Texte intégral
Monsieur le Président, cher Jean-Louis (Debré),
Mesdames, Messieurs les Députés,
Monsieur le Président d'Elus locaux contre le Sida, cher Jean-Luc (Roméro)
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver pour ces Etats généraux du Sida, organisés par l'association Elus locaux contre le Sida, dont je salue le travail au quotidien. Merci à toi, Jean-Luc, pour ton action de sensibilisation et de responsabilisation. Je remercie aussi le Président Debré qui nous accueille aujourd'hui, et qui apporte la preuve de l'engagement de la représentation nationale dans la lutte contre le Sida. Tous ensemble, gouvernement, parlementaires, élus locaux, associations, nous avons la responsabilité de changer le regard sur la maladie, afin de mieux prévenir sa transmission, mais aussi de faire vivre le lien de solidarité au sein de notre société, envers les malades et les séropositifs. Je veux vous dire combien je suis attaché à la prévention sans stigmatisation, et à l'intégration sans discrimination.
En 2005, la lutte contre le Sida est grande cause nationale, je sais qu'à quelques jours de la Journée nationale de lutte contre le Sida, le 1er décembre, se pose sans détours la question du bilan de cette année. Ne nous trompons pas, quelque soit le regard que l'on porte sur les chiffres, quelque soit le bilan que l'on fait de cette année, celle ci a posé les bases d'une nouvelle mobilisation, d'une nouvelle coordination, d'un double rapprochement des associations entre elles et avec le ministère de la santé.
Cette nouvelle union doit rendre plus efficace nos efforts continus de lutte contre le sida. Cela est indispensable car comme vous, je suis inquiet. Inquiet de la recrudescence de la transmission, inquiet devant la diminution ou parfois même de l'absence de comportements de prévention.
Je souhaite que la Solidarité de la Nation reprenne sens pour les personnes atteintes du VIH/Sida, que nous soyons capables de marquer à nouveau fortement notre solidarité devant ce défi de santé mondial.
1. Nous sommes tous inquiets de l'évolution de l'épidémie en France
Ce sont plus de 7 000 personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2004, dont près d'un quart (23 %) contaminées dans les 6 mois précédant le test. Cela porte le nombre de nos concitoyens séropositifs à 100 000 environ. 1 500 personnes séropositives ont développé un sida en 2004.
Plusieurs raisons d'inquiétudes :
- malgré les 5 millions de dépistage effectués cette année, 1 personne sur 2 développant la maladie n'était pas au courant de sa séropositivité.
- la recrudescence des cas chez certaines populations :
- les homosexuels masculins représentent 24 % des découvertes de séropositivité en 2004, dont près de la moitié concerne des hommes ayant été contaminés dans les 6 derniers mois. Cela s'explique par une autre source d'inquiétude : la proportion de rapports non protégés a doublé en 10 ans
- les migrants, principalement originaires d'Afrique subsaharienne, représentent une découverte de séropositivité sur trois, et une sur deux en Ile-de-France. Les premières victimes en sont les femmes (2/3 des découvertes dans cette population en 2004)
- en Guyane et en Guadeloupe, les personnes étrangères sont encore plus particulièrement touchées (40 % des découvertes dans les Antilles françaises concerne les personnes originaires d'Haïti)
Ces données épidémiologiques ne peuvent qu'aboutir à un diagnostic partagé :
- Si la culture de la prévention et du risque fait normalement partie du paysage pour la majorité de la population, cette réussite présente aussi un danger, celui de la saturation et surtout de la banalisation du message, qu'il faut renouveler, car aujourd'hui notre principal ennemi c'est la banalisation.
- l'affaiblissement de la culture de la protection, ou son absence, selon les populations, augmentent les prises de risque. C'est pourquoi l'INPES appose le label « Restez fidèle au préservatif » à toutes ses campagnes : c'est toujours le moyen le plus efficace d'éviter la propagation du virus (6 millions de préservatifs distribués en 2005 par l'INPES contre 3 millions en 2000). Au total, ce sont plus de 1800 actions de prévention qui ont été menées par l'INPES en 2005, et la ligne Sida Info Service a reçu plus de 350 000 appels.
