avons en réserve de multiples projets, de multiples initiatives pour préparer un contrat et cela sans rupture de cohérence avec les réformes que nous faisons maintenant.
Je n'évoquerai que deux domaines : la solidarité et la démocratie.
La solidarité : comment voir l'avenir ? C'est d'abord continuer la marche vers le plein emploi qui est encore loin. Je rappelle que d'autres états européens, d'autres nations européennes, pas loin de nous, sont à 4 % de chômage, si nous faisons la règle de trois cela voudrait dire
1 200 000 chômeurs de moins encore et je rappelle aussi que pour progresser vers le plein emploi il faut des entreprises employeurs qui soient compétitives sur leur marché, qui soient rentables et qui investissent.
Sur le principe ça n'est pas une idée controversée entre nous mais il ne faut pas que cela nous amène à l'oublier. Et dans cette marche au plein emploi, comment faire avancer la solidarité ? Je crois qu'il faut travailler particulièrement sur les mesures d'accès à l'emploi, des moyens de préparer des gens restés longtemps loin de l'activité, des jeunes sans formation et sans expérience, et faire des choix courageux qui ne vont pas forcément dans le sens de la popularité immédiate quant à la façon de connecter les revenus de solidarité et les revenus d'activité.
Nous voyons bien qu'il y a des contradictions, cela n'empêche pas les gens de souhaiter revenir vers de l'activité mais les gens qui reviennent vers l'activité ont des contradictions de revenus que nous devons traiter sérieusement.
Toujours dans le sens de la solidarité, je crois que nous devons travailler sur les nouveaux droits individuels et collectifs dans le travail, dans une activité qui est de plus en plus éclatée, qui repousse aux marges les moins bien intégrés et les moins favorisés dans la compétition.
Il faut bien voir quand on regarde les 3, 5, 7 années à venir, que le rapport de forces va se modifier, il a commencé à se modifier entre employeurs et salariés, du fait de la croissance durable et de l'amélioration de l'emploi. Donc la gauche doit penser une stratégie qui tienne compte dans la durée de ce changement de paysage social. Les grands sujets, on le sait, c'est le droit à la formation, le droit à une mobilité professionnelle sécurisée, la liberté de choix quant aux formes de travail, en particulier quelle place faire et quels droits attribuer au temps partiel, au travail à durée déterminée et puis la grande question des âges de la vie au travail qui va bien plus loin que la question simplement des modalités de calcul de la retraite. Nous sommes le pays qui a repoussé hors du travail le plus de salariés mûrs et qui commence aujourd'hui à s'en mordre les doigts.
Je n'approfondis pas bien sûr ces différents thèmes mais je crois qu'ils sont vraiment la priorité de nos débats sur la solidarité pour les années qui viennent, et c'est sur ces sujets là que les français vérifieront que nous sommes proches d'eux dans le concret, que nous travaillons vraiment pour leur avenir et que nous luttons contre ce qui les préoccupe le plus et l'éclatement social et le chacun pour soi.
Sur la démocratie : je ne veux évoquer là aussi que deux pistes pour illustrer les champs de travail que nous avons devant nous. La ville et le cadre de vie, avec la mise en uvre de la solidarité urbaine, la loi est maintenant votée, donc il y a devant nous un grand programme de mise en uvre de la solidarité urbaine et de la lutte contre les césures, contre les fractures territoriales.
Il y a avec cela les nouvelles étapes de la décentralisation, nous avons maintenant le rapport de la Commission autour de notre camarade Pierre MAUROY, avec des propositions concrètes et donc nous avons devant nous la possibilité d'établir de nouveaux droits concrets pour la participation et le contrôle des citoyens pour que la décentralisation, la démocratie territoriale, ne soient pas simplement réservées à ceux qui ont délégation mais soient un vrai support de partage des responsabilités politiques.
Et puis quand on parle de démocratie, il y a l'enjeu profond de la sécurité de nos concitoyens qui, on le sait, va rester un défi majeur dans les prochaines années et nous devons aller plus loin encore dans le partage des responsabilités au sein de la société, au sein du service public dans toutes ses facettes mais aussi au sein de la société pour créer la synergie entre l'ensemble des activités de prévention et l'action pour le respect de la loi.
C'est un combat démocratique, c'est un enjeu démocratique sur lequel nous avons à prendre nos responsabilités.
Chers camarades, nous allons donc nous mettre au travail pour préparer ces nouvelles étapes de la justice sociale et de la démocratie.
Je parle comme si cela ne dépendait que de nous et j'ai tort. Bien entendu, tous nos partenaires de la majorité, que nous saluons ici, avec lesquels nous travaillerons dans la durée, partagent la charge de préparer des projets concrets pour guider le choix des français pour après 2002.
Nous avons des rôles différents dans cette majorité, je crois que tout le monde, certes, doit accompagner les revendications, doit suivre, doit soutenir des mouvements ponctuels. Tout le monde doit aussi trouver une capacité de projets et de stratégie de réformes.
Nos soutiens dans la société, ceux qui veulent faire confiance en la majorité plurielle, attendent de nous, une part d'utopie, une utopie qui change la réalité, mais pas une utopie qui serve de décor à une réalité qui ne change pas.
Un mot pour terminer pour revenir à ce Congrès et aux décisions qui sont devant lui.
Nos discussions, je l'ai dit, seront variées et forcément un peu dispersées.
Nous allons chercher des points d'accords et des choix sur une quantité de thèmes mais notre enjeu collectif, je le résume en quelques mots : où voulons-nous être dans trois ans, lors de notre prochain Congrès ?
Si nous avons inspiré confiance aux français et d'abord à ceux qui attendent la gauche, devant les responsabilités, si nous savons inspirer confiance par notre esprit de réforme et notre esprit de responsabilité, nous continuerons dans trois ans à faire changer la politique et à faire changer la société par l'action d'un Président qui sera des nôtres, d'une majorité et d'un gouvernement qui feront vivre nos valeurs, et je n'oublie pas l'action décentralisée que mèneront tous nos camarades qui, au printemps prochain, peuvent gagner ou garder ces collectivités locales.
Nous savons que nous avons des adversaires politiques, et que les français auront un choix à faire.
Aujourd'hui nos adversaires ont peu de chances de conquérir la confiance des Français sur leurs valeurs et sur leurs propositions. C'est donc de nous que dépendra la préparation de l'avenir, le sens de l'évolution de cette société car vous savez, pour des millions de gens, cela signifie beaucoup.
Notre Congrès n'est pas pour rien devant ces échéances. Il doit exprimer notre esprit de rassemblement, notre esprit de créativité, notre sens de l'écoute des citoyens.
C'est ce que nous souhaitons tous ici. Je suis sûr que cette responsabilité collective, nous allons l'assumer ici et maintenant.
(Applaudissements).
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 27 novembre 2000)