Cette année, la campagne 1er décembre est particulièrement forte, avec trois grands axes :
- une campagne de mobilisation de la population générale rappelle que quelles que soient les pratiques ou quel que soit le nombre de partenaires, le virus est plus proche qu'on ne pourrait le penser. Il ne s'agit pas de risques élevés ou de risques faibles selon les populations, il s'agit d'un risque, d'un vrai risque, pour tous : cette campagne rappelle à chacun, et particulièrement aux jeunes que deux partenaires qui se rencontrent ont déjà une histoire, un passé amoureux, et que l'amour ne constitue pas une protection.
- une campagne de remobilisation des jeunes et des personnes originaires d'Afrique subsaharienne qui, en cette année de Sida grande cause nationale, vise à montrer le travail quotidien de proximité des associations, leur engagement, plus que jamais d'actualité et plus que jamais l'affaire de tous, à tout moment, partout.
- une campagne de lutte contre les discriminations des personnes atteintes du VIH/Sida. Cette campagne me tient particulièrement à c?ur et j'ai la volonté d'en faire un axe de travail prioritaire pour l'année à venir. Elle vise à faire réfléchir chacun d'entre nous et toute notre société sur son propre niveau d'acceptation des séropositifs et des malades du sida.
2. La lutte contre le Sida dépend de notre engagement à nous, pouvoirs publics, de votre mobilisation, à vous, associations, et de notre coordination à tous.
Je m'exprime notamment devant des élus locaux et en tant qu'élu local, ce qui symbolise notre action, c'est notre refus de la fatalité et de la volonté de faire bouger les choses.
Je veux redire ici ma conviction qu'il n'y a pas de fatalité, qu'il n'existe pas de groupes à risques, mais qu'en revanche il nous faut continuer à souligner les risques de certaines pratiques.
Je crois profondément à la place des relais associatifs communautaires, car ma volonté est bien d'orienter la prévention et le dépistage sans stigmatiser.
Il est alors de notre devoir de soutenir les associations, et je veillerai à ce que leurs crédits restent au minimum constants. Sans que cette volonté soit remise en cause ni par des gels de crédits ni par des situations locales qui font que ces consignes sont plus ou moins bien respectées par tel ou tel service de l'Etat, dans tel ou tel département ou région. Je ne tolérai plus aucune dérive de la sorte.
Je souhaite aussi définir avec elles nos axes de travail communs, afin de conserver la lisibilité générale du message de prévention.
D'ailleurs, nous avons accéléré la fréquence de nos rencontres avec les associations, ce qui nous a permis d'élaborer ensemble le Programme stratégique 2005-2008 de lutte contre le Sida et les IST. Ce programme constitue le cadre de référence des actions dans les domaines de la prévention et du dépistage, du suivi des malades et de la prise en charge thérapeutique, de la solidarité et de la lutte contre les discriminations. Il nous permettra de réaliser les objectifs fixés par la loi de Santé publique du 9 août 2004 :
- réduire de 20 % l'incidence des cas de sida en 5 ans
- réduire de 30 % la mortalité liée aux hépatites.
1/ La prévention
- En plus de notre soutien aux actions de proximité menées par les associations, nous allons doubler la fréquence de nos campagnes de sensibilisation. Ainsi, nous prévoyons la diffusion de 4 spots pour l'année 2006 au lieu de 2 en 2005, parce que je pense que ces messages de prévention devraient être plus fréquents et plus ciblés.
- Afin de répondre au double objectif de débanalisation de la maladie et de lutte contre les discriminations envers les personnes atteintes de VIH/Sida, nous allons faire figurer de manière récurrente ces personnes dans le dispositif de prévention.
- D'ailleurs, nous allons également axer notre dispositif de communication sur l'aide à la vie des personnes atteintes. Trois brochures leur seront ainsi diffusées, sur l'observance des traitements, sur la nutrition, et sur la sexualité. De plus, une série de courts-métrages adressera un message de responsabilisation aux homosexuels séropositifs, sous forme de témoignages incitant à une protection systématique.
2/ Le dépistage
Nous avons bien évidemment le souci de le rendre le plus accessible et le plus cohérent possible sur l'ensemble du territoire.
Les CDAG seront donc à partir de 2006 couplés avec les Centres d'information et de dépistage des infections sexuellement transmissibles, pour mener une politique plus globale en matière de maladies sexuellement transmissibles.
Leur accès sera facilité par un arrêté de 2005 qui prévoit, comme le demandaient les associations, leur ouverture en dehors des heures de bureau, que ce soit entre 12 h et 14 h ou entre 18 h et 20 h et deux heures par samedi et je pense même que nous pouvons encore faire mieux.
3/ En matière de suivi des malades et de prise en charge thérapeutique
L'année 2006 verra la mise en place des COREVIH (Comités de coordination régionale de lutte contre l'infection due au VIH), instaurés par le décret du 18 novembre 2005. Ces comités remplaceront les Centres d'information et de soins de l'immunodéficience humaine, qui étaient trop centrés sur l'hôpital, et permettront de rapprocher les soins à l'hôpital des soins de ville. Ils seront ainsi l'instrument d'une prise en charge et d'un suivi médico-social harmonisé sur l'ensemble du territoire., et coordonné localement avec les associations. Ces dernières ont dorénavant une place majeure dans cette nouvelle organisation.
Je veux souligner le rôle des appartements de coordination thérapeutique comme lieu de vie des malades en situation de précarité sociale. Aujourd'hui, ce sont 744 ACT qui sont répartis sur le territoire national, dont 150 appartements financés en plus par rapport à 2004. Le PLFSS 2006 prévoit 150 nouvelles structures en plus, afin d'adapter l'offre aux besoins réels des personnes atteintes du VIH/Sida.
J'ai également à c?ur de faire profiter chaque patient atteint du VIH/Sida de l'innovation thérapeutique. C'est pourquoi chaque année nous consacrons 500 millions d'euros pour les antirétroviraux, et les nouveaux médicaments innovants admis à remboursement, comme le Newfill, médicament permettant de traiter les liposdystrophies.
4/ En matière de solidarité et de lutte contre les discriminations
Je veux d'abord souligner l'action quotidienne que vous menez, vous, élus locaux engagés contre le sida. Je veux saluer vos efforts pour renforcer l'action sociale, grâce au travail des Centres communaux d'action sociale, pour diffuser la prévention dès l'école, et pour mobiliser chacun d'entre nous, au travers d'actions concrètes comme symboliques qui matérialisent la solidarité de tous dans la proximité. Vous participez pleinement à cette action de lutte contre les discriminations.
En effet, comment accepter que les séropositifs soient encore considérés comme des citoyens à part face à l'emploi, au crédit, à l'assurance ? Toute la société, et au premier rang les associations, doit rester engagée non seulement dans la lutte contre la maladie, mais aussi dans le combat pour l'intégration.
- C'est le rôle de la HALDE, installée en mars 2005, et je me suis personnellement entretenu avec son Président Mr Schweitzer de nos objectifs et de nos possibilités d'actions.
- C'est aussi le sens de la convention Belorgey, signée le 19 septembre 2001. Celle-ci devait permettre l'accès à l'emprunt et à l'assurance des personnes présentant un risque de santé aggravé.
Je veux d'ailleurs rappeler à ce propos qu'il n'est pas possible de dire que l'espérance de vie des séropositifs a diminué, et que la discrimination à leur encontre est donc profondément scandaleuse. Quatre ans après, le bilan de la convention Belorgey est mitigé, c'est pourquoi j'ai demandé à M. Belorgey de travailler à un nouveau dispositif qui nous permettrait de rendre plus impérative l'application de sa convention, et je rencontrerai dans les semaines à venir les compagnies d'assurances et les banques avec deux options en tête : soit une mise en ?uvre concrète et sans restriction de la convention et de son esprit, soit un changement de cadre juridique pour enfin mettre un terme à ces discriminations intolérables.
3. Enfin, pour conclure j'aimerais revenir sur un sujet qui me tient particulièrement à c?ur : l'enjeu mondial que représente le sida.
5 millions de personnes infectées dans le monde en 2005 : c'est le chiffre le plus élevé depuis le début de l'épidémie il y a 20 ans. 40,3 millions de personnes vivent avec le VIH en 2005, et le virus tue 3 millions de personnes, dont 0,5 million d'enfants. De nombreux malades sont aussi victimes de discriminations de par le monde.
La santé est un bien public mondial, et nous avons la responsabilité partagée de lutter contre l'épidémie au niveau international. C'est le sens de l'Objectif du millénaire pour le développement qui vise à enrayer la propagation de l'épidémie en accompagnant les pays en développement, notamment pour l'accès aux soins et aux médicaments, et en favorisant la coopération en matière de recherche.
Cette réalité et cet objectif ont conduit à la France à faire du sida la première priorité de sa coopération dans le domaine de la santé, autour du triptyque prévention, traitement, recherche.
Le Président de la République a décidé de doubler la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, contre la tuberculose et contre le paludisme, qui s'élèvera à 300 millions d'euros en 2007.
Pour répondre aux besoins de financement innovants, le Président de la République a proposé aux pays industrialisés une contribution internationale de solidarité sur les billets d'avion. Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires étrangères, travaille, en concertation avec les 79 pays qui se sont engagés par une déclaration à l'ONU en septembre dernier, à la mise en ?uvre de cette taxe qui interviendra en France le 1ER juillet.prochain. Trois pays sont d'ores et déjà prêt à appliquer ce dispositif : le Chili, le Royaume-Uni et la France.
Nous ne pouvons accepter que seulement 1 Africain sur 10 et 1 Asiatique sur 7 qui auraient besoin d'antirétroviraux y aient aujourd'hui accès. C'est pourquoi nous travaillons, avec Philippe Douste-Blazy, à la création d'un outil unique à disposition des bailleurs de fonds afin d'obtenir des laboratoires princeps et génériques les plus bas prix possibles sur les antirétroviraux. Cela nous permettra de soigner alors le plus grand nombre de personnes atteintes du VIH/Sida dans les pays les plus touchés par l'épidémie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 6 décembre 2005)
Mesdames, Messieurs les Députés,
Monsieur le Président d'Elus locaux contre le Sida, cher Jean-Luc (Roméro)
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver pour ces Etats généraux du Sida, organisés par l'association Elus locaux contre le Sida, dont je salue le travail au quotidien. Merci à toi, Jean-Luc, pour ton action de sensibilisation et de responsabilisation. Je remercie aussi le Président Debré qui nous accueille aujourd'hui, et qui apporte la preuve de l'engagement de la représentation nationale dans la lutte contre le Sida. Tous ensemble, gouvernement, parlementaires, élus locaux, associations, nous avons la responsabilité de changer le regard sur la maladie, afin de mieux prévenir sa transmission, mais aussi de faire vivre le lien de solidarité au sein de notre société, envers les malades et les séropositifs. Je veux vous dire combien je suis attaché à la prévention sans stigmatisation, et à l'intégration sans discrimination.
En 2005, la lutte contre le Sida est grande cause nationale, je sais qu'à quelques jours de la Journée nationale de lutte contre le Sida, le 1er décembre, se pose sans détours la question du bilan de cette année. Ne nous trompons pas, quelque soit le regard que l'on porte sur les chiffres, quelque soit le bilan que l'on fait de cette année, celle ci a posé les bases d'une nouvelle mobilisation, d'une nouvelle coordination, d'un double rapprochement des associations entre elles et avec le ministère de la santé.
Cette nouvelle union doit rendre plus efficace nos efforts continus de lutte contre le sida. Cela est indispensable car comme vous, je suis inquiet. Inquiet de la recrudescence de la transmission, inquiet devant la diminution ou parfois même de l'absence de comportements de prévention.
Je souhaite que la Solidarité de la Nation reprenne sens pour les personnes atteintes du VIH/Sida, que nous soyons capables de marquer à nouveau fortement notre solidarité devant ce défi de santé mondial.
1. Nous sommes tous inquiets de l'évolution de l'épidémie en France
Ce sont plus de 7 000 personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2004, dont près d'un quart (23 %) contaminées dans les 6 mois précédant le test. Cela porte le nombre de nos concitoyens séropositifs à 100 000 environ. 1 500 personnes séropositives ont développé un sida en 2004.
Plusieurs raisons d'inquiétudes :
- malgré les 5 millions de dépistage effectués cette année, 1 personne sur 2 développant la maladie n'était pas au courant de sa séropositivité.
- la recrudescence des cas chez certaines populations :
- les homosexuels masculins représentent 24 % des découvertes de séropositivité en 2004, dont près de la moitié concerne des hommes ayant été contaminés dans les 6 derniers mois. Cela s'explique par une autre source d'inquiétude : la proportion de rapports non protégés a doublé en 10 ans
- les migrants, principalement originaires d'Afrique subsaharienne, représentent une découverte de séropositivité sur trois, et une sur deux en Ile-de-France. Les premières victimes en sont les femmes (2/3 des découvertes dans cette population en 2004)
- en Guyane et en Guadeloupe, les personnes étrangères sont encore plus particulièrement touchées (40 % des découvertes dans les Antilles françaises concerne les personnes originaires d'Haïti)
Ces données épidémiologiques ne peuvent qu'aboutir à un diagnostic partagé :
- Si la culture de la prévention et du risque fait normalement partie du paysage pour la majorité de la population, cette réussite présente aussi un danger, celui de la saturation et surtout de la banalisation du message, qu'il faut renouveler, car aujourd'hui notre principal ennemi c'est la banalisation.
- l'affaiblissement de la culture de la protection, ou son absence, selon les populations, augmentent les prises de risque. C'est pourquoi l'INPES appose le label « Restez fidèle au préservatif » à toutes ses campagnes : c'est toujours le moyen le plus efficace d'éviter la propagation du virus (6 millions de préservatifs distribués en 2005 par l'INPES contre 3 millions en 2000). Au total, ce sont plus de 1800 actions de prévention qui ont été menées par l'INPES en 2005, et la ligne Sida Info Service a reçu plus de 350 000 appels.
Cette année, la campagne 1er décembre est particulièrement forte, avec trois grands axes :
- une campagne de mobilisation de la population générale rappelle que quelles que soient les pratiques ou quel que soit le nombre de partenaires, le virus est plus proche qu'on ne pourrait le penser. Il ne s'agit pas de risques élevés ou de risques faibles selon les populations, il s'agit d'un risque, d'un vrai risque, pour tous : cette campagne rappelle à chacun, et particulièrement aux jeunes que deux partenaires qui se rencontrent ont déjà une histoire, un passé amoureux, et que l'amour ne constitue pas une protection.
- une campagne de remobilisation des jeunes et des personnes originaires d'Afrique subsaharienne qui, en cette année de Sida grande cause nationale, vise à montrer le travail quotidien de proximité des associations, leur engagement, plus que jamais d'actualité et plus que jamais l'affaire de tous, à tout moment, partout.
- une campagne de lutte contre les discriminations des personnes atteintes du VIH/Sida. Cette campagne me tient particulièrement à c?ur et j'ai la volonté d'en faire un axe de travail prioritaire pour l'année à venir. Elle vise à faire réfléchir chacun d'entre nous et toute notre société sur son propre niveau d'acceptation des séropositifs et des malades du sida.
2. La lutte contre le Sida dépend de notre engagement à nous, pouvoirs publics, de votre mobilisation, à vous, associations, et de notre coordination à tous.
Je m'exprime notamment devant des élus locaux et en tant qu'élu local, ce qui symbolise notre action, c'est notre refus de la fatalité et de la volonté de faire bouger les choses.
Je veux redire ici ma conviction qu'il n'y a pas de fatalité, qu'il n'existe pas de groupes à risques, mais qu'en revanche il nous faut continuer à souligner les risques de certaines pratiques.
Je crois profondément à la place des relais associatifs communautaires, car ma volonté est bien d'orienter la prévention et le dépistage sans stigmatiser.
Il est alors de notre devoir de soutenir les associations, et je veillerai à ce que leurs crédits restent au minimum constants. Sans que cette volonté soit remise en cause ni par des gels de crédits ni par des situations locales qui font que ces consignes sont plus ou moins bien respectées par tel ou tel service de l'Etat, dans tel ou tel département ou région. Je ne tolérai plus aucune dérive de la sorte.
Je souhaite aussi définir avec elles nos axes de travail communs, afin de conserver la lisibilité générale du message de prévention.
D'ailleurs, nous avons accéléré la fréquence de nos rencontres avec les associations, ce qui nous a permis d'élaborer ensemble le Programme stratégique 2005-2008 de lutte contre le Sida et les IST. Ce programme constitue le cadre de référence des actions dans les domaines de la prévention et du dépistage, du suivi des malades et de la prise en charge thérapeutique, de la solidarité et de la lutte contre les discriminations. Il nous permettra de réaliser les objectifs fixés par la loi de Santé publique du 9 août 2004 :
- réduire de 20 % l'incidence des cas de sida en 5 ans
- réduire de 30 % la mortalité liée aux hépatites.
1/ La prévention
- En plus de notre soutien aux actions de proximité menées par les associations, nous allons doubler la fréquence de nos campagnes de sensibilisation. Ainsi, nous prévoyons la diffusion de 4 spots pour l'année 2006 au lieu de 2 en 2005, parce que je pense que ces messages de prévention devraient être plus fréquents et plus ciblés.
- Afin de répondre au double objectif de débanalisation de la maladie et de lutte contre les discriminations envers les personnes atteintes de VIH/Sida, nous allons faire figurer de manière récurrente ces personnes dans le dispositif de prévention.
- D'ailleurs, nous allons également axer notre dispositif de communication sur l'aide à la vie des personnes atteintes. Trois brochures leur seront ainsi diffusées, sur l'observance des traitements, sur la nutrition, et sur la sexualité. De plus, une série de courts-métrages adressera un message de responsabilisation aux homosexuels séropositifs, sous forme de témoignages incitant à une protection systématique.
2/ Le dépistage
Nous avons bien évidemment le souci de le rendre le plus accessible et le plus cohérent possible sur l'ensemble du territoire.
Les CDAG seront donc à partir de 2006 couplés avec les Centres d'information et de dépistage des infections sexuellement transmissibles, pour mener une politique plus globale en matière de maladies sexuellement transmissibles.
Leur accès sera facilité par un arrêté de 2005 qui prévoit, comme le demandaient les associations, leur ouverture en dehors des heures de bureau, que ce soit entre 12 h et 14 h ou entre 18 h et 20 h et deux heures par samedi et je pense même que nous pouvons encore faire mieux.
3/ En matière de suivi des malades et de prise en charge thérapeutique
L'année 2006 verra la mise en place des COREVIH (Comités de coordination régionale de lutte contre l'infection due au VIH), instaurés par le décret du 18 novembre 2005. Ces comités remplaceront les Centres d'information et de soins de l'immunodéficience humaine, qui étaient trop centrés sur l'hôpital, et permettront de rapprocher les soins à l'hôpital des soins de ville. Ils seront ainsi l'instrument d'une prise en charge et d'un suivi médico-social harmonisé sur l'ensemble du territoire., et coordonné localement avec les associations. Ces dernières ont dorénavant une place majeure dans cette nouvelle organisation.
Je veux souligner le rôle des appartements de coordination thérapeutique comme lieu de vie des malades en situation de précarité sociale. Aujourd'hui, ce sont 744 ACT qui sont répartis sur le territoire national, dont 150 appartements financés en plus par rapport à 2004. Le PLFSS 2006 prévoit 150 nouvelles structures en plus, afin d'adapter l'offre aux besoins réels des personnes atteintes du VIH/Sida.
J'ai également à c?ur de faire profiter chaque patient atteint du VIH/Sida de l'innovation thérapeutique. C'est pourquoi chaque année nous consacrons 500 millions d'euros pour les antirétroviraux, et les nouveaux médicaments innovants admis à remboursement, comme le Newfill, médicament permettant de traiter les liposdystrophies.
4/ En matière de solidarité et de lutte contre les discriminations
Je veux d'abord souligner l'action quotidienne que vous menez, vous, élus locaux engagés contre le sida. Je veux saluer vos efforts pour renforcer l'action sociale, grâce au travail des Centres communaux d'action sociale, pour diffuser la prévention dès l'école, et pour mobiliser chacun d'entre nous, au travers d'actions concrètes comme symboliques qui matérialisent la solidarité de tous dans la proximité. Vous participez pleinement à cette action de lutte contre les discriminations.
En effet, comment accepter que les séropositifs soient encore considérés comme des citoyens à part face à l'emploi, au crédit, à l'assurance ? Toute la société, et au premier rang les associations, doit rester engagée non seulement dans la lutte contre la maladie, mais aussi dans le combat pour l'intégration.
- C'est le rôle de la HALDE, installée en mars 2005, et je me suis personnellement entretenu avec son Président Mr Schweitzer de nos objectifs et de nos possibilités d'actions.
- C'est aussi le sens de la convention Belorgey, signée le 19 septembre 2001. Celle-ci devait permettre l'accès à l'emprunt et à l'assurance des personnes présentant un risque de santé aggravé.
Je veux d'ailleurs rappeler à ce propos qu'il n'est pas possible de dire que l'espérance de vie des séropositifs a diminué, et que la discrimination à leur encontre est donc profondément scandaleuse. Quatre ans après, le bilan de la convention Belorgey est mitigé, c'est pourquoi j'ai demandé à M. Belorgey de travailler à un nouveau dispositif qui nous permettrait de rendre plus impérative l'application de sa convention, et je rencontrerai dans les semaines à venir les compagnies d'assurances et les banques avec deux options en tête : soit une mise en ?uvre concrète et sans restriction de la convention et de son esprit, soit un changement de cadre juridique pour enfin mettre un terme à ces discriminations intolérables.
3. Enfin, pour conclure j'aimerais revenir sur un sujet qui me tient particulièrement à c?ur : l'enjeu mondial que représente le sida.
5 millions de personnes infectées dans le monde en 2005 : c'est le chiffre le plus élevé depuis le début de l'épidémie il y a 20 ans. 40,3 millions de personnes vivent avec le VIH en 2005, et le virus tue 3 millions de personnes, dont 0,5 million d'enfants. De nombreux malades sont aussi victimes de discriminations de par le monde.
La santé est un bien public mondial, et nous avons la responsabilité partagée de lutter contre l'épidémie au niveau international. C'est le sens de l'Objectif du millénaire pour le développement qui vise à enrayer la propagation de l'épidémie en accompagnant les pays en développement, notamment pour l'accès aux soins et aux médicaments, et en favorisant la coopération en matière de recherche.
Cette réalité et cet objectif ont conduit à la France à faire du sida la première priorité de sa coopération dans le domaine de la santé, autour du triptyque prévention, traitement, recherche.
Le Président de la République a décidé de doubler la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, contre la tuberculose et contre le paludisme, qui s'élèvera à 300 millions d'euros en 2007.
Pour répondre aux besoins de financement innovants, le Président de la République a proposé aux pays industrialisés une contribution internationale de solidarité sur les billets d'avion. Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires étrangères, travaille, en concertation avec les 79 pays qui se sont engagés par une déclaration à l'ONU en septembre dernier, à la mise en ?uvre de cette taxe qui interviendra en France le 1ER juillet.prochain. Trois pays sont d'ores et déjà prêt à appliquer ce dispositif : le Chili, le Royaume-Uni et la France.
Nous ne pouvons accepter que seulement 1 Africain sur 10 et 1 Asiatique sur 7 qui auraient besoin d'antirétroviraux y aient aujourd'hui accès. C'est pourquoi nous travaillons, avec Philippe Douste-Blazy, à la création d'un outil unique à disposition des bailleurs de fonds afin d'obtenir des laboratoires princeps et génériques les plus bas prix possibles sur les antirétroviraux. Cela nous permettra de soigner alors le plus grand nombre de personnes atteintes du VIH/Sida dans les pays les plus touchés par l'épidémie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 6 décembre 2005)